L’introduction en bourse de la Banque de Développement Local (BDL) marque une première pour une banque publique algérienne et constitue un jalon historique dans le développement de la place boursière d’Alger. Yazid Benmouhoub, Directeur général de la Bourse d’Alger, souligne l’importance stratégique de cette opération, qui traduit l’engagement des pouvoirs publics à moderniser le financement de l’économie nationale. A travers la création de comités de suivi, des actions de formation ciblées, et une communication renforcée, la Bourse d’Alger se mobilise pour garantir le succès de cette initiative et encourager d’autres entreprises à franchir le pas. Avec des projets de digitalisation ambitieux visant à transformer la bourse en une plateforme électronique d’ici 2025, cette évolution promet de stimuler la liquidité, d’attirer les investisseurs et de positionner la Bourse d’Alger comme un acteur incontournable du financement des entreprises algériennes, notamment dans les secteurs stratégiques comme les banques, les assurances et les énergies renouvelables.
Interview réalisée par Khris Badreddine
Quel est le rôle clé de la Bourse d’Alger dans le processus d’introduction en bourse de la Banque de Développement Local (BDL), et comment cette opération peut-elle renforcer la place boursière algérienne ?
Selon le texte de création, la Bourse d’Alger a pour missions : l’organisation pratique de l’introduction en Bourse des valeurs mobilières ; l’organisation matérielle des séances de Bourse et la gestion du système de négociation et de cotation ; et la publication d’informations relatives aux transactions en Bourse et l’édition d’un Bulletin Officiel de la Cote (BOC).
Les missions de la société sont exercées, bien entendu, sous le contrôle de l’autorité du marché, la (COSOB).
Concernant le processus d’introduction de la BDL, dès l’annonce officielle de l’octroi du visa par la COSOB, nous avons procéder à la création d’un comité de suivi, présidé par la Bourse d’Alger. Le comité est composé de 02 cadres de la BDL, désignés par l’entreprise elle-même et des cadres de l’ensemble des Intermédiaires en bourse IOB, faisant partie du syndicat de placement. Le comité constitue un espace d’échange et de concertation entre les différentes parties et permet de régler rapidement les problèmes qui pourraient éventuellement se présenter durant la période de souscription sur le marché primaire.
Par ailleurs, la Bourse à participer à la formation de l’ensemble des cadres et personnel de la banque bien avant l’obtention du visa. Enfin, nous participons avec nos cadres aux rencontres organisées par la DBL dans le cadre de son Roadshow, à travers les différentes wilayas du pays.
L’entrée en bourse de la BDL est une première pour une banque publique algérienne. Quelles actions la Bourse d’Alger met-elle en œuvre pour garantir une transition fluide et maximiser l’attractivité de cette introduction auprès des investisseurs locaux et étrangers ?
Effectivement, l’arrivée de la BDL est un événement tout aussi important que celle du CPA en 2024. Elle traduit l’engagement des pouvoir publics en faveur d’un nouveau modèle de financement de notre économie et une approche nouvelle dans la gouvernance des entreprises publiques.
A ce titre nous marrons en œuvre l’ensemble des moyens humains et matériels pour la réussite de l’opération. Nous saisissons également cette occasion pour renforcer la place de la bourse d’Alger dans le paysage financier national en menant en parallèle des actions de communication ciblées pour augmenter l’attractivité du marché et rassurer les différentes parties quant au bon déroulement du processus d’introduction.
Comment cette opération pourrait-elle influencer la perception et la participation des entreprises algériennes du secteur financier et bancaire à la Bourse d’Alger ?
L’arrivée de si grandes entreprises à la côte officielle de la bourse d’Alger permet dans un premier temps de briser un tabou, à savoir celui qui laisse croire que la Bourse d’Alger ne peut pas financer de grandes entreprises et que le marché n’est pas efficient. Dans un second temps, nous capitalisons sur de telles opérations pour créer les conditions idéales à l’arrivée d’autres sociétés, de divers secteurs et de diverses tailles. L’entrée en Bourse récente de la startup Moustachir est un exemple qui ne laisse aucun doute sur les capacités du marché à répondre aux besoins des entreprises qu’elle que soit leur taille.
La Bourse d’Alger a entamé sa mue pour devenir dans un avenir proche un acteur majeur dans le financement des entreprises.
Voyez-vous cette entrée comme un levier pour encourager d’autres acteurs à suivre cet exemple ?
Nous considérons effectivement que cette entrée en Bourse de la Bdl est un autre signal des pouvoirs publics pour encourager les sociétés algériennes, publiques ou privées, à lever des fonds par le marché et sortir du schéma classique de l’autofinancement et du financement bancaire.
La modernisation et la digitalisation des infrastructures boursières sont essentielles pour renforcer la compétitivité d’une place financière. Quelles initiatives la Bourse d’Alger prévoit-elle dans ce domaine pour accompagner des introductions en bourse d’envergure, comme celle de la BDL, et favoriser un meilleur accès au marché ?
Une bourse digitale est un objectif cible que nous comptons atteindre cette année 2025. Cela consiste à rendre les transactions [achat et vente d’actions/obligations] digitalisées via le net en utilisant les moyens de paiement digitaux adéquats. La bourse sera donc à terme une plateforme électronique.
Nous sommes convaincus que cette mutation digitale est à même de transformer radicalement le rôle de la Bourse dans le financement des entreprises, dans la mobilisation de l’épargne citoyenne et dans l’inclusion financière des algériennes et algériens.
Dans une vision à moyen et long terme, comment la Bourse d’Alger se positionne-t-elle pour devenir un moteur de financement de l’économie algérienne, notamment dans des secteurs stratégiques tels que les banques, les assurances, et les énergies renouvelables ?
Les récentes introductions en bourse ont démontré les capacités du marché boursier à honorer ses engagements de financement. L’engagement de l’ensemble des acteurs à permis de concrétiser les décisions des hautes autorités à insuffler une nouvelle dynamique dans la gouvernance des entreprises du secteur bancaire. Cela nous permet d’espérer que les années à venir verrons l’arrivée d’autres entreprises algériennes de divers secteurs. Cela contribuera à créer une véritable dynamique sur le marché, notamment, en y intégrant le volet digital.
La liquidité, les échanges devraient connaître une augmentation sensible, bénéfique à l’ensemble de l’écosystème.
L’innovation dans la recherche de nouveaux produits financiers de améliorera l’attractivité et participera un une meilleure profondeur du marché. Nous travaillons à faire de la bourse d’Alger un partenaire naturel des entreprises en fonction de la stratégie tracées par les pouvoirs publics. La finance durable et la finance verte font partie de nos objectifs à moyen terme pour accompagner la stratégie nationale dans le domaine des énergies renouvelables.
B. Kh.