Première sortie dans un pays frère et ami depuis son investiture à la tête du pays, la visite, effectuée les 22 et 23 décembre dernier, du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Tunisie revêtait un caractère tant historique que symbolique.
Et pour cause. Les deux pays, cimentés par des liens séculaires forgés par une histoire quasi commune, une solidarité à toute épreuve et une fraternité jamais démentie, restent profondément unis en dépit des bouleversements géopolitiques et géostratégiques qui secouent et menacent la région.
Par Nacer L.
Le choix de cette visite et son timing surtout délivrent des messages subliminaux, quand dans son flanc ouest, l’Algérie enregistre des nuages noirs de félonie, traduits par une normalisation avec l’ennemi d’hier et de toujours.
De ce point de vue, c’est tout naturellement que l’Algérie et la Tunisie soient confinées à l’alliance sacrée.
De plus et depuis l’arrivée de Kaïs Saïed au Palais de Carthage en octobre 2019, soit presqu’en même temps que l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune à El- Mouradia, les deux hommes n’ont cessé de faire montre d’une convergence de vues et d’atomes crochus rarement observés en politique.
Aussi, c’était sans surprise, déjà, que le Président tunisien avait dédié en février 2020, sa première visite officielle à l’Algérie. Depuis les échanges et communications s’étaient intensifiées jusqu’ à devenir une tradition bien ancrée, s’agissant de consultations et de concertations.
Et c’est aussi dans la logique des choses qu’Abdelmadjid Tebboune répondait fin décembre à l’invitation de son homologue tunisien. L’accueil fraternel et chaleureux, qui exprime tellement bien cette profondeur des relations deux peuples frères, qui lui a été réservé, alors, fera date, sans l’ombre d’un doute.
De prime abord il s’agissait pour les deux dirigeants des deux pays de jeter les bases d’un partenariat fondé sur une nouvelle orientation stratégique. Une telle perspective sera scellée par la «Déclaration de Carthage», par laquelle les deux chefs d’Etat ont convenu de la nécessité d’adopter une approche différente des cadres classiques de coopération, dans le but d’asseoir de nouvelles bases de coopération entre les deux pays, pour davantage de complémentarité stratégique et de développement solidaire et intégré.
Dans ce sens Kaïs Saïed et son hôte ont eu à saluer le renforcement du cadre juridique, à travers la signature d’un nombre important d’accords, à même d’élargir et de consolider les domaines de coopération et de partenariat.
Précisément, il s’agit de la signature de 27 accords et mémorandums, portant notamment sur le développement des régions frontalières à travers deux accords de jumelage entre les wilayas de Jendouba et El Taref, et Le Kef et Souk Ahras, et d’autres intéressant les secteurs de la Justice, l’Environnement, l’Energie, la Pêche, les PME et les startups, l’Industrie pharmaceutique, l’Education, la Formation professionnelle, les Affaires religieuses et l’échange entre les radios.
Au-delà de l’aspect technique de ces accords, il transparait surtout une nouvelle approche qui les sous-tend consistant en l’instauration d’un «nouvel espace régional unificateur, complémentaire et intégré fondé sur les valeurs, les idéaux et les principes communs», tel qu’énoncé dans la Charte de Carthage. Un espace à l’architecture teintée de pragmatisme, devant offrir «des réponses coordonnées et efficientes aux défis sécuritaires, économiques et sanitaires, ainsi qu’aux développements actuels et futurs à l’échelle régionale et internationale», est-il surligné sur le document.
Dans ce contexte, la cheffe du Gouvernement tunisien Najla Bouden, s’exprimant après une audience auprès du Président Tebboune, a résumé la justesse et le bien fondé des nouveaux paradigmes prôné par Alger et Tunis.
Soulignant que la visite du Président algérien était «un succès à plus d’un titre», elle a expliqué qu’elle intervenait dans une période «qui requiert de nous tous de poursuivre la coordination et la concertation sur toutes les questions soulevées» confiera- t- elle.
La cheffe de l’Exécutif tunisienne retiendra, plus que tout, les analyses du Président Tebboune «totalement en convergence et en harmonie avec les visions de la Tunisie et prouvent la volonté commune de hisser les relations bilatérales à de plus hauts niveaux», a- t- elle soutenu.
In fine, le Président algérien, parachèvera sa visite d’Etat historique en rencontrant, à Tunis des représentants de la communauté algérienne établie en Tunisie et qu’il a exhortée «à construire avec le peuple tunisien un avenir radieux pour les deux pays».
N. L.
