Vue de Paris comme d’Alger, la visite, fin août, du Président français, en Algérie, a été importante à plus d’un titre. Elle aura permis aux deux chefs d’Etat, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, d’enlever quelques épines du pied du partenariat algéro-français qui ne fait que trébucher ces dernières années. Ces trois jours passés à Alger et à Oran étaient pour le moins nécessaires afin de remettre la locomotive des échanges et du partenariat économique sur les rails.
u plan des échanges commerciaux comme en matière d’investissement, la France a perdu du terrain en Algérie ; le volume des échanges et des investissements fléchissant depuis quelques années déjà. Le partenariat économique semble être relancé sur de nouvelles bases. Les deux chefs d’Etat ont convenu, dans une déclaration signée à l’issue de l’escale, à Alger, d’Emmanuel Macron, de « donner un nouvel élan » aux relations économiques qu’entretiennent les deux pays « pour favoriser un partenariat équilibré dans l’intérêt des deux pays ». Il s’agira ainsi, de favoriser une relance des échanges économiques et encourager le développement des partenariats entre leurs entreprises ainsi que la recherche pour l’innovation. Le patronat algérien s’en félicite ! Mais plaident en faveur d’un partenariat gagnant-gagnant, tant il est vrai, de l’avis de Kamel Moula, président du CREA (Conseil du renouveau économique algérien) ont tout intérêt à travailler ensemble sur la base de cet esprit. Bien évidemment, le patronat algérien, représenté par le CREA veut que ce partenariat passe à un autre stade, celui d’un consensus sur « la coproduction, associé à la conquête commune de nouveaux marchés ». D’autant plus que les entreprises algériennes, par-delà le secteur de l’énergie, disposent d’importants outils et avantages comparatifs leur permettant de se placer aisément sur les marchés internationaux. Et ce n’est pas un pur hasard si les entreprises algériennes sont de plus en plus nombreuses à placer leurs produits sur les marchés internationaux ; le potentiel du marché algérien et capacités des entreprises à innover et à se rendre compétitives y sont pour beaucoup. Ce sont là, selon Kamel Moula, les quelques ingrédients qui peuvent bien assaisonner le futur partenariat entre les entreprises algériennes et les investisseurs étrangères.
La déclaration d’Alger, signée par Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, énumère plusieurs secteurs, jugés d’avenir, et dans lesquelles les entreprises des deux pays peuvent exceller dans leurs partenariats, à savoir « le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme », sans oublier la « transition énergétique notamment à travers une coopération dans les domaines du gaz et de l’hydrogène ». Mohand-Said Nait Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), y voit « une volonté de par et d’autre d’y aller de l’avant ». Selon lui, « cette visite va certainement dynamiser le partenariat économique des deux pays ». « Cette fois-ci, nous entrevoyons une entente sur plusieurs sujets, dont l’impératif de donner un élan au partenariat économique », lequel, d’après le président de la CNPA, doit migrer vers une « nouvelle coopération basé sur l’intérêt mutuel », en profitant « de la volonté affichée par les deux Présidents en faveur d’une relance réelle et bénéfique aux deux pays de ce partenariat économique ». « C’est un bon départ pour une nouvelle coopération », estime ainsi Mohand-Said Nait Abdelaziz. Selon les termes de la « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie », cette relance, tant attendue, « devrait se traduire par l’accroissement de l’investissement, la préservation et la création d’emplois sur leurs territoires respectifs, notamment à destination de la jeunesse, à travers une étroite implication des opérateurs économiques des deux pays à sa définition et au suivi de sa mise en œuvre ». Pour le président de la CNPA, il « faut désormais avancer sur des bases plus solides et définir les secteurs-clés où l’investissement peut créer une réelle valeur ajoutée aux économies des deux pays ». Dans cette visite du Président français, Emmanuel Macron, notre interlocuteur y voit « un déclic » de nature à aider à « rattraper le temps perdu ». « Il va falloir désormais rapprocher et concilier les intérêts des deux pays », estime Mohand-Said Nait Abdelaziz, soulignant qu’au sein du patronal, « des réflexions ont été d’ores et déjà lancées pour définir les créneaux sur lesquels les entreprises des deux pays peuvent travailler ensemble ». Le contexte apparait, pour Saida Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises algérienne (CGEA), plus que jamais favorable pour un rapprochement entre la France et l’Algérie.
Entre les deux pays, souligne, la patronne de la CGEA, « il y a une histoire commune, des accords et gardant à l’esprit que notre plus grande communauté à l’étranger vit en France, sans oublier la proximité géographique ». Chez la présidente de la CGEA, l’heure est à l’optimisme après l’escale effectuée, fin juin, par Emmanuel Macron en Algérie. Le bilan est plutôt bon ! Pour Saida Neghza, « la visite du Président Français a le mérite de relancer la communication et les échanges bilatéraux, tant entre les deux Présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, qu’entre les délégations respectives. Je crois que c’est de bon augure, avec les accords signés et les engagements pris pour le futur ». Les perspectives semblent ainsi s’éclaircir peu à peu après cette visite, en témoignent, selon la patronne de la CGEA, les accords conclus et les engagements exprimés par les deux parties. A la question de savoir quelle sont les facteurs-clé de nature à contribuer à la relance, sur de bonnes bases, du partenariat économique entre l’Algérie et la France, Saida Neghza ne va pas par trente-six chemins pour poser la condition d’un respect mutuel à la souveraineté et à la liberté de chacun des deux partenaires. « Le respect mutuel est fondamental, l’Algérie est farouche de sa liberté et de sa souveraineté. Ces postulats étant posés, je suis convaincue que les possibilités de partenariats gagnant-gagnant sont riches et diverses », estime la présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes, citant, entre autres domaines de partenariats possibles, l’agriculture, le tourisme et de l’hôtellerie, l’industrie, des énergies et énergies renouvelables ainsi que la formation…etc. Pour ainsi dire, la visite du Président français en Algérie aura tenu ses promesses, du moins sur le plan économique car contribuant à relancer un partenariat économique au point mort. Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a salué, d’ailleurs, une visite « excellente et réussie » d’Emmanuel Macron. Ce dernier n’a pas caché quant à lui son enthousiasme et son contentement rapporté par les médias à l’issue de sa visite en Algérie.
Coté patrons, défenseurs d’un partenariat gagnant-gagnant et d’une coopération bénéfique aux deux parties, au-delà de simples échanges commerciaux, il y a là une bonne opportunité à saisir pour les entreprises des deux pays, à la condition que cette coopération nouvelle se concrétise dans l’intérêt des deux pays.
A. K.