Les travaux de réalisation d’un projet hydraulique d’envergure de transfert des eaux albiennes du champ de captage de la région de Béni-Ounif vers la commune de Bechar ont été récemment lancés dans le but d’approvisionner en eau potable (AEP) les habitants de cette ville du Sud-ouest du pays, a-t-on appris de la direction locale des Ressources en eau (DRE).
Par Achour Naït Tahar
et important projet, qui vise à assurer une alimentation régulière en eau potable des villes qui dépendent principalement des eaux du barrage de «Djorf-Torba», a été précédé par la concrétisation d’une étude hydrogéologique réalisée par l’Agence nationale des ressources hydriques (ANRH), au titre d’un programme de mobilisation des ressources hydriques souterraines de la wilaya pour répondre aux besoins des populations de la région en eau potable, a-t-on précisé.
Une enveloppe de 9,5 milliards DA est allouée pour la réalisation des travaux inhérents à ce projet afin de permettre le transfert quotidiennement de 30.000 m3 d’eau à partir de dix (10) forages d’une profondeur de 400 mètres chacun, et qui sont tous localisés dans la région de Béni-Ounif, a-t-on expliqué. Le lancement des travaux de cette importante réalisation, confiée à des entreprises nationales, permettra la réalisation dans un délais de six (6) mois de plus de 180 km de conduites, de trois (3) stations de pompage et de deux grands réservoirs de 15.000 et 20.000 M3, qui seront alimentés à partir des forages précités, a-t-on ajouté.
Pour ce projet, qui est scindé en neuf (9) lots pour permettre une intervention plus soutenue des entreprises réalisatrices dans la perspective de la réduction des délais de réalisation, ont été déployés des moyens humains et matériels importants, et ce dans le souci de répondre aux doléances et préoccupations des habitants de la région en matière d’eau potable, selon la DRE.
Le projet vient aussi en application des mesures prises en mars dernier par le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, qui a insisté, lors de sa visite de travail dans la wilaya, sur la diversification des ressources hydriques pour l’AEP et ne pas dépendre exclusivement des eaux du barrage de «Djorf-Torba» qui restent une ressource aléatoire, dépendante de la pluviométrie. Sous le sceau de l’urgence, une dizaine de grandes entreprises ont été consultées par l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), qui est chargée du pilotage et la gestion de ce projet pris en charge actuellement par huit (8) d’entre elles qui ont été choisies en étant les «moins-disantes» sur leur offre financière, et aussi en fonction de leur expérience dans le domaine de l’hydraulique et pour l’importance de leurs moyens humains et matériels à mettre à contribution pour la concrétisation du projet, a-t-on indiqué à la DRE.
Un programme d’urgence AEP pour Bechar, Kenadza et Abadla
En marge de ce projet, la région de Bechar, qui connait depuis quelques années une sécheresse aigue par manque de précipitation et une baisse du niveau d’eau du barrage de «Djorf-Torba», dont les capacités de stockage des eaux de l’oued «Guir» est de 260 millions de m3, a incité le ministère des Ressources en eau à réagir immédiatement par la mise au point et le lancement d’un vaste programme d’urgence pour la sécurisation de l’AEP des villes de Béchar, Abadla et Kenadza.
Ce programme prévoit la rénovation des équipements de la station de traitement des eaux du même barrage, spécialement les systèmes de pompages et les sur-presseurs pour augmenter le volume de pompage et de traitement des eaux qui est passé de 27.000 m3/jour à 35.000 m3/jour, un volume permettant amplement la satisfaction des besoins des populations de ces collectivités et assurant une distribution quotidienne du précieux liquide en cette période estivale, marquée par de fortes chaleurs, a-t-on indiqué. Des travaux de rénovation de la conduite en amiante sur 22 km pour économiser une quantité de 2.000 M3 d’eaux qui se déversaient auparavant dans la nature pour raison de vétusté de cette conduite acheminant les eaux du champ captant de Ouakda vers Bechar, sont également en cours de réalisation, en plus de la concrétisation de travaux de raccordement de quatre (4) forages réalisés dans la région de Mougheul (cinquantaine de km au nord de Bechar) à la conduite principale dans un souci de renforcement et d’amélioration de l’AEP des populations de Béchar.
Ces réalisations qui ont permis de gagner un volume de 2.000 M3 d’eaux supplémentaires, selon des responsables du secteur. En plus de ces opérations, il a été aussi procédé à la réparation d’une barge flottante au barrage de «Djorf-Torba», pour permettre le pompage d’un volume supplémentaire des eaux du barrage et qui sera ajouté au volume global distribué aux populations des villes concernées. Le projet de transfert des eaux de la région de Béni-Ounif vers Bechar est l’un des plus ambitieux projets d’ingénierie hydraulique de l’histoire de la région qui devra déverser sur Bechar des eaux d’une qualité meilleure. Il permettra de mettre un terme au déficit constaté actuellement en AEP, et constituera un palliatif aux ressources du barrage de «Djorf-Torba» dont les baisses cycliques du niveau de sa retenue causent de nombreux désagréments et autres perturbations en matière d’approvisionnement des habitants des villes de Bechar, Kenadza et Abadla, a-t-on fait savoir.
Il faut ajouter aussi que le champ captant de la région de Béni-Ounif se situe dans une zone très éloignée des anciens sites des essais des armes chimiques et bactériologiques effectuées par l’armée coloniale française dans la région, comme a tenu a le souligner le directeur régional pour le Sud-ouest de l’ANRH, Taha Ansari.
A. N. T.