Le 15 décembre 2020, Ericsson Algérie a lancé le débat sur la technologie de la 5G de manière qui a suscité davantage d’intérêt mais aussi d’impatience pour le déploiement de cette nouvelle technologie en Algérie. Ce sera chose faite à partir de l’année 2023 si les autorités publiques prennent à bras le corps la question de réservations des bandes de fréquences et les opérateurs de la téléphonie mobile l’amélioration de leurs infrastructures.
Par Yasmina Houadi
’est ce qu’ont dévoilé, de manière en ne peut plus claire, les interventions des participants à la 4ème édition d’Ericsson Day, organisée cette année exclusivement en ligne, en raison de la pandémie du nouveau Coronavirus. Une crise sanitaire mondiale qui a imposé un arrêt inquiétant pour tous mais qui a eu aussi le mérite d’avoir donné un coup d’accélérateur à la digitalisation des entreprises et révéler un besoin pressant chez les utilisateurs de Smartphones de passer au plus vite au réseau 5G. Cela partant du fait que les réseaux traditionnels, y compris la 4G, ont montré tous leurs limites. Ce n’est pas seulement l’avis des simples utilisateurs d’internet, citoyens et entreprises mais aussi des quatre opérateurs qui activent en Algérie : le GTM (Groupe Algérie Télécom) pour le fixe et les trois autres opérateurs de téléphonie mobiles : Mobilis, Ooredoo et Djezzy.
Etaient donc invités à cette édition «Ericsson Day» tenue le mois de décembre écoulé, le directeur général d’Ericsson Algérie, Yacine Zerrouki, Samir Bouzekri, représentant du Groupe Télécom Algérie (GTA), le Conseiller principal auprès du directeur général d’ATM Mobilis, Karim Derraa, le Chief Digital and Technologie officer Djezzy, Eric Bourland, ainsi que Timos Tsokanis, le Chief Technologie Officer d’Ooredoo Algérie. Etaient aussi au rendez-vous, Mouloud Koudil, enseignant-chercheur, directeur de l’Ecole nationale supérieure d’informatique (ESI) et Mme Zohra Yermeche, directrice du programme Connect to learn d’Ericsson. Lors de cette rencontre, Ahmed Reda Berrah, architecte solution chez Ericsson Algérie, a présenté les résultats d’une étude réalisée en ligne par Ericsson Algérie sur la perception de la 5G par les utilisateurs des smartphones et du mobile en Algérie.
Selon le DG d’Ericsson Algérie, Yacine Zerrouki, le réseau 5G commencera à être déployé en Algérie en 2023. L’entreprise suédoise a une expérience assez riche en la matière grâce à sa participation active à différentes opérations dans le domaine dans différents pays à travers le monde. C’est en connaissance de cause qu’elle prévoit ce déploiement proche de la 5G dans notre pays à condition que tous s’y préparent, les opérateurs mobiles et les fournisseurs de services et de solutions digitales en premier. Pour sa part, Ahmed Reda Berrah, Architect Solution chez Ericsson Algérie a fait savoir que 15% de la population mondiale dispose actuellement d’une couverture en réseau 5G. D’ici 2026, le nombre des utilisateurs passera à 3,5 milliards. Plus de 100 opérateurs à travers le monde ont lancé ce service.
L’étude d’Ericsson a montré que 50% des utilisateurs de smartphones en Algérie sont prêts à basculer vers le réseau 5G. Les mêmes utilisateurs disent qu’ils sont prêts à changer d’opérateur si ce dernier tarde à adopter la technologie de la 5G et la mettre à leur service. De cette étude est révélé également que 12% des personnes sondées ont une connaissance parfaite du nouveau dispositif, c’est dire que les utilisateurs eux-mêmes suivent de très près tout ce qui lié aux TIC et réseaux. L’autre révélation, c’est la montée en flèche de l’utilisation de la vidéo, ce qui justifie, en partie, ce besoin pressant d’aller vers une meilleure qualité de service internet.
Pour leurs parts, les représentants des trois opérateurs de téléphonie mobile, estiment qu’il faut impérativement libérer de nouvelles bandes de fréquences si on souhaite voir la qualité du réseau internet s’améliorer. C’est le représentant du GTA, Samir Bouzekri, qui soulève, le premier, le problème, en y insistant plusieurs fois comme sur la nécessité de libérer des fréquences. «Il faut commencer par un travail d’assainissement du spectre. La question du spectre est fondamentale, elle est très importante pour l’évolution des réseaux. Il faudrait que l’autorité de régulation ARPCE et l’agence nationale des fréquences (ANF) se concertent pour un travail de fond et assainir le spectre. Il faut réserver les fréquences nécessaires pour le déploiement de cette technologie», a-t-il dit à ce sujet.
Pour le représentant du GTM, la libération de nouvelles bandes de fréquences permettra déjà, dans un premier temps, d’améliorer la qualité de la 4G. «La 4G n’est pas utilisée de manière optimale. Il faut aller vers une utilisation efficiente du spectre. Le réseau 4G est actuellement utilisé sur une largeur de bande de 25 mégas, alors que nous avons la possibilité de la déployer sur 40 mégas et cela va représenter un gain énorme en termes de débit. La première des choses est donc d’améliorer la 4G en lui réservant plus de spectre» dira-t-il toujours avec la même insistance. Des propos soutenus par le DG d’Ericsson Algérie, Yacine Zerrouki. Ce dernier dira : «effectivement, l’assainissement du spectre est une urgence. L’on se rappelle l’attribution récente de nouvelles fréquences aux opérateurs. Je parle des 2100. On a vu un bon significatif en termes de capacités. Ça reste toutefois insuffisant vu la demande croissante de trafic».
La question de l’assainissement du spectre a été évoquée par tous les intervenants à l’événement de l’équipementier de télécom suédois.
Ressources humaines et startups
Pour Mouloud Koudil, «il y aura plus de contenu riche, plus d’échanges. A un moment donné, il faudra stocker tout cela. Protéger ce contenu. Il ne faut pas rester dépendant de l’étranger. Nous devons assurer nous-même la protection et la sécurité de ce contenu riche. Il est important de se rendre indépendant de la liaison internationale. Nous devons développer nous-même notre contenu local et le sécuriser. D’où la nécessité d’avoir nos propres experts. Nos compétences sont en train de partir ailleurs» regrette-t-il, soulignant la nécessité de dissuader les jeunes compétences d’aller s’installer sous d’autres cieux, ainsi que de mettre le paquet pour la formation des ressources humaines en Algérie. C’est un point fondamental, insiste-t-il, afin d’assurer l’avènement de la 5G dans de bonnes conditions en Algérie.
Selon les intervenants, il est aussi primordial d’intéresser les startups et les amener à adhérer à cette démarche qui s’annonce prometteuse Ils considèrent que les startups vont jouer un rôle crucial. Elles vont permettre l’élargissement du marché et la création de nouveaux segments.
C’est tout l’écosystème algérien qui doit montrer sa disponibilité en faisant part de ses besoins en services et en équipements, aujourd’hui pas en 2023, recommandent-ils. Pour le représentant de Mobilis, Karim Derraa, toutes les parties, à commencer par les opérateurs de téléphonie (fixe et mobile), les équipementiers, l’ARPCE et l’agence nationale des fréquences, doivent se mettre autour d’une même table pour se concerter sur un plan de travail qui sera à même de définir les priorités et tracer une feuille de route qui répond aux aspirations de tous.
Selon le directeur de l’ESI, «80% des métiers en 2030 ne sont pas encore connus. Ils ne sont même pas imaginables de nos jours. Nous serons totalement dépassés par ce que la 5G va nous offrir parce que ça évolue très vite». Manière d’insister encore sur la nécessité de se préparer pour 2023.
L’autre point évoqué lors de cette visioconférence, c’est l’accès à l’international. Pour Eric Bourland, représentant de Djezzy, «l’accès à l’international est un point crucial aujourd’hui. Actuellement, l’accès est limité en termes de capacités. La connexion entre l’Algérie et l’Europe coûte dix fois plus cher qu’entre le Cap en Afrique du sud et Londres. C’est à dire une distance nettement inférieure mais avec un prix 10 fois supérieur. Imaginez le volume de connexion qu’on pourrait avoir s’il y avait un juste prix et une infrastructure pour faire transiter les besoins des algériens. Ça aurait un impact significatif sur la qualité». Eric Bourland souligne la nécessité de se concentrer sur «l’amélioration des services existants, travailler sur les fréquences, sur l’international, sur le partage de l’infrastructure et faciliter notamment le déploiement de la fibre optique entre les wilayas, qui est bloqué actuellement». En sommes, améliorer les conditions de succès à venir de la 5G».
Y. H.