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Smail El Djouzi, président de l’ANAM : « Notre objectif est l’accompagnement efficient de la profession minière »

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De par ses prérogatives et missions, l’Agence Nationale des Activités Minières (ANAM) joue un rôle clé tant dans l’amont que dans l’aval du secteur minier algérien. Elle intervient dans la recherche, la promotion et le développement ainsi que dans l’attribution et la suspension des titres miniers, mais aussi dans le suivi et le contrôle des règles en matière d’exploitation minière. C’est dire toute l’importance du mandat de l’ANAM sur les différents maillons de la chaine. Son président, Smail EL DJOUZI, détaille, justement, dans cette interview, accordée au magazine Indjazat, les prérogatives et les objectifs de son Agence, mais aussi les différents projets d’exploitation minière, actuels et futurs. Il évoque également le programme de recherche minière ainsi que le potentiel du patrimoine minier national.

Interview réalisée par Lynda Mellak

Quelles sont les missions et les prérogatives de l’Agence Nationales des Activités Minières ?
Il faut que vous sachiez, d’abord, que l’ANAM a été créée en 2014 en vertu de l’article 37, loi n° 14-05 du 24/02/2014 portant loi minière. Elle exerce, en qualité d’organe de l’Etat, des prérogatives de puissance publique dans la gestion du patrimoine minier, de la recherche et de la promotion minière ainsi que le contrôle des activités minières. Quant à son organisation, l’ANAM est dirigée par un comité de direction, composé d’un président et de quatre (4) membres, dénommés directeurs. Le comité de direction jouit des pouvoirs les plus étendus, pour agir au nom de l’agence et faire autoriser tout acte et opération relatifs à sa mission, conformément à la législation et la règlementation en vigueur. L’Agence est composée de quatre directions et de plusieurs antennes régionales. La Direction de recherche minière est chargée de mettre en œuvre toutes actions de nature à permettre le développement des matières minérales au titre des programmes, des études et recherches minières et de reconstitution des réserves. Quant à la Direction promotion et développement minier, celle-ci se colle la mission de planifier, concevoir et mettre en œuvre les programmes de promotion. Son rôle s’étend également à sensibiliser les opérateurs et investisseurs sur les opportunités offertes par le secteur minier, à élaborer les stratégies d’attraction dans le secteur minier du pays en identifiant les opportunités d’investissement, à programmer des sessions d’adjudication, à mener des études économiques générales relatives aux besoins en minerais et en matériaux de carrières et à suivre et publier les statistiques concernant les activités minières. La Direction des permis miniers assure, quant à elle, la gestion du cadastre minier et se charge de proposer, de délivrer, renouveler, suspendre et retirer les permis miniers, d’assurer la gestion et le suivi de l’exécution des permis miniers qu’elle délivre, de fournir toute assistance aux investisseurs dans la mise en œuvre de leurs activités minières et d’intervenir pour tout arbitrage, conciliation ou médiation entre operateurs miniers, pour les permis qu’elle délivre. La Direction du contrôle minier joue quant à elle le rôle de la Police des Mines. Elle est constituée par le corps des ingénieurs des mines, qui ont le pouvoir de constatation d’infractions. Les ingénieurs s’assurent du respect des règles et normes propres à garantir l’hygiène, la sécurité et les conditions d’exploitation selon les règles de l’art minier et contrôlent les techniques de mise en œuvre des substances explosives. Leur mission va également jusqu’à contrôler et vérifier les déclarations de la redevance établie par le titulaire du permis minier. En matière d’environnement, les ingénieurs de la Police des Mines sont chargés de contrôler la mise en œuvre des plans de gestion de l’environnement, l’organisation et le contrôle de la restauration des sites miniers ainsi que le suivi et le contrôle de l’utilisation de la provision pour la restauration et la remise en l’état des lieux. Leurs prérogatives s’étendent également à la gestion de l’après mines.

Vous venez de dire que l’ANAM est constituée également de plusieurs antennes régionales. Pouvez-vous nous en parler ?
Pour une meilleure prise en charge de ses missions de développement, de recherche et de contrôle miniers et afin d’être à l’écoute des opérateurs miniers et pouvoir les assister dans leur activité minière et dans leurs travaux d’exploitation et de remise en état des lieux, l’ANAM a implanté, à travers le territoire national, 20 antennes régionales et 01 Bureau régional sis à Tindouf.

Comment se présente actuellement le patrimoine minier algérien ?
Le patrimoine minier algérien se présente en trois parties distinctes. Il s’agit du patrimoine minier qui a été déjà mis en valeur et octroyé aux sociétés minières pour le mettre en exploitation, du patrimoine minier en cours de mise en évidence. Sur cette partie, ce sont les permis miniers d’exploration en cours de validité qui permettront certainement de découvrir de nouveaux gisements à mettre en exploitation. La troisième partie se rapporte au patrimoine minier qui est à découvrir, qui peut l’être grâce aux opérations de prospection et d’exploration qui ont été lancées dans le cadre du Programme de recherche minière.

Peut-on connaitre les principaux projets d’exploitation minière ?
Pour le moment, il y a trois grands projets qui sont en phase de maturation finale. Le premier projet concerne le gisement de fer de Gara Djebilet, située dans la wilaya de Tindouf. Il est considéré comme l’un des plus importants en Afrique ; ses réserves sont évaluées à 3 milliards de tonnes. Le deuxième projet est relatif quant à lui au gisement de phosphate de Tébessa, dans l’est du pays, d’une capacité de 2,5 milliards de tonnes. Ce projet particulièrement ambitieux vise à intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction à la production de produits phosphatés, en passant par toutes les phases de transformation. Le troisième projet concerne le gisement de zinc-plomb d’Oued Amizour, dans la wilaya de Béjaïa. Le potentiel minier exploitable de ce gisement est estimé à 34 millions de tonnes pour une production annuelle de 170 000 tonnes de concentré de Zinc. Une opération d’adjudication de gisements d’or « industriel » est en cours. Pour la période 2022 à 2024, d’autres opérations de promotion seront lancées et concerneront plusieurs produits miniers et minéraux.
Il est question essentiellement de minéraux métalliques, à l’instar de l’Or, Plomb et Zinc, Cuivre, Etain-Wolfram, Fer, Manganèse, Molybdène, de minéraux industriels, tel que la Bentonite, Barytine, Célestine, Argiles kaoliniques, Feldspath, Dolomie, Diatomées, Talc Phosphate, Carbonate de calcium…et de matériaux de construction et roches décoratives, dont les sables quartzeux, Grés, Granites, Marbres.

Qu’en est-il du programme d’exploration et de prospection minière ?
Actuellement il y a une redynamisation de la recherche minière. En effet, les nouvelles orientations des Pouvoirs Publics à travers le Ministère de l’Energie et des Mines se traduisent par la reprise et le développement de la Recherche Minière avec, pour principal objectif, la mise en évidence de nouveaux prospects susceptibles d’être économiquement exploitables. Un programme de recherche minière a été prévu pour la période 2021-2023. Ce programme est orienté principalement pour remplacer les produits d’importation dont le territoire recèle, des produits à forte valeur ajoutée et généralement pour satisfaire les besoins de l’industrie nationale. Aussi, ce programme vise à approfondir la connaissance géologique et minière, élargir la base minérale du pays, apprécier le potentiel géologique et les ressources minérales à travers de nouvelles approches et techniques et promouvoir le produit minier national. Les objectifs de ce Programme de recherche minière sont divers. Il s’agit de réduire, voire arrêter les importations des produits miniers, reconstituer les réserves des gisements en exploitation et approfondir la connaissance géologique et minière. Mais pas seulement, il est question également de participer activement à la mise en œuvre du programme de l’Etat par la mise à disposition des secteurs utilisateurs des produits miniers et des travaux d’infrastructures géologiques idoines pour développement, d’identifier de nouveaux prospects à promouvoir pour l’investissement, d’élargir la base minérale du pays, d’apprécier le potentiel géologique et les ressources minérales à travers de nouvelles approches et techniques, de promouvoir le produit minier national et de sélectionner et préparer des sites pour différentes exploitations (Artisanale, industrielle). Pour ce faire, l’ANAM s’est vu confier à la fin de 2020, la conception et la réalisation d’un programme d’exploration pour la période 2021/2023 avec en option le démarrage d’un nouveau plan à partir de 2024 et qui se poursuivra jusqu’en 2030. Ce programme de recherche minière 2021-2023, comporte 26 projets de recherche pour différentes phases d’exploration pour un investissement prévisionnel global de 4,8 MDA, dont 1,8 MDA pour 2021. Ce programme de recherche minière, est confié à l’ORGM pour sa réalisation. Il comporte 13 substances, répartis sur 27 wilayas.

Comment jugez-vous globalement l’intérêt qu’accordent les investisseurs nationaux et étrangers à l’exploitation et l’exploration minières algérienne ?
Il faut d’abord vous préciser un détail important : la prospection et l’exploitation minière coutent cher. Les investissements dans ce domaine sont généralement élevés mais malgré cela les investisseurs accordent une grande importance et une réelle envie de s’engager dans l’exploration et surtout l’exploitation minière. La preuve est signifiée par l’engouement des investisseurs que nous constatons à chaque opération d’adjudication que nous organisons périodiquement au sein de l’ANAM. A titre d’exemple, la dernière adjudication qui concernait 9 indices d’or dans le Sud et le Sud-Ouest algériens qui a eu lieu le 22 mars dernier a vu la participation de de plus de 90 investisseurs nationaux. Quant aux investisseurs étrangers, ils nous sollicitent régulièrement dans le cadre du partenariat.

Le patrimoine minier algérien subit toujours le pillage organisé. Comment protéger la richesse minière non renouvelable du pays ?
Non, je ne crois pas du tout qu’actuellement le patrimoine minier national fasse l’objet d’un quelconque pillage. L’Agence Nationale des Activités Minières a été créée par les pouvoirs publics dans le cadre de la loi minière de 2014 pour justement veiller à réglementer l’activité minière. Si par le passé il a été signalé quelques exploitations artisanales illicites dans les zones reculées de l’extrême Sud du pays, aujourd’hui, personne n’est censé entamer une quelconque activité minière sans permis minier délivré par l’ANAM ou à la rigueur une autorisation de Wilaya. Il faut savoir que nous disposons d’antennes régionales dans lesquelles activent des ingénieurs de la police des mines chargés du contrôle dans le domaine de l’activité minière et toute anomalie avérée est déclarée au niveau du procureur de la République territorialement compétent. Les services de sécurité nationaux veillent au grain nous apportent ainsi une assistance précieuse.

Un mot pour conclure ?
L’objectif de l’ANAM est l’accompagnement efficient de la profession minière pour améliorer l’apport du secteur minier au développement national et ce, par la création d’une source importante de richesses et de recettes en devises, la création d’emplois, tout particulièrement dans les zones déshéritées, les centres miniers étant situés hors ou loin des centres urbains. 
L. M.

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