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SAID AMRAR, CONSULTANT EN AGRICULTURE : «Nos produits agricoles sont de qualité et nous devons les promouvoir»

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La culture de la pomme de terre connaît un essor considérable ces dernières années en Algérie notamment au regard des volumes importants produits. Toutefois, indique Said Amrar, consultant en agriculture, la production de la pomme de terre doit être mieux structurée dans le temps et dans l’espace pour les besoins d’une régulation en amont. La promotion de son exportation, dit-il, est tributaire de la qualité du produit proposé au client. Ainsi, l’amélioration de la qualité des produits agricole doit être au cœur de la stratégie des pouvoirs publics a-t-il estimé. Said Amrar revient, dans cet entretien accordé au magazine Indjazat, sur le potentiel de l’Algérie en matière de production de la pomme de terre et livre sa vision pour la promotion de l’exportation des produits agricole algériens.

Entretien réalisé Par Lynda Mellak

La pomme de terre occupe le second rang du classement des cultures stratégiques après le blé (dur et tendre), car elle représente une denrée alimentaire des plus prisée au sein de la famille algérienne. Quel est le volume actuel de production de la pomme de terre et qu’en est-il des perspectives estimées à long terme ?
L’Algérie est considéré comme un grand pays producteur de pomme de terre au regard des volumes produits chaque année.Au-delà des quantités importantes mises sur le marché, on peut dire que la pomme de terre a quelque part contribué au changementdu mode de consommation des Algériens, axé en bonne partie sur la restauration rapide.L’autre caractéristique qu’il convient de signaler est l’importance de la consommation de pomme de terre hors ménage qui a pris une ampleur inattendue surtout chez les populations jeunes.Actuellement, la consommation de pomme de terre avec un ratio dépassant 110 kg/hab./an est parmi le plus élevé au monde. De ce fait, les besoins du pays en pomme de terre vont aller crescendo d’une manière inversement proportionnelle, par rapport à la croissance démographique et en même temps en relation avec l’amélioration du niveau de vie de la population.Par conséquent, la production de pomme de terre en Algérie doit non seulement augmenter pour répondre aux besoins de consommation, mais elle doit aussi être mieux structurée dans le temps et dans l’espace pour les besoins d’une régulation en amont.
Par ailleurs, les professionnels de cette filière seront amenés dans un avenir proche à segmenterleurs productions de pomme de terre de manière à satisfaire des exigences spécifiques du marché et trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits.Par exemple, une pomme de terre destinée pour l’exportation ou pour la transformation n’a pas les mêmes caractéristiques en termes de teneur en matière sèche ou de structure de la chair qu’une pomme de terre de consommation courante.

Les pouvoirs publics ont consentis, ces dernières années, des efforts importants allant dans le sens d’une meilleure performance en matière des techniques de production de la pomme de terre. Quels sont les résultats attendus sur le marché ?
Effectivement notre pays a consenti beaucoup d’efforts à tous les niveaux pour accroître la production de pomme de terre en accordant des soutiensà la production notamment pour le volet semences, et à travers tout un ensemble de mesures de régulation du marché ayant permis de donner plus de visibilité aux producteurs sur le devenir de leurs produits.
Le volet accompagnement financier n’a pas été occulté par les pouvoirs publics étant donné que chaque action engagée, l’aspect financier a suivi par la mise en place de crédits à intérêts bonifiés.Sur le plan technique aussi, tous les programmes de développement ont été encadrés par les institutions spécialisées du secteur de l’agriculture.
Tout cela a permis d’augmenter la production. L’examen des bilans de production à l’échelle nationale a permis également de constater que l’augmentation de la production résulte plus de l’amélioration des rendements que de l’augmentation des surfaces cultivées.Sur ce point, il reste encore une marge de progression des rendements qu’il faudrait exploiter, pour améliorer davantage l’efficience de rentabilité de la culture de pomme de terre. Le retour sur investissement a permis aujourd’hui d’atteindre des niveaux de rendementsappréciables de l’ordre de 32 tonnes/ha, et la production globale a permis d’envisager des possibilités d’exporter.

Le faible taux de mécanisation de la culture de la pomme de terre, la rareté de la main-d’œuvre et l’augmentation effrénée des prix des intrants (semence importée et fertilisants) sont autant de points importants qu’il ne faut négliger dans le traitement des points sensibles de la filière pomme de terre en Algérie. Quel est votre commentaire ?
C’est faux de dire que la culture de pomme de terre soufre d’une faible mécanisation, étant donné que cette filière reste sûrement la plus mécanisée après celle des céréales.
Cependant, c’est plutôt dans le domaine de la qualité de la mécanisation où des efforts restent à faire, en préconisant des outils de travail les mieux adaptés aux types de sols et aux types d’opérations culturales, non seulement pour pallier au problème de manque de main d’œuvre mais aussi pour améliorer les rendements.
Concernant les différents intrants employés dans la production de pomme de terre, leurs coûts représentent environ 80 % des charges totales engagées à l’unité de surface, et la tendance est à la hausse.
L’intrant semence représente la plus grosse part surtout quand celui-ci est importé. A titre de comparaison, le prix de la semence importée est de 2 à 3 fois supérieures à celui de la semence produite localement.
C’est pourquoi, il faut que les agriculteurs fassent des efforts pour produire localement des semences en quantités suffisantes pour couvrir les besoins des différents programmes de production et aussi en utilisant rationnellement les engrais et les pesticides.

Comment éviter les turbulences qui puissent surgir sur le marché national ?
Les perturbations du marché sont très souvent liées aux aspects de production, non seulement en quantités, mais aussi en termes de période de récolte. En Algérie, ces perturbations sont observées durant les périodes de «soudure » généralement au mois de septembre et octobre et quelques fois en mars et avril.
Donc pour éviter les perturbations du marché, il faut faire un effort de régulation en amont, prendre en charge convenablement les productions estivales en conservant des quantités suffisantes sous froid, et en développant l’industrie de la transformation.

Quelles sont les capacités actuelles de la production de pomme de terre algérienne destinées à l’exportation? Qu’en est-il du volume de l’exportation ? Quels sont les pays demandeurs ?
Nos capacités d’exportation sont très importantes en termes de production selon des calendriers qui conviennent pour les marchés Européens, mais pas seulement en regardant aussi vers les pays d’Afrique et des pays du Golf. Cependant, l’exportation devra obéir aux exigences de nos clients, qui imposent des conditions non insurmontables. Ces exigences sont d’ordre calendaire, variétale et aussi de respect de l’itinéraire technique de production. Pour les satisfaire, il s’agira donc de concevoir des programmes spécifiques pour l’exportation en instaurant un système de production pour compte entre les opérateurs exportateurs et les agriculteurs.
A ce titre le conseil interprofessionnel constitue un cadre privilégié de rencontre entre tous les acteurs de la filière pomme de terre où ces questions peuvent abordées et traitées.

Certains produits algériens ont été refoulés par les services de Douanes de certain pays. Quelles sont les raisons ayant engendrés de telle situation ? Que préconisez-vous pour éviter ce genre de situation à l’avenir ?
On a eu écho à travers la presse nationale que des produits agricoles Algériens ont été refoulés à partir des ports de débarquement à l’étranger.
De par le monde, ces situations sont assez fréquentes. Elles se produisent lorsqu’il y a défaillances dans l’application des clauses contractuelles entre les partenaires. Les causes majeures peuvent résulter du non-respect des normes phytotechniqueou phytosanitaires voire aussi parfois de délais de livraison. Pour le cas Algériens, personnellement, je n’ai pas eu l’occasion d’en rencontrer des opérateurs ayant été touché pour en savoir davantage sur les raisons ayant conduit à cette situation.
Quoiqu’il en soit, le problème de l’exportation doit être abordé sous divers contours à savoir la mise en place de programmes spécifiques dont la production est destinée pour l’exportation, en arrêtant l’itinéraire technique de production (type d’engrais et leur dosage, les pesticides autorisés), les calendriers de récolte, les types variétaux etc.La mise en place d’un cahier des charges définissant la nature des emballages, les normes du produit (calibre, blessures, verdissement etc.) ainsi que les prix etc.Tous ces aspects doivent être conclus entre l’opérateur exportateur et les producteurs.
L. M.

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