Pays à sismicité avérée, l’Algérie doit encore faire face à des catastrophes naturelles parfois dramatiques, telles les feux de forêt et autres inondations.
Chose qui constitue un souci permanent pour les pouvoirs publics qui œuvrent à anticiper les ravages de fléaux, au demeurant imparables, à travers la prévention assise sur une batterie de mesures juridiques fiables.
par Azouz Kafi
Une telle préoccupation des hautes autorités du pays est illustrée par la tenue, samedi 20 mai écoulé au CIC, du Colloque international sous le thème «Réduire le risque sismique : gouvernance et prospective».
Organisé par le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et placé sous le haut patronage du président de la République, le colloque a vu le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, décliner les grands axes de la stratégie nationale de lutte contre les risques majeurs.
Lors de son allocution d’ouverture, Benabderrahmane a d’abord rappelé que l’Algérie était pionnière dans la prévention et la réduction des effets des catastrophes naturelles, grâce à l’actualisation de son arsenal juridique et des moyens d’intervention en fonction du progrès enregistré dans divers domaines, non sans mettre en relief l’importance de la préparation anticipée fondée sur des bases scientifiques dans la réduction des effets des catastrophes après leur survenue. Le PM focalisera ensuite sur les grands axes de la stratégie de l’Algérie dans ce domaine et dont le programme porte sur l’amélioration de la compréhension du risque sismique, le renforcement des systèmes de contrôle et d’alerte précoce, la généralisation des études et leur introduction dans les programmes scientifiques et scolaires, l’association de la société civile et toutes les parties concernées, et l’exploitation des nouvelles technologies a énoncé le PM, qui soulignera , pour autant, la nécessité de «revoir la stratégie actuelle, de l’améliorer et de l’actualiser au titre du cadre d’action de Sendaï des Nations Unies pour la réduction des risques des catastrophes pour la période 2015-2030, adopté par notre pays», dira- il.
De même, il fera état de la finalisation de l’opération d ‚actualisation de la Stratégie nationale de gestion des catastrophes « qui entrera en vigueur après la promulgation de la nouvelle loi devant remplacer la loi de 2014 avec ses textes d’application en 2023, coïncidant avec la Journée internationale pour la réduction des risques des catastrophes adoptée par l’ONU», a- t- il indiqué. S’agissant des améliorations introduites à ce projet de loi, le Premier ministre en a énuméré les nouvelles dispositions, expliquant qu’elles reposaient sur «la détermination quantitative des objectifs stratégiques majeurs de notre pays en matière de réduction des effets des catastrophes, la conformité totale de notre système avec le cadre de Sendai et l’Accord de Paris (COP21) pour réduire les effets des changements climatiques». Et pas seulement. Aïmene Benabderrahamane a aussi pointé l’introduction de nouveaux risques, notamment ceux relatifs aux changements climatiques ; à l’instar des risques cybernétiques et les risques biotechniques, la définition des mécanismes de financement et les responsabilités de tous les intervenants, la consécration du concept ‘’Gestion des risques de la catastrophe’’ au lieu du concept ‘’gestion de la catastrophe’’ au titre «d’une dimension préventive qui n’attend pas la survenue de la catastrophe», fera- t- il observer ainsi que le renforcement du volet de sensibilisation au profit de la société et du citoyen et l’ancrage de la culture de traitement des risques majeurs et des catastrophes naturelles.
Tout en prônant la généralisation de la numérisation et l’élargissement des domaines de recherche des centres spécialisés, aux fins de renforcer la stratégie de prévention contre les risque de catastrophes, le Premier ministre a également insisté sur la nécessité de sensibiliser le secteur privé pour «l’associer au travail collectif et à investir dans la réduction des risques de catastrophes», a- t- il souhaité.
Enfin, Benabderrahmane a parachevé ses orientations, retenant l’impératif d’élargir le réseau de surveillance des séismes «avant fin 2023 », d’exploiter les capacités nationales en matière d’activité spatiale, d’’intégrer la gestion des risques des catastrophes dans les Codes communal et de wilaya en cours de finalisation, non sans évoquer le chapitre de l’assurance contre les catastrophes naturelles et les risques majeurs.
Sur ce point, il s’est engagé en faveur de la révision de la politique en vigueur jusque- là, avec l’objectif de garantir une large adhésion au dispositif d’assurance instituant son obligation et l’indemnisation des victimes. «Bien qu’obligatoire, le taux de souscription à cette assurance s’élève à seulement 5%», a conclu le Premier ministre.
Un manque à gagner crucial et le délégué national aux risques majeurs, Hamid Afra, enfonce quelque peu le clou en révélant, lors de sa prise de parole au colloque, que les pertes économiques causées par les séismes, les inondations et les feux de forêt ont dépassé la bagatelle 5,5 milliards de dollars ; de 2004 à 2022.
A. B.