Le ministère met le paquet sur l’amélioration du service public
«Les indicateurs positifs enregistrés par le secteur ne reflètent pas la réalité sur le terrain, en ce sens que les efforts consentis ont focalisés sur la disponibilité des ressources hydriques et non sur leur exploitation idoine».
Dixit le ministre des ressources en eaux (MRE), Arezki Berraki, lors de son intervention à la rencontre Gouvernement- Walis, tenue les 16 et 17 février écoulé, au Club des Pins.
Par Noufel Bousshaki
e ministre a, ainsi, pointé du doigt tout un pan de la problématique liée à son secteur. Il n’aura de cesse, depuis, d’appeler, le ton ferme et loin de la langue de bois à œuvrer de façon optimale à l’amélioration du service public de l’eau, y compris, et surtout, dans « les zones d’ombre » dont le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a qualifié les régions enclavées ou l’arrière pays. Pour Berraki, l’équation est simple. Il faut d’abord veiller à préserver l’eau en s’attaquant aux fuites, déjà, surdimensionnées et non pas consentir de gros investissements pour les décupler, du coup.
Réduire le taux de fuites de 7 % avant fin 2020
Le ton est donné à l’occasion de la rencontre nationale des cadres centraux et locaux du secteur et des directeurs des entreprises en charge du service public des eaux, tenue vers la fin du mois dernier. Ferme et résolu, le ministre insiste sur l’impératif de «lutter sans relâche» contre le phénomène des fuites d’eau pour en «réduire le taux à 7% avant fin 2020» a-t-il prévenu précisant que les fuites enregistrées dans les villes engendraient la perte d’importantes quantités d’eau potable (eaux de barrages, eaux souterraines ou eau de mer dessalée). Il pointe, à cet effet, une solution optimale consistant en l’utilisation des nouvelles technologies, et l’association des citoyens dans le service public, annonçant dans ce sillage, le lancement d’une nouvelle application mobile «City Leaks». Une application par le biais de laquelle le citoyen peut déclarer toute fuite d’eau dans n’importe quelle région du pays, en envoyant simplement une photo par Internet. Ne restera plus à l’équipe d’intervention la plus proche des lieux que «de se déplacer pour réparer immédiatement la fuite» a-t-il expliqué. Il ajoutera que l’application qui «sera lancée dans une quinzaine de jours permettra au citoyen de suivre les opérations de réparation des fuites déclarées».Une petite révolution !
Des assurances pour 2020
Dans le même contexte, il fera part, également, du lancement, sous dizaine, du «guichet électronique unique», affirmant que ce dispositif figurait parmi les engagements du Président de la République pour lutter contre la bureaucratie, dans sa globalité et rapprocher l’administration du citoyen. Une telle innovation «permettra au citoyen de formuler ses demandes relatives au secteur des ressources en eau via Internet, qu’il s’agisse des autorisations de forage des puits, de prospection, de raccordement au réseau d’Alimentation en eau potable (AEP) ou autres prestations», explique Berraki, faisant remarquer que le citoyen pouvait aussi suivre le traitement de son dossier via «le guichet électronique qui permettra également de suivre le traitement des dossiers au niveau central pour garantir une optimisation des prestations au profit des citoyens» a- t-il dit, en substance.
A un autre plan, le premier responsable du secteur se veut rassurant et évacue la hantise d’un stress hydrique qui oppresse le citoyen en raison de la faible pluviométrie observée jusque-là.
«Les réserves hydriques actuelles sont suffisantes pour satisfaire les besoins nationaux, qu’il s’agisse d’eau potable ou pour l’irrigation des grandes surfaces agricoles» confiait-t-il à la presse, le 27 février dernier, en marge d’une rencontre d’information sur la promotion de la production nationale des équipements hydriques.
Il s’étalera, expliquant que les besoins hydriques nationaux seront satisfaits par les réserves des barrages dont le taux de remplissage frôle les 63 %, soit 4 mds M3, un taux devant permettre de couvrir 33% des besoins.
Il fera remarquer qu’outre les barrages, les réserves de la nappe phréatique contribuaient à hauteur de 60% à la couverture des besoins en eau, en dehors ce qui est produit dans le cadre du programme de dessalement. Ce dernier volet qui constitue un segment important repose sur 13 stations de dessalement à travers le pays, implantées sur le littoral et destinées à approvisionner les villes côtières en eau, fera-t-il savoir, non sans annoncer la réalisation de trois nouvelles stations. Dans ce même sens, le ministre a affirmé que le programme de réalisation de stations de dessalement allait se poursuivre en 2021, dans le cadre du plan d’action du gouvernement. Il mettra, enfin, en avant l’objectif principal de son département pour 2020, évoquant un approvisionnement au quotidien en eau potable de toutes les communes du pays, relevant que 661 d’entre elles souffraient de manque d’eau.
Il conclura, rassurant que «Plus de 400 communes bénéficieront avant l’été prochain d’un approvisionnement quotidien en eau potable, en attendant de satisfaire la demande des communes restantes avant fin 2020», a-t-il promis. Il n’hésitera pas, non plus à exhorter les agriculteurs à faire usage des systèmes permettant d’économiser l’eau, à l’instar du système d’irrigation au goutte-à-goutte. Tenu par l’impératif de répondre et de prendre en charge, rapidement, les préoccupations du citoyen et de le tenir informé de manière régulière, le département d’Arezki Berraki s’est imparti tout un programme national pour tenir la gageure, avec comme objectif majeur «d’améliorer le service public d’eau et rattraper le retard accusé dans certaines wilayas du pays» fera savoir le ministre, soulignant que ce programme «fera l’objet d’un suivi périodique à travers trois évaluations consécutives qui se feront après le mois sacré du Ramadhan, à la fin de la période estivale ainsi qu’à la fin de l’année», dira-t-il. Il a, en outre, rappelé la mise en place d’un mécanisme de suivi national du service public d’eau au niveau du cabinet du ministère et qui repose sur un ensemble d’indicateurs de la performance permettant de faire une évaluation objective des gérants.
Prévenant, par ailleurs qu’il était intolérable «de toucher au principe de la santé des citoyens», le ministre relève la nécessité de «veiller à la pureté des eaux distribués et de renforcer le réseau national de contrôle de la qualité, composé de 198 laboratoires d’analyses»,a-t-il mis en avant, mettant l’accent sur l’impératif «de garder un haut niveau de vigilance et de prendre en charge les conditions d’exploitation par les opérateurs privés des puits, des infrastructures de stockage et les pratiques insalubres de certains producteurs».
Plus de 10 projets structurants pour 2020
Aux actions que le MRE entreprend pour encadrer le service public d’eau, viennent se greffer plus de dix projets structurants, visant à améliorer le service de l’alimentation en eau potable dans des communes souffrant de restrictions. Ils seront réceptionnés en 2020 et desserviront près de 3,2 millions d’habitants, affirme le directeur central chargé de l’alimentation en eau potable, Abdelatif Mastiri. Mastiri a fait savoir que six parmi ces dix projets allaient être réceptionnés «avant le mois sacré de Ramadhan au profit de 2,7 millions d’habitants», précisera- t- il. Il s’agit, selon lui, de la ville d’El Milia, de la zone industrielle de Bellara dans la wilaya de Jijel, des communes Ouled Sidi Brahim, Ben Daoud, Harraza, EL-M’Hir, El Mansoura (Bordj Bou-Arréridj ), la ville de Sétif et des communes situées dans les régions ouest de cette wilaya. Les villes d’Oum Bouaghi, Ain Kercha, Ain M’Lila, Ain El Fakroun et Ain Beida ainsi que les communes de la vallée d’Oued Abdi bénéficieront également de ces projets qui seront également réceptionnés avant le mois de Ramadhan, relevant que les projets restant seront réceptionnés soit avant la saison estivale prochaine ou avant la fin de l’année 2020. Enfin, le directeur central du MRE, fera part d’un plan d’action arrêté pour assurer une distribution d’eau au quotidien au profit de 303 communes, avant la saison estivale 2020, 166 communes, d’ici fin 2020 et 92 communes au-delà de 2020, dont 176 communes ne disposant pas de financement.
N. B.