Lançant, samedi 4 décembre, la Conférence nationale sur la relance industrielle, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a adopté un mode de communication et très porteur, loin du discours ex cathedra.
Fallait- il y aller ‘’droit devant’’, en usant d’un langage clair et accessible pour tantôt rassurer et tantôt prévenir, le conclave de capitaines d’industrie et membres du gouvernement, présents au Palais des nations au Club des Pins, à Alger.
Par Nait Amara Hacène
lors que l’économie nationale peine à carburer à plein régime, dans l’optique d’une véritable «révolution industrielle», incontournable pourtant, Abdelmadjid Tebboune, fustige un immobilisme néfaste, qu’il soit délibéré ou né des postures de gestionnaires tétanisés par la peur de prendre leurs responsabilités.
«Le bon responsable est celui qui facilite le développement local et non celui qui cherche des excuses pour ne pas signer une autorisation prévue par la loi», affirmera-t-il dans cette veine, avant de souligner que l’entrave des projets prêts à être lancé pour des raisons bureaucratiques, constituait un «crime contre l’économie», a- t- il a encore tonné, péremptoire.
Passant, ensuite à l’état des lieux, le Président, et tout en notant que la situation actuelle de l’industrie nationale n’était pas «une fatalité» mais «une réalité», son redressement restait possible pour peu que l’on prenne « urgemment les mesures nécessaires pour éradiquer la corruption et mettre fin à la dilapidation de l’argent public», dira-t-il dans une allusion claire aux sandales qui ont éclaboussé le secteur, souvent à un haut niveau.
Dans cet ordre d’idées, il na pas manqué, du reste, de fustiger, une phase de «fausse industrialisation», survenant à l’aisance financière des deux dernières décennies, assimilée de façon caricaturale «au gonflage des pneus et au détournement d’argent vers l’étranger sous diverses formes, outre l’assemblage au lieu de la fabrication», a déploré le chef de l’Etat.
Aussi, a-t-il mis d’emblée le curseur, sur «une véritable révolution industrielle» à entreprendre, à travers des «étapes concrètes et urgentes», a-t-il souligné, dans le but d’épaissir la contribution de l’industrie à l’économie nationale, «tout en œuvrant à l’aplanissement de tous les obstacles bureaucratiques, à l’effet de rapprocher l’administration de l’investisseur», précisera- t- il.
Dans ce contexte global, le Président a dédié l’année 2022à l’économie, faisant savoir dans ce sens, que tous les dossiers susceptibles de concourir au développement du pays allaient être pris en charge, s’est- il engagé, non sans ajouter que le ‘’modus operandi’’, ainsi instauré, allait permettre de voir «qui des responsables suivront notre démarche et ceux qui l’entraveront», a-t- il averti.
Dans ce cadre global, Tebboune tracera au marqueur deux paramètres essentiels pour rétablir la confiance en amont et en aval et dont les fissures ébranlent le climat des affaires.
Il édictera, alors, que l’investisseur n’était pas à considérer comme «un ennemi, ni un adversaire» mais un opérateur qui «complète le travail de l’Etat» ; fait qui nécessite d’établir une relation fondée sur «la confiance et la coopération au service du pays».
Vient ensuite, les garanties accordées aux responsables locaux. A ce niveau, Il rappellera sa correspondance aux parties concernées assurant tout responsable ayant facilité l’entrée en production d’une usine, qu’il ne pouvait faire l’objet de poursuites judicaires et précisant que si les enquêtes concluaient à l’absence de corruption, les faits allaient se transformer en erreur administrative, n’entraînant aucune sanction pénale.
«Nous sommes là pour protéger les administrations», a tenu à rassurer le chef de l’Etat. A un plan pragmatique, Abdelmadjid Tebboune a instruit son gouvernement, en fixant un ultimatum à fin décembre en cours, de veiller à faire débloquer tous les projets d’investissement à l’arrêt, s’interrogeant, du coup, sur les raisons réelles derrière l’arrêt de certains projets, cela au moment où 57 projets, sur les 402 en chantier, ont été débloqués en peu de temps.
Et, partant, il a eu à réitérer sa détermination à faire face aux défis dans ce chapitre, via des démarches concrètes et efficaces, dont, notamment l’impératif de lever les obstacles rencontrés par les usines «afin de leur permettre de participer, autant que possible, au revenu national, et de contribuer au parachèvement des projets en cours de réalisation ou gelés sur fond de calculs politiciens ou d’intérêts suspects», fera- t -il remarquer.
Et de revenir sur les différentes mesures tendant à booster l’investissement, citant particulièrement la création et l’importance du guichet unique dont la mission essentielle est de faciliter l’obtention d’autorisations administratives et de définir les délais autorisés à l’administration pour la délivrance des documents ad hoc, ainsi que la garantie du foncier industriel aux investisseurs dans des délais rapides, par le truchement d’ agences spécialisées, indépendantes de l’administration, et devant être opérationnelles en 2022.
Evoquant, enfin, les industries manufacturières, le Président Tebboune a mis en exergue la décision du gouvernement, de par des instructions adressées aux banques, d’accorder un financement à hauteur de 90% de la valeur des projets dans ce domaine et, dans la foulée, il exhortera les investisseurs à se lancer dans la production des pièces détachées nécessaires au secteur industriel, après satisfaction de la demande nationale.
En définitive, et pour le chef de l’Etat, une telle rencontre avec le patronat s’imposait d’elle-même, à l’aune d’une nouvelle année placée sous le signe des grandes réformes économiques.
En multipliant des gages de bonne volonté, aussi bien à l’adresse des investisseurs que les cadres gestionnaires de l’Etat, le président de la République pourrait avoir fait mouche.
Il parachèvera en apothéose, dans un grand geste symbolique, en décernant la Médaille de l’Ordre de mérite national «Achir» à des responsables de groupes nationaux, dont le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, la PDG du Groupe Saidal, Fatouma Akacem , le PDG du groupe Cosider, Lakhdar Rekhroukh, le PDG du groupe privé «Venus», Kamel Moula, le Directeur général de «Faderco», Amor Habes, le PDG du groupe «Bimo», Amar Hamoudi ainsi qu’ à une pléiade de chefs de start-up, à titre d’encouragement et enfin au chercheur et inventeur algérien dans l’électronique, Belkaem Haba qui compte à son actif plus de 1500 brevets d’invention.
H. N. A.