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Redha Doumi, Directeur des infrastructures et équipements au MJS : « Les infrastructures réalisées par l’Etat doivent être rentables»

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Lorsqu’il est question d’économie, les bénéfices des infrastructures vont de la création d’emplois pour leur construction et leur entretien, à la capacité des infrastructures de générer des activités et de la richesse. Dans cette interview, le directeur des infrastructures et équipement au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), Redha Doumi, revient sur la problématique de la gestion du patrimoine infrastructurel sportif et de jeunesse, son entretien et son exploitation. Pour lui, la rentabilité des stades et autres structures, construits jusqu’ici sur financement du Trésor public, doit désormais figurer comme objectif à mettre en évidence pour un meilleur entretien de ces structures et de meilleures prestations. Eclairage.

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

L’Algérie a commencé, depuis quelque temps, à résorber le déficit accumulé au cours des dernières décennies en matière d’infrastructures sportives. Comment se présente aujourd’hui le patrimoine dont dispose le pays en la matière ?
Effectivement, il y avait un manque crucial en matière d’infrastructures. Mais ce manque a été résorbé à un très grand pourcentage estimé à près de 80% de couverture du territoire national. Aujourd’hui, en visitant toutes les contrés du pays, nous remarquons l’existence de multiples infrastructures de sport et de jeunesse mises à la disposition des citoyens. Il faut savoir que durant les deux dernières décennies, un programme de plus de 13 000 structures a été mis en place comprenant les plus petites aires de jeux, jusqu’aux salles omnisports, les piscines, les centres de regroupement et autres. Ce programme est réalisé jusqu’ici à 90% et il y a, malheureusement, un petit pourcentage, soit 9%, de projets qui ont été gelés ou reportés à cause des instructions relatives à la rationalisation des dépenses publiques. Cependant, ces projets ont été récupérés par d’autres fonds de financement locaux.

Plusieurs infrastructures sportives sont en cours de réalisation à travers le territoire nationale. Peut-on en connaitre les principaux projets et leurs taux de réalisation ?
Sur le plan quantitatif, nous avons un programme en cours de réalisation comprenant 13 000 projets de sport et de jeunesse dont 60% sont situés dans les hauts-plateaux et le Sud. Les principaux programmes concernent les nouveaux stades et tout ce qui est lié à la prise en charge du sport de haut niveau et de l’élite sportive, à savoir les centres de regroupement et les écoles sportives. Sur les quatre stades en cours de construction, nous allons en réceptionner, avant juin 2021, le stade d’Oran qui est achevé à 97% mais qui nécessite des essais avant d’être mis en service. Nous allons aussi réceptionner, avant la fin de l’année, un 2e stade, celui de Baraki, qui a connu beaucoup de retard et qui est aujourd’hui achevé à 85%. Je dois signaler à ce propos, que le ministère de la Jeunesse et des Sports n’est pas maitre d’ouvrage de ces grands projets. Il est assistant sur le plan normatif et intervient auprès des intervenants dans la réalisation de ces projets par rapport aux normes qui doivent être respectés pour faire homologuer ces infrastructures. Ces projets sont gérés par les walis à travers les directions des équipements publics, sauf pour ce qui est du stade de Tizi Ouzou qui est sous la gestion et la responsabilité de la Direction de la jeunesse et des sports. (DJS). Ce stade, faut-il rappeler, a connu une période d’arrêt due au problème lié à la situation judiciaire de l’ex partenaire cocontractant. Mais la situation est aujourd’hui plus claire en ce sens qu’il y a eu une résiliation du contrat, suite à l’impossibilité pour le cocontractant, en l’occurrence le groupe ETRHB Haddad, d’honorer ses engagements contractuels. Actuellement, il y a beaucoup de tractation pour la reprise du stade et nous sommes, avec le wali de Tizi Ouzou, en train de chercher les meilleures solutions pour relancer les travaux de cette importante infrastructure sportive dans les meilleurs délais. Quand aux stades de Douéra (Alger), les travaux de réalisation suivent leur cours atteignant un taux de 55% et sa réception est prévu en juin 2022. Il faut savoir aussi que le MJS a programmé la réalisation de 13 centres de regroupement dont la moitié est aujourd’hui fonctionnelle, comme le centre de Souidania, l’école des sports olympiques de Sétif, de Biskra et très prochainement le centre de Fouka, d’Aghrib à Tizi Ouzou et de Khenchela.

La crise économique qui a frappé l’Algérie a-t-elle impacté le programme de réalisation de ces projets ?
On peut dire oui et non. Les mesures qui ont été prises dans l’objectif de rationnaliser les dépenses ont quelque peu freiné les procédures d’octroi des financements. Néanmoins, l’importance de ces infrastructures pour les citoyens a fait que l’Etat a continué de financer leur réalisation avec un droit de regard sur le volet financement. Le ministère des Finances demande maintenant plus de détail sur les projets, leurs fiches techniques et ne donne pas de chèques à blanc et nous sommes heureux qu’il ait cette bonne entente entre les deux ministères pour que le programme de réalisation des infrastructures de la jeunesse et des sports soit maintenant. Il y a par ailleurs, 9% de ce programme qui a été gelé et ne peut pas être relancé jusqu’à amélioration de la situation financière du pays.
Mais cela a été compensé par d’autres sources de financement, à savoir les fonds de solidarité des collectivités locales qui ont beaucoup servi à la réalisation de ces projets, notamment dans les zones éparses.

Des investissements colossaux sont consentis par l’Etat en matière de réalisation d’infrastructures sportives mais le problème de leur gestion administrative et financière se pose avec acuité. A-t-on pensé aujourd’hui à de nouvelles formes de gestion impliquant le secteur privé, notamment les clubs, pour de meilleures prestations et une meilleure rentabilité de ces infrastructures ?
C’est une problématique qui se pose de plus en plus sérieusement car les budgets de fonctionnement sont à chaque fois réduits de 50%, alors que le nombre des infrastructures ne ce cesse d’augmenter et le nombre des cadres devant les gérer reste relativement stagner depuis le gel des recrutements en 2015. C’est un mal pour un bien, en ce sens qu’il faudrait penser à d’autres modèles de gestion. Le MJS a adopté pour cela, dans le cadre du Plan national de jeunesse, une stratégie qui permet de déléguer la gestion soit partielle ou complète des structures de jeunesse aux mouvements associatifs. En matière de formation, des efforts sont faits pour former les jeunes leaders des associations à la gestion de ces établissements et nous allons voir, dans quelques mois, qu’est-ce que cela va donner comme résultat. Mais nous sommes pertinemment sûrs que c’est une bonne chose. Quant aux grandes structures, comme les stades de football, nous allons créer des EPIC pour leur gestion. Les EPIC d’Oran et de Tizi Ouzou ont déjà été installées et ont commencé à travailler en toute autonomie. Aujourd’hui, nous devons avoir une autre mentalité industrielle et commerciale, d’autant que les complexes réalisés offrent une multitude de prestations permettant leur exploitation à longueur de la journée et durant toute l’année. Le privé peut-être un acteur majeur dans cette stratégie, en participant notamment aux opérations d’entretien et de maintenance de ces infrastructures. Nous ne sommes plus dans l’ancien modèle où l’on recrute des centaines de personnes pour assurer ce travail. L’exploitant doit aujourd’hui signer un cahier des charges dans le but de gagner de l’argent à travers l’utilisation de ces infrastructures, tout en faisant gagner de l’argent à l’Etat, avec maintien de la structure à un niveau d’utilisation optimale. Pour ce faire, le MJS prépare un décret très important relatif à la concession des infrastructures sportives. Les infrastructures réalisées par l’Etat doivent être rentables. Aujourd’hui, dans un stade comme celui du 5 Juillet à Alger, on y trouve 2000 places dans la tribune d’honneur qui sont offertes gratuitement. Economiquement parlant, cela est une aberration. Il y a des études de marché qui doivent se faire pour fixer les prix, en prenant en compte l’intérêt des couches de citoyens les plus défavorisées. S’agissant des centres de regroupement, nous allons déléguer les prestations d’hébergement et de restauration à des spécialistes, publics ou privés.

L’Algérie peut-elle, grâce à ces infrastructures, organiser des compétitions internationales ?
A travers ces grandes infrastructures, l’Algérie a visé les compétitions internationales. Mais l’organisation d’une Coupe du monde, par exemple, ne concerne pas uniquement les stades. Cela exige des routes, des hôtels de qualité, une sécurité maximale, des excursions touristiques et beaucoup de choses liées à toute l’économie d’un pays. Les infrastructures ne suffisent pas, à elles seules d’organiser un tel événement planétaire, car il faut qu’il y ait un travail en amont sur le plan diplomatique et économique.

Qu’en est-il de l’homologation technique et sécuritaire des infrastructures ?
L’homologation est en cours. Pour les grands stades, elle se fait en parallèle. Mais il faut savoir que le MJS dispose d’une commission nationale d’homologation des infrastructures sportives et de commissions de wilayas. Aucune infrastructure sportive d’une grande importance ne peut être exploitée sans qu’elle ne soit homologation.
H. N. A.

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