Jeudi 21 mars, le président de la République, et au sortir d’une réunion de l’Exécutif, impliquant notamment son Premier ministre, les chefs des deux Chambres du Parlement, du chef d’État-major de l’armée ainsi que le président de la Cour constitutionnelle, s’est fendu d’une décision à couper le souffle. L’élection présidentielle prévue en décembre 2024 est avancée de trois mois, au 7 du mois de septembre. Une décision qui a défrayé la chronique et alimentait analyses et intox ; intra et extra muros.
Par Azouz Kafi
Pour autant de tels effets d’annonce ne sont pas circonscrits au seul thème d’une présidentielle cruciale et capitale, mais enveloppent bien d’autres angles de tir qu’Abdelmadjid Tebboune a résolument mis en avant lors de sa rencontre périodique, une semaine plus tard, avec les représentants des médias nationaux.
S’agissant de l’avancement de la date de la tenue du scrutin présidentiel, qui a eu pour effet de soulever une véritable tempête politico médiatique, le Président a balayé du revers de la main toute spéculation, assénant qu’un tel décalage était lié à des raisons « purement techniques » n’ayant «aucune incidence» sur cette échéance ou son déroulement. Exit la surenchère ?
Le chef de l’Etat, insiste affirmant que, de surcroit, le mois de décembre n’était pas la date réelle de l’élection présidentielle, expliquant que suite à la démission du défunt Président (Abdelaziz Bouteflika) en 2019, le président du Conseil de la nation, feu Abdelkader Bensalah, avait pris le pouvoir et fixé une date pour l’organisation de l’élection. « Cependant, l’organisation de l’élection n’était pas possible à ce moment-là, et le rendez-vous électoral a été reporté une fois de plus », fera observer Tebboune.
«Décembre n’est pas la date officielle à laquelle nous organisons habituellement les élections en Algérie. Le reste n’est que philosophie et conjectures qui varient selon les parties qui nous soutiennent ou qui s’opposent à nous. Il reste que le mois de septembre est le moment propice pour la tenue de ce rendez-vous électoral, car coïncidant avec la fin des vacances d’été et le début de la rentrée sociale pour de nombreux Algériens à l’intérieur et à l’extérieur, qui pourront ainsi exprimer leur voix», ajoutera- t- il. Tout comme il aura à cœur de tordre le cou aux informations relayées par certains médias et liant l’organisation d’élections anticipées à une crise au sommet du pouvoir, quand d’autres évoquent son départ imminent du pouvoir.
«Ceux-là sont des personnes malades qui continueront à chercher à perturber la stabilité du pays en diffusant des rumeurs. Ce qui en émane est chose normale car elles n’assimilent pas les leçons enseignées par les Algériens» a brocardé le président de la République.
Prié de décliner son intention de briguer ou non un second mandat, Abdelmadjid Tebboune éludera la question, indiquant que ce n’était pas le moment approprié pour y donner réponse ; «car il y a encore un programme que je suis en train de mettre en œuvre», a- t- il confié.
Un programme qu’il compte bien parachever durant ces cinq mois de son mandat qui lui reste à accomplir, notamment à travers des visites de terrain dans plusieurs wilayas à travers le pays. Dans ce contexte, Il évoquera Khenchela, Tissemsilt, Tizi Ouzou, Djanet ; voire Constantine, Batna et Tiaret.
Dans la peau d’un candidat à sa propre succession, en puissance ; quoiqu’on puisse en penser ?
Clairement, le chef de l’Etat estime que son mandat nécessite un extra time, au regard de la noblesse de ses missions et de leur traduction effective sur la vie du pays. Il invoque, à cet effet, l’objectif suprême ; dont les contours commencent à se dessiner, assure- t- il, «de faire retrouver à l’Algérie la grandeur qui lui a permis d’accomplir de nombreuses réalisations par le passé», prévoit- il ; se réjouissant de la satisfaction manifestée par les Algériens à l’égard du développement en cours dans leur pays.
Une grandeur palpable à travers des réalisations accomplies dans plusieurs domaines qu’ils soient politiques, diplomatiques ou en faveur des mouvements de libération dans le monde ; fera observer le Président.
Dans cet ordre d’idées, Tebboune en vint naturellement au volet socio-économique.
A ce chapitre, il a affirmé que les mesures prises à l’avance, et à titre ponctuel, par l’Etat pour assurer la disponibilité de différents produits de consommation avaient permis de garantir la stabilité des prix pendant le mois de Ramadhan, se félicitant de l’adhésion des commerçants et des industriels aux mesures prises à cet effet.
Une occurrence qui permet au premier responsable du pays de soutenir que l’Etat œuvrait à réduire le taux d’inflation, oscillant actuellement entre 7% et 8%, à moins de 4%, en vue de préserver le pouvoir d’achat du citoyen, faisant savoir, par ailleurs, que «la lutte contre l’inflation figure parmi les trois axes auxquels s’attèle l’Etat pour augmenter le pouvoir d’achat des citoyens, avec l’axe social qui prévoit l’augmentation des salaires et l’institution de l’allocation chômage, ainsi que la défense de la valeur du dinar algérien», a-t-il expliqué.
Sur ce dernier point, il a assuré que la réévaluation de la monnaie nationale allait se faire à travers des mesures économiques, «y compris les mécanismes de taux de change au niveau de la Banque centrale», a- t-il précisé ; non sans souligner que le rôle de cette mesure était de réduire la valeur des importations et soutenir, ainsi, le pouvoir d’achat et tout en rappelant que la baisse de la valeur du dinar était due à un contexte particulier et «des circonstances illogiques marquées par l’injection de fonds via la planche à billets, dont nous subissons aujourd’hui les répercussions», regrette- t- il.
Et de faire savoir que ces mesures allaient être accompagnées, aussi, d’une augmentation du volume des investissements dans le pays, mettant en lumière le nombre important de projets inscrits au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), «estimés à près de 6000 projets d’investissement, dont la moitié a été lancée», se réjouit le chef de l’Etat ; indiquant que la plupart de ces projets devraient se concrétiser à l’horizon 2026. Chose qui devrait permettre «de générer des richesses, en plus d’un nombre important de postes d’emploi», a ajouté le président de la République, notant l’afflux d’un nombre considérable d’opérateurs étrangers vers l’investissement en Algérie, au vu de la stabilité dont elle jouit.
Livrant ses projections, sur le même plan, Abdelmadjid Teboune prévoit, ainsi une augmentation du PIB à 400 milliards de dollars pour la même échéance de référence.
Au demeurant, il faut savoir que la concrétisation de ces projets reste à même d’augmenter le niveau du revenu dans l’économie nationale, le PIB devant atteindre 400 milliards de dollars en 2026, selon le Président ; qui prévoit, également, un maintien du taux de croissance à ses niveaux actuels en 2026 et 2027.
A cela s’ajoute la concordance des chiffres avancés par les institutions financières et économiques internationales, à l’instar de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) avec les chiffres officiels algériens, concernant le taux de croissance estimé à 4,2% en 2023, «ce qui se veut une reconnaissance de la part des instances internationales», n’a pas manqué de relever le président de la République.
«Cela signifie que nous sommes sur la bonne voie», s’enthousiasme- t- il, in fine, «car», estime-t-il, «les indicateurs prévisionnels de l’économie nationale à moyen terme confirment que l’Algérie est en phase de devenir une économie émergente. Cette richesse produite par l’économie permet de financer les augmentations de salaires prévues, d’autant plus que l’Etat, après avoir augmenté les salaires de 47%, complétera les 53% restants pour atteindre une augmentation totale de 100% d’ici à 2026/2027».
Enfin, le président Tebboune ne terminera pas son large tour d’horizon sans un clin d’œil complice à destination des jeunes, affirmant qu’il avait une affection particulière pour le peuple et notamment la frange juvénile , soulignant que l’expression «Aami Tebboune» (oncle Tebboune) affectionnée par le peuple algérien traduisait pour luit un « grand respect et une relation paternelle» dont il est fier.
Il conclura , assénant que la confiance qu’il a placée dans les jeunes avait permis à l’Algérie de devenir un leader dans la création de start-up en Afrique, rappelant qu’il était «le candidat des jeunes» lors de la Présidentielle de 2019. n
A. K.