Pour faire face à l’érosion continue des réserves de change, le gouvernement opte pour une démarche basée sur la rationalisation des importations, notamment à travers la décision de prolongation du paiement différé de la valeur des importations, approuvée le mois de mai écoulé.
Par Achour Nait Tahar
Lors de ses trois dernières réunions, tenues respectivement le 2, 8 et 15 mai dernier, le Gouvernement a donné son feu vert pour des mesures importantes s’inscrivant dans le cadre de cette approche, pilotée par les ministères des Finances, du Commerce et de l’Industrie.
La première mesure, présentée au gouvernement par le ministre des Finances, Mohammed Loukal, dans le cadre de son exposé périodique sur les mesures à prendre pour réduire le déficit de la balance des paiements et préserver les réserves de change, consiste à rationaliser les importations des kits CKD/SKD destinés au montage automobile et à la fabrication des produits électroménagers, électroniques et téléphones mobiles.
La rationalisation de ces importations passera également par l’accélération de l’élaboration d’un cahier des charges concernant l’activité d’assemblage des appareils électroménagers et électroniques, et ce, dans le respect des normes et des conditions régissant cette activité, notamment le taux d’intégration, le recrutement de la main-d’œuvre locale et l’exigence de l’exportation.
En outre, le gouvernement a décidé l’amendement du décret exécutif de 2000, fixant les conditions d’identification des activités de production à partir de collections destinées aux industries de montage et celles dites CKD, devant être limitées aux composants essentiels du produit, en intégrant la sous-traitance et en déterminant la durée pour bénéficier des différentes mesures incitatives.
Il a été également décidé l’engagement de la mise en œuvre des mesures incitatives prévues par la loi de Finances 2017, à travers l’accélération de la promulgation de l’arrêté interministériel y afférent, outre la promulgation de l’arrêté interministériel, en cours d’élaboration, fixant le taux d’intégration dans le domaine d’activité relatif à l’assemblage et au montage. En trois mois seulement, l’Algérie a importé pour près d’Un milliard de dollars de kits CKD/SKD, destinés uniquement au montage automobile. Durant le premier trimestre 2019, le pays a importé 920,86 millions dollars de ces kits, en hausse de 21,41% par rapport à la même période en 2018. En 2018, ces importations avaient atteint 3,73 milliards de dollars contre 2,2 milliards de dollars en 2017, soit une très forte hausse annuelle de 70%. Dans la même perspective de contenir les importations, les ministres des Finances et du Commerce ont été chargés d’élaborer une conception sur les mécanismes juridiques permettant au citoyen d’importer les véhicules d’occasion.
D’autre part, le gouvernement a approuvé mercredi dernier la prolongation, pour un délai maximal d’une année, du paiement différé des importations, un mode de paiement adopté par certains secteurs.
Une source bancaire a précisé que le paiement différé des importations est fixé jusque-là à 59 jours (deux mois). Ainsi, l’importateur pourra désormais négocier avec son fournisseur le paiement de sa facture d’importation avec un an de différé, au maximum.
«Je pense que c’est une mesure intéressante pour réduire la pression sur les réserves de changes, car, en un an, il y aura des rentrées en devises qui vont équilibrer un peu les sorties», estime la même source. Dans le même sillage, un Comité de veille et de suivi de l’évolution des transferts en devises vers l’étranger a été mis en place, la mi-avril dernier, par le ministère des Finances dans le souci de renforcer la vigilance en matière de transactions financières avec le reste du monde. La loi de finances 2019 prévoit, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de change à 62 milliards de dollars en 2019, puis à 47,8 milliards de dollars en 2020 pour atteindre 33.8 milliards de dollars en 2021. A la fin novembre 2018, ces réserves étaient de 82,12 milliards de dollars.
Durant le premier trimestre de l’année en cours, la balance commerciale de l’Algérie a connu un déficit de 1,37 milliards de dollars (contre 1,23 milliards de dollars à la même période en 2018. Les importations ont reculé à 11,15 milliards de dollars durant les trois premiers mois de l’année (- 0,83%). En 2018, elles se sont établies à 46,2 milliards de dollars. Le déficit de la balance des paiements avait enregistré une importante baisse lors des neuf premiers mois de 2018, passant de 16,37 milliards de dollars
en 2017 à 10,42 milliards de dollars en 2018 (-36,34) avec une hausse des exportations de pétrole et un léger recul des importations.
A. N. T.