Près de cinquante ans plus tard, l’Algérie s’apprête à organiser la XIX édition des Jeux Méditerranéens, fixée du 25 juin au 5 juillet 2022, pour la deuxième fois de leur histoire, lancée en Turquie en 1949.
Le coup d’essai, qui aura été un coup de maître, a été signé en 1975. Soit 13 ans seulement après une indépendance chèrement payée et à l‘issue de laquelle l’Algérie se reconstruisait à partir du néant sur tous les plans.
A l’édification forcenée de la jeune nation, qui en mettait plein aux yeux du monde entier, fallait-il une opération de prestige démonstrative de la volonté irréductible de la si jeune nation, désormais libre, à tutoyer tous les défis qui se présentaient.
Par Azzouz Koufi
Il était une fois Algérie- France
Si la politique de l’industrie industrialisante battait son plein, préfigurant de l’avènement d’un ‘’Japon de l’Afrique’’, selon des observateurs de l’époque, les versants socio- culturel et sportif n’étaient pas en reste.
En 1969 déjà, Alger réussissait avec brio son méga 1er festival culturel panafricain qui avait montré au monde toute la splendeur du continent et le souffle de géant de l’Algérie qui en était leader, alors.
1972, une réalisation titanesque voyait le jour. Le complexe olympique du 5 Juillet constituait un amour de joyau sportif, qui n’avait rien à envier à ceux des nations les plus développées.
Et c’est tout naturellement presque que l’Algérie, lançait trois années plus tard, la VIIe édition des joutes sportives qui convient tous les pays du bassin méditerranéen et qui sont, dans leur envergure régionale, ce qu’est l’Olympique à l’échelle planétaire.
Ainsi sur deux semaines, du 23 août au 6 septembre 1975 le Temple du 5 juillet et ses attenances allaient vibrer au rythme de compétitions soutenues et la liesse d’un public enthousiaste et impliqué, sevré de telles manifestations. Un nationalisme pointu prévalait encore à cette époque et l’on suivait à la loupe autant le parcours des athlètes algériens que celui des représentants de la France coloniale, pour porter aux nues les premiers et chambrer les seconds. A ce plan, et si la moisson algérienne s’était résumée à 20 médailles au total ( 4- or, 7- argent, 9- bronze), ce qui passait pour un quasi exploit au vu des circonstances, c’est la finale de football qui en avait constitué le paroxysme. Comme un malin plaisir, le sort avait projeté un certain France- Algérie, dont la symbolique en faisait baver plus d’une charge émotionnelle très forte enveloppait l’atmosphère. Le stade d’une capacité théorique maximale de 85 000 spectateurs poussait allègrement vers les 100 000 et les supporters se serraient comme des sardines parmi des effluves d’huiles solaires, après le retour des plages.
En dépit de la promiscuité, nul ne l’avait mauvaise au regard de l’évènement historique. Mais aussi au nom de la bienséance, de l’esprit de solidarité et de la fraternité qui prévalaient en ces temps- là.
L’assistance pléthorique allait passer par tous ses états, sous le légendaire regard torve du président Houari Boumediène, à ses mauvais moments, quand le onze tricolore menait deux fois au score.
Et puis vint la délivrance par le tout autant légendaire lutin du Mouloudia d’Alger, Omar Betrouni.
Dans les gradins, c’est le délire, l’état second et dans un magnifique spectacle, à l’unisson le public craquait chacun son journal à la main. Des milliers de torchères qui ne firent pas long feu enfumaient le temple, dans une ambiance de folie. Et c’est là que fusa pour la première fois et à ciel ouvert le désormais éternel hymne aux Verts, ‘’One – Two-Three, Viva l’Algérie’’. Comme une authentique deuxième victoire sur l’ancienne puissance coloniale ! Et pour cause.
Près d’un demi siècle après cet événement historique, l’Algérie moderne accueille une nouvelle édition des JM. Jeux d’été, ‘’el-bahia Wahran’’, la ville la plus festive du pays a été élue pour accueillir ces olympiades régionales.
Cette manifestation grandiose qui comptera la participation de plus de 4500 athlètes issus de 26 nations et devant concourir dans 204 épreuves répartis à travers 24 disciplines sportives, suppose des efforts colossaux à tous les niveaux et des moyens maximaux au plan de la logistique, des infrastructures d’hébergement et de restauration, de la technologie et des moyens humains et de transport.
‘’Wahran el Bahia’’, l’éternelle liesse
A quelques jours du coup de starter des joutes, l’Algérie met en jeu son prestige et se place déjà sur les bons rails après avoir surpassé les contraintes implacables générées par l’avènement impromptu de la pandémie du coronavirus et son impact paralysant, dans de dramatiques proportions, toute activité d’envergure dans le BTPH.
Aujourd’hui, et de l’aveu même de la direction de la jeunesse et des sports (DJS) d’Oran, passée structure de veille de d’organisation, le village méditerranéen équipé à hauteur de 75 %.
En cours toujours, l’opération d’équipement du village touche en particulier l’équipement des chambres du site dont la capacité d’accueil est de 4.266 lits sera parachevée de façon imminente.
Dans le détail, il faut savoir que le village sportif, d’une superficie de 39 hectares, dispose de toutes les commodités pour offrir aux résidents un séjour des plus confortables.
Des infrastructures top…
Situé à l’Est de la ville, à 20km de l’aéroport international, à 10 km de la gare ferroviaire, et à 2.5km du Complexe Olympique d’Oran, le site principal dédié à la compétition se décline en trois zones.
Il s’agit de la zone résidentielle, réservée aux athlètes et à leurs accompagnateurs. Elle renferme les chambres, les restaurants, une polyclinique de soins, ainsi que des espaces d’entrainement et de détente.
La deuxième zone, séparant l’accès principal de la zone résidentielle, présente un aspect international ouvert aux allures de zone de transit avec un centre d’accueil, un bureau de poste, une banque et des services- transport. Enfin, la troisième est réservée aux volontaires, au nombre impressionnant de plus de 3000 jeunes sélectionnés et affectés à l’orientation et à l’accompagnement ou encore à la démonstration des mouvements chorégraphiques durant les cérémonies d’ouverture et de clôture ; cela après casting et formation accélérée dispensée tôt sur place. Cette zone comprend également leurs quartiers avec chambres, restaurants et lieux de détente. Il faut noter que dans l’ensemble, le village Méditerranéen comporte au total 2.263 chambres, 4 restaurants et 55 bureaux médicaux dédiés aux délégations. A cela s’ajoute 3 stades d’entraînements 5 salles omnisports ainsi que 4 espaces de loisirs et un théâtre, le «théâtre d’Athènes», en l’occurrence.
‘’Le couac’’
Dans le même chapitre, il convient de ne pas omettre le volet- communication, les TIC surtout, et l’on s’attend d’ores et déjà à ce que Algérie Telecom se surpasse pour se mettre au diapason des jeux et répondre à l’attente, au demeurant fort exigeantes des délégations étrangères.
Seule ombre au tableau, la défection de la France, l’Espagne et l’Italie dans les sports équestres. Si cette dernière n’a pas justifié son absence, en revanche le motif avancé par les deux premières ne passe pas, ici.
Le commissaire des «JM Oran-2022», ancien sélectionneur national de Handball et ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Mohamed Aziz Derouaz, fulmine. «Après avoir pris connaissance des communiqués des fédérations équestres française et espagnole sur leur non- participation à la 19e édition des JM d’Oran, le Comité d’organisation des Jeux méditerranéens Oran-2022 dénonce avec fermeté les motifs fallacieux contenus dans les communiqués des deux fédérations », a-t-il fustigé en conférence de presse. Réfutant leur justificatif lié au transport et au volet sanitaire des chevaux, Derouaz fera savoir que «l’Algérie, et pour la première fois dans l’histoire des JM, s’est engagée à prendre en charge le transport des athlètes et de leurs chevaux à Oran pour participer à cet évènement », a- t- il asséné.
Complexe de tennis «Habib-Khelil» : un bijou de court !
Le comité d’organisation des JM (COJM) aura mis les bouchées doubles pour peaufiner ses préparatifs pour répondre au grand défi qui va s’imposer dès le 25 juin. Entretemps, l’occasion est propice pour la mise en service de plusieurs infrastructures sportives ayant fait l’objet d’importants travaux de rénovation ou nouvellement réalisées.
C’est le cas, notamment, pour le complexe de tennis «Habib-Khelil», sis à Haï Essalem (ex-Saint-Hubert), un équipement ayant fait peau neuve et qui a fait son avant- première, fin mai, en accueillant un tournoi international. D’ailleurs des participants issus de onze pays n’en tarissent pas d’éloges. Ce tournoi international est premier évènement d’envergure qu’abrite ce site sportif, qui a enfanté, dans le temps, les meilleurs tennismen de l’Oranie. Rouvert en février dernier après un peu plus de deux années de fermeture au cours desquelles il a bénéficié de plusieurs opérations de mise à niveau qui lui ayant permis de se conformer aux normes mondiales. Il convient de noter également le lifting apporté au Centre des conventions «Mohamed-Benahmed», devant abriter les épreuves du judo. Une première pour le site en question, traditionnellement dédié aux manifestations économiques et culturelles, qui s’est vu doter de tribunes amovibles à cet effet.
En définitive, tous les voyants apparaissent au vert pour que l’Algérie tienne, de nouveau, la gageure d’illuminer, sur une dizaine de jours de compétitions et d’ambiance festive, les rives de la Méditerranée.
A. K.