Fait incontestable, la diplomatie algérienne reprend du poil de la bête, marquant son omniprésence à travers les foras internationaux et, en dehors, du punch, comme à ses plus belles heures de gloire, pour marquer son territoire s’agissant de défendre sa souveraineté à travers une fermeté qui sied aux grandes nations. Ce regain remarquable de vitalité et d’empreinte lourde a coïncidé avec le retour aux affaires de ce sherpa au mordant indubitable, Ramtane Lamamra, depuis juin 2021.
Sur ce plan et inlassablement, le chef de la diplomatie mène des batailles tous azimuts sur des dossiers, les uns plus délicats et sensibles que d’autres.
Dont ceux liés à la sécurité du Sahel, avec le Mali et la Libye, l’adhésion de l’entité sioniste à l’UA et enfin, le gros morceau que représente un Maroc pris par des excès belliqueux, voire dangereux, depuis sa normalisation monnayée, le Sahara occidental comme monnaie d’échange, avec la même entité.
Par Azzouz Koufi
Mais à autant de velléités agressives, l’Algérie a fait montre de fermeté qui fera date.
Rupture totales des relations, politiques et commerciales avec le royaume alaouite et sévère mise en garde, traduite notamment par le rappel de son ambassadeur en France, à l’adresse du régime Macron, coupable de déclarations attentatoires à sa souveraineté et à son Histoire, sont ainsi venues confirmer la tendance hard d’Alger dans la défense, sans concession aucune, de ses intérêts et de son image de marque.
Et c’est dans ce même contexte global que le président de la République a jugé opportun de consolider le socle diplomatique, en battant le rappel des troupes, début novembre, des principaux chefs de mission à l’étranger.
La reconstruction de l’image de l’Algérie passant par la préservation, voire une amélioration effective des conditions de vie, de celle de sa nombreuse communauté expatriée, Abdelmadjid Tebboune a eu à axer précisément sur ce chapitre, lors du conclave de Club des pins.
En fait le chef de l’Etat avait déjà donné le ton en instruisant d’agrémenter le portefeuille des affaires étrangères par la terminologie additive de ‘’…et de la Communauté Nationale à l’étranger’’.
Dans les faits, le Président de la République a mis l’accent «sur l’importance stratégique majeure de la communauté nationale établie à l’étranger», a- t- il dit, exhortant le panel présent à lui accorder un intérêt particulier.
«Vous n’êtes pas seulement appelés à prendre en charge les préoccupations de notre communauté, mais de renforcer ses liens avec la patrie en sus de l’implication de ses membres au processus du développement socio-économique de notre pays et aux efforts visant la consolidation de la place et du poids de l’Algérie sur la scène internationale», a tenu à souligner Tebboune ; insistant sur l’impératif, pour les des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes de développer les méthodes et les moyens pour « une concrétisation, véritable et pratique, de l’intérêt particulier que j’accorde, personnellement», a- t- il indiqué.
Dans ce sillage, Abdelmadjid Tebboune pointe une communauté installée dans les quatre coins du monde et truffée de compétences qu’il faille séduire en mettant en place des cadres et des mécanismes idoines afin de l’associer à l’effort national pour le développement du pays et permettre ainsi à cette large diaspora d’y apporter sa contribution à travers , notamment, «l’entrepreneuriat innovant, l’échange d’expertises et la formation», a-t-il précisé.
Un discours qui a comme objectif de secouer le cocotier au plan économique, à l’aune de la diversification des ressources du pays, en dehors des hydrocarbures.
Le flux des Investissements directs étrangers (IDE) vers l’Algérie en déclinaison, l’idée est de mobiliser de façon optimale l’appareil diplomatique pour une double finalité, à savoir le renforcement de l’attractivité de l’Algérie vis-à-vis des investisseurs étrangers mais surtout le soutien aux opérateurs nationaux dans leur quête d’accéder aux marchés internationaux, et ce, à travers l’étude des types de marché et la consommation en plus de la définition des opportunités disponibles, pour les produits algériens.
Aussi, le Président a-t-il recommandé, à cet effet, une mobilisation viable du corps diplomatique basé à l’étranger, soulignant la nécessité pour l’action diplomatique d’être «un prolongement voire un levier des efforts de l’Etat dans tous les domaines», fera- t- il savoir.
Il reviendra, insistant sur le devoir des diplomates algériens de s’en tenir à l’agenda national dans le cadre de leurs activités quotidiennes, assénant que «l’intérêt suprême de la patrie, sa réputation et sa place ainsi que la dignité de nos citoyens à l’étranger devant être placés au-dessus de toute autre considération». Outre cela, le président de la République a abordé le volet de la politique extérieure, appréhendée sous l’angle d’un ordre mondial soumis à «des bouleversements inédits engendrés par une série de facteurs et de phénomènes, notamment après l’émergence de plusieurs nouveaux acteurs», fera- t- il remarquer.
Dans ce contexte il exhortera à mener une opération d’adaptation continue des missions de la diplomatie algérienne et de ses domaines de déploiement, tout en observant les principes et valeurs constantes de la politique étrangère du pays.
«Sur le plan international, il demeure nécessaire de prendre des mesures proactives en vue de consacrer le rôle de l’Algérie en tant qu’acteur influent susceptible de contribuer sérieusement à faire face aux défis internationaux en proposant des idées et des initiatives de nature à consolider l’action multilatérale», aura-t-il à préciser dans cette veine.
Dans le même registre, le Président n’a pas manqué d’évoquer le prochain mandat de l’Algérie, en qualité de membre au Conseil de sécurité de l’ONU, en 2024- 2025, mettant en exergue l’impératif de la priorité à accorder à cette perspective aux fins de «contribuer aux efforts visant la préservation de la paix et de la sécurité internationales», a- t- il souligné.
Il s’étalera sur le sujet, soutenant qu’il était nécessaire pour l’Algérie de coopérer avec les Etats partageant ses points de vue et ses positions sur le renforcement du rôle de l’ONU pour l’amener à s’acquitter de ses responsabilités, notamment envers la Palestine et le Sahara occidental.
Dans la même optique, le chef de l’Etat clôturera son intervention en appelant les missions diplomatiques algériennes à préserver les intérêts supérieurs du pays et à protéger sa sécurité nationale et sa souveraineté.
Doctement, il met en avant des défis devenus «plus graves dans le contexte des crises multidimensionnelles que connaît notre région et des foyers de tension dans plusieurs Etats voisins, notamment au Sahara occidental avec la reprise des hostilités militaires armées entre le Front Polisario et les forces d’occupation marocaines», dira- t- il , ajoutant que la crise libyenne continuait d’être l’objet de tiraillements en raison des interventions étrangères et que la situation au Sahel perdurait sous l’effet de multiples facteurs, «dont les différends multiformes et la prolifération de la menace terroriste et du crime organisé sous toutes ses formes», a affirmé le Président.
A. K.