Le Directeur général de l’environnement au ministère de l’Environnent et des Energies renouvelables (MEER), Nouar Laïb, a appelé les entrepreneurs à engager des démarches d’éco-conception et les consommateurs à contribuer dans la réussite de cette approche préventive des problèmes environnementaux afin de permettre à l’Algérie d’opérer sa transition d’une économie linéaire vers une économie circulaire.
Par Hacène Nait Amara
Le déclin de la production de nombreux gisements de pétrole et de gaz sonne comme une piqûre de rappel pour tous ceux qui demeurent très attachés à un mode de production linéaire, tombé en désuétude dans beaucoup de pays à travers le monde. Ces gisements en déclin avancé alerte sur les dangers que constitue une économie essentiellement tributaire d’une exploitation très intense du sous-sol et d’une consommation démesurée et irresponsable de ses ressources, mais il révèle également cette nécessité fondamentale d’aller vers des modes de production et de consommation susceptibles d’optimiser l’utilisation des matières et de l’énergie, réduire le gaspillage et l’impact environnemental, et augmenter l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits et services.
Cette nécessité et la prise de conscience qui en résulte se sont fait ressentir lors des premières Assises nationales sur l’économie circulaire, qui ont été marquées par l’annonce de la mise en place d’une feuille de route visant le développement de l’économie circulaire en Algérie. Mais cela n’est que le début d’un immense chantier auquel tout le monde doit contribuer. Pour Nouar Laïb, Directeur général de l’environnement au ministère de l’Environnent et des Energies renouvelables, il est temps que les entrepreneurs intègrent les critères environnementaux dès la phase de la conception d’un produit ou d’un service, car, explique-t-il à Indjazat, « l’éco-conception permet de produire plus avec moins de coûts et moins de déchets ». « Nos jeunes entrepreneurs doivent réfléchir à un processus de production qui nécessite moins de matières premières possibles, moins d’énergie, moins de l’eau et de ressource de manière générale avant même la conception de leurs produits ou services », a-t-il expliqué, tout en arguant que dans l’économie linéaire, il y a beaucoup de perditions des matières premières qui résultent en déchets dont l’impact est dévastateur au plan environnemental.
Toutefois, la transition vers une économie limitant le gaspillage des ressources n’est pas une question qui concerne le monde de l’entreprenariat uniquement, les citoyens en tant consommateurs, « sont aussi appelés à en jouer un rôle très important, en faisant évoluer ce paradigme pour influer sur les décisions grâce à leur sens de la protection de l’environnement. Ils doivent par leur comportement choisir un produit qui intègre l’éco-conception et qui génère moins de déchets », a-t-il renchérit sans pour autant déconsidérer l’énorme travail à faire sur l’évolution des paradigmes au niveau de ces consommateurs et pour faire comprendre aux industriels cette nécessité d’évoluer des traditionnels processus de production vers des processus plus vertueux et plus intégrants de l’économie circulaire.
Nouar Laïb, qui a expliqué les fondements de cette économie circulaire qui offre un cadre de réalisation concrète des objectifs du développement durable, a par ailleurs mis en évidence le potentiel de valorisation des déchets et rejets qui résultent au bout de la chaine de production et de consommation. Ces déchets constituent « une véritable richesse que nous pouvons recycler et valoriser sous différentes formes. Cela va permettre la réalisation d’une plus-value économique et sociale, la création de l’emploi et des startups ainsi que la promotion de l’innovation et des inventions », a-t-il précisé tout en rappelant que la Stratégie nationale de gestion intégrée des déchets (SNGID 2035) a été élaborée en s’inspirant des fondements et concepts de l’économie circulaire.
Il est à noter que la quantité des déchets produits en Algérie a atteint 34 millions de tonnes en 2016 et devrait passer à 73 millions de tonnes en 2035. Leur valorisation offrira à l’Algérie un gain économique annuel de 40 milliards de DA et pourrait générer 100.000 emplois, dont 40.000 emplois directs.
H. N. A.