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Mourad Benguella, directeur de la SARL El Mokretar : «Certaines taxes constituent un frein pour notre activité»

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Le directeur de la Sarl El Mokretar revient dans cet entretien sur les problèmes auxquels fait face l’entreprise qu’il dirige, notamment ceux en rapport avec la fiscalité et les différents taxes imposées à la société. Selon lui, il y a urgence de revoir certaines dispositions de la loi fiscale imposées aux entreprises du secteur de l’aquaculture, une activité économique qui prend de l’essor en Algérie mais qui risque de décourager beaucoup d’investisseurs ne voyant pas venir le soutien nécessaire.

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

L’entreprise El Mokretar se plaint de problèmes fiscaux. Pouvez-vous nous en parler avec quelques détails ?
Je dois rappeler d’abord que le pays passe par une conjoncture économique difficile. Il y a un recul de la valeur du dinar et cela complique nos coût de production. L’impact de cette régression de la valeur du dinar est de l’ordre de 50 dinars par kilogramme. En ce qui concerne les taxes que nous subissons, je précise que l’entreprise est aujourd’hui obligée de tout importer de l’étranger (équipements, alevins et aliments). Sur chaque importation nous payons 2% en taxe de solidarité avec la caisse de retraite (CNR). Nous estimons que cette loi qui impose cette taxe est anormale, voire anticonstitutionnelle. Cette taxe touche au capital de l’entreprise, alors qu’en principe, même le propriétaire de l’entreprise doit s’interdire de le toucher. La TVA, à la limite, peut être récupérée mais ces 2% ne peuvent pas être récupérés. Le système fiscal appliqué à l’activité de l’aquaculture fait que nous payions, entre autres impôts, 19% de TVA. Certes, elle est en réalité payée par le consommateur final, sauf que là, nous sommes dans une situation où la crise financière qui prévaut dans le pays complique les coûts de production. Quant au marché, les prix y sont assez plafonnés. Nous commercialisons la daurade à un prix moyen de 730 DA/kg en TTC mais nous reversons la TVA au Trésor public et on se retrouve en dessous de nos coûts de production. C’est dire que la gestion sur le terrain est très compliquée et tout le développement réalisé a été fait au forceps, rien dans la facilité. Un débloquement de la situation, notamment fiscale, est donc nécessaire pour que l’aquaculture s’affirme comme activité pérenne.

Toutes ces contraintes ont-elles été soulevées aux pouvoirs publics ?
Une réunion a regroupé, il y a quelque temps, l’ensemble des producteurs aquacoles avec les représentants de la chambre nationale de la pêche où nous avons soulevé ces contraintes, notamment celles liées à la fiscalité en ce sens qu’elles risquent de mettre en péril toute l’activité. Mais ce n’est pas à la Chambre nationale de la pêche de régler ces problèmes. Cela relève des prérogatives du Gouvernement. Nous avons espéré que, dans le cadre de la loi de Finances 2021, des mesures soient introduites en faveur des aquaculteurs, au minimum un taux d’imposition réduit.

Qu’en est-il du taux d’intégration ?
L’intégration ne concerne pas forcement l’aquaculteur. Des industriels peuvent prendre le relai et investissent dans un marché intéressant, pour peu que qu’il y ait un bienfondé à leur investissement. Si l’investissement se fait dans l’aliment, il faudrait qu’il y ait un minimum de quantités à commercialiser annuellement. Or, nous n’avons pas encore atteint ce minimum. Lancer une fabrique de production d’aliments ou d’alevins destinés à l’aquaculture n’intéresserait personne pour la simple raison qu’elle n’est pas rentable pour le moment. Notre entreprise voudrait développer cette activité, mais il faudrait impérativement bénéficier de certains avantages fiscaux.

Que faudrait-il faire pour assurer un meilleur développement de l’aquaculture en Algérie ?
Il faudrait assurer à cette activité les bases à même de lui permettre d’accéder à un niveau de développement répondant à une meilleure maitrise des coûts. Malheureusement nous n’en sommes pas encore là. Il faudrait aussi aller vers un certain niveau de modernité, en impliquant notamment les entités scientifiques et le monde universitaire. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, nous avons établi une convention de coopération avec l’Institut Supérieur Maritime de Bou Ismail dans la wilaya de Tipaza qui fait un énorme travail dans le domaine de l’aquaculture.

Comment évoluez-vous l’impact de la crise sanitaire sur votre activité ?
A vrai dire, nous avons commencé à ressentir les effets de cette crise sur deux axes : le premier concerne l’installation des équipements acquis de l’étranger et qui a été retardée à cause de la fermeture des frontières, et le deuxième sur le plan commercial où nous avons constaté, à partir de fin octobre, une baisse de la demande et, par ricochet, de nos recette. Ce ralentissement va nous créer des problèmes quant à nos engagements financiers. Par ailleurs, il faut savoir que dans une cage flottante, il faut respecter une certaine densité car, au-delà d’un certain niveau, il y a un risque sur les poissons.
H. N. A.

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