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Mourad Adjal, PDG de Sonelgaz : « Des défis managériaux, énergétiques et technologiques nous attendent »

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Sonelgaz a parachevé un programme de redressement mené, à la demande des pouvoirs publics, afin de conférer aux actions de ses filiales, désormais ramenées au nombre de douze, plus d’efficacité en termes d’organisation et de gestion, avec, en bout de chemin, une Charte de Gouvernance et d’exercice des responsabilités. Démarche préalable qui engage Sonelgaz dans la mise en œuvre de la stratégie de transition énergétique, avec un programme, de long terme, pour la réalisation d’une importante capacité de production en énergie renouvelable, cela sans se départir de la stratégie de substitution des importations par la production grâce à l’incubation de nombreux projets industriels. La digitalisation n’est pas, par ailleurs, le moindre des processus où le groupe Sonelgaz se trouve à l’avant-garde depuis des années déjà, alliant actualisation technologique et formation de son capital humain qu’il place au cœur de sa stratégie. Le PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, qui porte un regard transverse sur le processus de développement global du groupe, explique, dans cette interview qu’il a bien voulu accorder au magazine Indjazat, en filigrane, les enjeux et les défis que recouvre une politique de gestion directement inspirée du programme du Président de la République. Suivez-le…

Interview réalisée par Azouz Kafi

Au regard de la profondeur des actions de restructuration menées, l’exercice 2022 apparaît comme un point singulier dans l’histoire du groupe Sonelgaz. Quels sont les objectifs assignés à cette restructuration ? Quelle appréciation donneriez-vous de son bilan ?

L’exercice 2022, qui a coïncidé avec ma première année à la tête de Sonelgaz, a été un exercice exceptionnel. Nous avons travaillé sans relâche pour mener à bien d’importants dossiers, particulièrement celui du redressement et de la réorganisation du Groupe, qui a constitué notre priorité.

Le plan de redressement que nous avons mis en œuvre, avait pour principale motivation les orientations des pouvoirs publics qui exigeaient, de la part du Groupe Sonelgaz, une plus grande efficience et efficacité dans l’organisation et la gestion.

Il s’agissait pour nous, de faire en sorte que la prise en charge de ces orientations se traduise par la révision complète des processus de gouvernance et de management, d’une part, et par la réduction des charges et la maîtrise des coûts de fonctionnement d’autre part.

Le challenge n’a pas été aisé à prendre et à mettre en œuvre. Nous sommes partis d’une situation débridée, caractérisée par l’existence de 26 sociétés filiales totalement livrées à elles-mêmes, à une configuration organisationnelle composée, au 31 décembre 2022, de quatorze (14) sociétés filiales recentrées principalement sur les métiers de base du Groupe Sonelgaz. Aujourd’hui, le groupe Sonelgaz compte en son sein 12 sociétés filiales contrôlées à 100%.

Le leitmotiv qui a guidé notre action dans ce sens, répondait à un objectif interne qui reposait sur un triptyque fondamental d’implémentation d’un processus de synergie par le regroupement des activités et le resserrement de leur périmètre, la mutualisation des moyens, conditions importantes pour l’optimisation des ressources et la maitrise des coûts et, enfin, l’amélioration de l’efficacité managériale et du pilotage du groupe. Nonobstant cette problématique organisationnelle, il fallait également se soucier de la prééminence du dialogue franc et constructif avec le partenaire social, qui constitue un des socles des valeurs ayant toujours prévalu au sein du groupe Sonelgaz. Les actions menées ont eu pour effet d’uniformiser les grilles des salaires, d’harmoniser les organisations et de préserver les acquis des travailleurs des sociétés du groupe dans un esprit d’équité et de valorisation du Capital Humain qui constitue la vraie richesse de nos entités.

C’est à ce titre que nous pouvons afficher notre fierté légitime d’avoir réussi un challenge qui, en seulement une année de travail acharné, a permis l’aboutissement d’un processus de restructuration de grande envergure, sur les plans managérial, juridique et financier sans que cela n’entrave le fonctionnement des sociétés filiales ou n’impacte leur rentabilité.

C’est pourquoi, et en application de cette nouvelle vision managériale, le corollaire de cette action fondamentale a débouché sur la mise en place, durant cet exercice et pour la première fois dans l’histoire du Groupe, d’une Charte de Gouvernance et d’exercice des responsabilités qui représente la consécration et l’appropriation des bonnes pratiques de gouvernance par l’ensemble des sociétés du groupe Sonelgaz.

Les pouvoirs publics ont placé la transition énergétique au sommet des problématiques nationales à prendre en charge en urgence. Quel est le rôle du Groupe Sonelgaz dans ce cadre ? En sa qualité d’acteur pivot du secteur de l’énergie en Algérie, quelle serait la stratégie qu’il est appelé à mener pour la réussite de cette transition énergétique ?

Le Groupe Sonelgaz est l’opérateur historique dans le domaine de la fourniture d’électricité et de gaz en Algérie.

Il est l’instrument de l’Etat pour la mise en œuvre de sa politique énergétique et acteur principal du développement économique et social.

Il œuvre depuis un demi-siècle au service du citoyen algérien en lui apportant une énergie fiable et respectueuse de l’environnement et indispensable à la vie quotidienne.

Pour le Groupe Sonelgaz, le virage de la transition énergétique a débuté par la réflexion sur les modalités de développement d’un mix énergétique qui fasse de la place aux énergies renouvelables dans l’optique d’en accélérer l’introduction. Cela a été suivi par des actions importantes de mise à niveau des infrastructures énergétiques (réseaux) à travers l’introduction massive de systèmes de gestion experts (scada, BCC, dispatching central et régionaux) et la préparation de l’environnement économique, technique et managérial qui en constitue la dernière phase.

Aujourd’hui, l’état de préparation de la prise en charge de la transition énergétique est très avancé. La contribution du Groupe Sonelgaz à l’atteinte de l’objectif majeur de réduction de la consommation nationale de gaz naturel en vue de préserver les ressources naturelles du pays au profit des générations futures et d’amélioration de notre efficacité énergétique constitue un axe fondamental de son action de mise en œuvre du processus de la transition énergétique.

La problématique de la disponibilité du gaz naturel en tant que ressource primaire sur le long terme est une conséquence directe de l’intensité de sa consommation sur le marché national.

Le gaz, de par sa nature d’énergie non renouvelable, nous nous devons de le consommer avec la plus grande efficacité possible et préserver ainsi la rente qui découle de son exportation. C’est à ce titre que nos investissements dans les énergies renouvelables constituent le substitut en sources complémentaires d’approvisionnement.

C’est pourquoi, la réalisation, l’horizon 2035, du programme de développement des 15 000 MW en photovoltaïque, confiée par les pouvoirs publics au Groupe Sonelgaz, a été, pour nous, l’occasion de mobiliser toutes nos ressources pour sa pleine réussite dans les règles de l’art.

Répartie sur 46 wilayas, la première phase du programme est déjà entamée à travers le lancement d’un appel d’offres portant sur la réalisation de 15 centrales solaires d’une capacité globale de 2 GW. Elles seront construites sur 11 sites avec des capacités allant de 80 MW à 220 MW pour chacun d’eux.

Dans cette même optique, une deuxième phase est en cours de préparation. Elle portera sur le lancement d’un appel d’offres d’une capacité de 3 GW ; également répartis sur plusieurs sites au niveau du territoire national.

La réalisation de ces deux premières phases du projet phare de développement du mix énergétique national constitue un tournant décisif dans notre cheminement vers une transition énergétique qui permettra à notre pays de se libérer progressivement de sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, de changer son modèle de production et de consommation énergétique, de tendre vers des énergies vertes, d’assurer un développement durable et enfin de mettre en place les nouvelles conditions de création de richesse et d’emplois.

Dans le cadre des efforts de substitution de la production nationale à l’importation, Sonelgaz, premier groupe industriel du pays, s’intègre et joue un rôle clé dans cette dynamique à travers des acteurs industriels lui appartenant et le soutien à d’autres opérateurs publics et privés. Comment voyez-vous, stratégiquement, cet aspect de la vie industrielle du groupe ?

En sa qualité de Groupe industriel de premier plan et au regard de ses plans de développement, le Groupe Sonelgaz s’est approprié la vision stratégique des pouvoirs publics relative à la promotion de l’intégration industrielle nationale et de réduction de l’importation de biens et services.

A ce titre, le groupe Sonelgaz a été l’incubateur de nombreux projets industriels qui constitueront une alternative viable et compétitive aux importations d’équipements utilisés dans notre secteur.

Dans le même ordre, et toujours dans l’optique d’une promotion de l’outil national de production, le Groupe Sonelgaz a organisé le 4 avril de l’année courante une rencontre nationale de très haut niveau, à travers laquelle, il a fait connaître à l’opinion publique nationale l’étendue et la qualité de la production nationale de biens et services utilisés dans le secteur de l’électricité et la distribution du gaz par canalisations.

Notre stratégie en la matière repose d’une part sur l’amélioration de la qualité des activités industrielles et de services existantes au sein des sociétés du Groupe et la recherche d’opportunités d’investissement et de partenariat avec des entreprises nationales (publiques ou privées) et/ou internationales pour le développement, localement, de nouveaux produits (biens et services) ; en substitution aux importations et, d’autre part, sur la promotion de l’outil national de production par la mise en place de passerelles entre les sociétés du Groupe et les entreprises du secteur industriel.

Les Pouvoirs Publics ne cessent depuis plusieurs mois d’appeler à l’accélération du processus de digitalisation et de numérisation des actes de gestion et de management des entités du pays. Quel est l’état de lieux en la matière au niveau du groupe Sonelgaz. Existe-t-il encore des niches de la numérisation que le Groupe et ses filiales doivent explorer ?

Les nouvelles technologies ne sont pas un fait nouveau pour Sonelgaz. Depuis plusieurs années déjà la quasi-totalité des processus de gestion du Groupe sont digitalisés. Cette digitalisation des activités du Groupe réalisée en totalité par des cadres algériens, touche également les interfaces que le groupe entretient avec ses clients, fournisseurs et autres partenaires.

Notre investissement dans les nouvelles technologies devrait se poursuivre d’autant que nous possédons un capital humain spécialisé en la matière qui avoisine les 2 000 ingénieurs compétents qui ont déjà fait leurs preuves. En effet, le groupe Sonelgaz a, de tout temps, accordé une attention particulière à la technologie de l’information et aux solutions informatiques. A ce titre, l’année 2009 a connu la création de la société filiale ELIT (El Djazaier Information Technolgy) qui, au-delà des aspects reconnus aux domaines IT, réseaux informatiques, développement des sites web, messagerie électronique, etc., assurait la sécurité des systèmes d’information du Groupe Sonelgaz via une plateforme de sécurité à la pointe de la technologie avec une ressource humaine 100% algérienne.

Cette société filiale a fait l’objet, en 2022, d’une opération de fusion-absorption pour constituer aujourd’hui une force de frappe de la filiale Sonelgaz-Service lui permettant ainsi de pénétrer des marchés externes et de rechercher des opportunités de partenariat et d’exportation des services IT en Afrique.

En complément, notre approche proactive nous a amenés à mettre en place une infrastructure numérique solide telle que la fibre optique et les DATA Centers, adossée à des systèmes et des plateformes technologiques avancées qui nous permettent d’automatiser nos processus internes, de simplifier les flux de travail et d’améliorer notre efficacité opérationnelle.

Toutefois, à mon sens, la numérisation n’est pas seulement une question de technologie. Nous avons également mis l’accent sur la transformation de notre culture d’entreprise pour favoriser une mentalité axée sur l’innovation et l’adaptabilité. Nous encourageons nos employés à développer de nouvelles compétences numériques et à s’engager dans des projets de transformation. Cela a créé un environnement dynamique où les idées sont partagées, les collaborations encouragées et l’innovation valorisée.

La digitalisation ne s’arrête pas là. Nous sommes conscients que le paysage numérique continue d’évoluer rapidement. C’est pourquoi nous prévoyons de continuer à investir dans la transformation numérique et à explorer de nouvelles opportunités pour créer de la valeur pour nos clients.

En connectant nos infrastructures et nos équipements à des capteurs intelligents des dispositifs de communication, nous pourrions collecter des données en temps réel sur la consommation d’énergie, la performance des actifs et la gestion des réseaux.

Cette richesse de données nous permettra à l’avenir d’optimiser nos opérations, d’anticiper les pannes, d’améliorer la fiabilité de notre réseau et d’optimiser ainsi l’efficacité énergétique.

Sur le registre des énergies renouvelables, nous déployons là aussi des efforts pour utiliser les technologies numériques les plus adaptées pour les intégrer dans notre système électrique et pour gérer leur intermittence.

Par ailleurs, nous envisageons de poursuivre l’exploration d’automatisation et de digitalisation des processus de l’entreprise, notamment la mise en place des systèmes intégrés, tels que les ERPs, pour optimiser les flux de travail et de communication, réduire les erreurs humaines, accélérer les délais d’exécution et améliorer l’efficacité globale.

Nonobstant tout ceci, il faut aller beaucoup plus loin et nous interroger sur les opportunités offertes par l’analyse avancée des données et l’intelligence artificielle. Ces axes peuvent nous fournir, à tout moment, des informations précieuses sur les tendances du marché, les prévisions de la demande, les fluctuations des prix, et bien d’autres aspects.

L’Intelligence Artificielle peut nous aider à prédire les variations de la demande, à optimiser les opérations de production et de distribution, et à planifier efficacement l’approvisionnement en électricité et en gaz du pays.

Cependant, et avec l’augmentation de la numérisation, la protection des systèmes d’information et des infrastructures énergétiques contre les cyberattaques devient cruciale. Nous comptons investir davantage dans des technologies de cybersécurité avancées pour garantir la sécurité des données et des opérations.

Au regard des enjeux qui caractérisent ces activités, nous considérons que les questions environnementale, sociale et de Gouvernance ainsi que celles liées à la cybersécurité doivent désormais se retrouver, en bonne place, à l’agenda de nos conseils d’Administration, car les risques et opportunités relatifs à ces sujets doivent peser sur nos décisions d’entreprise.

En sa qualité de vecteur puissant du progrès économique et social, le Groupe Sonelgaz est de plus en plus sollicité sur la question de la satisfaction de la demande énergétique nationale dans n’importe quel endroit du pays. Comment se fait la réponse à ces défis et quelle est l’ampleur des processus à mettre en œuvre pour y répondre ?

Le programme de Monsieur le Président la République a mis en évidence le besoin primordial de satisfaire la demande énergétique nationale dans quelque endroit où elle se manifeste. Dans la mesure où il peut se trouver une localité de demande énergétique à satisfaire, le Groupe Sonelgaz se fait, conformément à ses missions, le devoir de la satisfaire selon les normes techniques et économiques en vigueur.

A ce titre, nos efforts se sont concentrés sur les besoins érigés en priorité dans le programme de Monsieur le Président de la République, à savoir, les zones d’habitations enclavées et éloignées des réseaux, que l’on appelle communément les zones d’ombre, les exploitations agricoles et enfin les zones d’activités et zones industrielles.

La réussite de la prise en charge de ces programmes confirme le rôle du Groupe Sonelgaz en sa qualité de locomotive du développement socioéconomique du pays. Il s’agissait de non seulement satisfaire les besoins énergétiques de populations qui étaient jusqu’alors privés de cette ressource, mais également de contribuer à la promotion des secteurs économiques, à savoir l’industrie et l’agriculture dans le double objectif de l’indépendance alimentaire et du développement industriel ; facteurs de création de richesses nationales.

Les différentes visites de travail que nous avons effectuées sur l’ensemble des wilayas nous ont permis d’apprécier les conséquences positives de ce genre de programme. Comme nous avons pu, en collaboration avec les autorités locales, mesurer leurs impacts sur les populations.

Globalement, les réalisations de ce programme ont porté sur le raccordement aux réseaux électrique et gazier de plus de 5 300 zones d’habitations enclavées (zones d’ombre), 29 300 exploitations agricoles et 25 zones industrielles, avec l’ambition de raccorder plus de 48 000 exploitations agricoles et 36 zones industrielles en 2023.

Au regard de l’importance de ces programmes et de leur statut stratégique, leur financement a été assuré, dans une première phase, en totalité par les ressources propres du Groupe, en attendant la mise en place des mécanismes de financement y afférents.

Toujours en ce qui concerne la satisfaction de la demande énergétique nationale, les études de développement des infrastructures énergétiques font ressortir des besoins de réalisations d’autres projets structurants devant contribuer non seulement à la satisfaction de la demande en surface, mais également la sécuriser en totalité.

A ce titre, l’interconnexion du réseau électrique du pôle d’Adrar, In Salah et Timimoune (PIAT) au réseau interconnecté national (RIN) , considéré comme  un méga projet qui est en cours de lancement avec l’objectif d’assurer le développement socioéconomique du Grand-Sud, le raccordement aux réseaux électriques de 5 stations de dessalement de l’eau de mer en vue de contribuer à atténuer le stress hydrique dans lequel notre pays est plongé en raison des faibles pluviométries et le raccordement du projet industriel de phosphate intégré pour assurer le développement socioéconomique de plusieurs régions du pays constituent les exemples frappants de l’apport du secteur de l’énergie et du Groupe Sonelgaz au développement du pays. Sans compter que ces projets structurants seront réalisés en totalité par des entreprises nationales publiques et privées.

Avec l’introduction massive des capacités de production d’électricité d’origine renouvelable, le Groupe Sonelgaz disposera d’atouts pour se positionner sur le marché extérieur et assumer un rôle d’interlocuteur viable vis-à-vis des opérateurs de la rive nord de la Méditerranée. Quelle stratégie industrielle et commerciale le Groupe Sonelgaz compte-t-il développer pour atteindre ces objectifs ?

Comme nous l’avons expliqué auparavant, et en raison des atouts dont dispose le Groupe Sonelgaz en matière de capacités de production d’origine conventionnelle et renouvelable et de maîtrise des processus industriels et commerciaux, nous sommes actuellement en discussions avec des partenaires étrangers pour rechercher les moyens d’assurer les interconnexions de notre réseaux électriques avec ceux des pays de la rive nord de la Méditerranée.

Nous sommes conscients qu’il s’agit d’une opportunité précieuse à saisir pour jouer un rôle dans la satisfaction du mix énergétique européen. C’est pourquoi, nous menons des offensives pour amener nos partenaires traditionnels de cette rive à s’impliquer avec nous dans la prise en charge de ce challenge basé sur le principe du gagnant-gagnant.

Par ailleurs, notre ambition d’intervenir sur les marchés extérieurs ne se limite pas uniquement à l’exportation de l‘électricité. Elle vise également l’exportation d’autres biens et services.

Bien que cette vision se soit déjà concrétisée par des opérations d’exportation de biens et services en Europe et en Afrique, nous voulons agrandir notre champ d’action particulièrement vers les pays africains en leur offrant une grande panoplie de biens et services qui pourraient répondre à leurs besoins.

A ce titre, la formation pourrait être un des vecteurs les plus importants de cette ambition. En effet, le Groupe Sonelgaz dispose d’un portefeuille de formation très varié. Il comporte 139 produits de formation dans les domaines de l’électricité, 66 produits de formation pour le gaz, 69 produits de formation pour les énergies nouvelles et renouvelables (EnR) et 54 produits dans le domaine mécanique. De plus, 37 produits sont proposés en e-learning. Pour les domaines de la gestion, du management et de l’enseignement général, le portefeuille comprend 273 produits. L’informatique et les langues représentent pour leur part un total de 26 produits.

C’est à ce titre que notre adhésion au Réseau Africain des Centres d’excellence en Électricité (RACEE), vise à participer, par le biais du placement de nos produits de formation, à l’amélioration des performances des sociétés africaines de l’électricité et à favoriser les échanges régionaux en renforçant les compétences techniques et managériales dans différents domaines.

De tradition, le Groupe Sonelgaz a toujours été « une école de formation » de laquelle sont issus un très grand nombre de cadres nationaux de compétences avérées.  Devant le problématique de l’exode des cadres nationaux, quelle est la stratégie de fidélisation mise en place par le Groupe pour juguler ce phénomène ?

La qualité générale de la formation en Algérie a attiré le regard des recruteurs internationaux qui actuellement dépeuplent, quasiment, l’ensemble des institutions nationales de leurs compétences. Ce phénomène touche particulièrement les compétences dans les domaines de pointe que sont les nouvelles technologies, l’informatique, les hydrocarbures et l’électricité.

A l’instar des autres institutions nationales, le Groupe Sonelgaz subit ce problème, dont les origines et causes sont à analyser en profondeur en vue d’identifier les considérations d’ordre socio-économiques qui poussent nos jeunes cadres à émigrer vers d’autres pays.

Pour cela, il nous semble important que des assises nationales soient tenues avec l’ensemble des acteurs pour y apporter des réponses et mettre en place des actions pour sa limitation.

Nonobstant ce qui précède, et sachant que le règlement de ce phénomène ne dépend pas uniquement de la volonté du Groupe Sonelgaz, nous avons défini et mis en place des stratégies qui visent à fidéliser et stabiliser notre Capital Humain notamment par l’encadrement et la formation à travers nos trois écoles, à savoir : l’Ecole Technique de Blida créée en 1949 qui dispense des formations et des perfectionnements professionnels dans les domaines de l’électricité et du Gaz ; le Centre de formation de Ben Aknoun, créé en 1971, qui propose une large gamme de formations en management et techniques de gestion ; et le Centre de Formation de Aïn Mlila, créé en 1986, qui assure des formations et des perfectionnements professionnels dans les domaines de l’électricité et du Gaz.

Au cours du second semestre de l’année en cours, nous envisageons l’ouverture de deux nouvelles écoles à Ghardaïa et Oran pour assurer respectivement des formations dans les domaines de la production électrique et du transport et distribution du gaz naturel.

Notre objectif de garder nos compétences le plus longtemps possible est sous-tendu par la concrétisation de nos politiques d’évolution de carrière, de promotion et de rémunération qui privilégient la transparence, l’égalité de traitement, le développement professionnel et l’essor social.

Il s’agit de répondre aux enjeux majeurs en matière du développement du capital humain du Groupe, tels que la préparation et l’accompagnement de la relève, l’intégration des nouveaux métiers liés aux évolutions technologiques et l’adaptation continue de la ressource humaine pour garantir la pérennité des métiers de l’électricité et du gaz.

Le groupe Sonelgaz qui assume une mission stratégique de service public, est de manière permanente confronté à la problématique du recouvrement de ses créances et du recours à l’endettement pour réaliser ses programmes de développement, qui l’a placé dans une situation financière structurellement déficitaire. Quelles seraient, selon vous, les solutions à mettre en œuvre pour rétablir durablement l’équilibre financier du groupe ?

Comme vous le savez, le Groupe Sonelgaz exerce des métiers de base, dont les activités sont régulées et dont les prix de vente aux clients sont administrés par les pouvoirs publics. Cette situation fait que les revenus des activités métiers de base et ceux particulièrement de la distribution de l’électricité et du gaz ne sont pas en adéquation avec les besoins de ressources financières nécessaires pour assurer le service public dans la qualité conforme à ce qui est attendu.

A contrario, et justement pour faire en sorte que ce service public ne souffre d’aucune défaillance, le Groupe Sonelgaz recourt, en complément à l’autofinancement qu’il assure sur ses propres ressources, à l‘endettement pour assurer le financement de ses programmes de développement.

Cette situation adossée au problème de recouvrement des créances auprès des clients publics et privés ainsi que l’impossibilité de dégager une capacité de remboursement de la dette, ont mis le Groupe Sonelgaz dans une spirale déficitaire qui a mis en danger ses fondements économiques.

En effet, le déficit structurel dû au bas niveau des tarifs de vente de l’électricité et du gaz reste, au titre de l’exercice 2022, très important. Le montant des investissements réalisés par les sociétés métiers sur la période (2010-2022) s’est élevé à un niveau record qui a dépassé les 4 000 milliards de DA, engendrant ainsi, à la fin de ce même exercice, un endettement très important du Groupe.

Néanmoins, et suites aux démarches de sensibilisation des pouvoirs publics à la situation financière du Groupe Sonelgaz, des mesures importantes ont été prises. Ainsi, pour la première fois, le Groupe Sonelgaz a bénéficié d’une soutien financier direct constitué de dotations financières ainsi que d’une opération d’effacement de la dette bancaire et de rallonge des conditions d’utilisation et de remboursement des financements bancaires, qui ont permis certes de renforcer les fonds propres de la holding Sonelgaz, mais restent insuffisantes pour résorber en totalité le déficit de la société Sonelgaz-distribution et de rétablir définitivement ses équilibres financiers.

C’est pourquoi, et nonobstant ces mesures, il nous semble important de souligner que l’opération d’assainissement de la situation financière du Groupe doit se poursuivre par la mise en place de mécanismes pérennes qui, conformément à la législation en vigueur, devraient permettre aux filiales chargées des métiers de base d’assurer leurs missions dans les conditions optimales.

La poursuite du processus d’assainissement financier est donc indispensable afin de restaurer la capacité financière du groupe et de rétablir l’équilibre et la solvabilité financière à moyen et long terme de ses sociétés.

Quelles sont les perspectives du Groupe Sonelgaz à court et moyen termes ?

La réalisation des enjeux stratégiques et primordiaux que nous avons définis demeure la priorité de notre Groupe. Certains d’entre eux auront, sur le court terme, des phases nouvelles qui porteront sur leur achèvement complet. A travers cela, je vise particulièrement le processus de restructuration du Groupe qui, en relation avec le processus de révision du contexte institutionnel qui régit le secteur, connaîtra une nouvelle refonte qui touchera certaines sociétés métiers de base.

Le prochain moyen terme sera axé sur le développement du Capital Humain à travers la mise en œuvre du plan de relève institué en vue de la préparation des managers du futur.

Les autres challenges importants qui devront se réaliser sur cette période concernent le parachèvement des programmes de relance économique initiés par les hautes instances du pays ainsi que les projets d’interconnexion électrique particulièrement le projet reliant le nord et le sud du pays qui ouvrira de très grandes perspectives au développement national et constituera un fer de lance pour la pénétration, par l’Algérie, de l’ensemble des marchés africains.

Le prochain moyen terme connaîtra également la réalisation, par notre filiale SAIEG, de bornes de recharge électriques ainsi que des détecteurs du monoxyde de carbone dont l’installation au niveau des foyers algériens se fera à titre gracieux. Les bornes de recharge électriques ont été, dans une première phase, acquises et installées au niveau des stations d’approvisionnement et relais de repos, leur inauguration est prévue au cours du mois de juillet 2023

Sur le volet de la digitalisation, un ERP qui intégrera les systèmes informatiques et applicatifs en vigueur, développés par moyens propres, sera mis en place à l’échelle du groupe.

La pénétration des marchés internationaux régionaux (continent africain et européen) demeurera pour Sonelgaz un objectif majeur, par l’accompagnement des filiales dans le déploiement et l’extension de leurs activités, à l’extérieur du groupe Sonelgaz à travers des partenariats et des opérations d’export de l’énergie électrique, notamment l’énergie verte, d’équipements eA <t pièces et rechanges et des services dans les différents domaines d’intervention (formation, l’engineering, etc).   

H. N. A.

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