L’Algérie entreprend d’ambitieuses réformes dans le secteur financier accueillies favorablement par les institutions internationales. Il s’agit de la modernisation du système financier national. Le ministre des Finances, Faid Laaziz qui aborde avec nous ces questions estime, par ailleurs, que cette réforme, en particulier du secteur bancaire, se déploie graduellement, dont les résultats sont déjà visibles. Cette modernisation s’inscrit dans une stratégie plus large visant à dynamiser le rôle des banques dans le développement économique. Le secteur des assurances n’est pas en reste. Il connaît une refonte réglementaire avec un projet de nouvelle loi sur les assurances pour adapter l’activité des assurances au développement économique et social du pays. Quant à l’inclusion financière, elle est un des objectifs clé de la stratégie du secteur à travers des mécanismes qui contribuent à rendre les services bancaires plus accessibles à la population. Pour ce qui est du déploiement des banques publiques à l’international, il est le fait d’une stratégie globale de diversification économique et d’ouverture qui renforce les liens de l’Algérie avec les pays concernés et offre des opportunités aux opérateurs économiques et à la communauté algérienne établie à l’étranger. Il en est de même concernant l’ouverture du capital de banques publiques et leur introduction en Bourse qui visent à élargir la participation du secteur privé. Enfin, la modernisation des systèmes budgétaires est une priorité qui vise à garantir une gestion transparente et efficace des ressources publiques.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
L’Algérie est en train de vivre un nouveau cycle de réformes, dont celui qui touche le secteur financier, toutes branches confondues… Qu’est-ce qui a rendu nécessaire cette dynamique ?
Je vous remercie pour votre question. En Algérie, il existe actuellement une impulsion significative en faveur de réformes, notamment dans le domaine financier. Cette dynamique découle d’un contexte favorable, suite à l’assainissement du cadre juridique régissant les activités économiques et financières et à la consolidation des institutions étatiques. Ces éléments ont créé un environnement propice à l’instauration de changements, préparant ainsi le terrain pour concrétiser les engagements du Président de la République.
Notre pays a été confronté à d’importants défis économiques au cours des quatre dernières années. Les crises mondiales successives, la crise sanitaire due à la COVID-19 et les tensions géopolitiques telles que le conflit russo-ukrainien ont engendré une instabilité sur le marché pétrolier, affectant les revenus du pétrole et mettant une pression sur l’approvisionnement alimentaire, notamment le blé, sur le marché international.
Ces crises ont constitué une opportunité pour l’Algérie de renforcer ses réformes économiques, y compris dans le secteur financier, afin de mieux faire face à de telles pressions ou chocs externes à l’avenir. Ces changements profonds ont exigé a fortiori une adaptation du système financier pour rester aligné sur les nouveaux besoins et les standards internationaux, un passage essentiel pour maintenir notre compétitivité et stimuler la croissance économique.
La modernisation du système bancaire et financier est considérée comme fondamentale pour la réussite de toute réforme économique, c’est dans ce cadre que diverses lois ont été finalisées ou adoptées, notamment la nouvelle loi monétaire et bancaire, la loi sur les marchés publics, la loi sur la comptabilité publique et la loi sur le foncier destiné à l’investissement, entre autres.
Des initiatives ont été prises pour diversifier les sources de financement de l’économie en renforçant la finance islamique, en numérisant le secteur financier et en lançant de nouveaux services digitalisés tels que la banque à distance.
D’aucuns pensent que les réformes financières vont trop lentement, mais n’est-il pas possible d’opposer à cette perception la nécessité d’avancer graduellement dans un secteur où la confiance et la stabilité sont des piliers fondamentaux ?
Tout d’abord, je voudrai saisir cette opportunité pour clarifier certaines questions qui suscitent de la confusion. De mon point de vue, le défi n’est pas tant lié à la vitesse qu’à la nécessité d’agir de manière opportune et adéquate. En effet, la réforme du secteur bancaire et financier est d’une importance capitale pour les autorités publiques. Les efforts gouvernementaux se concentrent sur plusieurs axes de modernisation, visant à accroître la performance, l’accessibilité, la modernité et la résilience du secteur bancaire, dans le but d’en améliorer l’attractivité et de favoriser sa contribution au développement de l’économie nationale.
Cependant, il est crucial de comprendre que la mise en place de réformes financières est un processus complexe exigeant une planification minutieuse, une coordination efficace et une transition en douceur. Il existe plusieurs arguments pour expliquer la nécessité d’une progression graduelle dans ce domaine, où la confiance et la stabilité jouent un rôle clé.
Cette réforme a déjà réalisé d’importants progrès, notamment en se penchant sur les nouvelles technologies et le développement des métiers bancaires. Les grands axes comprennent : (1) l’amélioration de la gouvernance des banques publiques en dissociant les fonctions du contrôle de la gestion et en intégrant des administrateurs indépendants dans les conseils d’administration ; (2) la modernisation des systèmes d’information bancaires ; (3) la diversification des sources de financement et d’épargne, avec l’introduction de produits de la finance islamique et le renforcement des activités de capital investissement ; (4) le développement de moyens de paiement modernes et la digitalisation des services bancaires ; (5) L’expansion et l’amélioration du réseau bancaire pour offrir des services de meilleure qualité et se rapprocher des clients. Ces mesures visent à atteindre les objectifs de la stratégie d’inclusion financière et à capter une part importante des fonds en dehors du secteur bancaire. Elles seront appuyées par des dispositions légales de la nouvelle loi monétaire et bancaire pour répondre aux préoccupations des institutions financières et aux nouveaux défis de l’économie nationale, respectant ainsi les normes internationales.
La finance islamique a également été priorisée, répondant à la demande croissante des citoyens en matière de diversification des sources de financement et d’épargne. La Banque d’Algérie a défini les opérations bancaires relevant de la finance islamique et les conditions pour leur exercice, autorisant leur commercialisation par les banques classiques via des guichets dédiés, assortis de critères stricts à respecter avant leur lancement effectif.
En ce qui concerne la finance islamique, toutes les banques opérant dans ce domaine ont connu un développement significatif. Le nombre de guichets dédiés est passé de 503 à la fin de l’année 2022 à 618 à la fin de juin 2023, tandis que le nombre de comptes est passé de 359 664 à la fin de l’année 2022 à 543 877 à la fin de juin 2023. Les dépôts collectés sont passés de 594 milliards de dinars à 700 milliards de dinars à la fin de juin 2023.
Dans les banques publiques, le nombre de guichets est passé de 386 à la fin de l’année 2022 à 454 à la fin de juin 2023. Les dépôts collectés sont également passés de 73,2 milliards de dinars à la fin de l’année 2022 à 107 milliards de dinars à la fin de juin 2023.
Parallèlement à l’effort de numérisation, les mécanismes pour atteindre l’inclusion financière en Algérie comportent la diffusion des nouveaux moyens de paiement, la densification du réseau bancaire pour garantir une accessibilité optimale à ces services, l’assouplissement de la réglementation, l’établissement de normes de transparence financière et de concurrence saine au sein du système bancaire algérien, ainsi que la promotion de l’éducation financière.
Les banques sont attendues, et très fermement, sur leur rôle dans l’impulsion d’une dynamique de développement économique et l’accompagnement de l’investissement productif…Comment les réformes bancaires, ainsi dessinées, peuvent-elles contribuer à cet objectif ?
Je vous rejoins parfaitement, les réformes bancaires engagées ont pour objectif fondamental de dynamiser le rôle des banques dans la stimulation du développement économique et de les orienter vers un accompagnement plus efficient de l’investissement productif. Ces réformes sont cruciales pour améliorer l’environnement financier et renforcer la contribution des banques à l’économie.
Premièrement, les réformes visent à moderniser et à renforcer la gouvernance des banques, garantissant ainsi une meilleure allocation des ressources et une gestion plus efficace des fonds disponibles. Cela favorise une orientation vers des financements plus adaptés et ciblés pour les projets d’investissement productif, facilitant ainsi l’accès au crédit pour les entreprises désireuses de développer leurs activités.
Deuxièmement, ces réformes encouragent la diversification des sources de financement, notamment par le biais de produits conformes à la finance islamique et du développement du capital investissement. Cette diversification offre aux entreprises un éventail plus large d’options de financement, adaptées à leurs besoins spécifiques et à différents stades de leur croissance.
Troisièmement, la modernisation des systèmes d’information bancaires et la digitalisation des services offerts permettent d’accélérer les processus de prêt et de faciliter l’accès aux services financiers. Cela réduit les délais de traitement des demandes de crédit et rend les services bancaires plus accessibles aux entrepreneurs et aux entreprises, favorisant ainsi un investissement plus rapide et efficient.
Enfin, l’expansion du réseau bancaire et l’amélioration de la qualité des services offerts contribuent à renforcer la proximité entre les banques et les entreprises, facilitant ainsi le conseil financier et l’accompagnement personnalisé des projets d’investissement. Cette proximité accrue favorise la confiance entre les acteurs économiques et les institutions bancaires, créant un environnement propice à l’investissement productif.
En somme, ces réformes bancaires, par leur ensemble de mesures axées sur la modernisation, la diversification, l’accessibilité et l’efficacité des services financiers, sont conçues pour stimuler l’activité économique, faciliter l’investissement productif et favoriser une croissance économique durable. La réforme du secteur bancaire et financier est d’une importance capitale pour les autorités publiques. Les efforts gouvernementaux se concentrent sur plusieurs axes de modernisation, visant à accroître la performance, l’accessibilité, la modernité et la résilience du secteur bancaire, dans le but d’en améliorer l’attractivité et de favoriser sa contribution au développement de l’économie nationale.
Le secteur des assurances n’est pas en reste, et l’on s’attend à voir un projet de loi sortir avant la fin 2023… Quel rôle pour les assurances algériennes à cet horizon ?
Des mesures salutaires ont été proposées par le marché des assurances à I’effet de redonner du « souffle » au secteur et lui permettre d’atteindre des niveaux plus importants dans la formation du PIB et une participation plus importante dans le financement de I’économie nationale.
Pour renforcer et consolider le processus de réformes engagées à partir de 1995, un réajustement du cadre légal régissant l‘activité des assurances a été opéré en 2006.
Par ailleurs, et afin de répondre aux nouvelles exigences de ce marché, une nouvelle adaptation du cadre légal a été proposée, il s’agit du projet d’une nouvelle loi sur les assurances, qui vise à adapter l’activité des assurances au développement économique et social que connaît le pays, à développer l’inclusion financière en accélérant la numérisation des produits et services d’assurance pour améliorer le service client,
Elle contribuera également à diversifier l’offre ainsi que les canaux de distribution, tout en améliorant la gouvernance et l’efficacité des compagnies d’assurance publiques.
Ce projet est, actuellement, en cours d’étude au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement et sera présenté aux deux chambres du Parlement dans les prochains mois.
Il est utile de rappeler que le marché de l’assurance a été l’un des premiers secteurs économiques à s’ouvrir à la concurrence, ce qui a conduit à des évolutions fondamentales tant au niveau institutionnel et organisationnel de ce secteur qu’au niveau de son activité. Le secteur des assurances en Algérie continue d’offrir de grandes opportunités d’investissement et de croissance qui répondent aux aspirations des investisseurs dans ce domaine.
L’inclusion bancaire, un des objectifs majeurs de la nouvelle stratégie du secteur financier, requiert toute une stratégie pour se concrétiser. Outre l’effort de numérisation, quels sont les autres chantiers et mécanismes qui permettent d’atteindre cet objectif ?
Effectivement, outre l’effort de numérisation, les mécanismes visant à atteindre l’objectif d’inclusion financière en Algérie comprennent la diffusion des nouveaux moyens de paiement, l’implantation ordonnée des guichets de banques et établissements financiers, l’assouplissement de la réglementation, la mise en place de textes fixant les normes de transparence financière et de concurrence saine au sein du système bancaire algérien, et la promotion de l’éducation financière.
Aussi, les mesures visant à simplifier les procédures d’ouverture de comptes bancaires contribuent à rendre les services bancaires plus accessibles au grand public.
De plus, la promotion de l’utilisation de moyens de paiement électroniques, les paiements en ligne et les transferts électroniques, vise à améliorer l’accès aux services bancaires, y compris dans les régions éloignées.
En parallèle, les campagnes de sensibilisation pour la promotion de l’éducation financière au sein de la population sont un objectif majeur de notre stratégie, informant ainsi les citoyens sur les avantages des services bancaires et renforçant leur compréhension des concepts financiers.
Il ne faut pas négliger le rôle clé de la technologie financière «fintech» et les infrastructures et plateformes en cours de développement par les différentes banques au niveau national. Les fintechs sont plus qu’essentielles pour l’inclusion financière en Algérie. Elles offrent des services financiers innovants, tels que les paiements mobiles et les applications bancaires, rendant ainsi les services bancaires plus accessibles et pratiques pour la population.
Dans le domaine du paiement électronique, 12 marques/modèles de terminaux de paiement électronique (TPE) et 2 solutions de paiement QR Code ont été certifiés et homologués. Une plateforme web a été conçue par la SSB pour la vente libre de TPE et sera disponible très prochainement, aussi un réseau de prestataires agréés a été établi pour l’installation et la maintenance des TPE, ainsi que la formation des agents de contrôle du ministère du Commerce.
Pour l’activité de paiement sur TPE, le nombre de terminaux de paiement électronique (TPE) opérationnels en septembre 2023 est de 50 857. Le nombre total de transactions de paiement à fin septembre 2023 est de 2,54 millions, pour un montant global de plus de 20 milliards de dinars algériens.
Pour les paiements en ligne, la priorité a été accordée à la sphère publique, aussi il a été procédé à l’automatisation du processus d’intégration des web-marchands via le site www.cibweb.dz .
De plus, les commerçants de type Marketplace et les super applications peuvent désormais adhérer grâce au développement de modules de paiement par des startups, avec 50 modules certifiés. En ce qui concerne le paiement mobile, des référentiels fonctionnels, techniques et sécuritaires ont été élaborés, ainsi qu’un Accord Tarifaire Interbancaire.
Les premiers résultats de ces efforts seront visibles à partir de l’année 2024, et ils se concentreront principalement sur l’amélioration de la qualité des services publics offerts aux citoyens.
Dans une première phase, le paiement mobile a été ouvert en intra-bancaire. Le nombre total de transactions effectuées à fin septembre 2023 est de plus de 27 millions de transactions pour un montant global de plus de 19 milliards de dinars algériens.
En combinant ces mécanismes, l’Algérie s’efforce d’étendre l’inclusion financière à travers le pays, de sensibiliser la population aux avantages des services bancaires, de moderniser les infrastructures financières et de favoriser une participation plus active de la population dans le système financier. Ces initiatives contribuent à créer un environnement financier plus inclusif et accessible pour l’ensemble de nos citoyens.
La décision récente de déployer les banques publiques au service du développement économique à l’international, notamment en direction de l’Afrique et de l’Europe est-elle, autrement, une nouvelle façon pour les acteurs financiers d’appréhender leur rôle envers les opérateurs économiques et la communauté algérienne à l’étranger ?
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus globale visant à diversifier l’économie nationale et à s’ouvrir davantage sur le monde. En effet, notre pays souhaite développer ses échanges commerciaux et d’investissements, notamment avec les pays d’Afrique et de l’Europe.
C’est dans ce cadre que des efforts récents ont été déployés pour renforcer la présence des banques algériennes à l’étranger, il s’agit notamment de l’implantation progressive d’une filiale d’une banque publique en Europe, avec des plans d’expansion dans des zones à forte concentration de la communauté algérienne.
Nous avons également procédé à l’ouverture de deux banques en Afrique, au Sénégal et en Mauritanie, par l’union de quatre banques publiques. Les inaugurations des premières agences ont eu lieu respectivement les 20 et 21 septembre 2023. Il est prévu également, l’ouverture, avant la fin de l’année, d’une nouvelle banque algérienne en Côte d’Ivoire.
Quant à la filiale en France, l’obtention de son agrément est en cours de finalisation pour qu’elle puisse débuter ses activités.
Toutefois, aujourd’hui, les autres banques algériennes sont appelées à jouer un rôle essentiel dans cette stratégie, et nous travaillons en ce sens. Elles doivent impérativement adapter leurs stratégies pour soutenir les opérateurs économiques algériens dans leurs projets d’exportation et d’investissement à l’étranger.
Ces mesures devraient permettre aux banques algériennes de jouer un rôle plus actif dans le développement économique du pays et de renforcer leurs liens avec la communauté algérienne à l’étranger, consolidant ainsi la position et la présence financière du pays dans ces pays hôtes.
Cette décision a plusieurs avantages pour les opérateurs économiques et la communauté algérienne à l’étranger, il s’agit notamment d’offrir un meilleur accès aux services financiers pour les Algériens résidant à l’étranger.
Il est question aussi d’une stratégie de développement des marchés de capitaux et de la Bourse pour renforcer l’attractivité d’Alger en tant que place financière… Quels sont les points d’orgue de ces réformes du marché financier ?
La réforme du marché financier occupe, également, une place de choix dans les réformes financières dans leur globalité, en raison de son rôle catalyseur et d’accélérateur de la croissance.
Il convient de préciser que l’Etat a mis en place les infrastructures d’un marché financier fonctionnant selon les standards internationaux.
De plus, l’Etat a appuyé le développement et la modernisation de ce marché, dans les différentes phases de sa mise en place, notamment par l’octroi d’avantages fiscaux aux sociétés cotées et aux investisseurs, l’octroi d’une subvention de fonctionnement accordée annuellement à la Commission d’Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse (COSOB), la cotation des Obligations Assimilables du Trésor au niveau de la Bourse, ainsi que la mobilisation de plusieurs expertises pour améliorer le fonctionnement du marché financier et moderniser ses institutions.
Pour dynamiser ce marché, plusieurs actions sont en cours de réalisation pour pallier les différentes contraintes que connaît ce dernier. Ces actions concernent principalement l’adaptation de la règlementation, la modernisation des systèmes d’information des institutions du marché, l’émission des Sukuk et l’introduction en bourse de deux banques publiques, à savoir le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de Développement Local (BDL). Les travaux liés à l’introduction en bourse de ces deux banques sont à un stade avancé.
En effet, ces opérations d’ouverture de capitale visent à élargir la participation au capital de ces grandes institutions financières, ouvrant ainsi la voie à une plus grande implication du secteur privé. L’ouverture des capitaux de ces banques publiques représente une avancée significative vers une économie plus ouverte et concurrentielle.
Elle permettrait d’attirer des investisseurs intéressés par des partenariats stratégiques et des opportunités d’investissement dans le secteur bancaire national. En effet, les mécanismes nécessaires à cette ouverture ont été fixés, en incluant les modalités de participation, tout en préservant l’intérêt public.
La modernisation des systèmes budgétaires qui visent l’accroissement de la performance de la gestion budgétaire est un des objectifs de la nouvelle loi organique des lois de finances. Où en est la mise en œuvre de ces mécanismes de gestion ?
Avant tout, il est primordial de faire un tour d’horizon sur la mise en œuvre de la nouvelle approche budgétaire axée sur les objectifs et la performance des programmes, conformément aux dispositions de la loi organique 18-15 relative aux lois de finances entrée en vigueur en 2023.
Ce nouveau paradigme budgétaire, qui permettra une gestion plus transparente et efficace des recettes et des dépenses de l’Etat, a été rendu possible grâce aux différentes réformes opérées par le Ministère des Finances, notamment, par la révision du code des marchés publics, la loi relative aux règles générales de la comptabilité publiques, mais aussi par la prochaine finalisation de la nouvelle loi de partenariat public-privé.
En outre, la révision de la loi relative à la comptabilité publique a permis de définir les modalités d’opérer trois comptabilités: budgétaire, générale et d’analyse des coûts (CAC) conformément aux principes de la loi organique 18-15.
En effet, le ministère a été au rendez-vous, cette année et le sera pour l’année prochaine, quant à la distribution des affectations financières durant la première semaine du mois de janvier. Cela traduit notre engagement et notre volonté pour la réalisation des objectifs tracés dans le cadre de cette réforme.
Je tiens à préciser, également, que dans le cadre de la mise en œuvre effective de la loi organique relative aux Lois de Finances (LOLF), et afin de garantir sa pleine application, le Ministère des Finances œuvre, à travers la mise place de différents instruments de bonne gouvernance, à améliorer l’efficacité et la responsabilité dans la gestion des finances publiques, tout en favorisant la croissance économique et le bien-être des citoyens et en mettant un fort accent sur les principes de prévision et de transparence dans la gestion, piliers essentiels d’une bonne gouvernance, ce qui permettra aux citoyens et aux opérateurs économiques d’avoir une vision claire et précise de l’utilisation des fonds publics.
Pour accompagner cette réforme budgétaire, la Direction Générale du Budget du ministère des Finances prévoit de mettre en œuvre prochainement le Système intégré de gestion budgétaire (SIGB), qui permettra de mettre en place une comptabilité tridimensionnelle permettant de faire ressortir clairement les flux financiers et la vérification de la conformité des opérations réalisées des autorisations accordées.
Le SIGB englobe également un système de comptabilité générale permettant de refléter une image fiable sur les biens et la situation financière de l’Etat.
Dans cette perspective, le ministère des Finances s’est doté d’une structure centrale de numérisation et a élaboré une vision stratégique à moyen terme à travers le schéma directeur informatique stratégique 2024-2028. De plus, un Datacenter de haute qualité, pré-qualifié « tiers 3 », a été développé, intégrant les technologies les plus récentes, et sera opérationnel en décembre 2023. Ce datacenter hébergera toutes les solutions du secteur (Jibayatic, Moussahamatic, MACF, SIGB) dans un environnement de cloud privé hautement sécurisé, garantissant une disponibilité maximale des services. Il est important, également, de préciser qu’une formation sera dispensée pour préparer le personnel à gérer et exploiter ce datacenter, et à l’utilisation des différents systèmes d’information, notamment le SIGB.
Dans le cadre de la coopération internationale, l’Algérie partage son expérience des réformes économiques et financières avec les instances internationales… Comment ces réformes sont-elles perçues et accompagnées ?
Il est essentiel de souligner que les mesures économiques et financières mises en place par notre pays ont été favorablement accueillies par les organisations financières mondiales.
En effet, plusieurs institutions internationales ont salué les efforts consentis par l’Algérie lors de diverses visites effectuées dans notre pays, particulièrement en ce qui concerne le renforcement de la stabilité financière et la promotion de l’inclusion financière. Elles ont exprimé leur soutien et leur disposition à nous accompagner dans notre volonté de réforme.
Ces organisations internationales ont également identifié les défis auxquels l’Algérie est confrontée dans la mise en œuvre de ces réformes. Cependant, elles considèrent ce processus comme une avancée positive qui devrait contribuer au développement économique du pays.
H. N. A.