Mohammed Meziane, Secrétaire Général de l’Association des Auditeurs Consultants Internes Algériens (AACIA) et Président du Comité d’organisation du 10e Colloque International de l’Audit Interne, revient sur le rôle fondamental de l’audit dans les entreprises algériennes. Lors de cet événement, les échanges ont mis en lumière les enjeux de la lutte contre la fraude, la corruption et les défis liés à l’éthique. L’événement s’inscrit dans une démarche de renforcement de la transparence, en ligne avec les orientations nationales. Avec des intervenants de haut niveau, ce colloque marque un tournant pour l’audit interne en Algérie, confronté aux défis de la digitalisation et des nouvelles normes internationales de l’IIA. « La mutation de l’audit interne n’est pas achevée », affirme Meziane, convaincu que l’AACIA continuera à accompagner les institutions publiques et privées vers des pratiques plus transparentes et éthiques, essentielles au développement de l’économie nationale.
Interview réalisée par Karima Mokrani
Quelle a été votre perception de la teneur des débats lors des panels ? Pensez-vous que les discussions ont réussi à aborder les problématiques de l’audit interne en Algérie de manière pratique et réaliste, en tenant compte des spécificités locales ?
Une perception forcément positive (et elle l’a été) formulée en toute objectivité, exprimée avant tout en tenant compte, de la qualité et de la pertinence des différentes thématiques proposées aux participants présents lors de cette 10eme édition du colloque international de l’audit interne de l’Association des Auditeurs Consultants Internes Algériens (AACIA).
Ce rendez-vous marquant de par les thématiques proposées, se trouve être réellement en phase avec la stratégie nationale 2023-2027, de transparence , de prévention et de lutte contre la corruption, mise en place par les pouvoirs publics , pour contribuer à la moralisation de la vie publique et la lutte contre toutes formes de corruption.
L’AACIA a célébré en cette année 2024, le 10e anniversaire du C.I.A.I. Le colloque international de l’audit interne ne date pas d’aujourd’hui, il vient de loin, la première édition a eu pour dates inaugurales les 24/25 Mai 2010 et pour lieu d’accueil l’hôtel Safir Mazafran à ZERALDA, avec un thème central très actuel, à savoir : l’Audit interne, gouvernance et éthique : de nouveaux enjeux pour le management.
Ce cheminement accompli jusqu’au 28/29 octobre 2024 , par l’AACIA n’a pu l’être que grâce à la ténacité, au sens du sacrifice, à la capacité de rebondir, de proposer des thématiques qui collent à l’actualité nationale, de relever les défis, d’offrir une disponibilité, de chercher l’excellence pédagogique, caractéristiques clés d’un vouloir collectif porté dès la création de l’AACIA, en 1993, par des femmes et des hommes qui ont su lui rester fidèles, animés en cela par un bénévolat valeur fondamentale du mouvement associatif algérien.
L’AACIA incarnation effective du mouvement associatif utile et présent, maintient le cap, et travaille à l’approfondissement des thématiques inhérentes à l’actualité de l’audit interne.
Elle est devenue une force de propositions pour tout ce qui touche à sa vocation statutaire à savoir développer et promouvoir, une culture professionnelle, sereine, et apaisée des bonnes pratiques de l’audit interne au seul service des organisations nationales.
Ainsi, l’intitulé central du 10eme C.I.A.I : Fraude, corruption, éthique…les rôles « dévolus » aux auditeurs internes, suffisamment explicite dans sa portée sémantique est conforté par un « menu thématique alléchant : 19 communications de haut niveau», a pu favoriser, susciter et donner de la teneur aux échanges et débats qui n’ont pas manqué de caractériser ce grand rendez-vous institutionnalisé des auditeurs et autres professionnels de l’audit algériens.
Les apports, contributions et échanges relayés et portés par les auditeurs internes présents, ont permis aux organisateurs du 10eme C.I.A.I de prendre acte, de préoccupations pratiques inhérentes au métier de « l’audit interne algérien », qui gagne en maturité et professionnalisme, déployé qu’il est dans un environnement national avec ses spécificités, et qui s’adapte et s’inscrit dans une dynamique d’évolution continue.
Comment évaluez-vous le niveau des attentes des participants quant aux thématiques abordées ? Les professionnels présents expriment-ils des besoins spécifiques ou des demandes particulières pour renforcer l’audit interne face aux enjeux de fraude et d’éthique dans les institutions algériennes ?
La tenue de cette 10eme édition qui offre une nouvelle fois l’occasion aux professionnels algériens de l’audit interne de se mettre au diapason des faits majeurs marquant l’évolution continue de l’audit interne, est à considérer surtout comme un acte de persévérance pour continuer à vouloir, hisser l’audit interne en Algérie vers les bonnes pratiques consacrées universellement.
De par la variété des thèmes qui ont été abordés (avec deux interventions en langue anglaise) et qui ont été encadrés par d’éminents spécialistes et professionnels de l’audit interne nationaux et étrangers (Afrique du Sud, USA, Belgique, Cote d’Ivoire, France, Tunisie, RDC, Suisse), les travaux du colloque visaient à identifier de nouvelles perspectives devant inciter à l’accélération de l’ancrage essentiel, déterminant, vital , continu et surtout apaisé de l’audit interne et des règles de bonne gouvernance au sein des organisations de notre pays.
Il se veut également une occasion propice pour les participants d’écouter et d’échanger avec ces spécialistes de renom de l’audit interne et des autres questionnements propres à cet univers opaque de la fraude, spécialistes qui ont été chargés d’animer durant deux jours , la Conférence inaugurale pluri thématique, un focus for one, 5 plénières, soit l’équivalent dix neuf communications attendues.
De par la richesse des thématiques abordées, le nombre de plus de 300 participants enregistré, une assiduité remarquable des participants, des questions et demandes de clarification subtilement formulées, faits et actes venant attester le réel intérêt manifesté à l’endroit des différentes thématiques audacieuses focalisées autour de ces fléaux universels que sont, la fraude, la corruption, le blanchiment des capitaux, les conflits d’intérêts, les responsables de l’AACIA, sans verser dans le confort de la totale satisfaction, estiment en toute humilité avoir répondu aux attentes des participants.
A l’issue du déroulé des travaux du 10eme C.I.A.I, l’expression de besoins spécifiques par les professionnels présents s’est portée principalement sur des actions de formation orientées sur le mode opératoire, le comment faire réduire, atténuer, contenir ces fléaux répréhensibles que sont la fraude, la corruption, le blanchiment des capitaux, les conflits d’intérêts non seulement au niveau de l’audit interne mais également au titre de l’extension plus que nécessaire du périmètre de la responsabilité à d’autres acteurs exerçant des responsabilités opérationnelles et fonctionnelles (Directeurs, Divisionnaires, Chefs de départements, Chefs de services) au sein de l’organisation, l’éthique a été également citée comme une préoccupation majeure , à actionner et à renforcer par le biais d’actions de formation soutenues et élargies aux différents responsables hiérarchiques concernés.
Quelles perspectives voyez-vous pour l’audit interne en Algérie suite à ce colloque ? Selon vous, quels sont les défis prioritaires et les opportunités pour le développement de l’audit interne, et quels rôles pourraient jouer les institutions publiques et privées pour y répondre ?
L’audit interne en Algérie reste relativement jeune et ce en référence à l’article 40 de la loi charnière 88/01 du 12 janvier 1988, portant loi d’orientation sur les EPE. Les orientations des pouvoirs publics pour la mise en place et le renforcement de structures d’audit interne ont été pour beaucoup dans les avancées notables qu’a connues l’activité audit interne, grâce notamment à la professionnalisation généralisée et acquise par l’entremise de la formation, du corps des auditeurs internes.
L’AACIA a eu à participer et participe encore à cette louable action de formation en assurant la formation depuis 2009, de plus de 1000 auditeurs internes relevant principalement d’entreprises publiques, et disséminés sur le territoire national. Les perspectives de l’audit interne en Algérie sont prometteuses avec l’avènement de jeunes auditeurs rompus aux nouvelles technologies et maitrisant différentes langues dont l’anglais, langue privilégiée dans ses échanges par l’institution mondiale de l’audit interne, qu’est l’I.I.A.
La mutation de l’audit interne n’est pas achevée car elle au cœur d’enjeux économiques importants. Cette mutation du métier est déjà là, avec la mise en application opérationnelle des nouvelles normes internationales de l’IIA de 2024, dont l’entrée en vigueur est annoncée dès janvier 2025.
Les institutions publiques et surtout privées gagneraient à se doter dans les meilleurs délais, de structures d’audit interne. Les avantages induits par cette mise en place sont multiples et variées pour les institutions visées.
L’AACIA, dépositaire d’un savoir-faire légitime et reconnu par différents partenaires, se tient à la disposition de ces institutions pour leur apporter son expertise dans le domaine de l’audit interne.
K. M.