Rencontré à Oran, en marge de la 33ème conférence du GAIF, Marami Kamel, directeur des assurances au ministère des Finances, évoque, dans cette interview qui suit, toute l’importance qu’accorde l’Algérie à l’évènement, mais aussi du chantier de réforme du cadre juridique régissant l’activité des assurances, ouvert au sein du ministère avec la participation de l’UAR et du CNA. Pour le directeur des assurances au ministère des Finances, il s’agit d’un chantier qui place les préoccupations des assureurs algériens au centre des débats de réforme, dont la finalité est de permettre au marché algérien des assurances de se développer davantage et d’assumer pleinement son rôle de générateur de plus-value et de croissance.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
L’Algérie vient d’abriter la 33e conférence de la Fédération générale arabe des assurances du GAIF. Que représente cet évènement pour vous ?
L’Algérie a accueilli la 33e conférence de l’Union générale des assurances arabe. C’est un grand évènement dont l’organisation a été prévue initialement en 2020, mais qui a été reportée en raison de la pandémie liée à la Covid-19. L’évènement s’est enfin tenu à Oran après avoir été reporté à deux reprises. Il s’agit d’une rencontre importante aussi bien pour les acteurs du marché arabe des assurances que pour la communauté algérienne des assureurs. Cet évènement permet une plus grande ouverture de notre marché, sachant que la rencontre a connu la participation de plusieurs acteurs des différents marchés, arabe, africain et européen. Il s’agit ainsi d’un évènement qu’on peut qualifier d’international.
Les débats de cette conférence, traitant aussi bien des défis auxquels sont confrontées les compagnies d’assurance dans une conjoncture mouvante que du gap en matière du coût du risque et sa couverture, sans oublier des problématiques de digitalisation, étaient d’une grande qualité scientifique et technique. Quelle lecture pouvez-vous en faire ?
Ce sont des débats qui ont porté sur des questions d’actualité qui concerne le secteur des assurances et son développement. Il s’agit de quêter les mécanismes et la vision appropriée pour développer le marché et arrêter une stratégie qui permet de faire face à des défis que connait actuellement l’industrie de l’assurance. Les défis concernent, entre autres, la solvabilité des compagnies d’assurance, leur développement et la couverture des risques nouveaux auxquels sont confrontées aussi bien les sociétés que les individus. Ce sont des défis et non des moindres qui s’offrent à l’ensemble des marchés.
Les acteurs du marché algériens des assurances évoquent l’impératif d’une réforme du secteur afin de l’adapter aux mutations technologiques et renforcer sa résilience face à ces défis. Y aurait-il un travail qui se fait actuellement à votre niveau ?
Effectivement ! Nous sommes à l’écoute des acteurs du marché algérien des assurances qui ont eu à faire part de leurs préoccupations. La preuve en est qu’un grand chantier a été ouvert pour revoir les textes régissant l’activité des assurances. Un comité ad hoc, dans lequel siègent des membres de l’UAR et du CNA et des responsables du ministère des Finances, a été d’ailleurs mis en place pour examiner toutes les propositions et recommandations qui émanent de l’ensemble des acteurs du marché et spécialement de l’Union algérienne des compagnies d’assurance et de réassurance (UAR) qui représente l’ensemble des sociétés d’assurance. Nous espérons être à la hauteur des attentes des acteurs du marché et parvenir à adopter de nouveaux textes réglementaires de nature à booster le marché des assurances en Algérie.
En dépit du potentiel du marché algérien des assurances, sa croissance et son taux de pénétration, estimé à 0,8%, sont pour le moins en-deçà des attentes. Quelles sont vos pronostics par rapport à l’évolution du marché dans les années à venir ?
Il est vrai que le taux de pénétration, estimé à 0,8% est faible, mais montre en même temps que les marges de progression sont très importantes. Les opportunités le sont également. Nous prévoyons atteindre les 2% à court terme, un taux qui représente un bond important pour le secteur. Il faut, cependant, travailler ensemble afin de trouver les mécanismes et les instruments nécessaires afin de développer davantage ce secteur.
Comment qualifiez-vous l’intérêt des compagnies étrangères pour le marché algérien des assurances ?
Nous avons sur le marché des compagnies créées en partenariat avec des groupes mondiaux. L’expérience du partenariat a fait ses preuves et nous venons d’agréer une nouvelle société spécialisés dans le Takaful. En 2021, nous avons mis en place une autre forme d’assurance pour pouvoir développer davantage le marché à travers les notions de Takaful et depuis l’année dernière nous en avons agrée trois fenêtres et une société à part entière. Une seconde société Takaful est actuellement en cours d’agrément. Il s’agit d’un nouveau créneau qui répond à un besoin et à des demandes spécifiques de certains opérateurs et assurés.
H. N. A.