Le président-directeur général de Shariket Kahraba El Djazaïr (SKE), Mahmoud Boussensla, aborde à travers cet entretien qu’il a bien voulu accorder au magazine Indjazat, les rôles et missions de cette importante société spécialisée dans la production de l’énergie électrique. Il évoque, entre autres, sa situation financière et managériale, ses perspectives de développement à court et moyen termes, ainsi que les potentialités dont elle dispose pour pouvoir s’impliquer à l’avenir dans d’éventuels projets de développement d’énergies renouvelables.
Entretien réalisé par A. Boabdil
Pouvez-vous nous faire une brève présentation de Shariket Kahraba El Djazaïr ? Quels est son statut juridique actuel et quelles sont ses principales missions ?
Shariket Kahraba El Djazaïr, SKE, est une société par actions (SPA), détenue conjointement par les groupes Sonelgaz et Sonatrach, respectivement à hauteur de 51% et 49%. En termes de missions, la vocation première et essentielle de la SKE est d’opérer en tant qu’acteur important dans la production d’énergie électrique classique.
Comment se porte aujourd’hui SKE au plan managérial et financier et à combien sont évalués ses effectifs?
Au plan financier, Shariket Kahraba El Djazaïr se porte actuellement très bien. L’énergie électrique étant une ressource demandée et dont on ne peut pas se passer, notre société se porte donc naturellement bien en termes de résultats financiers et de rentabilité. En termes d’effectifs, SKE compte actuellement un total de 370 employés.
Dans quels domaines d’activité et de production intervient plus précisément SKE?
Au stade actuel, SKE intervient uniquement dans le domaine de la production de l’énergie électrique classique. Elle pourrait bien entendu intervenir dans d’autres domaines, mais cela relève d’abord de la stratégie du groupe Sonelgaz dont nous faisons partie et c’est au groupe qu’il appartient de fixer les stratégies futures de la production d’énergie électrique à partir du solaire ou de l’éolien par exemple. Dans l’immédiat, notre activité est axée essentiellement sur la production d’énergie électrique classique. Il faut cependant souligner qu’au sein de notre parc, nous disposons de différentes technologies dont la plus importante est celle des cycles combinés, car ce sont des cycles rentables qui ont des rendements excellents par rapport aux cycles simples.
Quelle est la consistance actuelle du parc de production électrique relevant de la SKE?
Nous disposons actuellement d’un parc global composé de quatre centrales, dont trois en cycles combinés et une en cycle simple, consistant donc en une turbine à gaz. Les cycles combinés sont composés, eux, de turbines à vapeur et de turbines à gaz pour produire de l’énergie électrique. Pour les turbines à vapeur, la production est déduite à partir des gaz d’échappement de celles à gaz et nous récupérons ainsi pratiquement toute l’énergie à la sortie de la turbine à gaz, à travers bien entendu un générateur de vapeur. C’est pour cela que le rendement des cycles combinés est largement meilleur et est même excellent.
Envisagez-vous justement de convertir la centrale à cycle simple en cycle combiné pour parvenir à en améliorer les rendements?
Pour le moment, un tel projet n’est pas encore à l’ordre du jour, car cela nécessite de nouveaux investissements et vaudrait dire que l’on va mettre un produit en plus sur le marché, c’est à dire sur le réseau national. Actuellement, nous ne sommes pas dans cette option car la vision des pouvoirs publics et du groupe Sonelgaz est orientée surtout vers le développement d’énergies renouvelables, soit les énergies solaire et éolienne. C’est surtout ces domaines qui sont aujourd’hui d’actualité.
Quels nouveaux investissements prévoit la SKE à court et moyen termes?
Le plan d’investissements de la SKE dépend avant tout de la stratégie globale décidée par la tutelle, c’est-à-dire le ministère de l’Énergie, en collaboration avec la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG) et le groupe Sonelgaz. Les futures investissements dépendront donc de la demande. Actuellement, la puissance disponible est largement supérieure à la demande pour ce qui est du réseau national. Aussi, le plan de développement et d’investissements dans de nouveaux complexes pour la production d’énergie électrique pourraient venir par la suite selon la demande du réseau national. Pour nous, à ce stade et pour le moyen terme, les investissements sont concentrés surtout sur le maintien de notre parc de production.
Quelles actions développe SKE pour participer à la mise en œuvre de la stratégie du secteur visant à favoriser le développement des énergies renouvelables?
Notre statut nous permet tout à fait d’être actifs dans ce domaine, si pouvoirs publics, à travers notre tutelle, nous le demande. Le groupe Sonelgaz dispose déjà d’une vision stratégique en la matière, avec des filiales auxquelles sont dédiées des missions particulières, tel que Sonelgaz ENR, dont relève pour le moment tous les projets relatifs aux énergies renouvelables. SKE reste pour sa part concentrée, jusque là, sur la production d’énergie électrique classique uniquement, mais nous sommes, bien entendu, aptes à intervenir dans le domaine du renouvelable si l’on fait appel à nous.
La stratégie de développement de votre société intègre-t-elle d’éventuels projets de partenariat avec de grandes firmes étrangères?
La technologie que nous utilisons au niveau de nos centrales électriques est généralement une technologie de pointe. Aussi, nous n’avons d’autres choix que de veiller à travailler avec les meilleurs partenaires au monde. D’ailleurs, le matériel dont nous disposons actuellement est fourni par les plus grands constructeurs mondiaux en ce domaine. Nous disposons en effet de centrales construites par General Electric (GE) qui est un grand constructeur américain et nous avons également d’autres centrales construites par le groupe allemand Siemens et par l’ex-branche énergie d’Alstom, rachetée depuis par GE. Aussi, nous sommes toujours à l’affût de ce qui ce fait de mieux au monde et le développement de notre activité se fait en partenariat avec ces constructeurs, à travers des contrats de travail engagés avec eux dans le cadre notamment de la maintenance et des mises à jours technologiques régulières de nos structures.
Faites-vous également appel aux filiales spécialisées dans le production de pièces de rechange dont dispose le groupe Sonelgaz?
Absolument. Et pas uniquement au filiales de Sonelgaz, mais aussi à certains fabricants algériens qui font de la pièce de rechange de qualité et auprès desquels nous nous approvisionnons en fonction de la disponibilité des pièces recherchées. De même, nous confions généralement nos travaux de maintenance aux filiales de Sonelgaz, d’autant que cela est plus simple pour nous de travailler directement avec elles, dans la mesure où nous relevons de la même holding et de la même branche d’activité et que la qualité des prestations qu’elles fournissent répond parfaitement aux standards et normes de ce qui se fait de mieux dans ce domaine.
Quelle place occupe aujourd’hui la digitalisation dans les modes d’exploitation et de gestion des différentes structures de la SKE?
La digitalisation fait partie de nos objectifs prioritaires. Nous fournissons des efforts réguliers pour être au diapason en ce domaine, tant au plan managérial que pour l’exploitation de nos équipements, ainsi que pour plusieurs autres volets dans lesquels nous développons une activité intense pour être à jour en termes de technologies numériques.
H. N. A.