Au cœur de la révolution monétique en Algérie, la Société d’Automatisation des Transactions Interbancaires et de Monétique (SATIM) se positionne en tant qu’acteur essentiel dans la modernisation des services bancaires. De la sécurisation des paiements où elle jour un rôle essentiel, à la promotion des moyens électroniques de paiement qui se propagent doucement mais sûrement dans le pays, SATIM, en sa qualité de switch national, œuvre pour faciliter les transactions interbancaires, stimuler l’adoption des paiements par carte et anticiper les évolutions, notamment vers les paiements mobiles. Madjid Messaoudène, Directeur Général, détaille dans cette interview les différentes missions, les grands défis et les perspectives proches et lointaines de cette entité dynamique qui ambitionne de jouer un rôle majeur sur la scène internationale. Un ancrage local, des ambitions internationales : le pari de SATIM pour une révolution financière.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Quelles sont les principales missions et objectifs de la SATIM en tant qu’opérateur monétique interbancaire en Algérie, et comment contribue-t-elle au développement et à la modernisation des banques, ainsi qu’à la promotion des moyens de paiement par carte ?
Le rôle de SATIM en tant qu’opérateur monétique interbancaire est crucial dans la promotion des paiements par carte ; son action est essentielle pour garantir un environnement de paiement électronique sûr, efficace et innovant. Ses principales missions et objectifs incluent le traitement des transactions, l’autorisation des paiements.
L’une des priorités majeures est d’assurer la sécurité des paiements, des systèmes de protection, des normes de sécurité et des protocoles de chiffrement pour minimiser les risques de fraude et garantir la confidentialité des données des clients.
SATIM dans sa fonction de switch national assure l’interbancarité entre les banques permettant aux clients d’une banque d’utiliser leur carte de paiement dans des terminaux de paiement appartenant à d’autres banques, ce qui facilite les transactions et élargit l’acceptation des cartes ; elle assure également l’interopérabilité des transactions entre les banques et Algérie poste.
Une des missions de SATIM consiste en la supervision des moyens de paiement, ATM, terminaux de paiement électronique et Web marchands
Un autre rôle de SATIM est de faire la promotion des paiements par carte ou par mobile en sensibilisant les clients et les commerçants aux avantages de cette méthode de paiement, tels que la commodité, la traçabilité des dépenses et la réduction de la manipulation d’espèces s’alignant avec les objectifs gouvernementaux.
Dans une vision à court terme et futuriste, SATIM encourage l’innovation dans le domaine des paiements électroniques en collaborant avec les banques pour développer de nouvelles solutions, telles que les paiements sans contact, les paiements mobiles, et d’autres technologies émergentes.
En intégrant des systèmes monétiques avancés, SATIM contribue à la modernisation des services bancaires, permettant aux banques de rester compétitives en offrant des options de paiement de pointe à leurs clients.
Son ambition est de devenir un processeur central pour les banques en ce qui concerne les réseaux de paiement internationaux notamment Mastercard, Visa…
Quel est, selon vous, l’impact de la carte CIB sur les habitudes d’achat des citoyens algériens, et comment cette carte a contribué à la croissance soutenue des services de la SATIM, notamment en termes de nombre d’automates bancaires, de terminaux de paiement électronique et de sites Web marchands opérationnels ?
L’impact de la carte bancaire sur les habitudes d’achat des citoyens algériens est significatif, favorisant la transition vers les paiements électroniques et la croissance des services de monétique.
Dans le cadre de la stratégie des pouvoirs publics qui vise la modernisation des services bancaires et au développement du paiement électronique, on constate une augmentation du nombre d’automates bancaires, nous comptons à ce jour plus de 3 700 automates bancaire « ATM », plus de 50 800 terminaux de paiement électronique « TPE » et plus de 400 sites web marchands.
Il est à noter une évolution des habitudes de consommation motivée par l’émergence du commerce en ligne. Les sites web marchands ont gagné en popularité, offrant aux consommateurs la possibilité d’acheter des produits et des services en ligne. Cela a favorisé la diversification des options d’achat et a contribué à la croissance du commerce électronique en Algérie.
Où en est actuellement l’écosystème monétique en Algérie, ses tendances, ses défis et ses opportunités pour la SATIM et le secteur bancaire en général ?
Pour ce qui est de l’écosystème monétique en Algérie, nous constatons une adoption croissante des paiements électroniques et des cartes bancaires ainsi qu’une expansion du commerce en ligne.
Les défis potentiels demeurent l’accès limité aux services bancaires dans certaines régions et une préférence persistante pour les paiements en espèces.
Une stratégie nationale pour le développement des paiements électroniques a été mise en place pour promouvoir la bancarisation des transactions et renforcer l’inclusion financière.
Les opportunités pour SATIM et le secteur bancaire ont été l’introduction de nouvelles technologies telles que la diversification des services de monétique, à titre d’exemple le développement de solutions de paiement mobile. Des projets d’ouverture à l’international ont également été lancés.
Vous avez initié un processus d’intégration pour les Web marchands sur la plateforme de la SATIM, en particulier pour demander la certification d’un module de paiement destiné aux sites Web marchands… Quel bilan pouvez faire présentement ?
Le processus d’intégration a été facilité à travers l’utilisation de la plateforme CIBWEB.dz, le nombre de Web marchands ne cesse de croître. A ce jour, nous comptons plus de 400 Web marchands adhérents au système de paiement sur internet par carte interbancaire dont 320 Web marchands en production. Nous allons vers l’industrialisation pour une fluidité d’intégration des Web marchands dans des délais records.
Quelles sont les mesures de sécurité mises en place par la SATIM pour prévenir la fraude dans les transactions, en particulier dans le contexte du e-commerce et de la vente à distance ? Comment la SATIM gère-t-elle, contrôle-t-elle et prévient-elle les risques de fraude sur les transactions effectuées via ses services ?
SATIM assure la sécurité des transactions à travers la plateforme e-paiement sur deux volets, sur le volet infrastructure et télécommunication, SATIM dispose d’une plateforme de sécurité composée des équipements de sécurité de dernière génération conforme aux standards internationaux permettant de détecter et bloquer les attaques sur le web ; sur le volet applicatif, SATIM dispose d’un module spécifique de lutte contre la fraude qui permet d’analyser en temps réel toutes les transactions effectuées sur la plateforme e-paiement et de bloquer les transactions suspectées frauduleuses.
En plus des outils, un travail d’analyse est effectué grâce a une équipe d’expert dans le domaine.
La transition vers les paiements mobiles est un sujet d’actualité majeur. Pourriez-vous nous informer sur les plans de la SATIM en matière de switching vers les paiements mobiles ? Est-ce un processus en cours et quelles sont les étapes envisagées dans cette transition ?
SATIM travaille constamment sur le développement de l’infrastructure pour prendre en charge les paiements mobiles, y compris des systèmes de traitement des paiements, des applications mobiles et des mécanismes de sécurité. Aussi, nous devons nous conformer à la réglementation locale en matière de paiement. La technologie des paiements mobiles évolue rapidement, nous nous adaptons aux nouvelles tendances et aux besoins changeants des clients. En parallèle, un travail de sensibilisation et d’éducation sera fait pour informer sur les avantages et l’utilisation des paiements mobiles afin d’encourager l’adoption. A SATIM, nous conjuguons nos efforts afin de mettre en place un switch mobile qui permettra l’interopérabilité des solutions mobiles de toutes les banques.
Quelles sont les perceptives de SATIM à court et à moyen terme ?
Les perspectives de SATIM à court terme sont, dans un premier temps, d’assurer les activités qui représentent notre cœur de métier en tant que switch, processeur, laboratoire de pré-certification et d’homologation. Nous améliorons constamment nos services et accompagnons les banques dans la mise en place et le développement de produits monétiques. A moyen terme, SATIM ambitionne de jouer un rôle central dans l’évolution du paysage financier algérien à travers le renforcement de notre réseau et en favorisant l’utilisation des moyens de paiement électronique. Pour nous, il est primordial de renforcer l’inclusion financière.
Au sein de l’écosystème des paiements, nous mettons en place des procédés répondant aux exigences de la place que ce soit en termes de nouveaux produits, de services ou de solutions.
Êtes-vous prêt à conquérir le marché international ?
Absolument, SATIM est résolument prête à conquérir le marché international. En plus de ses activités nationales, l’entreprise s’engage dans les services internationaux, notamment le routage des transactions vers les réseaux internationaux, l’émission et la personnalisation de cartes MasterCard.
Cette expansion témoigne de la volonté de SATIM de jouer un rôle plus étendu dans le secteur monétique à l’échelle mondiale, en offrant ses services et son expertise au-delà des frontières nationales.
Actuellement, des banques algériennes se sont implantées en Afrique et Europe, notre vision à moyen et long terme est de proposer nos services à l’international.
H. N. A.