Effectuant son désormais traditionnel round-up avec les responsables des médias nationaux, au courant du mois de septembre écoulé, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a consacré une bonne partie de son intervention au grand sujet de l’heure, à savoir la révision de la Constitution dont le référendum populaire est prévu pour le 1er novembre prochain.
Par Azouz Kafi
ierre angulaire du projet de «l’Algérie nouvelle» promise dès son élection en décembre 2019 , cette démarche référendaire vise selon le premier magistrat du pays, à asseoir dans les faits la souveraineté du peuple et sa profonde volonté.
«L’Etat algérien sera, après le référendum sur la révision constitutionnelle prévu le 1er novembre 2020, davantage moralisé et véritablement au service du citoyen et non pas au service d’un groupe de personnes qui exerce sur lui une autorité paternaliste», dira-t-il, assénant que «le peuple décidera seul de son destin».
Aussi, dira- t- il, «si le peuple veut le changement, il est temps de l’opérer» a-t-il souligné expliquant qu’une fois consacrée, la nouvelle Constitution permettra «une représentation réelle, qui offrira de larges prérogatives aux élus».
Dans cette optique, le Président semble vouloir s’adosser plus sur l’élan de la jeunesse et de la société civile, dont il n’a eu de cesse d’encenser depuis son investiture à la tête de l’Etat, et qu’il considère comme «de véritables partenaires dans la gestion de ses affaires».
Ceci d’autant qu’imparablement, une partie de la classe politique traditionnelle dite d’opposition a déjà marqué son rejet de la consultation populaire sur la nouvelle constitution, à l’instar du MSP qui s’est prononcé publiquement en faveur du non. De fil en aiguille, Abdelmadjid Tebboune a également fustigé, de nouveau, la pratique de la corruption et de l’agent sale qu’il a qualifiés de cancer qui s’est propagé dans la société et dont il préconise de combattre en garantissant la transparence dans la gestion «de la base jusqu’au sommet», a-t-il insisté, réitérant que «la loi sera intransigeante vis-à-vis de tous ceux qui recourent à l’argent sale», prévient-il.
Autre sujet crucial, la rentrée scolaire, à l’aune de la crise sanitaire due au coronavirus. Sur ce plan, le chef de l’Etat a été on ne peut plus clair, indiquant qu’elle ne pourrait être effectuée qu’en concertation avec le Comité scientifique et les médecins, rappelant que l’Algérie a prioritairement opté pour la protection du citoyen, avant tout, mais n’excluant pas, toutefois, la possibilité de la programmer «en fonction de la situation pandémique de chaque wilaya», a- t- il fait savoir.
S’agissant de la rentrée universitaire, le Chef de l’Etat a indiqué que l’Université aura la latitude pour en fixer la date, faisant remarquer qu’il n’y aura pas «un jour unifié» pour cette rentrée qui devrait se faire «en fonction de l’organisation et du planning de chaque établissement».
Source d’intérêt certain, son intervention sur le volet économique a également capté l’attention des ses interlocuteurs, notamment quand il fait part de l’ouverture d’ateliers économiques, «immédiatement après les élections», afin de réaliser un bond économique en concertation avec tous les acteurs de la société.
«Ces ateliers», explique Abdelmadjid Tebboune, seront organisés par une commission nationale qui comprendra, entre autres, «des économistes, des sociologues, des journalistes, des syndicalistes, des imams ainsi que toutes les autres catégories de la société», a-t-il précisé.
Dans le même ordre d’idées, le Président de la République a fait part de la révision prochaine de la loi sur la Monnaie et le Crédit et l’engagement d’une réflexion sur la création de mécanismes pour couvrir les risques de change encourus par les opérateurs économiques en raison de la dépréciation de la monnaie nationale, non sans faire savoir de la réduction «impérative» du budget destiné aux transferts sociaux, oscillant entre 12 et 14 milliards de dollars par an, tout en prenant le soin de faire observer que de telles potentielles coupes budgétaires n’attenteront pas aux mobilisations en faveur «des catégories défavorisées, aux pauvres et aux indigents», a-t-il rassuré, affirmant que la révision constitutionnelle préservera le caractère social de l’Etat.
Au niveau extérieur, enfin, Abdelmadjid Tebboune a évacué l’idée de renoncer à l’accord d’association avec l’Union européenne (UE). A ce titre, l’Algérie procèdera, a-t-il laissé entendre, à une révision du calendrier relatif au démantèlement tarifaire, en fonction de ses intérêts économiques. Portant une saillie, pour ce qui est du soutien financier de l’Etat aux entreprises économiques impactées par la pandémie de Covid-19, le Président a indiqué que l’Etat indemnisera les entreprises touchées par la pandémie, mettant en avant que «la loi de finances pour 2021 précisera tous les détails de ce soutien et que l’Etat indemnisera les entreprises touchées par la pandémie». Achevant son face à face avec la presse nationale, Abdelmadjid Tebboune a évoqué la liberté de la presse en Algérie, pour dire que cette dernière était libre et qu’aucune restriction ne lui était imposée, précisant, cependant, que «la liberté d’expression avait des limites et qu’il existait des lois applicables à tout un chacun», dira- t -il.
A l’international, le Président de la République a réaffirmé les principes immuables de l’Algérie à l’égard de la cause palestinienne et de la situation en Libye.
«La cause palestinienne, est sacrée pour nous et pour l’ensemble du peuple algérien», a-t-il rappelé, estimant que cette cause « centrale du Proche- Orient et déplorant, surtout «l’empressement pour la normalisation (avec l’entité sioniste), à laquelle nous ne prendrons jamais part», a-t-il conclu.
A. K.