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Le président Tebboune à la chaîne tv Al Jazeera : «Une Algérie pacifiste et neutre dans un environnement complexe»

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Dans une interview éminemment politique accordée, fin mars écoulé à la chaîne mainstream qatarie Al Jazeera, le président de la République s’est fait un devoir de rappeler les fondamentaux intangibles qui catalysent la politique étrangère de l’Algérie, mettant l’accent sur le caractère  «pacifiste et neutre» d’un État historiquement non aligné qui «œuvre à évoluer dans son environnement régional et international complexe», a soutenu Abdelmadjid Tebboune.

Par Azouz Koufi

Linterview menée par l’icône algérienne d’Al Jazeera, Khadija Bengana, s’est distinguée autant par la pertinence de questions cruciales, voire lancinantes à l’aune des profonds bouleversements que connait présentement le monde, que par la clarté des réponses et ne souffrant d’aucune équivoque du chef de l’État.

Dans ce contexte, et en préambule, le Président Tebboune a mis en lumière la philosophie de la diplomatie algérienne en affirmant que l’Algérie était «un État pacifiste et neutre qui œuvre à évoluer dans un contexte marqué de plusieurs défis sécuritaires le long de ses frontières menacées et dans son entourage géographique, notamment dans cette conjoncture internationale complexe», expliquera- t- il sur ce chapitre.

Sujet d’une actualité brûlante, la guerre russo- ukrainienne s’est incrustée dans l’entretien, la journaliste d’Al Jazeera voulant savoir si les relations, qualifiées de bonnes, entre l’Algérie et la Russie ne dérangeaient pas les États-Unis, chef de file de l’occident.

«Nous essayons de leur (Les USA, NDLR) expliquer que notre appartenance n’est pas militaire et qu’il ne s’agit pas non plus d’un parti pris idéologique. Nous sommes un État neutre et nous nous considérons comme étant amis des États-Unis. Le non alignement est notre politique », a répondu le chef de l’État; ajoutant que «les plus grandes compagnies pétrolières en Algérie sont américaines et il n’y a pas de problème», fera- t-il remarquer.

Abdelmadjid Tebboune ne manquera pas d’ailleurs de rebondir sur le même angle, indiquant que sur la base de sa crédibilité et le poids de sa diplomatie, l’Algérie était habilitée à jouer le rôle de médiateur entre la Russie et l’Ukraine, comme elle l’a historiquement tenu dans de nombreux conflits.

« Nous l’avons fait à maintes reprises vu le poids de la diplomatie algérienne. Il y a toujours eu un résultat. L’Algérie n’intervient jamais dans une médiation si elle n’est pas sûr du résultat », a encore assuré le président de la République.

Concernant la question précise de la crise ukrainienne, et en réponse aux sollicitations du Haut représentant de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, en visite de travail récemment à Alger, en vue d’une médiation entre les deux pays,  le Président Tebboune a nourri l’espoir que  les deux parties au conflit puissent accepter la médiation ; soulignant dans la foulée qu’il s’apprêtait à effectuer une visite à Moscou, en mai prochain, à l’invitation du président russe Vladimir Poutine. Enfin, au plan interne, le Chef de l’État a brièvement axé sur « les prétendues restrictions aux libertés et aux médias en Algérie avancées à chaque fois par certaines parties » a- t- il relevé, pour dire quelles étaient « intimement liées aux tentatives de déstabilisation du pays». Dans ce sens, et tout en retenant les critiques formulées par certains médias à l’État, Abdelmadjid Tebboune a admis que les critiques étaient les bienvenues à travers la proposition d’idées alternatives et de plans économiques différents de ceux adoptés par le gouvernement mais s’insurge contre « les insultes et la défense des intérêts étrangers ainsi que la perception de fonds étrangers. Chose inacceptable » a fini par tonner le Président.

A. K.

SAHARA OCCIDENTAL

«Une affaire de pure décolonisation»

Réitérant la position intangible de l’Algérie sur la question du Sahara occidental, le président de la République a affirmé qu’il s’agissait d’une affaire «de pure décolonisation, inscrite au niveau de la  Commission de décolonisation à l’ONU», estimant que l’Algérie «qui milite pour la liberté des peuples» a- t- il rappelé, «soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».

Il enchaînera, soulignant que «Nous avons milité en sa faveur et nous continuons à militer pour la liberté des peuples. Nous soutenons le droit du peuple sahraoui au référendum et nous soutenons son choix, quel qu’il soit», assènera- t-il, dans ce même sens.

Droit dans ses bottes, il fustigera, par ailleurs, un «folklore diplomatique», à travers l’ouverture de consulats dans les territoires sahraouis occupés ; ce alors qu’un grand nombre de pays « reconnaissent la République sahraouie, un des membres fondateurs de l’Union africaine », a déploré Abdelmadjid Tebboune.

Et de tordre le cou aux surenchères et mystifications autour de la position algérienne à l’égard de la question sahraouie, en révélant puissamment que le gouvernement espagnol sous Franco avait proposé le Sahara occidental à l’Algérie en 1964, « proposition rejetée à l’époque par le regretté Président Ahmed Ben Bella», a rappelé le chef de l’État. L’occasion, également, pour lui de revenir sur le cash politico économique entre l’Algérie et l’Espagne et qui a valu la rupture du Traité de bon voisinage et de coopération qui liait les deux pays, « violé» à ses yeux par le gouvernement Sanchez ; estimant que ce qu’a fait l’Exécutif actuel espagnol était «injuste envers le peuple sahraoui et constitue une violation des us internationaux et du Droit international».

Dans ce contexte, le président de la République n’a pas manqué d’accabler un gouvernement qui a « feint d’ignorer qu’il était la puissance administrante du Sahara occidental, censée être neutre mais a été impartiale du fait d’agissements secrets qui ne la déchargent pas de sa responsabilité », a- t- il expliqué.

Cependant, et faisant un juste distinguo, le chef de l’État a tenu à rassurer le peuple espagnol sur la continuité de son approvisionnement en gaz naturel, soulignant qu’ «Il y a même eu une augmentation des approvisionnements, car nous pensons à l’avenir des peuples».

In fine, le Président soutiendra que l’Espagne restait un État ami ayant avec l’Algérie une relation très bonne, «qui n’a pas changé avec les institutions espagnoles, le peuple et le palais royal».

Il entretiendra surtout cette lueur d’espoir en affirmant que les échanges commerciaux avec l’Espagne ne se sont pas interrompus, relevant même l’existence de certains contrats commerciaux toujours en vigueur entre les privés, « même si les échanges ont sensiblement baissé, les opérateurs algériens ayant été affectés au même titre que l’État algérien par l’attitude espagnole qui n’a pas été à la hauteur de la confiance et de l’amitié qui nous unissaient».

Exit, le spectre d’un point de non- retour ? La réponse reste liée à un éventuel changement de gouvernement en Espagne qui amènerait, par ricochet, un possible changement de la position algérienne.

« Les propos du chef du gouvernement Pedro Sanchez concernant le Sahara occidental ne seront plus de mise en cas de changement de gouvernement espagnol », a conclu le président de la République.

A. K.

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