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L’audit interne en Algérie : Tordre le cou aux préjugés

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Photo de groupe des participants au 10e Colloque international de l’audit interne organisé à Alger les 28 et 29 octobre 2024

L’audit interne en Algérie, encore à ses débuts, s’inscrit dans une dynamique mondiale visant à renforcer la transparence, la gestion des risques et la lutte contre la fraude et la corruption.

Ce processus, bien qu’encore en construction, reflète une prise de conscience croissante de l’importance des mécanismes de contrôle interne pour une gestion pérenne et éthique des organisations. 

Pour comprendre cette évolution, il est nécessaire d’éclairer l’expérience algérienne à travers les prismes d’autres modèles et des contributions d’experts nationaux et internationaux, dont les analyses nourrissent les propos qui suivent.

Par Hacène Nait Amara 

une culture en gestation

En Algérie, l’audit interne évolue progressivement, porté par une culture de gestion encore réticente à embrasser pleinement le rôle stratégique des auditeurs.

 Comme le souligne Lilia Chentli, directrice Risk Advisory chez Ams Audit, « autrefois perçus comme une sorte de police répressive, les auditeurs sont désormais vus comme des alliés stratégiques pour atteindre les objectifs de l’entreprise ». 

Cette perception positive reste cependant conditionnée par le soutien du management et la mise en place d’une culture organisationnelle adaptée.

Sur le plan réglementaire, l’Algérie a fait des progrès notables. Un cadre légal a été établi pour lutter contre la corruption et renforcer les dispositifs de contrôle interne, incluant notamment des comités de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cependant, impliquer davantage les acteurs privés permettrait de mieux prendre en compte les risques spécifiques aux entreprises et de bénéficier d’une expertise locale accrue.

Leçons puisées dans l’expérience internationale

Pour mieux situer l’audit interne en Algérie, les expériences internationales, notamment celle des États-Unis, offrent des enseignements précieux. Mark Kramer, expert en gouvernance et en audit, met en lumière les obstacles qui freinent la reconnaissance des auditeurs comme alliés stratégiques. Dans de nombreux cas, les directions d’entreprises s’opposent à la divulgation de fraudes par crainte d’atteinte à leur réputation. Toutefois, la mise en place de comités d’audit indépendants s’est avéré une stratégie efficace pour contourner ces résistances.

En matière de formation, il est souligné l’importance des compétences techniques et de l’intégration des nouvelles technologies. Le recours à des outils de détection avancés, comme les analyses de données et l’intelligence artificielle, est crucial. En effet, ces technologies permettent non seulement d’identifier les anomalies, mais aussi de prévenir les risques avant qu’ils ne causent des pertes significatives.

La technologie au service de l’audit

L’intégration de la technologie dans l’audit interne constitue une évolution majeure, tant en Algérie qu’à l’échelle mondiale. Les experts s’accordent à dire que la digitalisation des processus et l’usage de l’IA peuvent révolutionner les pratiques d’audit.

Kamel Aydi, ancien ministre de l’Économie et représentant de Globe Ethics, insiste sur l’importance de la digitalisation pour garantir un suivi en temps réel des opérations et détecter rapidement, ainsi, de potentielles anomalies.

Cependant, l’introduction de ces technologies en Algérie reste un défi. Les entreprises doivent investir dans des outils adaptés et assurer la formation de leurs auditeurs pour exploiter pleinement ces innovations. Cette approche multidimensionnelle, combinant technologie et culture éthique, est essentielle pour renforcer la lutte contre la fraude et promouvoir la transparence.

Un rôle éthique et stratégique 

Au-delà de son aspect technique, l’audit interne revêt une dimension éthique fondamentale. « L’éthique reste le pilier de la gouvernance et de la prévention de la corruption », rappelle-t-on. Les auditeurs doivent, ainsi, être perçus comme des conseillers stratégiques, capables d’identifier les failles et de proposer des améliorations systémiques.

Cette dimension préventive est souvent sous-estimée. Pourtant, elle constitue un levier d’amélioration continue pour les organisations, leur permettant de réduire les risques tout en renforçant la confiance des parties prenantes. Pour cela, l’audit interne doit bénéficier d’une reconnaissance accrue et d’un positionnement stratégique au sein des structures algériennes.

Quel avenir pour l’audit
interne en Algérie ?

L’audit interne en Algérie dispose d’un potentiel important pour évoluer et s’inscrire comme un outil indispensable de la bonne gouvernance. Les enseignements tirés d’expériences internationales et l’adoption de technologies modernes constituent des atouts majeurs. Toutefois, cette transformation ne pourra s’accomplir qu’avec un engagement fort des dirigeants, une reconnaissance de la valeur des auditeurs et une adaptation des pratiques aux spécificités locales.

Ce dossier, à travers les analyses d’experts et les expériences de cas aura à explorer ces thèmes en mettant en lumière les défis et opportunités qui jalonnent le chemin de l’audit.

H. N. A.

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