« La priorité est de faire en sorte que l’on change d’échelle dans la relation business entre la France et l’Algérie ». C’est en ces termes que l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, a évoqué les évolutions de la coopération économique algéro-française, lors d’une allocution qu’il a prononcée le 07 mars dernier à Marseille, l’une des trois villes françaises, en plus de Paris et Lyon, qui ont été choisies cette année pour accueillir la 15ème édition des « Rencontres Algérie».
Par H. Nait Amara
En diplomate averti qu’il est, Stéphane Romatet a tenu un discours à la fois franc et positif sur le devenir des relations économiques algéro-françaises, estimant d’emblée qu’ «entre l’Algérie et la France, le flux d’affaires reste encore très en dessous du potentiel» que suppose cette relation. « Lorsque l’ on regarde objectivement les choses, cette espèce de proximité et cette intimité humaine entre la France et l’Algérie contraste avec les relations business qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’elles devraient être», a-t-il ainsi relevé devant une assistance nombreuse d’acteurs économiques des deux pays qui ont pris part à cette nouvelle édition des Rencontres Algérie. En termes de commerce bilatéral, a-t-il indiqué, « les échanges entre la France et l’Algérie sont de 12 milliards d’euros par an et c’est en réalité des hydrocarbures pour plus de 50%». Aussi, a-t-il observé, «nous avons donc à peu près des flux d’échanges de 6 milliards d’euros, ce qui est assez faible par rapport à tout ce que l’on dit sur la proximité de nos deux sociétés». Tout en soulignant au passage l’étroite coopération engagée avec le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) pour promouvoir les flux d’affaires entre les deux pays, l’ambassadeur a tenu à exhorter les entreprises françaises à s’impliquer d’avantage sur le marché algérien.
«Les choses changent en Algérie»
Selon le diplomate, «les choses changent en Algérie et le paradigme algérien est en train d’évoluer de manière considérable». Il s’agit, a-t-il assuré, d’ «un constat que je fais», car aujourd’hui, a-t-il argué, « même si les hydrocarbures sont une des principales richesses du pays, il y a une volonté extrêmement forte de créer une base industrielle locale et de dépendre de moins en moins des importations». Pour la France et pour les entrepreneurs français, a insisté l’ambassadeur, il faut tenir compte de cette nouvelle réalité et « commencer à aborder le marché algérien avec cette perspective de changement complet de politique économique et envisager l’Algérie, avant tout, comme un pays où il faut investir sur place et faire de l’implantation industrielle». Précis et direct, il citera en ce sens de nombreux secteurs porteurs pour les investisseurs, dont entre autres l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire, les services financiers et autres. De même, a-t-il ajouté, « nous pensons aussi qu’il y a de nouveaux secteurs d’avenir», dont celui des énergies renouvelables «où il va falloir accompagner l’Algérie dans sa transition énergétique», a-t-il plaidé. Un secteur clé, auquel s’ajoute par ailleurs ceux des services, des infrastructures et d’économie digitale, où le marché algérien dispose, selon le diplomate français, « d’atouts objectifs, dont notamment son territoire, le coût extrêmement faible de l’énergie et tous ces talents algériens avec un système de formation excellent et, bien évidemment sa diaspora», a-t-il conclu.
H. N. A.