Son groupe, Golf Insurance Group (GIG), un des poids lourds du secteur des assurances du monde arabe, Khaled Saoud Al-Hassan a bien voulu nous accorder une interview, en marge de la 33ème conférence du GAIF, tenue début juin à Oran. Le patron du groupe GIG revient sur les grands défis auxquels sont confrontés les assureurs de la région, mais surtout sur les investissements de son groupe en Algérie. Khaled Saoud Al-Hasan dit vouloir augmenter les investissements de son groupe en Algérie et de participer, par la même, à faire progresser les investissements du Kuwait dans notre pays, qualifiant les relations entre l’Algérie et le Kuwait d’excellentes.
Entretien réalisé Hacene Nait Amara
La 33ème conférence de la GAIF qui s’est tenue à Oran début juin a mis au centre des débats sur questions d’une actualité brûlante, liées, entre autres, aux défis auxquels font face les compagnies d’assurance et de réassurance de la région MENA. Pouvez-vous nous résumer ces défis, puisque vous étiez un des panelistes qui ont soulevé cette question ?
Il ne fait plus aucun doute que face à l’émergence de risques nouveaux dans un contexte pandémique et post-pandémique, les compagnies d’assurance et de réassurance se retrouvent confrontées plus que jamais à d’importants défis, dont certains sont étroitement liés à la couverture de ces risques nouveaux. Les compagnies d’assurances sont, en effet, condamnées à renforcer leur résilience face à cette nouvelle donne exprimée par l’émergence d’une multitude de risques nouveaux, se rapportant essentiellement aux catastrophes naturelles liées aux changements climatiques, des risques financiers liés à la forte volatilité des marchés et des risques sanitaires, dont les pandémies qui deviennent de plus en plus fréquentes. Ces risques nouveaux sont venus s’agripper aux risques traditionnels liés aux accidents de la circulation et aux couvertures santé. Il y a bien évidement plusieurs manières d’y faire face, dont l’augmentation du capital des compagnies d’assurance et de réassurance, renforcer les dispositions techniques et multiplier les partenariats de réassurance pour pouvoir faire face au coût de plus en plus élevé du risque, l’amélioration de la qualité et de l’accessibilité aux produits d’assurance afin que le marché évolue ainsi que son taux de pénétration, tout comme les couvertures d’assurance au profit des assurés.
GIG est présente sur le marché algérien à travers des partenariats. Quel regard portez-vous sur ce marché ?
Effectivement, nous sommes présents en Algérie dans le cadre d’un partenariat avec la Banque nationale d’Algérie et Cash Assurances dans la compagnie Algérienne Vie. Nous sommes également partenaires dans une autre compagnie d’assurance, la 2A en l’occurrence. Le marché algérien est un marché prometteur et dispose d’importantes marges de progression. Compte tenu de l’excellente relation entre l’Algérie et le Kuwait, nous aspirons à faire progresser le volume des investissements koweitiens en Algérie et les élargir à d’autres domaines, dont l’agriculture et l’immobilier. Nous sommes conscients de l’intérêt important qu’accorde le président Abdelmadjid Tebboune aux investissements arabes. Pour ce qui nous concerne, nous attendons la publication du nouveau code de l’investissement afin de mieux connaitre son contenu et les régimes incitatifs proposés aux investisseurs étrangers et pouvoir, de ce fait, se projeter et faire progresser le volume de nos investissements en Algérie qui a besoin de beaucoup d’investissements dans l’ensemble des secteurs d’activité.
Malgré le potentiel important du marché algérien, son taux de pénétration demeure faible (0,8), vous qui êtes un important acteur de l’industrie arabe et mondiale de l’assurance, quels sont, selon vous les facteurs qui sont à l’origine de cette faible contribution du marché des assurances algériennes au PIB ?
Cela serait lié, entre autres, au cadrage législatif du marché. Ce faible taux de pénétration serait également lié aux capacités des compagnies à proposer des offres et des prestations nouvelles en adéquation avec l’évolution du marché, des risques et des besoins. Plutôt que de continuer à baser sa stratégie de commercialisation sur les agences et les agents, il faudra investir davantage dans la modernisation des mécanismes de commercialisation. Nous assistons à l’émergence de la Mobil Insurance à travers plusieurs pays et au renforcement de la banquassurance dans d’autres pays, le Mobil payment des prestations d’assurance…etc. Cela pour vous dire que les dirigeants des compagnies d’assurance sont condamnés à investir dans les nouvelles technologies et à faire évoluer le métier des assurances suivant les nouvelles mutations du marché. Les compagnies sont également mises en demeure quant à leur rôle de contribuer à faire progresser la conscience assurantielle chez les populations et ce, en collaboration avec les institutions publiques et le régulateur. Ce partenariat entre compagnies et autorités publiques doit évoluer également vers la mise à niveau et l’adaptation des textes juridiques régissant le marché des assurances.
Lors d’un des panels de cette conférence, vous avez évoqué le gap entre le coût du risque qui devient de plus en plus élevé et les capacités des compagnies d’assurance à y faire face. Quelles sont les variables pouvant contribuer à résoudre cette équation ?
Les compagnies d’assurance de la région du Golf ont subi d’importantes pertes dues aux risques survenus ces dernières années, se rapportant essentiellement aux catastrophes naturelles et à la crise sanitaire. L’émergence de ces risques nouveaux impose à nous la réévaluation des coûts et une réorientation de la gestion des risques vers de nouvelles approches basées sur l’expertise, l’étude, la prospective et la technologie pour pouvoir aboutir à une tarification juste des primes d’assurance.
H. N. A.