Le Groupe Télécom Algérie (GTA) est chargé de piloter les trois entreprises publiques à savoir Algérie Télécom (AT), ATM Mobilis et Algérie Télécom Satellite (ATS), avec pour mission la supervision des projets dans une optique de convergence, de consolidation et d’optimisation des ressources techniques, humaines et financières du secteur des télécommunications. Son PDG, Karim Bibi Triki affirme, dans cet entretien qui suit, que tous les moyens sont mis en œuvre par le Groupe qu’il dirige afin d’assurer, en priorité, la continuité des services et l’amélioration de la qualité des prestations offertes aux citoyens. Pour lui, un réseau stable et performent contribue grandement à donner confiance aux utilisateurs quant à l’utilité de recourir au digital comme nouveau moyen de paiement.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Que pouvez-vous nous dire, de prime abord sur GTA, en guise de présentation de ce groupe qui chapeaute trois entreprises, en l’occurrence Algérie Télécom, ATM Mobilis et Algérie Télécom Satellite ?
En effet, GTA chapeaute ces trois opérateurs télécoms, filiales du groupe qui agissent sur différents types de services de communication. Algérie Télécom est la plus ancienne chargée de tout le réseau national de télécommunications. Elle vend et offre des services aux utilisateurs finaux ; des services de téléphonie et d’Internet sur le résidentiel. Il y a aussi l’opérateur de téléphonie mobile, ATM Mobilis, qui offre des services de communication mobile et, enfin, la filiale Algérie Télécom Satellite qui, elle, offre des services de communications par satellite, notamment via le satellite algérien ALCOMSAT-1. A travers ces trois entreprises, nous offrons des moyens et des services de communication sur différents supports et sur diverses technologies. Cela permet de répondre aux demandes qui peuvent être exprimées par nos clients grand public, ou des clients professionnels ou institutionnels.
La généralisation du e-paiement, comme moyen de paiement moderne et le lancement de nouveaux services financiers numériques, reposent sur des réseaux de télécommunication fiables et efficaces. L’infrastructure télécom suit-elle aujourd’hui l’évolution que connait le pays dans ce domaine ?
Elle est appelée à le faire. Nous sommes tenus d’améliorer considérablement la qualité de service que nous offrons, aujourd’hui, pas uniquement pour le e-paiement mais, d’une manière générale, pour les différentes applications et usages du numérique. Le e-paiement n’est pas forcément un usage « très gourment » en bande passante. Mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas assurer, tout de même, un réseau stable pour une continuité de service garantissant la performance requise pour toute sorte d’application. Bien entendu, à travers nos trois filiales, nous sommes appelés à bâtir et offrir l’infrastructure de communication et d’Internet qui permet à tout cet écosystème et toutes ces applications de se généraliser. Une de nos missions consiste donc à assurer l’accès à ces services pour tous les Algériens et toutes les entreprises là où ils sont. Cela implique une plus grande couverture du réseau. Je pense que les entreprises du groupe ont nettement montré l’attitude volontariste qu’elles ont pour aller couvrir toutes les régions du pays. Certes, on a encore du chemin à faire, mais on ne peut pas nier qu’il y a eu un effort considérable, notamment dans les régions isolées et les zones d’ombre. D’où l’importance d’avoir les différentes solutions technologiques. Il existe des régions où, parfois, la fibre optique n’est pas forcément la solution optimale, ce qui nous amène à opter pour d’autres solutions assurant un service plus optimisé. Quant à la fiabilité et la stabilité du réseau, nous tenons à ce que l’expérience des utilisateurs des différentes plateformes de e-paiement soit la plus agréable et la plus fluide possible, pour renforcer davantage leur confiance quant à l’exploitation de ces services.
En évoquant les zones d’ombres, que fait GTA, justement, pour améliorer ses services dans ces endroits ?
Il y a un tout un programme sectoriel qui s’aligne sur cette politique générale d’amélioration des services dans ces zones. En fait, il y a eu beaucoup d’efforts et beaucoup de réalisations, mais il reste beaucoup à faire aussi. On ne prétend pas avoir répondu complètement à la demande, mais nous avons commencé à couvrir pas mal de zones d’ombres. Il y avait des axes routiers qui n’étaient pas couverts, notamment dans les régions du sud, maintenant ils le sont. Il y a aussi plusieurs localités éloignées qui ont été couvertes en 2020, et il y a un programme qui va continuer durant cette année.
L’Algérie mettra bientôt en service un troisième câble sous-marin de fibre optique. Cela permettra-t-il d’améliorer la qualité des différents services offerts par les filiales de GTA ?
Le fait d’avoir trois principaux câbles, au-delà du fait que cela va augmenter la capacité en bande passante, permettra aussi de réponde au principal objectif, qui est d’assurer la continuité de service, dans le cas où il y a une coupure, et de ne pas dépendre d’une seule liaison internationale. Je pense qu’avec ces trois câbles, un progrès considérable a été réalisé pour minimiser les risques et la dépendance à un seul câble. De plus, nous faisons en sorte que les capacités des trois câbles soient les plus équilibrées possibles. Cela se fait graduellement et en fonction des besoins, parce qu’il ne s’agit pas de dimensionner une capacité sur les liaisons internationales qui n’est pas forcement exploitée par le réseau national. Il faut savoir aussi, qu’avec le temps, certains câbles existants commencent à s’approcher de leur fin de vie et c’est le moment pour nous de commencer à déplacer les capacités des anciens câbles vers les nouveaux. En tout état de cause, le groupe dispose d’une feuille de route et s’attèle, avec Algérie Télécom, à l’exécuter avec pour objectif d’éviter de nous retrouver dans une situation où l’on doit palier à un quelconque problème dans l’urgence. L’autre objectif, tracé dans cette feuille de route, est celui d’avoir une visibilité sur le moyen terme, en ce sens que lorsqu’il s’agit de liaison internationale les projets s’étalent sur plusieurs années et non pas en quelques mois. D’où la nécessité d’anticiper. Il y a une projection et une surveillance de l’évolution des besoins en matière de bandes passantes internationales et nous essayons, en parallèle, de nous assurer que les capacités en exploitation sont en adéquation avec la consommation, tout en prenant en compte le volet stratégique de la diversification des câbles et leurs points d’atterrissement en Algérie et à l’étranger. De cette manière, s’il y a un problème, nous avons quand même des alternatives. Maintenant, est-ce que ces trois câbles suffisent ? On aimerait bien avoir le maximum, mais il s’agit d’un exercice qui doit être équilibré entre la rentabilité économique des infrastructures et le volet stratégique de la continuité du service. Il faut savoir aussi que la bande passante internationale n’est pas le seul élément qui nous permet d’améliorer la qualité du service. Il y a d’autres facteurs qui interviennent et le travail que nous faisons avec nos filiales, justement, c’est de nous assurer que les différents niveaux du réseau évoluent d’une manière cohérente, sans trop de déphasage, avec une efficacité certaine et performante.
Le ministre de la Poste et des Télécommunications a annoncé récemment qu’une amélioration substantielle du débit Internet interviendra très prochainement. De quoi s’agit-il exactement ?
Effectivement, il y avait des projets qui étaient en retard et que nous avons réactivé, voire accéléré. C’est vrai que bientôt, une fois le déploiement terminé dans pas mal de localités où nous avons une grande densité d’abonnés sur la 4G, il y aura une nette amélioration ressentie chez les utilisateurs. En ce qui concerne le réseau fixe, le travail a commencé depuis début 2020, avec la modernisation de l’accès. A ce propos, j’encourage nos clients de passer à la fibre optique, là où elle est disponible, pour constater une nette amélioration, d’autant qu’une partie de nos réseaux à cuivre est assez vétuste avec des technologies anciennes. Chez Algérie Télécom, c’est la course contre la montre pour basculer les réseaux vers la fibre optique.
L’amélioration du réseau de la téléphonie mobile butte aussi sur le problème des autorisations d’installation de certains équipements notamment les bases transceivers stations (BTS). Etes-vous arrivés à résoudre ce problème ?
L’effort qui a été fait dans le sens d’améliorer la qualité du réseau de la téléphonie mobile était, entre autres d’augmenter, effectivement, le nombre des sites BTS. Nous avons réfléchi à ce problème et nous avons trouvé qu’une des solutions qui s’imposait était de mobiliser toutes les parties prenantes. Beaucoup de choses ont été faites par les pouvoirs publics, à travers un certain nombre de dispositions qui ont été prises, notamment en ce qui concerne la mutualisation de l’utilisation des sites par les différents opérateurs. La préoccupation commune est, aujourd’hui, de bien servir le maximum de citoyens. Avec l’effort des autorités locales compétentes par rapport à la délivrance des autorisations et des assiettes, et avec un engagement de notre part pour agir vite, tout le monde sera gagnant. Nous ressentons cette volonté de travailler en commun pour le bien du citoyen. L’Algérie est un grand pays et parler de la couverture nécessite des efforts conjugués de la part de toutes les parties prenantes. Bien sûr, la responsabilité nous incombe puisque, en tant qu’opérateur, nous devons trouver des solutions, mais quand on reçoit de l’aide de la part des autres parties prenantes, ces solutions seront plus efficaces et plus efficientes.
L’opérateur public de téléphonie Mobilis a été récemment salué par le ministre de la Poste et des Télécommunications pour les efforts qu’il déploie pour améliorer la couverture de son réseau dans les régions du sud du pays…
Nous nous concentrons à remplir nos obligations en tant qu’opérateur et souvent, à faire plus en tant qu’entreprise citoyenne. Nous sommes conscients de la pénibilité rencontrée parfois dans certaines régions et s’il y a un effort extra que nous pourrons faire, au-delà de nos obligations contractuelles, nous le ferons.
Qu’en est-il du problème des fréquences souvent évoqué comme étant un problème qui empêche l’amélioration de la qualité du réseau de la téléphonie mobile?
Dans un monde connecté et digitalisé, les fréquences sont une denrée rare et une ressource précieuse. Cette année, il y a eu des dispositions pour libérer une bande de fréquences qui a permis aux opérateurs de téléphonie mobile d’améliorer, très vite, la qualité de service. L’optimisation du spectre des fréquences relève des prérogatives d’Agence nationale des fréquences (ANF). Au regard de ce que nous avons déjà obtenu comme fréquences, ça nous a permis d’améliorer la qualité du service 4G en particulier.
Pour terminer, pouvez vous nous dire comment GTA a fonctionné pendant cette crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 ?
Je dois dire à ce propos que nous devons tirer des leçons de ce que nous avons vécu, pour mieux nous préparer à l’avenir. Comme pas mal d’autres entreprises, nous avons été pris de court sur certains aspects et un des éléments sur lesquels nous travaillons avec nos filiales c’est de savoir comment renforcer davantage la continuité du service en interne. Il y a eu pour cela un certain nombre de mesures visant à assurer cette continuité du service et en même temps à veiller à préserver la santé de l’ensemble de notre personnel. C’est une occasion pour moi de remercier tous les collaborateurs des différentes filiales de GTA, quelle que soit leur spécialité ou leur lieu de travail, qui ont veillé à ce que cette continuité du service soit assurée pour le bien des clients. Nous avons perdu, durant cette période, des collègues (paix à leurs âmes). D’autres ont été affectés comme beaucoup d’Algériens mais, d’une manière générale, j’estime qu’avec l’engagement de nos employés, nous avons réussi à assurer la continuité du service dans des conditions qui étaient loin d’être faciles.
H. N. A.