Plus expansif que les fléaux avérés, tels l’usage de la drogue dans ses différentes formes, l’incivisme n’en est pas moins nocif et fortement nuisible en ce qui ne lâche aucune couche sociale, tendant vers une généralisation qui inquiète à juste titre.
‘’Allumer un incendie pour faire cuire un œuf’’ : l’adage trouve facilement sa traduction dans la société.
Et de la ménagère qui rince un à un chacun des nombreux articles de vaisselle oubliant le robinet couler à flots ,à son homme lavant sa voiture , généreusement, à grande eau , la problématique de la consommation d’eau se pose avec acuité, aujourd’hui, aux services publics en charge de sa gestion.
A fortiori quand une telle problématique taraude sérieusement la communauté internationale dans son ensemble, mettant en branle des commandements géostatiques sans appel. Mais à côté du gaspillage, qui fait presque une marque déposée en Algérie, un autre phénomène grève encore lourdement les efforts colossaux des pouvoirs publics appelés d’une part à réguler le circuit de l’AEP et, d’autre part, à veiller à la disponibilité du précieux liquide de façon rationnelle. Et d’un point de vue économique, ces efforts ont un prix.
Il s’agit des branchements illicites sur les réseaux d’AEP et dont le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, a révélé l’ampleur, tout récemment, affirmant que plus de 6000 cas ont été recensés au premier semestre 2017.
Fustigeant un comportement foncièrement incivique consistant en l’agression du réseau de l’AEP pour le vol de l’eau «sans se soucier des conséquences d’un tel acte sur l’alimentation en eau potable des population» a-t-il fait observer.
Necib n’a pas manqué de prévenir que sur les 6000 cas réfractaires, et pendant que 3400 d’entre eux ont été réglés à l’amiable, 2600 autres ont été portés devant la justice.
Si l’on ajoutait encore la propension à l’esprit retord, consistant à ne pas s’acquitter des factures, générant par là des créances impayées aux montants faramineux, autant dire qu’il ya une menace réelle sur cette ressource vitale et à laquelle le citoyen n’est nullement étranger!
Toujours sur le même thème de la «culture de l’incivisme», tous les autres créneaux inhérents à la vie de la cité, n’en mènent pas large, non plus.
C’est au niveau de l’environnement que le fait est surtout perceptible.
Prenant pied sur le prétexte d’une virtuelle défaillance des services publics de voierie, le citoyen s’est fait ancrer le reflexe de balancer ses déchets ménagers à tout bout de champs et n’importe où, édifiant ainsi des points noirs en perpétuelle régénérescence attentatoires à la préservation du cadre de vie.
Sur les routes, le danger monte de plusieurs crans pour se traduire par des contingents d’accidents mortels et dont les causes, dans une grande proportion, renvoient au non respect du code de la route, des règles de bienséance et de civisme au volant.
Enfin, quasi anecdotique, le phénomène lié au verbe de la rue complète un «registre de civisme national» aux pages noires et noircies.
Propos obscènes enrobés de connotations blasphématoires sont déversées comme une litanie en tout lieu public et tout temps.
C’est dire un peu qu’il est grand temps que le législateur se penche un peu sur un phénomène qui dénature peu à peu l’identité de toute une nation et ses entendements
sociaux !
Hacène Nait Amara
