La Financière Algérienne de Participation (FINALEP Spa) n’est pas une banque, au sens classique du terme, mais propose une forme de financement par le haut du bilan, à travers le capital investissement. Destiné principalement aux PME, ce financement alternatif permet la création d’entreprises nouvelles et le développement de celles existantes. Dans cet entretien, le DG de la FINALEP Spa, Hosni Benabbes, explique dans le détail la vocation de son Etablissement.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
En quoi consiste l’activité de FINALEP Spa en tant qu’Etablissement financier ?
La vocation de base de la FINALEP Spa est la prise de participation dans le capital social d’entreprises, notamment les start-up et les PME qui sont en phase de création ou durant leur cycle de développement, et ce, dans le cadre du capital investissement. Ce dernier reste un métier réglementé et bien encadré par la Loi 26-11 du 24 Juin 2006 qui a permis la mise en place des jalons de l’encadrement légal et réglementaire permettant d’identifier et de définir les bases du capital investissement, les modes d’intervention, les modalités de sortie, les règles prudentielles d’un métier aussi technique que nouveau.
Quels sont les moyens de la FINALEP Spa et qui sont ses Actionnaires ?
En fait, la FINALEP Spa est l’initiative de parties étrangères et algériennes. Il s’agit, pour la partie algérienne, de banques spécialisées dans la PME à savoir la Banque de développement local (BDL) et le Crédit populaire algérien (CPA), ainsi que l’Agence française de développement (AFD) pour la partie étrangère, qui a décidé d’un commun accord en 2017 de quitter son capital social.
Depuis le départ de l’actionnaire étranger, la FINALEP Spa a procédé à l’augmentation de son capital qui est passé de près de 158 millions de dinars à 1.2 milliards de dinars, en 2017, puis à 3.2 milliards de dinars en 2021. C’est une volonté de l’établissement à accompagner davantage la PME algérienne qui reste sa principale cible.
La FINALEP Spa intervient suivant deux natures juridiques des fonds engagés, à savoir ses propres fonds ainsi que les fonds d’investissements de wilayas, en application du mandat accordé par la Direction Générale du Trésor (DGT – Ministère des Finances) et au titre duquel dix fonds d’investissement de 10 wilayas sont supervisés, en l’occurrence Tipaza, Sétif, Skikda, Sidi Bel Abbès, Mostaganem, Ain Temouchent, Adrar, Djelfa, El Bayad et Tizi Ouzou.
Quel est le bilan des activités réalisées ces dernières années ?
Afin d’apprécier les réalisations chiffrées de la FINALEP Spa, quelques indicateurs sont à observer : En 2015, la Société disposait d’un portefeuille de huit prises de participations, qui est passé à 48 en 2020, conjuguant ainsi tous ses efforts au profit de la PME national.
En 2019, forte de on expertise, de la maîtrise de ses procédures et de la connaissance de son marché la FINALEP Spa a enregistré un bénéfice de 49 387 877,82 DA .
Comment expliquez-vous le fait que beaucoup de jeunes entreprises ne soient pas très portées par ce type de financement ?
A la FINALEP Spa, nous ne voyons pas la dialectique de la même manière. L’engouement des porteurs d’idées et des PME pour le capital investissement est palpable. Il faut juste se rapprocher de ces jeunes entreprises, notamment à travers des actions de communication et de sensibilisation bien structurées au niveau du terrain à conquérir.
En effet, le plan de communication de la FINALEP Spa régulièrement déployé s’articule principalement à travers :
Le site internet permettant une relation interactive et dynamique ;
Des journées d’information organisées en collaboration avec Messieurs les Walis concernés ainsi que les Directions de l’exécutif et les corporations économiques habilitées (chambres de commerce,…) ;
Des insertions publicitaires sur les journaux à forte lecture ;
Des conceptions et des publicités radiophoniques sur des chaines locales et nationales (Chaine I, Chaine III,….).
Quels sont les critères d’éligibilité à l’accompagnement de la FINALEP Spa ?
Fondamentalement, le critère de la rentabilité reste décisif en matière de prise de décision pour tout acte d’investissement.
Néanmoins, l’esprit citoyen et responsable de la FINALEP Spa entant que fonds d’investissement guide son processus de la prise de décision afin de donner l’avantage aux affaires devant permettre la création de valeurs ajoutées pour l’économie nationale à son niveau local, le développement des opportunités d’emplois ainsi que l’élargissement de l’assiette fiscale et le soutien des cycles d’exploitation respectueux de l’environnement.
Enfin et de manière pratique, la FINALEP Spa s’impose des critères légaux et d’autres relevant du bon sens du gestionnaire.
Pour que l’on puisse parler de partenariat, il faudrait que la forme juridique de l’entreprise puisse le permettre. Cela ne peut pas se faire par exemple dans le cas d’une EURL. En revanche, cela peut se faire dans le cadre d’une SARL ou d’une SPA.
Pour ce qui est des critères à observer en tant que gestionnaires, ils concernent notamment la traçabilité de l’activité de l’entreprise objet du partenariat, en ce sens que ses flux doivent être facilement justifiés.
Lorsque qu’un acte d’investissement prend en considération principalement la rentabilité de l’entreprise, cela signifie-t-il qu’il exclue de facto la prise de risque ?
La règle générale en matière d’investissement est que le risque zéro n’existe pas.
Tout acte d’investissement est synonyme de prise de risque. Maitriser le risque ne veut pas dire forcément l’exclure. On ne peut pas avoir la certitude totale et parfaite de l’inexistence d’un risque donné. Mais il faut en revanche anticiper le risque, le prévoir au même titre que le traitement approprié, le cas échéant.
La diversification des engagements de la FINALEP Spa dans divers secteurs d’activités est également un levier de maîtrise des risques potentiels.
Comment le fonds d’investissement FINALEP Spa pourrait ramener des sociétés en Bourse pour dynamiser l’activité boursière en Algérie ?
La FINALEP Spa de par sa vocation et ses ambitions envisage l’introduction au compartiment de la PME de la Bourse d’Alger de certaines entreprises relevant de ses participations, pour divers objectifs (simple introduction boursière ou pour des levées de fonds).
A ce titre, des discussions sont régulièrement entretenues avec la direction générale de la Bourse d’Alger.
Ressentez-vous, en tant que premier responsable de cet organisme, une quelconque satisfaction lorsque vous voyez un projet se lancer et réussir ?
Franchement oui. Je ressens une grande satisfaction par rapport au travail d’accompagnement que nous avons réalisé au profit de beaucoup d’opérateurs économiques. Je peux vous citer l’exemple du projet de la laiterie d’El Bayadh dans laquelle la FINALEP Spa a engagé une prise de participation, ayant permis la satisfaction même partielle de la population locale en matière de produits laitiers soutenus. D’autres exemples peuvent être cités, comme le projet de production des moules et des huitres à Tipaza qui était, en fait, le rêve d’un petit groupe de jeunes diplômés qui ont lancé ce projet et ambitionnent d’enrichir leur gamme commerciale avec d’autres produits de la mer.
Quel rythme de développement la FINALEP Spa suit-elle aujourd’hui ?
La FINALEP Spa s’est imposée un rythme de développement, depuis 2015 où nous avons pu structurer notre base documentaire. L’ensemble des procédures de l’établissement, en tant que fonds d’investissement, sont maintenant structurées, validées et opérationnelles. Dans un deuxième temps des actions commerciales ont été lancées sur le terrain dans l’objectif de vulgariser le concept du capital investissement auprès du large consommateur potentiel de ce produit. La FINALEP Spa a également enclenché le processus d’implémentation de son système d’information avec pour objectif de l’achever au plus tard au courant du 1er semestre 2022.
H. N. A.