Rencontré à Oran, dans le cadre de la tenue de la 33ème conférence de l’Union générale arabe des assurances (UGAA), Hassen Khelifati, qui est également dans le noyau dur des organisateurs de l’évènement et l’un de ses porte-paroles, revient dans cette interview sur les grands bénéfices de l’organisation, par l’Algérie, de cet évènement ; un des quatre rencontres internationales les plus prestigieuses dans le domaine des assurances. Hassen Khelifati évoque surtout le grand retour de l’Algérie sur la scène économique internationale, traduit, certes, par l’organisation d’un évènement d’une aussi grande taille, mais surtout par l’action politique et diplomatique menée par les hautes autorités du pays sur la scène internationale.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
L’Algérie vient d’abriter la 33ème conférence du GAIF (General Arab Insurance Federation), quelle dimension donnez-vous à cet évènement ?
Il s’agit d’un des plus grands évènements internationaux, voire un des quatre plus importants évènements de l’année dédiés aux assurances, avec ceux de Monaco (France), Baden-Baden (Allemagne) Nairobi (Kenya) la 48ème conférence de l’Organisation Africaine des Assurances OAA. La 33ème conférence du GAIF marque, d’abord, le grand retour de l’Algérie sur la scène économique internationale, coïncidant avec l’intensification de l’action politique et diplomatique par notre Président de la République et la diplomatie algérienne. Nous, opérateurs économiques, sommes appelés également à jouer un rôle économique, étant donné le caractère économique que revêt l’action du Président de la République, y compris ses visites à l’étranger, à l’image de celle effectuée récemment en Turquie, où il s’est fait accompagner par 150 opérateurs. Le ministère des affaires étrangères a nommé un ambassadeur chargé des affaires économiques, en l’occurrence Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des finances, ce qui traduit l’importance accordée par les hautes autorités publiques à l’action économique de l’Algérie sur la scène internationale.
La 33ème édition du GAIF était prévue initialement en 2020, mais la pandémie nous a obligés à reporter à deux reprises l’organisation de cette manifestation. La ville d’Oran a eu l’honneur et le privilège d’abriter cette conférence. Je suis très heureux des résultats obtenus en matière de participation, puisque nous avons enregistré des centaines de participants. Une quarantaine de pays des cinq continents ont pris part à l’évènement, les grandes compagnies d’assurance et de réassurance ont été représentées, des experts, des courtiers, environ 500 représentants du marché local et près de 800 participants étrangers ont été recensés. C’est un évènement qui va marquer également la ville d’Oran et le secteur des assurances algérien.
Cette rencontre a été grandiose de l’avis de tous avec, au tableau, environ 1300 participants, n’est-ce pas le retour en force de l’Algérie dans les manifestations économiques internationales ?
Effectivement, je ne peux que confirmer que l’évènement a été utile à tous points de vue pour l’image de marque de l’Algérie. Comme je viens de le souligner, il s’agit là du grand retour de l’Algérie sur la scène économique internationale. L’évènement a été un franc succès grâce, faut-il le souligner, à la mobilisation de l’ensemble des acteurs du marché algérien des assurances et des membres du staff dirigeant du GAIF. C’est un évènement qui s’est tenu dans un contexte post-pandémique et les débats ont été d’une très haute qualité, étant donné les défis que pose cette conjoncture post-pandémique, non seulement pour la communauté des assureurs mais aussi pour l’ensemble des acteurs économiques. Nous nous sommes ainsi retrouvés dans un débat mondial sur les voies et moyens de nature à accélérer la reprise, sur les risques nouveaux et leur couverture par les assurances, sur les défis de digitalisation, de modernisation et de diversification qui s’offrent aux compagnies d’assurance dans ce contexte post-pandémique. Les risques pandémiques deviennent aussi une donnée importante à prendre sérieusement en compte par les assureurs. La cartographie des risques s’est enrichie et étendue avec les risques climatiques, pandémiques, cybernétiques et environnementaux. Tous ces aspects sont en train d’évoluer et le marché algérien doit s’y adapter et ne pas rester à la marge de ces évolutions. Les conséquences de la pandémie ont entraîné une hausse des primes de l’assurance et si vous le constatez bien c’est la branche IRD qui a tiré le marché algérien vers le haut ces deux dernières années.
Il est vrai que c’est une évolution positive du marché mais les couvertures en réassurance à l’étranger ont entraîné des coûts supplémentaires de 30 à 40 %, étant donné la révision des tarifs à l’international.
Les acteurs du marché arabe des assurances ont débattu lors de cet évènement des défis auxquels sont confrontées leurs compagnies, mais aussi des opportunités post-pandémiques, pouvez-vous nous en parler ?
Il faut préciser qu’il n’y a pas que les acteurs arabes qui ont participé à ces débats, mais des assureurs et des professionnels venus de l’ensemble des continents et d’une quarantaine de pays. Les assureurs et réassureurs arabes ont débattu du nouveau contexte étant donné que les risques nouveaux nécessitent une mutualisation des moyens pour leur couverture en assurance et réassurance. La pandémie a fait en sorte également que le risque soit devenu international et sa couverture nécessite un effort multilatéral. Ces risques nouveaux exigent de nous l’accélération des réformes structurelles et de la numérisation et digitalisation du secteur des assurances.
Sans aucun doute, l’intérêt pour les acteurs du marché algérien des assurances étant d’échanger les expériences avec les assureurs de la région. Parlez-nous justement de l’opportunité de cette conférence pour les assureurs algériens ?
Ce qui est important à souligner c’est que plus de 500 cadres du secteur algérien des assurances ont participé à cet évènement. De ce fait, l’évènement a été une opportunité pour que nos cadres échangent d’abord entre eux et ensuite avec leurs confrères et consœurs des autres pays. L’occasion leur a été donnée également afin d’assister à des conférences d’une haute qualité scientifique et technique. Je pense que l’évènement a été hautement bénéfique pour notre marché et notre facteur humain, au-delà de son impact sur l’image de marque de l’Algérie. Les retombées aux plans technique, professionnel et relationnel sont excellentes pour notre marché.
Les compagnies d’assurance algériennes sont en quête de numérisation et digitalisation de leurs produits et services mais aussi de l’ensemble des process de gestion des sinistres, cette rencontre a-t-elle été de bon conseil en la matière pour les assureurs algériens ?
Effectivement ! Comme je viens de le souligner, l’un des défis majeurs auxquels est confronté le marché algérien des assurances étant la numérisation et la digitalisation. La pandémie a fait éclater au grand jour notre retard en matière de numérisation et de digitalisation des produits d’assurance et des moyens de paiement. Nous nous sommes retrouvés avec des régions complètements confinées où il était impossible de rendre les souscriptions accessibles à distance. Cette situation a interpellé les acteurs du marché qui se sont mis aussitôt à penser et/ou à mettre en œuvre des stratégies de numérisation. Les débats de cette rencontre ont permis d’ouvrir des fenêtres sur les expériences des autres pays ainsi que sur ce qui se fait en matière de digitalisation dans le secteur des assurances. Cependant, comme c’est un secteur très réglementé, les acteurs du marché ne peuvent pas avancer seuls sur le terrain de la digitalisation. Nous souhaitons qu’il y ait une évolution rapide de la réglementation pour anticiper les évolutions technologiques et éviter par la même des situations de vide juridique. Avec la présence des représentants du ministère des Finances, de la Banque d’Algérie et des autres institutions publiques, je pense qu’il y a une prise de conscience quant à la nécessité de faire évoluer la réglementation afin d’accompagner les évolutions technologiques. Nous avons eu une discussion avec le ministre des Finances à ce sujet, lequel a promis une accélération des réformes dans le secteur.
En votre qualité de PDG d’Alliance Assurances, quel bénéfice tirez-vous de cette conférence ?
Les bénéfices sont d’abord humains et professionnels, puisque 34 de nos cadres ont participé à cet évènement et, de ce fait, partagé des expériences et débattu avec d’autres cadres d’Algérie et d’ailleurs. Ces échanges ont été assurément hautement bénéfiques pour nos cadres. Nous, en tant que dirigeants, nous avons pu rencontrer nos réassureurs et d’autres réassureurs. Nous avons eu d’excellentes séances B2B et de Networking qui nous permettront à l’avenir de tirer profit des expériences des autres, aussi bien dans l’amélioration et la diversification de nos produits qu’en matière de numérisation. La conférence a été pour ainsi dire hautement bénéfique pour nous.
H. N. A.