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Hamrour Ouidad, PDG de la Société Sonelgaz – Engineering : «Nos cahiers des charges sont conçus de telle sorte à promouvoir l’outil national»

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Sonelgaz – Engineering, ex-CEEG, filiale du groupe Sonelgaz, qui active dans la maîtrise d’ouvrage déléguée pour la réalisation de projets énergétiques pour le compte des filiales du Groupe Sonelgaz, notamment, SPE et S-ER. vit un processus évolutif, suite aux réformes impulsées par la Société mère à travers notamment la dernière restructuration intervenue durant l’exercice 2022. Impliquée en tant que Société d’Engineering dans les projets de l’ensemble des filiales du Groupe, S-Eng Est aujourd’hui mobilisée pour intervenir en qualité de maître d’ouvrage délégué pour la construction de centrales électriques conventionnelles et renouvelables . Un plan de charge conséquent et très engageant dans le cadre de la transition énergétique, mais qui n’empêche pas l’entreprise de nourrir des ambitions de déploiement à l’international, notamment en Afrique  Mais l’intérêt stratégique actuel, nous dit, Hamrour Ouidad, PDG de Sonelgaz – Engineering, réside dans l’impératif de satisfaire les besoins nationaux en matière d’infrastructures énergétiques pour garantir le développement de notre pays.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Filiale du Groupe Sonelgaz, S-Eng est une société d’engineering spécialisée dans la réalisation d’infrastructures énergétiques complexes à forte technicité liée aux moyens de production d’électricité. Les compétences illimitées de l’entreprise sont aussi variées que vastes. Pouvez-vous nous en parler ?

La compagnie d’Engineering de l’Electricité et du Gaz CEEG est en pleine mutation, et le nom de l’entreprise a changé, elle s’appelle désormais Sonelgaz Engineering, nom qui affiche l’identité de la maison-mère, une appartenance dont nous sommes fiers.

Pour ce qui est des compétences de la Sonelgaz Engineering, il faut, pour en parler, revenir à l’histoire de l’engineering dans le domaine énergétique en Algérie, métier qui a toujours existé au sein du Groupe Sonelgaz et ce, depuis sa création. Cette fonction était assurée à ses débuts par les directions en charge des métiers propres du groupe et s’est développée pour gagner en expérience, en savoir-faire et en compétences et ce, jusqu’à la création d’une filiale dédiée à l’Engineering.

Le nombre de projets importants qui ont été confiés à Sonelgaz-Engineering (S- Eng) lui ont permis de diversifier ses domaines d’intervention et c’est ainsi  que cette filiale est devenue aujourd’hui un leader dans le domaine de l’engineering et la maîtrise d’ouvrage déléguée des projets énergétiques sur toute la chaine de valeur à travers tous leurs aspects, et ce depuis  l’expression du besoin, l’établissement de l’étude d’avant-projet, l’élaboration  des cahiers des charges, le lancement des appels d’offres, le suivi de la réalisation jusqu’à leur mise en service.

Ce qui constitue un défi majeur pour un métier noble assuré par des collaborateurs organisés en équipes pluridisciplinaires dotées de compétences avérées, ponctuées de formations en relation directe avec le métier régissant l’engineering. créant ainsi, une intelligence et un savoir-faire algériens capables de mener des projets complexes de grande envergure à l’échelle nationale et ce, tout en assurant l’équilibre du triptyque, à savoir : coût, qualité et délais de réalisation.

 

C’est quoi au juste votre métier ?

SONELGAZ ENGINEERING a pour mission de réaliser les programmes de développement des filiales métiers régis par un travail de conception, d’études, de suivi et de conduite des projets.

Associés à un contrôle rigoureux des travaux ainsi qu’à l’intégration des entreprises nationales dans la réalisation des différentes phases des projets, le tout conformément aux règles de l’art, aux procédures de travail et aux normes en vigueur.

Quand on parle de réalisation des projets, ça commence d’un besoin. Je vous donne un exemple : la filiale SPE exprime un besoin pour développer son  parc de production au niveau d’une région donnée où un manque d’approvisionnement en électricité de l’ordre de 100 ou 200 mégawatts a été exprimé, outre ce constat, il faut prendre en charge, aussi,  l’évolution de ce besoin, à moyen terme au niveau de ladite région, qui pourrait être estimé par exemple à 1000 MW.

A ce titre, SPE, maître d’ouvrage, confie à S-Eng, qui devient alors le maître d’ouvrage délégué, la réalisation des ouvrages au nom de SPE. Une demande est donc exprimée : le besoin de produire 1.000 mégawatts à telle date dans telle région.

De ce fait, S-Eng entame le processus  de recherche d’un terrain  approprié répondant aux exigences formulées en vue d’identifier et de repérer la meilleure  assiette qui va abriter le projet devant réunir les conditions les plus optimum en termes de proximité du réseau gaz et/ou électrique et eau, de coût, de sécurité et d’efficacité. Une fois l’assiette identifiée, une étude d’avant-projet est établie par nos services compétents, sur la base de ses résultats, S-Eng élabore, en étroite concertation avec le maître d’ouvrage, le cahier des charges, lequel une fois validé, un avis d’appel d’offres est lancé auprès des EPC qui seront chargés de réaliser ces projets. A l’issue de cet appel d’offres le constructeur, choisi conformément à la réglementation des marchés, conclue le contrat EPC, formalisant ainsi le lancement de la phase de réalisation. Dans ce cadre, S-Eng assure la supervision, la coordination et le contrôle des travaux, nos ingénieurs doivent s’assurer également, que les travaux vont être réalisés selon les spécificités formulées dans le contrat, dans les délais et avec les normes requises.

En effet, nous avons des équipes multidisciplinaires notamment en génie civil, mécanique et électrique qui vérifient et valident les plans de conception ou de construction avant l’exécution des travaux. A cela il faut noter que S-Eng dispose, d’une équipe de contrôle qualité qui valide les spécification techniques des équipements à acquérir à l’étranger et en Algérie, et d’autres chargées de la vérification du transport, le dédouanement, le respect des lois Algériennes, les aspects financiers.. etc.,

Bref il s’agit d’un contrôle de bout en bout, jusqu’à la mise en service de la centrale électrique où le maître d’ouvrage est invité à réceptionner sa nouvelle acquisition en éprouvant son bon fonctionnement.

Sonelgaz a à son actif plusieurs centrales électriques qui contribuent grandement à la satisfaction des besoins de ses clients. Comment cette contribution a évolué ces dernières années ?

Nos clients principaux, étaient auparavant la STE et la STG qui s’occupent, désormais, de leurs propres projets à la faveur de la nouvelle restructuration du Groupe Sonelgaz. Actuellement, nous avons la Sonelgaz Production d’Electricité – SPE et la Sonelgaz Energies Renouvelables – S-ER. Ce sont nos principaux clients et nous espérons pouvoir agrandir notre portefeuille client.

Au fil du temps, nous avons accompli la réalisation de plusieurs centrales électriques avec une capacité de production qui dépasse les 22 000 MW. Des Nous avons des centrales Electriques en Cycles Combinés avec une capacité de production 14 909.30 MW, des centrales Electriques en Cycles simples avec une capacité de production de  5 684.44 MW, des centrales Electriques en turbines à gaz mobiles d’une capacité de production de  1 765 MW et des centrales Electriques en Diesel pour la production de 149 MW

La majorité de nos centrales sont de type cycle-combinée, présentant  le meilleur rendement à travers une combinaison turbine à gaz – turbine à vapeur qui permet une économie effective du gaz naturel. A ce titre il faut noter que ce type de centrale permet de produire, avec la même quantité de gaz, un tiers d’électricité en plus. Cependant, Ces centrales utilisent l’eau de mer pour leurs refroidissements, ce qui nécessite leurs implantations dans des sites côtiers (près de la mer), et ce dépit de la difficulté, de plus en plus prégnante, à trouver des sites en bord de mer.

Pour remédier à cette difficulté, S-Eng a élaboré un nouveau cahier des charges pour la réalisation d’une centrale électrique en cycle combiné à réfrigération sèche en Algérie (Ain Arnat, wilaya de Sétif). En effet, pour la première fois en Algérie une centrale en cycle combiné a été réalisée à l’intérieur du pays.

La technologie des condensateurs refroidis par air (ACC), utilisée à Ain Arnat, ne nécessite pas d’eau de mer pour condenser le fluide de traitement. Cette technologie respectueuse de l’environnement n’implique aucun déchargement d’eau chaude et nécessite peu de maintenance. En outre et partant de certaines difficultés d’exploitation rencontrées par le Maitre d’ouvrage, de nouvelles centrales électriques ont été lancées, il s’agit en l’occurrence de Naâma et de Bellara, mises en service en 2022 et d’autres sont livrées au fur et à mesure de l’achèvement de leur réalisation tel que : Oumèche, Bellara, Kais …).   

NAAMA est la première centrale électrique en cycle combiné réalisée selon la configuration multi Shaft (multi-arbres) contrairement aux autres centrales en cycle combiné de Terga, Koudiet Eddraouach, Ras Djinet et Ain Arnat qui sont toutes réalisées, selon la configuration single shaft (un seul arbre).

Cette configuration permet une souplesse dans l’exploitation et la maintenance de la centrale.

Sonelgaz Engineering a également réalisé un nombre important de centrales composées de groupes diesels et des TG mobiles, ces dernières ne nécessitent pas un génie civil conséquent ; ce qui permet d’alimenter des localités en un temps record, ces réalisations ont permis d’assurer une meilleure disponibilité de l’énergie électrique au niveau des réseaux isolés du sud.

Qu’en est-il des énergies renouvelables et de votre apport, en tant que S- Eng, dans cette dynamique qui obéit à des orientations stratégiques de développement ?

A Sonelgaz, nous répondons toujours à l’impératif de la transition énergétique dont les contours ont été tracés par les plus hautes autorités de l’Etat.

Depuis l’adoption de la transition énergétique comme étant une option stratégique pour le pays, le Groupe Sonelgaz est devenu un acteur majeur dans le développement des EnR.

en effet, nous avons réalisé une ferme éolienne à Adrar, implantée dans la zone de Kabertène à 80 km au Nord de la wilaya. Ce projet, est le premier du genre à l’échelle national, et est une station expérimentale représentant un modèle réussi en matière d’exploitation de l’énergie éolienne pour la production de l’électricité  dans un environnement à très haute température et sablonneux. Il constitue un cas d’école surtout, qui nous a permis d’économiser du gaz naturel et qui fonctionne très bien aujourd’hui.

Ce projet, a été suivie par la réalisation d’une centrales pilote, d’une puissance de 1 MWc dans la willaya de Ghardaia, avec 4 technologies différentes de panneaux photovoltaïques pour examiner laquelle convient le mieux à notre environnement.  Elle a été mise en service en 2014, cette station est aussi considérée comme un laboratoire à ciel ouvert où différentes technologies de panneaux sont testées, elle aide à enrichir les études et recherches universitaires Algériennes dans le domaine des ENR.

C’est un cas d’école et des étudiants en énergies renouvelables visitent constamment cette centrale pour un retour d’expérience. Par la suite, S-Eng a également mis en œuvre le développement des centrales photovoltaïques d’une puissance totale de 300 MWc actuellement en service pour le compte de S-ER (ex SKTM).

Pour couronner tout cela, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique énergétique de développement des énergies renouvelables en Algérie, le Ministère de l’Energie et des Mines vient de mandater le Groupe Sonelgaz pour la réalisation du programme national EnR qui porte sur la construction de plusieurs centrales solaires photovoltaïques d’une puissance totale de 15 000 MWc. C’est pour Sonelgaz un challenge extraordinaire qui doit être relevé et être au rendez-vous de l’échéance.

A cet effet, un premier appel d’offres national et international ouvert pour la réalisation d’un premier projet de 2000 MWc composé de quinze (15) centrales solaires photovoltaïques réparties sur plusieurs sites (11 wilayas) a été lancé le 27 février 2023. Un autre Appel d’offres suivra en fin d’année 2023 et concernera 3000 MWc.

En outre, Sonelgaz a été mandaté récemment pour poursuivre le traitement de l’Appel d’offres à investisseurs lancé par la société SHAEMS en 2021 « Solar 1000 ».

Sonelgaz Engineering propose-t-elle des prestations de services au profit d’opérateurs tiers, autres que Sonelgaz et ses filiales ?

Effectivement, nous avons été sollicités, à plusieurs reprises dans des projets d’entités qui n’appartiennent pas au Groupe Sonelgaz. Cela a été le cas notamment de la Grande Mosquée d’Alger pour la supervision des travaux liés à l’alimentation électrique, l’aéroport international H.-B. pour l’élaboration des cahiers des charges et les spécifications techniques des postes électriques, l’AADL pour l’examen et l’approbation des plans et l’assistance pour réceptionner certains équipements électriques. Ce sont des missions pour lesquelles notre intervention a été ponctuelle et que nous espérons pouvoir développer plus tard.

Cela dit, Sonelgaz Engineering a un plan de charge tellement conséquent dans le cadre de ses missions endogènes au sein du Groupe Sonelgaz que nous nous déployons à tous les niveaux pour mener à bien tous les projets. Mais nous sommes disponibles pour avoir de nouveaux clients, d’autant que l’orientation du PDG de Sonelgaz, c’est d’aller chercher des projets y compris à l’international. Pour l’instant, nous nous déployons dans le sens du développement de l’outil national.

En effet, Sonelgaz a instauré une politique pour promouvoir l’outil national qui est mise en œuvre dans Nos cahiers des charges. Nous sommes actuellement chargés de réaliser un mégaprojet de 15 GWc et à ce titre, nous estimons qu’il est nécessaire, de promouvoir l’intégration nationale. Pour se faire, un taux d’intégration nationale de 35 % au minimum est exigé dans le cahier des charges. Des équipements tels que : Charpentes et structures des panneaux, câbles, les transformateurs BT, …, doivent impérativement être procurés auprès des fabricants Algériens.

Le recours à l’importation n’est autorisé qu’après justification d’indisponibilité et d’incapacité des fabricants nationaux à répondre au besoin. Aussi, les travaux de génie civil et de montage électromécanique doivent être confiés aux sociétés algériennes. Aussi, le personnel doit être recruté en Algérie (personnel algérien) à l’exception du personnel dédié aux prestations et travaux spécifiques.

Pourquoi solliciter des entreprises étrangères, lorsque nous pouvons faire cela par nous-mêmes ? Tenez, le transport par exemple. Pourquoi ramener des transporteurs de l’étranger, alors que nous avons nos propres entités Algériennes qui sont en mesure d’assumer pleinement cette mission ? Le génie civil, le montage, la main d’œuvre… tout cela doit être algérien, c’est une exigence. Cela dit, nous avons fait des préqualifications pour identifier les entreprises algériennes pour pouvoir les solliciter pour faire ces travaux.

Ce que nous ramènerons de l’étranger, c’est la technologie et ce qui n’existe pas chez nous en termes de savoir-faire et de maîtrise technique. Mais avec le temps, avec la vision dont nous nous sommes désormais dotés, au fur et à mesure de nos acquis nationaux en matière de maîtrise de savoir-faire et de technologie, nous étendrons davantage la part dévolue aux produits et services algériens.

A travers l’acquisition de ce savoir-faire, Sonelgaz ambitionne-t-elle d’aller à l’international pour exporter son savoir-faire ?

Nous avons, il est vrai, pour ambition d’œuvrer à un déploiement de notre métier à l’international. D’ailleurs, ce n’est pas une option économique d’entreprise, c’est véritablement un axe stratégique de la politique du Groupe Sonelgaz qui mobilise ses filiales dans cette optique. Nous sommes tenus de la suivre, d’autant que nous détenons un savoir et un savoir-faire avérés en matière de maitrise d’œuvre qui est un métier à part entière. Nous espérons pouvoir déployer ce métier à l’international et prendre des parts de marché, notamment sur le continent africain qui est considéré comme un marché demandeur. Il ne faut pas perdre de vue que nous avons un parc électrique et gazier, le plus développé en Afrique.

Quelles sont les perspectives d’évolution de la Société sur les différentes lignes de ses métiers ?

C’est toujours la recherche de la performance et de l’excellence. Nous sommes toujours dans la formation de nos ingénieurs, constamment à l’affût de toute nouveauté en matière technologique. Nous veillons toujours à la réalisation de nos projets dans le respect du triptyque : qualité-prix et délais. En satisfaisant à ces exigences de performance et d’excellence, nous ouvrons à l’entreprise des horizons prometteurs en matière de plan de charge et de parts de marché, y compris à l’international où nous pouvons, à juste raison, faire face à la compétition.

L’expérience acquise depuis sa création à travers les différents types de projets qui lui ont été confiés, permet à Sonelgaz – Engineering, de jouir aujourd’hui, d’un savoir-faire particulier. S-Eng a relevé plusieurs défis en matière de production d’énergie électrique et ce, grâce au management opérationnel de qualité dont elle fait preuve et à ses collaborateurs dont la compétence est avérée et ponctuée par des formations de haut niveau en relation directe avec le métier de l’engineering.

Qu’en est-il du problème auquel sont confrontées de nombreuses entreprises nationales, à savoir la fuite des cadres ?

Franchement, nous ne pouvons pas dire, à Sonelgaz Engineering, qu’il y a un phénomène de départ des cadres, car le Groupe Sonelgaz a réussi, avec le temps, à développer chez ses recrues un sentiment d’appartenance. Le Phénomène est tellement rare qu’il ne mérite même pas d’être cité, car il cesse d’être pertinent. En fait, au fil des années, nous avons ancré de véritables traditions au sein de l’entreprise, ce qui a contribué à développer chez nous le sentiment d’appartenance. Sonelgaz a véritablement investi dans la formation de ses cadres et chez nous à S. Eng., par excellence, c’est le capital humain qui est important, bien plus que tout autre outil ou équipement. Et ce capital humain est là fermement attaché à son outil de travail et décidé à se mobiliser pour le développement de son pays, l’Algérie.  

H. N. A.

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