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Hakim Soufi, CEO de Macir Vie : « L’assurance est donc plus que nécessaire. Elle est vitale »

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Les assurances algériennes, à l’instar de celles du monde entier, reviennent de loin après la période contraignante de la pandémie du Covid-19, démontrant une résilience extraordinaire. Mais une question s’impose d’elle-même : ont-elles toutes compris, après cette épreuve, que l’innovation et la digitalisation sont la voie royale vers l’émergence ? Quoi qu’il en soit, Macir Vie semble avoir fait son credo de l’innovation et enregistre un rebond significatif de son chiffre d’affaires, diversifiant son portefeuille produits et se focalisant sur le volet recherche&développement en vue de plus d’innovation. Conscient que l’ancrage social de l’assurance en Algérie a besoin de vulgarisation et de sensibilisation, Hakim Soufi, CEO de Macir Vie n’en précise pas moins que l’avenir de l’assurance est à la complémentarité entre les acteurs des assurances et les pouvoirs publics. Il en est de même, précise-t-il, de l’enjeu de sécurité alimentaire qui est un objectif primordial pour l’intérêt de la nation. 

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Macir Vie est la première compagnie privée spécialisée dans les assurances de personnes en Algérie. Quels ont été les résultats réalisés par la compagnie en 2022, dans ce segment et dans l’ensemble de ses activités ?

L’année 2022 marque un rebond de l’activité pour le secteur des assurances en général et pour Macir Vie en particulier, après la période de la pandémie qui avait mis un sérieux coup d’arrêt à notre activité, notamment pour ce qui concerne les assurances voyages.

Ainsi, nous sommes satisfaits des résultats, démontrant par la même occasion la résilience et l’agilité de notre entreprise.

Grâce à Dieu, nous avons connu une augmentation de 25% du chiffre d’affaires de Macir Vie et avons ainsi réalisé l’un des meilleurs exercices de notre histoire.

Beaucoup de compagnies d’assurance accordent au volet innovation un intérêt particulier. Qu’en est-il pour Macir Vie ?

Macir Vie est pionnière dans le domaine de l’intégration des nouvelles technologies dans le domaine des assurances. En effet, l’innovation fait partie de nos valeurs cardinales et nous nous efforçons sans cesse d’apporter des nouveautés utiles à nos clients. Nous sommes fiers d’avoir introduit des exclusivités en Algérie, comme la souscription et le paiement électroniques pour les assurances voyage dès 2017.

Encore récemment, nous avons introduit la carte d’assistance internationale dématérialisée et téléchargeable sur Wallet sous iOS et Google Wallet.

Ceci, en plus des différentes plateformes à disposition de nos clients pour la gestion, sous format dématérialisé, de leurs polices d’assurances.

Enfin, nous avons également le plaisir d’avoir noué un partenariat avec le fonds d’investissement américain SEAF en Algérie, pour soutenir des startups prometteuses dans le domaine de la Fintech et l’Insurtech entrant dans le champ de notre politique de Recherche & Développement.

Macir Vie avait pour objectif de devenir un acteur majeur de l’assurance santé en Algérie. L’est-elle devenue aujourd’hui ?

Macir Vie est vouée toute entière à la mise en place de processus efficaces et efficients en termes de couvertures des besoins et de prise en charge de la santé de ses clients en Algérie. C’est pourquoi nous accordons une attention particulière à l’assurance complémentaire santé et prévoyance, que nous appelons MyMacir Groupe. C’est aussi l’occasion de rappeler notre garantie MyMacir Santé + pour la prise en charge des frais liés aux maladies redoutées, comme le cancer ou les AVC, notamment en partenariat avec General Electric Healthcare Algérie. De plus, nous visons également à renforcer notre offre dans le domaine de la santé avec des nouveautés en cours de préparation et que nous annoncerons en temps voulu, Incha’Allah.

Les assurances de personnes ont besoin de beaucoup de vulgarisation auprès du grand public. Que faudrait-il faire pour réussir cette opération de sensibilisation ?

En effet, les assurances de personnes nécessitent des actions de vulgarisation à grande échelle afin de sensibiliser à l’importance de se protéger contre les aléas de la vie et mettre ses proches à l’abri du besoin en cas de difficultés en termes de prise en charge des soins. De telles actions doivent évidemment être à l’initiative des compagnies d’assurance, mais également des pouvoirs publics.

En Algérie, la population a davantage tendance à s’assurer par obligation et moins par choix. Or, il serait merveilleux de pouvoir se connecter avec la Caisse Nationale des Assurances Sociales (CNAS) pour apporter aux clients algériens des garanties qui couvriraient les soins non pris en charge par cette institution, d’une part et remonter les coûts de remboursements auprès des spécialistes de la santé, d’autre part.

Il y a énormément d’innovations à apporter dans ce domaine, sans compter les produits de capitalisation qui permettraient de fournir aux clients des solutions d’épargne-retraite, par exemple. C’est pour cela, qu’il y a l’impérieuse nécessité de sacraliser les partenariats entre la capacité des pouvoirs publics à légiférer et la capacité des opérateur économiques à introduire des innovations majeures ou de rupture, en termes d’assurances, au bénéfice de la société.

Comment Macir Vie conçoit-t-elle la problématique choisie pour la conférence annuelle de l’OAA qui traite de la relation Assurances – Sécurité alimentaire en Afrique ?

C’est une question cruciale qui concerne l’Algérie et l’ensemble de notre continent africain. En effet, il s’agit d’une question de souveraineté pour les nations et il est donc primordial d’y apporter des réponses durables.

Ainsi, le concept de l’autosuffisance totale peut être difficile à atteindre, car il est impossible de vivre en autarcie. Toutefois, en tant que nation et plus généralement en tant que continent, nous devons assurer notre souveraineté alimentaire. Pour ce faire, il y a des synergies à trouver entre les pays de l’espace africain afin de pouvoir compter sur nos propres moyens de subsistance.

Les autorités algériennes ont une politique affirmée et volontariste dans le domaine et investissent d’importants moyens pour y arriver. De ce fait, en tant qu’acteurs du secteur des assurances, nous sommes disposés à apporter tout le concours nécessaire pour atteindre cet objectif essentiel.

Cela passe notamment par la sécurisation du monde agricole, à travers des produits d’assurance adéquats mais aussi et surtout par l’introduction de technologies de rupture au sein même du monde agricole comme l’assurance paramétrique via l’utilisation des satellites afin d’apporter une dimension prédictive à la gestion des risques. Cela permettrait notamment de gérer au mieux le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles qui en découlent ; les drones pour surveiller les zones à risque et prévenir les incendies, en donnant une capacité de détection précoce ; les IoT pour gérer au mieux les ressources hydriques et l’irrigation ; les fermes verticales en zones urbaines pour récupérer un tant soit peu les espaces des zones rurales sacrifiés au nom de l’élargissement des zones urbaines ; les énergies renouvelables pour gérer le coût énergétique des zones rurales ; l’identification par résonnance pour localiser les nappes phréatiques ; le photovoltaïque pour remplacer les énergies fossiles par nature polluantes ; la robotique et les tracteurs autonomes pour les travaux agricoles. Bref c’est tout un pan de l’agriculture traditionnelle qui se voit soutenue et réformée en profondeur par la tech.

C’est donc toute une révolution qui vient se placer dans nos sociétés modernes et qui se transforme en réponses fortes aux défis environnementaux, techniques et technologiques qui s’érigent face à l’humanité toute entière.

Qu’en est-il des solutions d’assurance digitales, de la micro-assurance et des Insurtechs ?

Elles peuvent jouer un rôle important dans la diffusion des assurances auprès du grand public. La tendance est à la digitalisation tous azimuts. Ainsi, le comportement des Algériens, de plus en plus connectés et de plus en plus enclins au paiement électronique, est un signal encourageant.

Dans ce cadre, l’émergence de la micro-Assurance, de la neo-Assurance et de l’Insurtech peut constituer un formidable élan de croissance, d’innovation et d’évolution du secteur.

Plusieurs acteurs ou startups sont prêts à se lancer, nous en avons fait cas et nous attendons que la réglementation évolue en ce sens pour lancer notre propre technologie 100% algérienne.

Qu’en est-il de votre projet du lancement de l’Insurtech ?

Le projet d’Insurtech, The Bridge et sa solution B-Intech, est prêt pour son lancement. Nous attendons une évolution du cadre réglementaire permettant à de nouveaux acteurs d’entrer sur le marché. Pour ce faire, nous sollicitons les autorités compétentes afin de réduire le capital nécessaire ou ses modalités de libération, pour que des startups puissent se lancer dans le domaine.

Comment se porte aujourd’hui le marché national des assurances de personnes ?

Après une période difficile liée à la pandémie, nous constatons un rebond substantiel de l’activité. Il y a encore du chemin à parcourir pour donner pleinement à notre secteur ses lettres de noblesse, mais c’est en bonne voie.

De par le monde, notamment sur les marchés des assurances américain et européen, les assurances de personnes réalisent un chiffre d’affaires plus important que celui des assurances dommage, ce qui n’est pas cas en Algérie. Que faudrait faire pour inverser cette tendance ?

En effet, nous en revenons à la question de la vulgarisation des assurances de personnes ainsi qu’à la culture de l’assurance dans le pays. Nous ne désespérons pas de voir une prise de conscience accrue, à tous les niveaux, de l’importance des assurances de personnes et voir ainsi augmenter le taux de couverture et de pénétration des assurances dans le pays.  En tout cas, nous y travaillons quotidiennement. Néanmoins, nous avons identifié une donnée importante liée à l’explosion des coûts des dépenses de santé. Or, ces dépenses ne peuvent plus être supportées à titre privé mais nécessitent de plus en plus une prise en charge et l’intervention des compagnies d’assurance qui proposent des offres couvrant un large panel de garanties, dont les primes sont faibles mais qui prennent encharge la majorité des frais de soins. L’assurance est donc plus que nécessaire. Elle est vitale.  

H. N. A.

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