La Compagnie Centrale de Réassurance (CCR) occupe une place majeure dans le paysage de réassurance en Algérie. Ses activités s’étendent à toutes les formes de réassurance et à l’ensemble des branches d’assurances, ce qui lui a permis de nouer des relations d’affaires avec toutes les sociétés d’assurances algériennes, ainsi qu’avec une multitude de partenaires (assureurs, réassureurs et courtiers) à travers le monde. Sa solidité financière lui a valu la notation B+ de l’Agence de notation internationale AM Best. Pour le PDG de la Compagnie, Hadj Mohamed Seba, cette notation, la seule à être détenue par une société d’assurances algérienne, est une reconnaissance du travail accomplis en permanence par l’ensemble des employés de la CCR. Il revient, dans cet entretien, sur les performances réalisées par la compagnie et les perspectives à court et moyen terme.
Propos recueillis par Hacène Nait Amara
Comment la CCR a-t-elle évolué ces toutes dernières années et quels sont les résultats qu’elle a réalisés en 2021 ?
La CCR réalise chaque année une croissance appréciable, en dépit de la concurrence qui existe sur le marché local, où des réassureurs de renom exercent déjà depuis longtemps.
Durant toutes ces dernières années, l’activité de la compagnie a été marquée par une évolution positive de l’ensemble des paramètres, à l’exception du chiffre d’affaires de l’année 2020 qui a subi la tendance baissière du marché des assurances, pour cause de la crise sanitaire. Cependant, la baisse de ce paramètre n’a pas influé sur le résultat net enregistré qui a évolué sensiblement.
S’agissant de l’année 2021, la CCR a clôturé l’année avec un chiffre d’affaires autour de 39 milliard DA, ce qui va renforcer davantage la courbe croissante des performances et réalisations de la compagnie.
La CCR détient actuellement une notation B+ attribuée par l’agence AM Best. Que reflète au juste une notation pareille ?
La CCR est la première compagnie du secteur des assurances en Algérie à détenir une notation auprès d’une agence de notation internationale, en précisant que la CCR est notée depuis l’année 2010. Le processus de notation implique une analyse profonde des données propres à l’entreprise : stratégie, résultats et perspectives, gouvernance, systèmes d’information et maîtrise des risques opérationnels. AM Best vient encore confirmer, en 2021, la santé financière de la compagnie en qualifiant son bilan de très solide, en lui attribuant la notation de B+ (bonne) et de crédits à long terme bbb- avec perspectives stables. Cette notation témoigne de la capitalisation ajustée au risque de la CCR, de sa forte rentabilité opérationnelle, soutenue par des résultats techniques robustes et de bons retours sur investissement. Cette notation est une reconnaissance du travail accomplis en permanence par l’ensemble des employés de la compagnie.
En quoi consistent vos activités de réassurance à l’international et comment faites-vous pour faire face à la concurrence dans ce domaine ?
Pour le moment, la CCR propose ses services en tant que réassureur acceptant des risques dans plus de 55 pays, avec plus de 240 clients à l’étranger, notamment en Afrique (plus de 25 pays), en Asie et au Moyen-Orient (plus de 26 pays). Nous sommes également présents en Europe, avec un portefeuille répartis sur 5 pays. La zone Afrique & monde arabe arrive en tête du portefeuille des souscriptions internationales, avec une part de plus de 52,5%, suivi par l’Asie avec plus de 27% et la zone Europe avec plus de 19% de parts sur le chiffre d’affaires international. Nous espérons pouvoir consolider et augmenter notre présence sur les marchés où nous sommes déjà actifs. Malgré la concurrence existante, la CCR arrive à se maintenir, de par la bonne réputation dont elle jouit, la qualité de service offerte et la réactivité de ses équipes.
La CCR est le seul réassureur sur le marché algérien, détenant la plus grande part sur le marché local. Cherche-t-elle tout de même de nouvelles opportunités pour augmenter sa part de marché ?
La CCR est pour l’heure le réassureur détenant la plus grande part sur le marché local (62% en 2020). Elle est toujours présente aux côtés de ses clients et partenaires, en apportant la capacité et l’assistance technique pour les soutenir et couvrir, aux conditions optimales, les risques assurés. S’agissant des opportunités, il faudra considérer les risques émergents tels que le cyber risques, le réchauffement climatique, l’augmentation du risque pandémique. Ces risques peuvent en effet accroitre l’offre d’assurance, avec le développement de nouveaux produits ou de nouvelles garanties. La CCR suit de prêt toutes les évolutions, afin de mieux les cerner et travaille avec ses partenaires pour développer ces créneaux.
Qu’en est-il des placements financiers et participations de la CCR ?
Le portefeuille d’investissement financier de la CCR est alloué conformément aux exigences réglementaires et aux directives d’investissement internes, qui obéit à une stratégie financière visant à réaliser une rentabilité maximale des fonds disponibles, tout en préservant les facteurs liquidité et sécurité de ses actifs financiers.
Ce portefeuille est principalement investi en obligations émis par l’État algérien et en dépôts à terme. Au titre de l’exercice 2020 les placements financiers et participations ont atteint un montant 79 546 millions DA, dégageant des produits pour un montant de 3 184 millions DA.
Avec l’augmentation du risque pandémique, quels sont les produits de réassurance qui peuvent être mis sur le marché pour couvrir ce risque ?
Un grand débat autour de la couverture du risque pandémie par le marché de la réassurance est actuellement ouvert. Il s’agit d’un risque qui paraissait peu probable il ya quelques temps. L’arrivée de la Covid 19 a changé la vision du marché à ce sujet, notamment la couverture des pertes d’exploitation des entreprises pour raison sanitaire, qui n’était pas prévue par les contrats d’assurance commercialisés par les compagnies d’assurance à la base.
Plusieurs scénarios peuvent être imaginés pour la prise en charge de ce risque qui devient pesant. Pour l’heure la piste la plus probable demeure celle de la mise en place d’une solution impliquant un marché dans son ensemble (Pool/Fonds), à l’instar de ce qui se fait pour les catastrophes naturelles.
Quels sont vos objectifs pour la nouvelle année 2022 ?
En 2022 la CCR vise à conforter sa position de leader et renforcer le soutien apporté aux cédantes, tout en veillant au maintien du cap de croissance actuel de la compagnie.
Nos projets pour 2022 se déclinent en plusieurs points : moderniser davantage l’organisation et la gestion de la société, mettre à niveau notre système d’information, avec la nécessité d’intégrer la digitalisation dans les processes. Nous allons vers la numérisation des activités, en utilisant les nouvelles technologies, qui sont actuellement une opportunité incontournable pour la relance de la machine économique et financière.
H. N. A.