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Diversification industrielle et exportation : Banquiers et industriels à l’heure des grands défis

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Les projets industriels se multiplient, les entreprises se diversifient et s’exportent et l’appétit des banques pour l’investissement et l’accompagnement de cette dynamique n’a jamais été aussi perceptible. De son côté, l’Etat a depuis peu modifié la loi cadre régissant l’investissement pour y apporter plus de visibilité, plus de sécurité, plus de facilité et plus de stabilité.

la dynamique est là. L’enjeu est de faire de l’Industrie -qui ne contribuait jusqu’ici qu’à hauteur de 5% du PIB et qui dépendait à 75% des importations en matières première- un acteur économique compétitif aussi bien en Algérie que sur les marchés extérieurs. Pour y parvenir, il est question de réduire la dépendance aux importations en intrants en investissant davantage dans l’amont agricole, et d’accompagner la dynamique des entreprises à l’international. Dans l’industrie pharmaceutique, les choses semblent avancer plus rapidement. Le marché national des produits pharmaceutiques-qui pèse 4 milliards d’euros- est couvert désormais à 70% par la production locale qui, elle aussi, met le cap sur les marchés extérieurs pour se diversifier et se créer de nouveaux relais de croissance. Il s’agit d’un thème d’une importance capital, dont les enjeux sont stratégiques, qui a été débattu par des acteurs des secteurs agroalimentaire, pharmaceutique et bancaire, à l’occasion de la tenue, au siège de Business France à Paris, la mi-mars écoulé, de la 14e édition des «Rencontres Algérie», considérées comme étant un haut lieu de partenariat d’affaires et de coopération bilatérale entre l’Algérie et la France. Lors d’un panel dédié à débattre de « La diversification industrielle et des exportations : exemple des secteurs de l’agroalimentaire et de la pharmaceutique », le Directeur général de Société Générale Algérie (SGA), Julien Sterenzy, était le premier à avoir mis en évidence cette nouvelle dynamique industrielle en Algérie, y voyant une accélération et une transformation qui ne trompent pas. « Je voudrais vraiment dire que la diversification en Algérie ne date pas d’aujourd’hui. L’Algérie est un pays industriel. Lorsque vous consommez en Algérie, vous achetez des produits fabriqués en Algérie, des boissons, aux pâtes alimentaires en passant par le béton et l’acier, l’électroménager, etc. Nous qui sommes partout dans le pays, nous avons vu des outils industriels extrêmement efficaces et des entrepreneurs extrêmement motivés. Il faut donc parler plutôt d’accélération de la diversification », estime, d’emblée, le DG de Société Générale Algérie qui croit dur comme fer que les opportunités d’investissement et de financement restent importantes, aussi bien de la part des banques publiques « qui sont très solides » que de la part des banques privées « qui sont très présentes avec une situation financière très solide». Pour ainsi dire, « il y a un accès aux financements et nous sommes là pour accélérer cette tendance ».

D’ailleurs, pour pouvoir accompagner cette dynamique, Société Générale Algérie, présente dans le pays depuis 2000 avec, au tableau, 91 agences et 13 centres d’affaires répartis sur l’ensemble du territoire, n’a cessé, ces dernières années, selon son DG, d’ «étoffer ses dispositifs sur quatre leviers principaux qui sont aussi importants et utiles pour les entreprises algériennes, à savoir la filière expertise, laquelle tourne autour d’une banque d’affaires et de conseil sur l’ensemble des aspects liés aux cessions, au acquisitions, aux partenariats…création d’une salle des marchés pour étoffer l’offre sur le change, le leasing ».  « Nous investissons dans la durée. Nous sommes très contents de notre présence en Algérie. Nous continuons à croitre et à grandir année après année. Nous avons le grand projet de construction d’un siège qui sera l’un des plus importants du continent africain. L’Algérie est un pays auquel il faut croire dans la durée et dans lequel nous arrivons à générer des résultats », souligne Julien Sterenzy, dont l’établissement s’est beaucoup développé en Algérie, aussi bien en horizontal, en étendant son réseau d’agences, qu’en vertical en augmentant ses équipes d’une moyenne de 50 personnes/an pour atteindre un effectif de 1600 aujourd’hui.

Une dynamique industrielle qui s’accélère

S’adressant à un important parterre de chefs d’entreprises français ayant pris part aux 14e Rencontres Algérie, Julien Sterenzy leur signifie clairement que c’est le bon moment d’investir en Algérie, un pays en pleine dynamique. « Depuis 18 mois, nous entrevoyons une accélération dans beaucoup de grands projets structurants, dont le renouvelable avec, comme projets, le 15 000 mégawatts, d’une valeur d’un milliard de dollars d’investissements. Autour de ces projets, il y a des structures locales qui se créent pour l’ensemble des métiers de l’énergie solaire, dont les panneaux photovoltaïques, la maintenance, etc. », soutient-il en guise d’arguments. « L’Algérie est un pays de grands projets. Les investisseurs français disposent d’une équipe en Algérie qui connaît ce marché et qui est là pour les accompagner. La question qui se pose est celle de savoir si les entreprises françaises investissent. La réponse est oui, mais pas assez. Il faut qu’on ait la conviction que c’est un pays qui bouge. Il faut qu’on se batte pour qu’on ait des parts de marché dans ce pays et nous sommes là pour vous accompagner. C’est notre intérêt commun », argue-t-il en s’adressant aux quelques chefs d’entreprises françaises présents à cette rencontre. Enchaînant sur la même note d’optimisme, Amine Aissaoui, Directeur des affaires publiques et économiques chez Sanofi, estime que le laboratoire mise sur cette dynamique industrielle pour accélérer dans ses projets en Algérie. Sanofi, qui dispose, en Algérie, de la plus grosse présence industrielle en Afrique et au Moyen-Orient, affiche encore un bel appétit pour les investissements ; le dernier étant chiffré à plus de 100 millions d’euros. A l’instar de Julien Sterenzy, DG de SGA, Amine Aissaoui tient à préciser, d’abord, que la production locale n’est pas une nouveauté en Algérie. L’industrie pharmaceutique, dont la doctrine en faveur de son développement remonte aux années 1990, « est l’un des principaux piliers de l’industrie algérienne ». Cette doctrine, dans laquelle s’était inscrit le groupe Sanofi, plaidait en faveur d’une transformation de cette industrie en mettant le cap sur la production locale.

Amine Aissaoui explique à juste titre que la stratégie du laboratoire français en Algérie consiste à « répondre aux objectifs des autorités en matière de production. Le basculement était de passer des produits pharmaceutiques classiques vers les biotech. Nous sommes sur des projets de court terme, de 50 à 100 millions d’euros, en cours de concrétisation ». La chimiothérapie constitue également un axe de développement important pour le groupe, étant donné qu’il s’agit là « d’un grand marché qui représente plus de 400 millions d’euros de dépenses annuelles. Elle représente de ce fait une priorité pour les autorités algériennes », estime le Directeur des affaires publiques et économiques chez Sanofi. Sur le défi de l’exportation auquel l’Exécutif accorde une importance primordiale, il explique que les responsables de Sanofi en sont conscients et que l’enjeu « est d’atteindre un niveau optimal de couverture du marché pour pouvoir exporter ». « Nous nous inscrivons dans cette logique qui est celle des autorités algériennes », soutient sur sa lancée le responsable de Sanofi. Plus explicite sur le défi de l’exportation, Amine Aissaoui précise que pour une multinationale comme Sanofi, « nous pouvons exporter vers l’Afrique du Sud, tout comme vers l’Amérique Latine, il s’agit de prioriser en fonction de nos filières. Sur nos exportations depuis l’Algérie, nous en discutons avec nos filières sur les opportunités à court terme. Nous disposons d’un site de production assez conséquent qui nous permet de couvrir facilement les besoins du marché algérien. A partir d’un certain niveau de production, nous pourrons exporter environ 30% de notre production ». Du côté des industries agroalimentaires, les clignotants sont au vert, selon les acteurs de cette filière, représentée dans ledit panel par Saïdi Imène et Saîd Lamraoui, respectivement responsable des achats du groupe Ramy et DG de Mont Djurdjura.

L’exportation, un défi commun

Les industries agroalimentaires affichent de belles croissances, de beaux chiffres d’affaires et de belles perspectives en matière de diversification et d’exportation, même si elles restent dépendantes à 70% des importations en matières premières. Après avoir accéléré dans la diversification de son activité, le groupe Ramy, dont le chiffre d’affaires est estimé à environ 100 millions d’euros, se dirige vers l’exportation, en quête de nouveau relais de croissance. « Le marché des boissons en Algérie a atteint un niveau de saturation tel qu’il faille s’orienter vers l’exportation. Nous avons déjà exporté à destination de certains pays du continent africain et les pays du Golfe. Nous exportons 10 à 15% de notre production », souligne Saïdi Imène, responsable des achats du groupe Ramy. En revanche, le groupe importe pour 70% de ses matières premières. Mais là aussi, les choses bougent dans le bon sens, puisque le groupe a pu avoir des partenaires algériens fabricants de certains intrants dans le but de s’affranchir des importations. « Ces partenaires nous fournissent 20 à 30% de nos matières premières importées jusqu’ici », explique Saïdi Imène. Même son de cloche du côté de Mont Djurdjura. Cette petite entreprise familiale, dont le chiffre d’affaires s’élève à 13 millions d’euros existe depuis 1999 et active dans la filière de l’embouteillage d’eau de source. Son Directeur Général, Saîd Lamraoui, fait état de belles perspectives de diversification de l’activité de son entreprise. Son marché étant saturé, l’entreprise a de bons plans en matière d’innovation de sorte à rajouter de nouvelles cordes à son arc, dont les boissons énergisantes et les boissons diverses. « Nous y réfléchissons de manière à proposer un produit d’excellente qualité pour s’imposer sur le marché déjà en saturation. Nous avons élaboré un plan sur trois ans. Il s’agit d’un investissement d’au moins 15 millions d’euros », a expliqué le DG de Mont Djurdjura. Pour s’affranchir des importations en matière première, l’entreprise a déjà lancé une petite société spécialisée dans l’emballage conçue à l’origine pour servir d’une structure auxiliaire dont l’objectif est de doter Mont Djurdjura de matière première d’emballage. « En plus de cet investissement, nous sommes également à la recherche de partenaires plus expérimentés sur le créneau pour un investissement en partenariat ou à 100%. Nous avons établi quelques contacts avec de potentiels investisseurs dans ce créneau et nous attendons de concrétiser cela ». Pour ce qui est de l’exportation, Mont Djurdjura, après quelques tentatives d’export vers la Mauritanie, le Soudan et l’Afrique centrale, compte appuyer davantage sur le champignon dans les années à venir en travaillant sur la partie logistique et sur la manière de s’y implanter afin de pouvoir réduire les coûts ». Cette nouvelle tendance à promouvoir les exportations hors hydrocarbures est aidée, selon Saîd Lamraoui, par les investissements consentis par l’Etat dans l’infrastructure, dont la réalisation de la route subsaharienne, mais aussi par tous les avantages fiscaux accordés aux entreprises exportatrices. Pour ainsi dire, les opérateurs algériens et étrangers présents en Algérie parmi les industriels et les banquiers, repartent de l’avant et regardent l’avenir avec gourmandise. Restent deux défis à relever, de l’avis de Julien Sterenzy, DG de Société Général Algérie : travailler sur l’amont et la partie logistique de l’export. « Il y a un matériel industriel performant, mais ce qui manque c’est la production agricole qui sera de nature à réduire les importations des matières premières. Il faut donc développer la partie amont. L’exportation devient un enjeu essentiel pour les autorités. Le challenge sur cette partie est de construire des infrastructures logistiques pour acheminer les produits vers les ports », conclut le patron de la SGA, convaincu de l’énorme potentiel du marché algérien auquel il faut s’intéresser dans la durée.

H. N. A.

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