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Conférence de Nacer Sais, PDG de la CAAT à l’ESAA : « L’assurance, facteur de développement et de résilience économique »

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Il existe une relation très étroite entre le développement économique d’un pays et l’émergence d’un marché d’assurance fort. C’est la raison pour laquelle, les taux de pénétration de l’assurance, les plus élevés, sont observés dans les économies évoluées. A l’inverse des économies en voie de développement, où ces taux sont en recul.

Par Baderddine K.

Cette affirmation résume, en substance, la ferme conviction de M. Nacer Sais, pdg de la compagnie algérienne des assurances (CAAT), qui a animé, tout récemment, une conférence sur l’« assurance comme facteur de résilience et de développement économique », à l’école supérieure algérienne des affaires (ESAA). L’activité d’assurance accompagne et soutient le développement économique à travers le transfert des risques, a-t-il souligné. Pour une meilleure compréhension du sujet par l’assistance, composée, essentiellement, de responsables d’entreprises et, surtout, d’étudiants de l’ESAA, M. Nacer Sais, mettra l’accent sur le rôle social de l’assurance, qui permet de prémunir un individu ou une association contre les conséquences économiques liées à la survenance d’un risque aléatoire. Un système de solidarité par excellence, qui garantit la stabilité économique à toutes les couches sociales, dira-t-il.

L’assurance, permet, selon lui, aux individus et leurs familles d’être acteurs de leur propre destin, en protégeant leurs actifs durement acquis et les libèrent, ainsi, d’une dépendance à la famille, à la communité et à l’Etat, en cas d’évènements graves. L’assurance soutient, dit-il, le développement durable de tous les secteurs économiques pour la réparation des dommages atteignant les patrimoines assurés et stabilise la situation financière des entreprises. Comme elle (l’assurance) constitue un levier de transfert et de formation de capital, qui sert au financement de l’investissement et de l’activité économique en général.

L’invité a détaillé le chiffre d’affaires du marché mondial des assurances, qui avoisine les 7 000 milliards de dollars, avec un taux de pénétration de 7% du PIB mondial, en moyenne.

La densité d’assurance, c’est-à-dire le budget moyen consacré par les ménages à l’assurance, est de l’ordre de 800 dollars. L’Amérique du nord, l’Europe et l’Asie, demeurent les continents où le marché est très avancé. Le taux de pénétration de l’assurance aux États-Unis, par exemple, est de 12 % ; traduisant l’importance de l’assurance dans la première économie du monde. Ces taux sont de 9% et 10% en Europe et en Asie, a souligné Nacer Sais, qui, au cours de cette rencontre, a partagé des informations précieuses, puisées d’une riche expérience de trente années d’exercice, dont vingt ans comme dirigeant principal de compagnies d’assurances. Les futurs managers qui forment la majeure partie de l’assistance, ont été émerveillés à la fois par l’éloquence de son discours et sa disponibilité à relater sa carrière faite de réalisations majeures, et à partager avec magnanimité, sa longue expérience.

Sa simplicité ne déteint guère, toutefois, sur la fermeté de ses constats : « L’assurance reste en recul dans les pays en voie de développement. Il cite le taux de pénétration à peine de 1% en Algérie et dans la plupart des pays d’Afrique et ceux de la zone MENA.

Monsieur Sais impute ce recul à plusieurs facteurs, dont celui lié à l’organisation économique dans ces pays, où l’État joue un rôle central en matière de protection sociale et de prise en charge, par la sphère budgétaire, des conséquences dommageables découlant des différents aléas.

En ce qui concerne le marché national d’assurance, le conférencier dira qu’il peine à afficher des taux de croissance supérieurs à ceux de l’évolution du PIB, pour espérer rattraper le retard en termes de pénétration, et ce, depuis 2013. La raison réside dans deux facteurs essentiels : la compétition sur les prix que se livrent les acteurs, en l’absence d’une supervision rigoureuse et des règles prudentielles basée sur les risques gérés. Cette concurrence tire, d’année en année, les prix vers le bas, et expose, de fait, les sociétés d’assurance à une fragilité en termes de solvabilité et de capacité à tenir leurs engagements. M Sais souhaite, à ce titre, que des solutions soient apportées rapidement de nature à juguler ce phénomène destructeur de valeur.

Le deuxième facteur réside dans le fait que les segments susceptibles de propulser le niveau d’activité et le taux de pénétration, en l’occurrence les risques de masse (l’assurance habitation), et l’assurance vie/capitalisation, sont loin d’être développés, en raison des subventions accordées dans le cadre du premier, et de l’absence d’un véritable marché financier en ce qui concerne le second.

Le développement de ces deux segments ne se réalisera pas avant la mise en oeuvre de la nouvelle doctrine économique qui permettra, graduellement, un retour à la rationalité budgétaire par le transfert à la sphère commerciale de l’ensemble des prestations susceptibles d’être prises en charge par l’assurance. L’orateur a même défendu l’idée d’une subvention de certaines primes liées à la couverture des évènement majeurs, tels que les évènements naturels et autres calamités agricoles, de nature à permettre l’émergence d’un secteur d’assurance dynamique et robuste, capable d’une contribution plus accrue au financement de l’économie nationale. L’Etat gagnerait, dira M Sais, à procéder de la sorte pour se désengager, progressivement, du fardeau des indemnisations après survenance de catastrophes, qui viennent alourdir les dépenses budgétaires. Il s’agit d‘intégrer dans une mutualité plus large, par le levier de la réassurance internationale, la prise en charge des conséquences de ces phénomènes naturels atteignant les propriétés.

M Sais a terminé son intervention par donner des indicateurs sur l’avenir de l’assurance à l’échelle mondiale, et mis en avant les défis qui sont ceux de la communauté des assureurs, ayant trait à l’impératif de trouver les capacités financières suffisantes à la couverture des risques découlant des évolutions technologiques (cyber risks), aux changements climatiques (sècheresse, inondations, tornades, …) et aux pandémies.

L’orateur, tout en indiquant que la prime émise en assurance augmentera de 50% à l’horizon 20230, pour se situer autour de 10 Mille Milliards de dollars, a fait part que la Chine et l’Amérique du nord s’accapareront une part importante de cette évolution. Concernant le marché algérien, Monsieur Sais a lié l’avenir de ce dernier à sa nécessaire réorganisation, de sorte à permettre à celui-ci d’être en mesure de saisir toutes les opportunités que ne manqueront pas d’offrir les changements économiques en cours dans notre pays.

La future loi sur les assurances, qui prévoit d’introduire une nouvelle instance de supervision et de nouvelles règles prudentielles, poussera, à coup sûr, les acteurs de l’assurance à accorder davantage d’intérêt à l’innovation et à l’amélioration de la qualité de service, et à abandonner, progressivement, la course aux réductions tarifaires pour gagner ou conserver des parts de marché.

B. K.

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