Au 3e jour de la campagne présidentielle pour le scrutin du 7 septembre, les trois candidats accélèrent la cadence, abattant l’une après l’autre, les cartes de leurs manches. Impliqués tantôt directement, tantôt déléguant leurs représentants, Abdelmadjid Tebboune, Abdelaali Hasssani Cherif et Youcef Aouchiche mettent en effet, le cœur à l’ouvrage. Les trois candidats faisaient la proximité, via des meetings populaires, dimanche 18 août ; les deux premiers cités optant pour la ville symbole, Constantine, alors que le chef du Front des Forces socialistes (FFS) allait courtiser Aïn- Defla. Il est utile de rappeler que c’est, par- là, une première pour le plus vieux parti d’opposition, la formation chère au défunt Hocine Aït Ahmed.
Par B. Noureddine
Une bataille à chances égales ? Trop peu évident et le Président sortant dépasse au moins d’un cran ses concurrents dans la course à l’investiture. Et pour cause. Après bien des aléas d’un mandat marqué par la redoutable pandémie de coronavirus et ses retombées néfastes sur l’appareil économique, Tebboune a pu redresser la barre à son profit dès 2022. Ses décisions retentissantes impactant directement et positivement le front social ainsi que sa fermeté dans la lutte contre la corruption et la spéculation commerciale lui ont conféré un capital- sympathie sensible auprès des larges couches populaires, notamment.
Captant, justement, cet affect le candidat Tebboune, qui a maintenu le cap de décliner toute chapelle partisane, change de braquet pour le sprint final. A Constantine, il place, à nouveau, la barre haut ; à travers des engagements aux allures de défis. Précisément, il s’agit de la réalisation de 2 millions de logements toutes formules confondues, et à réviser les codes communal et de wilaya à l’effet de conférer de plus larges prérogatives aux élus locaux.
Au plan social, c’est de nouveau, l’annonce qui réchauffe le cœur du citoyen lambda.
Affirmant qu’il allait renforcer le pouvoir d’achat des citoyens à travers plusieurs mesures, dont « le plafonnement des prix, la lutte contre la spéculation et l’inflation et la poursuite de l’augmentation des salaires des travailleurs », précisera- t- il, il enchainera s’engageant à faire du prochain mandat présidentiel « un mandat économique par excellence » à travers plusieurs mesures, dont la réduction de l’importation de certains produits de consommation comme le blé dur, l’orge et le maïs, l’exploitation de la mine de Gara Djebilet et l’augmentation des recettes du pays en devises.
S’étalant davantage sur ce volet, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que la croissance économique a atteint 4,2%, « un taux reconnu par les institutions internationales », a- t- il fait remarquer, notant qu’une telle réalisation avait été rendue possible «grâce au niveau de conscience et d’intégrité et aux efforts de préservation des deniers publics», a- t- il fait savoir.
Dans cette veine, il n’a pas manqué de souligner qu’au cours des dernières années, l’Algérie a récupéré «les biens pillés de son peuple, dont 51 usines et un hôtel 5 étoiles en Espagne et émis des commissions rogatoires à travers 32 pays pour la récupération de fonds de 755 comptes bancaires à l’étranger», confiera- t- il. Il clôturera ce chapitre en soulignant que l’Algérie était, aujourd’hui, «respectée dans le concert des nations après s’être affranchie de la dette extérieure».
Sur la politique extérieure, le Président sortant ; s’exprimant es qualité de ce fait, a affirmé que l’Algérie «œuvre en faveur de la stabilité dans la région en traitant avec ses partenaires internationaux et ne renoncera pas à ses engagements quelles que soient les circonstances », assurant qu’elle se tient« aux côtés des peuples opprimés et ne renoncera pas à son soutien aux justes causes palestinienne et sahraouie ».
Après avoir souligné que le territoire national était protégé grâce «à la puissance de l’Armée nationale populaire», il a tenu à insisté sur la nécessité de préserver le legs des Chouhada de la glorieuse Révolution de Novembre, appelant le peuple algérien à «se diriger massivement aux urnes le 7 septembre prochain».
Enfin, au niveau interne, Abdelamdjid Tebboune s’est également engagé, si le peuple lui renouvelait sa confiance le 7 septembre prochain, à se rendre dans toutes les wilayas du pays et à œuvrer à leur développement. De même, a-t-il fait part de sa volonté à poursuivre le renforcement de la couverture sanitaire à travers l’ensemble des wilayas et, localement de concrétiser le lancement effectif du projet de nouveau Centre hospitalo-universitaire de Constantine.
Comme une surprise du chef dans cette Présidentielle 2024, la participation du FFS au scrutin du 7 septembre aura constitué une grosse sensation, tant le parti historique d’Aït Ahmed retoquait, sans relâche, de tels rendez-vous dans le passé.
Quelque chose a changé ? Les prémices d’une ‘’Algérie nouvelle’’ resteraient plausibles come éléments de réponse à cette question.
En tout état de cause ; sous la férule de Youcef Aouchiche, le plus vieux parti d’opposition aura cassé ‘’un tabou’’ en se jetant à l’eau.
Le plus jeune candidat à l’élection présidentielle depuis 1962 s’explique.
«Notre participation à l’échéance vient en réponse à l’appel de la patrie», a-t-il dit d’entrée lors de son meeting à Aïn Defla, avant de poursuivre que le FFS ambitionnait de «réaliser un changement pacifique et progressif, participer massivement au rendez-vous du 7 septembre et à ne pas céder aux discours défaitistes entretenus par certaines parties», à tonné Aouchiche.
Il pointera, ensuite, l’importance de cette échéance électorale «dans le contexte actuel », fera- t- il observer et soutenant que «le FFS a toujours été à l’avant-garde de la défense de la patrie, convaincu que rien n’est plus précieux que la souveraineté et l’unité nationales», dira- t- il en substance.
Dans ce même ordre d’idées, Youcef Aouchiche a estimé que le renforcement de l’unité nationale restait tributaire de la consolidation du front intérieur, qui passe, a-t-il souligné, par la prise en charge des préoccupations des citoyens et leur association à la gestion des affaires du pays.
Adossé à un programme «porteur d’espoir qui présente la vision de l’avenir et du changement qui touche à plusieurs domaines, notamment politique, en proposant le renforcement de la démocratie et des libertés», le FFS y trace au marqueur certaines saillies à l’exemple d’une bourse de 20.000 DA pour les étudiants, une allocation chômage de 20.000 DA, et le relèvement le salaire national minimum garanti à 40.000 DA.
Enfin et fidèle à sa ligne directrice quine s’accommode pas de la politique de la chaise vide, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est toujours là.
Son candidat Abdelaali Hassani Cherif, a voulu se montrer percutant en mettant en avant le capital humain.
Pour le troisième présidentiable, il s’agit d’opérer une réforme globale du système éducatif, tous cycles confondus, à augmenter les salaires des enseignants afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans la formation des générations montantes, du système de la formation professionnelle et de la recherche scientifique.
S’engageant, par ailleurs, à créer «un million d’entreprises au profit des jeunes, ainsi qu’une prime pour la femme au foyer», le chef du MSP explique que son programme «accordait la priorité à l’investissement dans la ressource humaine pour être plus efficace au service de la patrie », a conclu Hassani Cherif.
In fine, tous les candidats ont appelé de leurs vœux à une participation massive à un scrutin où «rien n’est jouée d’avance».
N. B.