L’Agence du Service Géologique de l’Algérie (ASGA) est un organe sous tutelle du ministère de l’Energie et des Mines chargé particulièrement de l’élaboration de cartes géologiques et des ressources minérales du pays, à l’effet de les mettre à la disposition des opérateurs économiques publics et privés. Sa mission revêt un intérêt capital, en ce sens que sans données, scientifiquement établies, toute exploitation du potentiel minier du pays serait impossible. La présidente de l’ASGA, Bakir- Tafer Karima, revient dans l’entretien qui suit sur les projets menés par les équipes de géologues de l’agence et les différents volets réservés à leurs travaux.
Interview réalisée par Lynda Mellak
Quelles sont les missions attribuées à l’Agence du service géologique de l’Algérie (ASGA) ?
L’ASGA, instituée par la loi n° 14-05 du 24 février 2014, portant loi minière, est en charge de la gestion de l’infrastructure géologique. Cette activité pérenne et d’intérêt public qui se situe à l’amont des programmes de développement gravite autour de trois principales activités, à savoir, l’acquisition de données géologiques de base à travers l’établissement de la cartographie géologique, la réalisation de l’inventaire minéral, des levés géophysiques et géochimiques et par le biais du dépôt légal. La deuxième mission concerne le traitement et l’analyse de toutes ces données au niveau de la bibliothèque des sciences de la Terre et de la Banque nationale des données géologiques qui est opérationnelle depuis 2019. Quant à la troisième mission, elle a trait à la diffusion de toutes ces données et leur mise à la disposition des opérateurs, à travers leur consultation au niveau de la bibliothèque des sciences de la Terre et du site web de l’Agence ou par le biais des publications régulièrement éditées par l’ASGA dont les cartes géologiques et thématiques, les synthèses relatives aux minéralisations de l’Algérie et les revues géo-scientifiques.
Ces missions sont prises en charge par trois divisions techniques : la division cartographie, la division ressources minérales et la division géo-information qui concourent à acquérir des informations géologiques fiables actualisées, à mettre à la disposition des opérateurs et des décideurs.
Pouvez-vous nous parler des projets engagés par l’ASGA dans le cadre de l’élaboration de la carte des ressources minières du pays ?
Afin de répondre aux besoins nationaux en information géologique de base et en application aux instructions du Président de la République et aux orientations de monsieur le Ministre de l’Energie et des Mines Mohamed ARKAB, l’ASGA déploie tous ses efforts afin d’élaborer une carte des ressources minérales du pays précise avec des données actualisées. Pour cela, l’Agence a engagé différents projets qui consistent en l’élaboration de cartes géologiques régulières, à différentes échelles, à travers tout le territoire national, de cartes thématiques dont la carte des ressources minérales de l’Algérie, la carte des ressources minérales du Hoggar, région qui regorge de ressources minérales, celles d’Alger, Constantine et Oran. Une étude de synthèse des ressources minérales a été faite pour le massif Eglab situé dans le sud-ouest du pays. Par ailleurs, l’ASGA a entrepris, également, l’élaboration d’une série de synthèses sur les minéralisations en Algérie, ainsi 14 synthèses par substance minérale ont été éditées, elles portent sur : le sable industriel, l’or, le cuivre, le fer, le plomb-zinc, les métaux rares, les terres rares, les pierres ornementales etc…
Pour cette année, nous avons engagé d’autres synthèses qui sont en cours de réalisation de même que des études thématiques visant une meilleure connaissance géochimique et métallogénique qui permettront de mieux cerner le potentiel minéral de certaines formations géologiques porteuses. Ces documents élaborés sur la base de l’inventaire des ressources minérales réalisé par l’ASGA, de l’analyse et la compilation des travaux de la recherche minière (SONAREM, EREM, ORGM), des rapports actualisés des opérateurs miniers et des thèses et mémoires universitaires comprennent un inventaire détaillé des indices, gîtes et gisements de la substance considérée illustrés par une carte de leur répartition.
Quelles sont les compétences scientifiques dont dispose l’ASGA pour assurer cette lourde mission qui lui est assignée ?
L’effectif de l’ASGA est constitué de 225 personnes dont 76% de cadres, principalement des ingénieurs et docteurs en géologie et géophysique… L’ASGA encourage la formation de ses cadres à travers des cycles de formation longue durée (doctorat), en collaboration avec l’université, et de courtes durées pour la maitrise des techniques de travail et le traitement des données, à travers des stages de perfectionnement organisés régulièrement. En 2021, 43 cycles de formations techniques, qui ont touchés plusieurs ingénieurs et techniciens ont été dispensés portant notamment sur la maitrise de logiciels pour le traitement de données et sur certaines techniques de cartographie, télédétection géophysique, géochimie, etc…
Quel rôle l’ASGA devrait-elle jouer dans le cadre de la relance du secteur des mines envisagé par le Gouvernement ?
Le secteur des mines contribue à la diversification de l’économie nationale par la relance de l’exploration et l’exploitation des richesses minières nationales. A ce titre, l’ASGA qui est une Institution chargée de l’information technique doit mettre à la disposition des opérateurs économiques, des institutions publiques et des décideurs l’information géologique de base du sol et du sous-sol de tout le territoire national, relative à la cartographie géologique, aux ressources minérales et aux aléas géologiques notamment les glissements de terrain, …
La diffusion de l’information géologique se fait à travers la banque nationale de données géologiques mise à la disposition du public, visible à travers le site web de l’Agence où il suffit d’un clic pour lancer des requêtes et avoir l’information demandée. L’ASGA dispose également d’une Bibliothèque des Sciences de la Terre (BST) qui contient plus de 70 000 ouvrages. La BST est régulièrement enrichie par l’acquisition de nouveaux ouvrages, l’abonnement à diverses revues géo-scientifiques internationales et à travers les échanges documentaires avec plus de 150 organismes étrangers. Des bases de données et des publications dont les cartes géologiques, cartes thématiques, mais aussi des revues éditées par l’ASGA : Bulletin du Service Géologique de l’Algérie et la collection des mémoires du Service Géologique de l’Algérie sont mis à la disposition des chercheurs, des opérateurs et des investisseurs.
En définitif, l’ASGA doit accompagner les opérateurs publics et privés, les investisseurs et les décideurs dans leurs projets en mettant à leur disposition une information fiable et actualisée.
Au plan de l’organisation, comment l’ASGA est-elle structurée ?
Les différentes activités de l’ASGA sont prises en charge par trois divisions techniques, à savoir la division cartographie qui est en charge, notamment, de l’élaboration et de la réalisation des programmes de cartographie géologique régulière et thématique à travers des projets pluriannuels qui nécessitent des travaux de bureau, des travaux de terrain et des analyses au laboratoire. Ces projets sont réalisés par des équipes pluridisciplinaires. La deuxième division est celle des ressources minérales qui a en charge la réalisation de projets annuels ou pluriannuels d’inventaire des ressources minérales de synthèse, de vérification, d’analyse et d’interprétation des données par des équipes pluridisciplinaires.
La division de géo-information est chargée, quant à elle, de la gestion de la Banque Nationale des Données Géologique, de la Bibliothèque des Sciences de la Terre, du Dépôt Légal, des éditions… Au niveau de cette division est collectée et diffusée toute l’information géologique mise à la disposition des utilisateurs.
Par quel moyen l’université algérienne peut-elle contribuer à développer les activités de l’ASGA, notamment sur le plan recherche scientifique et formation ?
L’ASGA ne s’est jamais dissociée de l’université, une étroite collaboration scientifique existe entre l’agence et les chercheurs et enseignants notamment en matière d’échange de résultats scientifiques, d’encadrement des équipes sur terrain et d’expertise des travaux (cartes géologiques et autres documents publiés par l’agence). Dans ce cadre, plusieurs conventions de collaboration ont été établies entre l’agence et différentes universités du pays.
Qu’en est-il de la coopération internationale engagée par l’ASGA dans le domaine de la recherche minière ?
L’ASGA entretient des relations d’échange d’informations avec plus de 150 organismes étrangers dont certains services géologiques et centres de recherches. Actuellement, l’Algérie assure, à travers l’ASGA, la vice-présidence de la partie Nord Afrique dans le cadre de l’Organisation des Services Géologiques africains (OAGS) qui permet un échange d’expérience et de savoir-faire. Des projets d’intérêt commun ont été réalisés à l’exemple de la carte sismotectonique de l’Afrique.
Quel est aujourd’hui le défi que l’ASGA doit relever ?
L’ASGA a entrepris un projet ambitieux de cartographie, qui consiste en l’élaboration et l’actualisation de la carte géologique de l’Algérie à 1/500.000 dans l’optique d’actualiser et de compléter celle éditée en 1952.
L’agence a également engagé certains projets de recherche de substances minérales à grande valeur ajoutée afin de permettre à notre pays de s’arrimer à la chaine mondiale de valeurs surtout en cette période de mutation des économies vers les énergies renouvelables et vertes.
Par ailleurs, l’ASGA œuvre pour l’amélioration de la diffusion de l’information liée à la géologie et aux ressources minérales du sol et du sous-sol du pays en déployant tous les moyens pour la numérisation des documents et la mise en place d’un portail web de la Banque Nationale des Données Géologiques.
L. M.