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Ammar Meslouh, DG de L’Algérienne Vie : « L’Algérienne Vie a misé dès le départ sur la digitalisation »

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Algerian Gulf Life Insurance Compagnie, dont le nom commercial est L’Algérienne Vie, est une compagnie spécialisée dans la distribution et la commercialisation des produits d’Assurances vie. En l’espace de quelques années, elle s’est propulsée au Top 3 des sociétés d’assurances de personnes activant sur le marché algérien. Son Directeur Général, Ammar Meslouh, affirme dans cet entretien que le rythme de croissance rapide de la Compagnie est le fruit d’une stratégie qui s’est basée, dès le départ, sur la digitalisation des services, mais aussi sur le soutien de ses partenaires en matière de distribution. Selon lui, si la prochaine réforme réussit à adapter le cadre règlementaire à la réalité économique du pays, l’assurance des personnes connaitra en Algérie une forte croissance.

Entretien réalisé par Lyes Mechti

Relativement jeune, la Compagnie Algérienne Vie active sur le marché algérien des assurances depuis six ans. Quel bilan faites-vous de ces six années d’activité dans l’assurance de personnes ?
L’Algérienne Vie a été créée et agréée en 2015 et a commencé son activité de manière effective à partir de janvier 2016. Tout au long de ces six années d’existence, l’Algérienne Vie n’a cessé de se développer jusqu’à devenir un des acteurs majeurs et un des leaders du marché des assurances de personnes en Algérie. Rétrospectivement, la compagnie s’est très vite imposée sur le marché en occupant dès 2018 la 6ème place du classement des compagnies des assurances de personnes avec une part de marché de 11% et un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dinars, dans un marché enregistrant pourtant à l’époque un recul de 10%. Durant l’année 2019, L’Algérienne Vie a fait un bond de deux places dans le classement des compagnies d’assurance, en se hissant à la 4ème position grâce à une évolution de 29% de son chiffre d’affaires, qui avait atteint à l’époque 1.6 milliard de dinars, la compagnie détenait alors 13% de part de marché. La situation de crise sanitaire liée à la pandémie de la covid-19 a grandement impacté le marché des assurances de personnes en Algérie, en 2020, et a continué à le faire en 2021. Une telle situation a eu comme conséquence, un recul de  5% pour les assurances dommage  et de 15% pour le marché des assurances de personnes.
En dépit de ce contexte difficile, L’Algérienne Vie a fait preuve de résilience en enregistrant une progression de +1.6% de son chiffre d’affaires, accaparant ainsi une part de marché de 14.15% et accédant, de ce fait, au top trois des compagnies d’assurances de personnes en Algérie.
Le rythme de croissance rapide qu’a connue La compagnie n’a été possible que grâce au dévouement et à l’implication de l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise auxquels je rends un vibrant hommage. Il est le fruit également du business model mis en place dès le début de l’activité de la compagnie en s’appuyant sur ses partenaires assureurs dommage et bancaires dont le réseau a permis un maillage quasi complet du territoire national et une accessibilité de nos produits à nos clients et assurables.
Il y a lieu de souligner l’effort constant et continu consenti pour le développement du réseau de distribution qui compte aujourd’hui 3 banques partenaires avec 292 agences bancaires,  3 assureurs dommages avec  156 agences d’assurances, 45 Agents Généraux d’assurances agréés par la compagnie ainsi que les 13 courtiers activant dans les assurances de personnes avec lesquels nous avons signés des protocoles d’accords. Le nombre de points de vente totalise ainsi 506 points répartis sur la quasi-totalité des 58 wilayas du pays. Sur le plan de l’amélioration de la qualité de service, L’Algérienne Vie a misé dès le départ sur la digitalisation. Toute la gestion des indemnisations se fait grâce à un plateau central dédié entièrement à la prise en charge des dossiers et les remboursements se font quasi exclusivement par virements électroniques directement sur les comptes de nos assurés. Ce mode opératoire permet d’éliminer toute forme de bureaucratie, en dématérialisant toute l’opération, réduit les délais et garantie une satisfaction optimale des clients. Cette volonté d’aller vers le digital s’est traduite par le lancement durant le premier trimestre de l’année 2020 d’une application mobile
«APPLI L’ALGERINNE VIE » qui permet à nos adhérents à l’assurance groupe prévoyance et santé de suivre la situation de leurs dossiers et de leurs demandes d’indemnisations en temps réel. En outre, cette application mobile permet de communiquer avec nos adhérents et leur offre plusieurs services tel que la géolocalisation des points de ventes et des prestataires de santé ainsi que la simulation des indemnisations en fonction du programme de couverture de l’adhèrent.

Pourquoi avoir choisi comme partenaires la Compagnie Cash assurances et la BNA pour la distribution de vos produits ?
Quoi de plus normal que de compter sur le soutien de ses propres actionnaires de façon générale et dans la distribution de ses produits en particulier. En effet, dès la création de la compagnie, nous nous sommes rapproché de nos actionnaires pour signer les conventions de distribution et mettre à la disposition de leur clientèle privée, professionnelle et entreprise la gamme variée de nos produits d’assurances de personnes complétant ainsi les offres proposées par nos actionnaires devenus partenaires.  Nous avons ainsi commencé par la signature de la convention de distribution avec la compagnie CASH Assurances en 2016. Une compagnie dont le savoir-faire en matière de grands risques et de risques de pointe n’est plus à démontrer. Nous avons également la chance de compter parmi nos actionnaires la Banque Nationale d’Algérie (BNA), une des plus grandes banques de la Place dont le réseau, très étendu et important, compte 222 agences présentes sur l’ensemble du territoire national.
Notre effort de développement du réseau ne s’est pas arrêté là, puisque nous avons, au fil des années, étoffé notre présence sur le marché par la signature d’autres conventions de distributions avec d’autres banques (Gulf Bank Algérie (AGB) et FRANSABANK), ainsi que des assureurs dommage (GIG Algérie et Salama assurances).

Quel est l’apport du groupe Koweitien « Gulf Insurance Group » à l’activité de la compagnie, en termes d’expertise et de savoir-faire ?
Il est évident qu’avoir un actionnaire tel que le groupe koweitien GIG constitue un avantage significatif. Il s’agit d’un groupe international présent en Algérie, au Koweït, en Egypte, en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, en Irak, en Jordanie, en Syrie, au Liban, au Bahreïn et en Turquie.
GIG jouit d’une envergure internationale et fonctionne selon des standards très élevés, et ce, sur plusieurs plans : procédures, gestion de risque, normes … etc.
Dès lors, son apport est considérable sur tous les aspects liés à la gestion, tant il tire la société vers le haut et la pousse à adopter les meilleures pratiques de gestion qui existent au niveau international.
Les administrateurs représentant GIG au sein du Conseil d’Administration, au même titre que le Président et tous les autres administrateurs,
s’impliquent fortement dans l’implémentation de la stratégie de l’entreprise et dans l’amélioration de ses processus de gestion, et ce, à travers le comité d’audit et le comité risk-management

Contrairement à l’assurance de dommages, l’assurance de personnes peine à s’imposer sur le marché algérien. Comment la compagnie arrive-t-elle à s’adapter à cette réalité ?
Effectivement, les assurances de personnes ne connaissent pas l’engouement attendu. Cela est dû à plusieurs facteurs, tel que leur caractère non obligatoire. A l’exception de l’assurance voyage souscrite pour l’obtention d’un visa et l’assurance emprunteur pour un crédit, la souscription aux assurances de personnes reste un acte volontaire et non obligatoires. Ajouter à cela certains aspects culturels et les habitudes de consommations qui ne sont pas propices au développement de ce marché. D’autre part, les compagnies d’assurances de personnes ont une part de responsabilité dans cette situation. Elles devraient faire plus d’efforts en matière de communication pour faire connaitre davantage leurs produits et convaincre le grand public de leur pertinence. Le marché des assurances de personnes en Algérie recèle un potentiel très important et connaitra certainement, dans les années à venir, une forte croissance, surtout si le cadre légal et règlementaire est adapté à la réalité économique du pays. Le marché des assurances de personnes représentait en 2020 près de 9% du marché des assurances en Algérie avec un chiffre d’affaires de presque 12 milliards  de dinars partagé entre les 8 compagnies d’assurances de personnes. Il s’agit d’une évolution remarquable car la part de marché a doublé en l’espace de 10 ans. Le développement du marché de l’assurance de personnes  passe inévitablement par la mise en place de produits d’épargne (capitalisation), susceptibles de démultiplier les chiffres réalisés jusqu’à présent. La part de marché revenant à ces produits reste marginale du fait de l’absence d’un marché financier dynamique et d’un dispositif réglementaire encourageant la collecte de l’épargne par les compagnies d’assurance de personnes. A titre indicatif, dans les pays développés, la part des assurances de personnes représentent entre 50% et 60% de part de marché des assurances. C’est dire le réservoir de croissance que recèle ce marché.

Quel a été, globalement, le résultat financier de la compagnie durant l’exercice 2021 ?
Les chiffres provisoires dont nous disposons à l’heure actuelle indiquent une forte croissance en termes de chiffre d’affaires et présage d’une réalisation record pour la compagnie.
Nous ne pouvons donner plus de détail quant aux aspects financiers qui ne sont pas encore validés par les organes de gestion de l’entreprise. Par contre, nous pouvons d’ores et déjà considérer ce résultat comme étant une performance remarquable, compte tenu de la conjoncture actuelle marquée par la pandémie de la COVID-19.
Toutefois, il y a lieu de relativiser cette réalisation compte tenu de l’augmentation record des sinistres décès et de la consommation des frais de santé. Ces éléments impacteront certainement le niveau de la marge d’assurance et auront des répercussions sur le niveau global du résultat ainsi que sur la rentabilité des fonds propres.

Les pouvoirs publics devraient lancer, courant cette année, une révision de certains textes réglementaires régissant le secteur des assurances. Quel sont, selon vous, les aspects réglementaires devant être révisés pour le développement du secteur national des assurances ?
Je peux vous affirmer que tout le secteur des assurances attend avec impatience la promulgation du nouveau texte régissant l’activité. Les parties prenantes ont été fortement impliquées dans la mouture attendue et les compagnies ont été sollicitées pour apporter leurs contributions dans la réforme des textes actuels et ce à travers le Conseil National des Assurances et l’Union Algériennes des sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR). Nos espérances quant à ce nouveau texte sont grandes et nos attentes concernent principalement les questions en rapport avec la mise en place d’une autorité de régulation indépendantes, dotées des moyens humains et matériels nécessaires pour assurer un contrôle adéquat du secteur. Nous attendons également la révision des textes régissant la solvabilité des compagnies d’assurance et leur mise en adéquation avec les normes internationales en la matière, notamment solvency II. Aussi, nous nous attendons à ce qu’il y ait une révision des textes régissant la distribution des produits d’assurance pour l’élargir à d’autres canaux de distribution : bureaux de postes, agences de voyage (pour les assurances voyages), notaires (pour les assurances CATNAT), opérateurs téléphoniques (pour les produits affinitaires) et salariés producteurs. Il est nécessaire aussi de développer le multicanal et promouvoir la vente à distance et la vente en ligne et ce par le moyens d’incitations fiscales (exonération de la TVA et réduction de la TAP applicable sur le chiffre d’affaires réalisé via la vente en ligne). La prochaine révision des textes devrait répondre aux multiples doléances des compagnies d’assurance de personnes qui se trouvent fortement handicapées par le précompte permanent vis-à-vis de l’administration fiscale du fait de l’impossibilité de la récupération de TVA déboursée pour chaque dépense d’acquisition de contrat à travers des intermédiaires, de communication et d’investissement mobilier ou immobilier. En effet, ce qui devait être une incitation fiscale à la souscription des produits d’assurance de personnes, en exonérant ces produits de la TVA, s’est transformé en véritable boulet que ces compagnies, naissantes et relativement jeunes traînent. Ceci freine toutes les actions de développement menées et ce sur tous les plans : investissement, distribution de produits et communication…etc. Les compagnies d’assurance ont bon espoir que cette réforme jettera de nouveaux jalons pour la prospérité du secteur et son développement et pour qu’il puisse, enfin, rayonner comme il se doit et occuper la place qui est sienne dans le paysage économique et social de notre pays.
L. M.

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