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Ali Hamani, président de APAB : « Nous sommes une véritable force de production et de proposition »

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Dans cette interview, le président de l’Association des Producteurs Algériens de Boissons, Ali Hamani, fait le point sur les missions de l’APAB, ses défis et ses projets futurs, non sans pointer la responsabilité et le devoir des producteurs quant au respect des normes préservant la santé des consommateurs. Avec son franc-parler propre à lui, Ali Hamani plaide en faveur d’une industrie hautement compétitive par la concurrence et par la prise en charge des préoccupations des producteurs. Ces derniers réclament un cadre juridique clair et stable leur permettant d’évoluer dans un environnement sain et de quêter des débouchés et des relais de croissance à l’international. L’APAB fait du respect des règles normatives et de la santé des consommateurs un credo. Ces valeurs ne sont pas négociables pour le président de l’APAB qui, à la même occasion, évoque les projets futurs de son Association, dont la création d’une entité spécialisée dans la récupération et le recyclage de l’emballage post-consommation.

Par Karima Mokrani 

Pouvez-vous nous présenter brièvement l’association algérienne des producteurs de boissons gazeuses, jus et eaux minérales, et ses principales missions ?

L’APAB, créée en 2003, est une association réunissant les producteurs de boissons. En 2015, l’Association s’est élargie pour intégrer les producteurs de lait UHT et produits laitiers. L’APAB est organisée en sous-filières, lesquelles sont : Eau embouteillée (eau de source et eau minérale), Boissons Gazeuses, Jus et Boissons Fruitées, Lait UHT et Produits Laitiers et Boissons Alcoolisées. L’APAB s’est fixé pour mission la mise en relation des membres et de ces derniers avec les Institutions de l’Etat et les autres acteurs de la filière en amont et en aval. L’Association prend en charge également l’aspect relationnel avec les autres acteurs économiques et les Institutions dans le but de préserver les intérêts de la filière. Aussi, nous contribuons à l’amélioration de l’encadrement normatif et réglementaire de la profession, tout comme nous veillons à l’exigence de la qualité dans la production des boissons et des laits stérilisés. Nous travaillons également sur les aspects de la vulgarisation ainsi que ceux liés aux standards et aux techniques de production. Dans le cadre des efforts visant la modernisation de la filière Boissons, l’APAB organise des formations permanentes et continues au bénéfice des producteurs, aussi bien au sujet des nouvelles normes exigées que sur les nouvelles réglementations introduites. Il s’agit, en somme, de permettre à l’entreprise d’avoir l’ensemble des éléments réglementaires et techniques à l’effet d’évoluer et de produire dans un cadre légal, en respectant les normes et en préservant l’intérêt du consommateur. Il est question là de l’un des éléments fondamentaux de notre charte. L’APAB encourage par-dessus tout l’innovation qui est un moteur de développement et de croissance de toute entreprise. Il est important que l’entreprise s’adapte continuellement aux exigences du marché et du consommateur. L’Association est membre de l’Organisation Internationale des Producteurs de Jus et est autorisée pour son adhésion par les Institutions algériennes compétentes. 

Comment l’association parvient-elle à fédérer tous les acteurs du secteur, et quelles sont les principales initiatives entreprises pour renforcer cette collaboration ?

D’abord, il faut que vous sachiez que pour être membre de l’APAB il faut répondre aux exigences contenues dans notre charte. Cela étant, les membres de l’APAB représentent 85% de la production nationale. Nous sommes une véritable force de production et de proposition qui tient compte des véritables préoccupations des producteurs. Notre organisation en sous filières fait que l’ensemble des préoccupations de nos membres remontent vers le Bureau Exécutif, lequel débat avec les Présidents des sous-filières de l’ensemble des problèmes avant de les soumettre aux Institutions concernées. Nous nous félicitons car nous sommes souvent reçus et écoutés par nos Institutions. 

Quels engagements éthiques l’association promeut-elle auprès de ses membres, notamment en ce qui concerne la santé des consommateurs ?

Notre engagement consiste à œuvrer en faveur d’une production de qualité qui répond à des normes et à des règles. Nous avons été les premiers à avoir demandé l’application des normes HACCP sur l’ensemble de l’industrie agroalimentaire. Tout comme nous avons demandé l’application de nouvelles règles concernant la réduction des taux de sucre contenus dans des boissons. En 2016, nous avons présenté notre démarche dans ce sens et travaillé en collaboration avec le ministère de la Santé à l’effet de faire appliquer une nouvelle règle sur les taux de sucre tolérés dans la production des boissons.  

Effectivement, plusieurs démarches ont été entreprises par l’association pour encourager la diminution des taux de sucre dans les boissons, pouvez-vous nous expliquer les enjeux et les défis de cette initiative ?

En effet, plusieurs démarches ont été initiées à l’effet d’élaborer et de faire appliquer une règle sur le taux de sucre appliqué dans la production des boissons. Ces démarches ont réuni des médecins et des opérateurs, le ministère du Commerce et autres organismes et institutions. Cette collaboration a été fructueuse puisqu’un consensus s’est dégagé de nos travaux et une nouvelle règle normative a vu le jour, laquelle devait être appliquée dans un délai de cinq années. Préalablement à cette démarche, nous avons lancé une étude dirigée par un bureau international dans le but de penser une norme en tenant compte de ce qui a été fait de par le monde sur cette question. Après élaboration et adoption de cette règle normative, nous l’avons aussitôt mise en application ; c’est une attitude volontariste qui consiste à adhérer à la démarche du ministère de la Santé sur la nécessité de lutter contre les maladies provoquées par la consommation excessive du sucre. Toutefois, il faut se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas que les boissons qui sont à la source de cette consommation excessive du sucre par les Algériens. L’Industrie des boissons ne pèse que 9 à 10% dans la consommation nationale des sucres. 

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Cela revient à dire qu’il était important de réduire les taux de sucre appliqués dans les autres industries, à l’image de ce qui s’était fait dans la filière boissons. Nous avons demandé à ce qu’il y ait un règlement technique algérien et nous y avons travaillé sur deux projets de règlement concernant distinctement les jus et les boissons gazeuses. Nous sommes encore dans l’attente de la promulgation de ces textes.

Il faut que le consommateur puisse avoir un texte réglementaire de référence afin de connaitre la nature des produits et leurs compositions exactes. Ce texte doit être également la base sur laquelle est bâtie la conformité du producteur. Il faut que les règles du jeu respectant les droits des consommateurs et ceux des producteurs soient claires. L’APAB est dans son rôle lorsqu’elle réclame cette transparence et ce cadre réglementaire qui doit définir les obligations et les droits de tout un chacun. Il ne faut pas perdre de vue que nous avons des producteurs qui exportent leurs produits et qu’il est important que ces dernières aient une référence réglementaire qui tient compte également des normes internationales en matière de productions. Ce pourquoi, lorsque nous avons travaillé sur ledit texte, nous avons été assistés par des experts dépêchés par l’Organisation Internationale des Producteurs de Jus, notamment sur les aspects liés aux normes en vigueurs sur certains marchés. Nous sommes dans notre rôle lorsque nous apportons assistance et accompagnement au profit de nos entreprises.    

Quelles sont les principales attentes de l’association vis-à-vis des producteurs locaux et internationaux pour améliorer la qualité et la compétitivité des produits sur le marché algérien ?

Les entreprises membres de l’APAB sont déjà concurrentes, mais ont des problèmes communs, lesquels font l’objet de toute notre attention. Quant à l’aspect commercial, cela relève de la stratégie propre à chacune de ces entreprises. Nous sommes regardants sur la loyauté de cette concurrence pour que l’ensemble des producteurs aient une base légale unique. Et lorsque nous constatons des pratiques peu respectueuses de la réglementation et des bonnes pratiques de la concurrence, nous saisissons les producteurs par le biais de mises en demeure, voire les Institutions compétentes, dont le ministère du Commerce. Nous l’avons fait par le passé et certaines unités étaient contraintes de baisser rideau. Nous continuerons à être vigilants sur ces aspects dont l’importance n’est pas à démontrer et nous interviendrons lorsque cela s’avérera nécessaire pour la protection du consommateur et la préservation de l’outil de production.  

Quels sont les projets futurs de l’association pour promouvoir une consommation responsable et durable des boissons en Algérie, et comment comptez-vous impliquer les différents acteurs du secteur dans ces initiatives ?

A l’APAB, nous avons pour souci majeur la responsabilisation de nos entreprises quant au respect des normes préservant la santé des consommateurs et l’environnement. Sur cette question, à titre d’exemple, nous avons travaillé sur une étude traitant le sujet de l’emballage PET post-consommation en collaboration avec le cabinet allemand GIZ et nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle il serait judicieux de mettre en place toute une organisation, laquelle sera chapeautée par l’APAB, qui déboucherait sur la mise sur pied d’un groupement d’intérêt commun. Il est question plus précisément de créer une entité juridique indépendante dont le métier est la récupération de l’emballage post-consommation. Cela se fera bien évidemment à travers l’organisation de la collecte et des collecteurs et ce, par l’installation de back en associant les communes. Il est question de commencer par la collecte des bouteilles PET, en attendant de l’élargir aux canettes et au verre. Quant à l’organisation des collecteurs, l’élaboration d’un cadre légal est nécessaire et, à cet effet, nous avons proposé au gouvernement la défiscalisation de cette activité et sa non-soumission à l’exigence d’un registre de commerce. Nous voulons encourage le recyclage et la récupération du PET qui n’est qu’à 1% des volumes consommés jusqu’ici. C’est dire que les marges de manœuvre et les défis sont si importants.  

K. M.

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