La suspension des échanges économiques avec la Chine, épicentre de la propagation du virus COVID 19, a considérablement impacté le commerce extérieur de l’Algérie et, par ricochet, l’activité des sociétés d’importation et d’exportation.
Par Berkaine Kamelia
Un déficit important frappe les sociétés d’import-export depuis plusieurs semaines et le marché algérien, qui dépend à hauteur de 25% des importations provenant de Chine, connaît déjà une crise d’approvisionnement en marchandises », révèle Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs Algériens (ANEXAL). Contacté par Indjazat pour connaître l’analyse qu’il fait de la situation, le président de l’ANEXAL dira d’emblée que « les activités d’exportation, comme celles de l’importation sont fortement touchées par la crise sanitaire qui sévit dans le monde entier ». Il estime que la reprise effective de ces activités commerciales est à prévoir au-delà du mois de juin prochain. En attendant, « une bonne partie de la production industrielle du pays, mais aussi de nos besoins en pièces de rechange, en matériaux et en matières premières sera sévèrement touchée par cette crise sanitaire moniale», confie Ali Bey Nasri.
Evoquant la décision concernant la suspension à l’exportation de plusieurs matières et articles, jusqu’à la fin de la pandémie, le président de l’ANEXAL trouve que « cette liste qui comprend 1219 produits et sous-produits suspendus à l’exportation va alourdir davantage le nouveau Sigad (système d’information et de gestion automatisé des douanes), car contenant des produits qui ne sont pas d’origine algérienne mais sont plutôt importés et non pas exportés ».
Cette mesure exceptionnelle, déjà entrée en vigueur, a été mise en place en prévision d’éventuels manques ou pénuries touchant l’un de ces produits, considérés comme vitaux en période de crise sanitaire. Cependant, Ali Bey Nasri estime que « les autorités auraient dû faire l’économie d’inscrire certains produits comme le jambon, le foie gras, le kiwi, la papaye, le caviar, les produits de radiothérapie (…etc.) étant donné qu’ils n’existent pas ou ne sont pas consommés dans notre pays ».
Par ailleurs, tout en déplorant les lenteurs administratives qui entravent certains volets du commerce extérieur, le président de l’ANEXAL insiste sur l’urgence de revoir tous les textes qui ont impacté négativement la réglementation régissant le commerce : «Les verrous à l’exportation existent et sont nombreux. A titre d’exemple, nous avons un créneau qui s’est développé très vite, en l’occurrence celui des services, malheureusement, la réglementation à ce jour n’a pas changé », regrette-il. Pour lui, quand il y a une crise, il y a certainement des menaces, mais aussi des opportunités.
Il considère que c’est une occasion idoine pour l’Algérie « d’acter avec force les leviers susceptibles de rompre avec les anciennes pratiques et rattraper les retards énormes enregistrés en matière de redéploiement économique ». « L’Algérie a un atout à faire jouer avec sa proximité européenne, son potentiel humain. Il faudrait seulement travailler sur la capacité à attirer les investissements directs étrangers, notamment dans les services et axer les efforts sur une refonte profonde de la réglementation des échanges», souligne Ali Bey Nasri. Dans ce sens, l’ANEXAL réitère son appel à l’approbation de la stratégie nationale d’exportation en vue de développer les collaborations des entreprises nationales avec les partenaires étrangers.
B. K.