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Ali Aoun, Ministre de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique : « Des réformes structurelles profondes pour joindre la rationalité économique à cohésion sociale »

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Charismatique, et inévitablement pragmatique, Ali Aoun s’est vu confier les portefeuilles de deux super ministères, minés chacun par des bombes à retardement qui menaçaient un grand pan de la stratégie nationale en matière de développement économique.
Et si elle pourrissait carrément dans l’industrie automobile, elle n’en menait pas large, non plus dans le secteur sensible du médicament qui subissait les affres de fluctuations malvenues pour la santé publique.
En moins d’une année, ce haut cadre émérite qui se targue d’une carte de visite peu commune, donne déjà tous les gages d’une ‘’success story ‘’annoncée, à la tête de ses deux départements.
Pour Indjazat, le Ministre de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique s’est étalé sur nombre de volets inhérents aux perspectives du secteur, via des mesures en route pour une relance viable afin de répondre au mieux répondre aux attentes socio-économiques du pays.
Il y pointera, notamment, le soutien aux Entreprises Publiques Economiques industrielles (EPE) en difficulté, la promotion du partenariat pour relancer des unités industrielles, et la relance de l’activité des biens saisis par décisions de justice, conformément aux instructions du Président de la République.
Egalement, Ali Aoun louangera la nouvelle loi sur l’investissement, devant dynamiser l’appareil productif national avec des avantages fiscaux et parafiscaux, les réformes pour simplifier l’attribution du foncier industriel, via l’ANFI.
Il ne manquera pas de souligner, dans la même veine, l’encouragement à la sous-traitance locale et l’intégration industrielle pour ce qui est du segment- automobile, le renforcement de la chaîne d’approvisionnement dans l’agroalimentaire en valorisant les produits agricoles et en développant l’aval industriel ainsi que la dynamique partenariale, mettant en avant les garanties offertes aux étrangers pour attirer leurs investissements et encourager le transfert de technologie.
S’ensuit un large tour d’horizon où Ali Aoun ne lésine pas sur le détail.
Suivez-le…

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

Peut-on dire, Monsieur le ministre, que les objectifs tracés pour l’année 2023 sont aujourd’hui atteints en majorité ?
Comme vous le savez, j’ai pris les rênes du ministère de l’Industrie et de le Production Pharmaceutique, vers la fin du premier trimestre 2023 et je me suis alors tracé, tout d’abord, comme objectif de faire un diagnostic pour évaluer l’état de lieu des secteurs porteurs, essentiellement, tels que la sidérurgie, la pharmacie, l’industrie du cuir et textile, les ciments, etc.. Cela, pour nous permettre de tracer une stratégie dans ces domaines-là. On peut dire, à ce titre, que l’approche prônée en 2023 a été fructueuse, puisque nous disposons désormais d’une photographie complète du secteur et, surtout, des axes sur lesquels nous devons développer durant 2024 pour essayer de redresser la situation et donner une âme à certains secteurs qui sont vitaux pour l’économie nationale, à savoir, encore une fois, la sidérurgie, la pharmacie, l’industrie du cuir textile, les ciments, et j’en passe.

Quelles sont les priorités que vous avez fixées pour l’année 2024 ?
Les priorités pour nous sont claires. Ce sont les secteurs créateurs de richesse, notamment l’industrie de la sidérurgie pour renforcer l’existant. Il ne faut pas oublier que l’Algérie était importatrice de produits sidérurgiques il y a de cela trois à quatre ans. La voilà aujourd’hui exportatrice de ce matériaux grâce aux investissements étrangers réalisés en partenariat et grâce aussi à la reprise du complexe Sider-El Hadjar. Nous allons renforcer ce secteur, surtout pour le préparer à absorber et à valoriser les produits d’exploitation de Gara-Djebilet. Le pays dispose d’un gisement qui est un don de Dieu. Le Président de la République a décidé qu’il devait être exploité à travers l’existant et à travers la création de nouveaux complexes. L’autre axe sur lequel nous devons forcer la cadence, c’est l’industrie cimentière. Vous savez qu’aujourd’hui les cimenteries dégagent un excédent de production de 20 millions de tonnes/an. Cet excédent avait fait l’objet d’une réflexion quant à la possibilité de l’exporter sous forme de clinker. Ce n’est pas la bonne solution. Il y a des pays africains qui ont besoin de ciment, mais ils ne sont pas équipés de broyeurs.

C’est à ce titre que j’ai demandé au groupe public GICA de mener une étude, qui est en cours d’achèvement, qui cibles les pays où l’on peut installer des broyeurs, car ces pays préfèrent acheter du ciment plutôt que du clinker. Cela nous permettra d’augmenter le volume d’exportation du ciment à l’avenir. L’autre secteur qui est très important pour nous, c’est l’industrie du médicament. Nous allons parachever ce qui a été réalisé jusqu’à maintenant. Les 203 unités qui existent à ce jour ne couvrent que 70 à 73% du marché. Nous sommes en train de suivre de très près les investissements dans le domaine de l’oncologie et les projets qui existent dans l’insuline. Avec ces deux catégories de médicaments, nous allons pouvoir arriver à couvrir jusqu’à hauteur de 80 à 85% des besoins du pays. Cependant, il restera des produits qu’on continuera à importer, d’abord parce que le volume requis ne justifie pas l’investissement et ensuite parce que ce sont des produits destinés à traiter les maladies rares. Un autre domaine sur lequel nous allons beaucoup travailler en 2024, c’est la formation pour relever le niveau du management dans les entreprises. Nous avons constaté que le niveau du management laissait à désirer au niveau de certains groupes. Nous projetons donc de mettre en place tout un programme de formations pour les cadres dirigeants de certains groupes sensibles. Enfin, il y a le domaine de l’export avec tous les aspects qu’il convient de prendre en ligne de compte pour son développement. Là où nous pourrons exporter, nous le ferons.

Ali Aoun, MIP, accordant une interview à notre journaliste-reporter, Hacène Nait Amara

Peut-on avoir un aperçu des principales mesures prises par votre département pour relancer le secteur industriel dans son ensemble, particulièrement compte tenu des défis actuels et des opportunités émergentes sur le marché mondial ?
Le secteur de l’industrie et de la production pharmaceutique a initié diverses mesures pour assurer une relance du secteur de sorte à répondre aux attentes des pouvoirs publics en matière de développement socio-économique du pays. Ainsi, des mesures ont été prises pour la promotion du secteur public marchand industriel, constitué des EPE industrielles ; lesquelles sont considérées comme l’un des pivots de l’industrie nationale de par le potentiel dont elles disposent, mais aussi du fait du rôle économique et social qu’elles jouent en ce qui concerne les postes d’emplois qu’elles procurent et la contribution à la régulation du marché national en garantissant un approvisionnement régulier en certains produits considérés comme stratégiques
Dans ce cadre, plusieurs actions ont été menées pour consolider ce secteur, en l’occurrence, l’appui aux Entreprises Publiques Economiques industrielles (EPE) enregistrant des difficultés financières ou autres. Cet appui s’est traduit par l’examen de la situation de ces entreprises et la décision de prise de mesures qui sont en cours, pour garantir la poursuite de leurs activités dans de bonnes conditions ; orienter les EPE soufrant de difficultés à l’effet de proposer des plans de redressement bâtis sur des éléments mesurables et réalistes qui devront être soumis à la validation des instances concernées pour la prise de mesures adéquates ; la promotion du partenariat, notamment la relance de certaines unités industrielles à l’arrêt dans le cadre de partenariats intergroupes publics à l’image de l’unité de production de jus, sise à Taher (W.Jijel) entre les deux Holdings MADAR et AGRODIV et qui devra produire des confitures de fruits, de l’huile d’olive et d’autres produits agroalimentaires pour un investissement de 2,3 milliards DA devant créer près de 300 postes d’emploi directs et 700 indirects.
Dans le même esprit, les Groupes et Holdings industriels ont été invités à veiller à l’utilisation optimum de toutes leurs capacités de production, notamment par la relance de l’activité des EPE ou unités à l’arrêt dont elles disposent.
Une autre action qui ne concerne pas uniquement le secteur industriel, mérite d’être abordée. Elle a trait plutôt à la relance de l’activité des biens et actifs saisis par décision de justice définitive au secteur public marchand, industriel et hors industriel, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre des instructions de Monsieur le Président de la République relatives à l’accélération du processus de récupération des biens et actifs dont les propriétaires ont été condamnés par les instances de justice pour des actes de corruption.
Je dois préciser que cette action a été menée en coordination avec l’ensemble des secteurs concernés (justice, finances, industrie et secteurs récepteurs des biens et actifs).
Pour le secteur industriel, j’évoque le cas des entreprises suivantes : l’EPE KOTAMA AGRIFOOD, relevant de MADAR Holding, sise à Jijel, qui devra produire l’huile brute et l’aliment de bétail. Nous avons veillé à lui apporter tout l’appui nécessaire pour la relance du chantier de son projet de manière à garantir sa mise en exploitation rapide ainsi que l’EPE Mahroussa, relevant du holding Agrodiv, sise à Alger et qui produit de l’huile de table. Cette entreprise qui a été relancée fin 2022, début 2023, contribue actuellement, de manière efficace, à la régulation du marché en ce produit et se dirige vers la diversification de sa production (sauces, mayonnaise, savon,…) ; l’EPE Tafadis, relevant de Madar Holding, sise dans la zone Industrielle Larbaatache (W.Boumerdès) qui produira du sucre raffiné et du sucre roux. A ce niveau, nous veillons au suivi de la réalisation de ce projet et à ce qu’il soit mis en exploitation dans les délais prévus (fin 1ertrimestre 2024) .
Il y a encore l’unité ALFAPIPE, relevant du Holding Imetal, sise à Béthioua (W.Oran) qui produira les tubes spiralés en acier à utiliser pour le transport de l’eau et des hydrocarbures. Tous les efforts sont déployés pour la remise en exploitation des sites industriels.
Par ailleurs, il faut savoir que dans le cadre de la vision stratégique des pouvoirs publics, axée sur le développement économique, la nouvelle loi sur l’investissement se présente comme un véritable outil de relance industrielle à travers de profondes réformes structurelles conciliant rationalité économique et cohésion sociale.
En effet, la loi n° 22-18 du 24 juillet 2022, a voulu s’imposer en tant que moteur du développement durable capable d’attirer et de sédentariser les investissements.
Dans ce contexte, la Loi n° 22-18 réorganise ces avantages sous forme de régimes d’incitation en fonction de « l’intérêt que les investissements présentent pour l’économie nationale et de leur impact sur le développement des secteurs et des régions ». Conformément à l’article 24 de la Loi n° 22-18, les investissements peuvent s’inscrire dans l’un des régimes d’incitation suivants : le régime des secteurs prioritaires ; le régime des zones auxquelles l’état accorde un intérêt particulier ; et le régime des investissements revêtant un caractère structurant. Tout en veillant sur la gestion rationnelle des dépenses publiques, la loi n° 22-18 accorde un large éventail d’avantages fiscaux, parafiscaux et de soutien aux investissements possédant des capacités réelles pour créer de la valeur ajoutée et de la richesse, permettant ainsi de dynamiser l’appareil productif national.
En parallèle, et s’agissant de l’amélioration du climat de l’investissement, un mécanisme de suivi et d’accompagnement des projets d’investissement bloqués, a été mis en place en vue de lever tous les obstacles entravant la mise en exploitation des investissements réalisés.
Le Comité National chargé du suivi des projets d’investissement bloqués, institué par l’Instruction du Premier Ministre n°194 du 7 octobre 2021, poursuit ses travaux sous la présidence du Ministre chargé de l’Industrie, en tant que mécanisme très efficace pour transformer des projets à l’arrêt en des entreprises actives créatrices de richesse et d’emplois. Les travaux de suivi, en coordination avec les secteurs concernés et les commissions de wilayas, ont abouti à débloquer des centaines de situations permettant, ainsi, à plusieurs entreprises productives d’entamer leur exploitation et la création de l’emploi. Ce processus de déblocage des projets d’investissement n’est pas conjoncturel. Les travaux sont poursuivis de manière à assurer un suivi permanent sur la situation de l’investissement dans les wilayas.

De façon concrète, quelles sont les mesures que le ministère a mis en place pour résoudre le problème du foncier industriel en Algérie et, du coup, faciliter l’implantation des entreprises à travers le pays ?
Les mesures prises sont celles qui s’inscrivent dans le cadre du programme et des directives de Monsieur le Président de la République et de ce qui a été énoncé dans le plan d’action du Gouvernement, dans le cadre de la relance et du renouveau économiques.
Elles comprennent notamment les principales actions que notre secteur, en coordination avec d’autres secteurs concernés, s’attèle et/ou contribue à concrétiser.
Ces actions s’articulent, premièrement, autour de  la révision du dispositif législatif et réglementaire, lié à l’octroi et la gestion du foncier destiné à l’investissement et relevant du Domaine privé de l’Etat et ce, à travers la promulgation de la loi n° 23-17 du 25 novembre 2023, fixant les conditions et les modalités d’octroi du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat destiné à la réalisation de projets d’investissement.

Il y a lieu de noter que, dans le cadre de la révision de ce dispositif, la loi 23-17 régissant le foncier a été mise en harmonie avec les dispositions de loi 22-18 relative à l’investissement. Ainsi en est-il de la mise en place de L’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI), qui est le seul organisme de l’Etat habilité à octroyer le foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat destiné à la réalisation des projets d’investissement et de la création de l’Agence Nationale du Foncier Industriel (ANFI), qui sera chargée notamment de l’aménagement et de la gestion du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat au niveau des zones industrielles et zones d’activités et des parcs technologiques afin de répondre aux préoccupations des investisseurs et d’améliorer sa gouvernance et d’accroître son rendement et son attractivité autour du renforcement et de l’amélioration de l’offre du foncier industriel à travers la mise en œuvre du programme de réhabilitation des zones industrielles et des zones d’activités et de l’aménagement des six zones industrielles relevant du programme des 50 nouvelles zones industrielles.
Autour, aussi, de la récupération des assiettes foncières, destinées à l’investissement, affectées et restées non exploitées, et ce, à travers le recensement et la mise à jour de l’inventaire du foncier industriel situé en zones industrielles et zones d’activités, notamment les terrains restés non exploités ; la collaboration avec les services des domaines pour la récupération des terrains inexploités par des procédures judiciaires.

Le foncier industriel est pointé du doigt comme étant toujours une question problématique, mais sa prise en charge semble laisser se profiler une voie de sortie de crise propice à une nouvelle ère en la matière… Comment appréhendez-vous cette question ?
La nouvelle politique économique dans notre pays a accordé une importance exceptionnelle au foncier industriel, car les pouvoirs publics voyaient la nécessité de booster l’investissement à travers une gestion efficace et rationnelle du foncier industriel situé au niveau des zones industrielles et des zones d’activités, pour se faire, il a été procédé à
(1) la promulgation de la loi 23-17 en date du 25 novembre 2023 à la mise en place régissant l’octroi et la gestion du foncier économique ;
(2) la promulgation du décret exécutif n° 22-298, du 8 septembre 2022, fixant l’organisation et le fonctionnement de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, le seul organisme de l’Etathabilité à octroyer le foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat destiné à la réalisation des projets d’investissement ;
(3) la promulgation du Décret exécutif n° 23-486) du 28 décembre 2023, fixant la consistance du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat destiné à la réalisation de projets d’investissement susceptibles de concession ; (4) la promulgation du Décret exécutif n° 23-487, du 28 décembre 2023, fixant les conditions et les modalités de concession convertible en cession du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat destiné à la réalisation de projets d’investissement ;
(5) Décret exécutif n° 23-488, du 28 décembre 2023 portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence nationale du foncier industriel, qui sera chargée, notamment, de l’aménagement et de la gestion du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat au niveau des zones industrielles et le mettre à la disposition des investisseurs.
La mise en place de ces structures par les pouvoirs publics permettra une bonne gouvernance du foncier industriel situé au niveau des zones industrielles et des zones d’activités ; l’aménagement et la gestion du foncier économique par trois agences créées à cet effet ;l’enregistrement des demandes d’octroi en foncier industriel via la plateforme numérique gérée par l’AAPI ;un traitement numérique et rapide des demandes d’octroi en foncier industriel ;la récupération des assiettes foncières non exploitées, directement par l’Etat sans recourir à des actions judiciaires ; l’exercice du droit de préemption par l’AAPI au nom de l’Etat sur les biens cédés ou les biens bâtis sur les terrains concédés mis sur le marché par les propriétaires.

Les initiatives actuelles visant à stimuler le secteur automobile en Algérie ouvrent des perspectives d’intégration industrielle pour renforcer la compétitivité de l’industrie automobile nationale… Comment envisagez-vous de donner plus de cadence à ce processus ?
L’Algérie dispose d’un potentiel très important pour le développement de cette filière prioritaire stratégique industrielle. La nouvelle vision stratégique de développement de l’activité de construction de véhicules projette la mise en place d’une véritable industrie automobile qui doit atteindre le taux de 30% d’intégration au minimum, au terme de la cinquième année d’entrée en exploitation conformément aux dispositions du décret exécutif n°22-384 fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de construction de véhicules.
A cet effet, le développement de cette industrie présente des opportunités d’investissement dans les filières liées à la sous-traitance : et l’exportation vers les usines automobiles à l’étranger.
La sous-traitance concerne les composants-produits suivants :
siège, câblage, tapis d’étanchéité, joints d’étanchéité, pièces en plastique, pneumatique, pièce en caoutchouc, batteries, peinture et solvants, vitrage, sellerie, fuseaux de câbles, pièces usinées…).Actuellement, des centaines d’opérateurs locaux sont en train de se positionner pour devenir des fournisseurs des industries automobiles dans différents domaines d’activités, dont une vingtaine sont en mesure de produire pour le secteur automobile, certains ayant même abouti à un contrat de prestation-fourniture avec des constructeurs automobiles après une phase d’accompagnement-homologation, notamment par les constructeurs : Renault, Fiat et Soprovi (construction de camions de marque Volvo).
Devant cette situation, et pour la couverture des inputs et produits de sous-traitance destinés à l’outil de production national et notamment la sous-traitance qui demeure encore un maillon faible du ce processus, il est devenu nécessaire de structurer et d’encadrer la politique de la promotion de la sous-traitance par des dispositions réglementaires adossées à des mesures organisationnelles, techniques, technologiques et d’accompagnement.
A cet égard, notre ministère a adopté une stratégie d’accompagnement aux sous-traitants qui vise essentiellement la création d’une base de sous-traitance qui constitue un préalable essentiel pour assurer un développement viable pour les filières industrielles ; le renforcement de l’intégration des capacités nationales à travers la valorisation des intrants locaux en vue d’assurer la substitution aux importations et l’augmentation du potentiel d’exportation.

A cet égard, des mesures incitatives ont été mises en œuvre pour encourager l’activité de sous-traitance en faisant bénéficier les constructeurs d’un régime préférentiel et en les exonérant des droits de douanes et de la taxe sur la valeur ajoutée des composants et matières premières importés ou acquis localement par les sous-traitants dans le cadre de leurs activités, ainsi que la création des quatre Bourses de sous-traitance et de partenariat qui ont pour rôle l’accompagnement des entreprises sous-traitantes et la mise en relation d’affaires entre donneurs d’ordres et receveurs d’ordres.

Quelle stratégie le ministère de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique envisage-t-il d’adopter pour positionner l’Algérie comme un acteur majeur du secteur pharmaceutique en Afrique et favoriser un déploiement efficace sur le continent ?
Le secteur pharmaceutique est l’un des secteurs les plus réglementés à l’international par les pouvoirs publics. Il s’agit d’une industrie caractérisée notamment par la précision et la complexité des chaines de fabrication, ainsi que la qualification, la validation et le contrôle continue des sites, des process, des méthodes, des chaines d’approvisionnement et des prix, et ce afin de produire des médicaments de qualité, d’efficacité et de sécurité garantie, accessibles aux populations et soutenables financièrement par les caisses des états.
Depuis l’année 2020, Monsieur le Président de la République a créé un département Ministériel, à part entière, en charge de l’Industrie Pharmaceutique, connaissant l’importance de ce secteur dans la création de la valeur ajoutée économique, et la concrétisation de la souveraineté sanitaire.
Afin d’atteindre ces objectifs, une stratégie et un plan d’action ont été mis en place s’articulant autour des axes principaux liés à la garantie de la disponibilité des produits notamment par la promotion de la production locale, la mise en place d’un dispositif réglementaire garant de la qualité, la sécurité et l’efficacité des produits, la création de la richesse et la garantie de l’accessibilité économique par la mise en œuvre d’une nouvelle procédure de fixation de prix, la priorisation de l’enregistrement des médicaments génériques, et le développement du volet exportation.
Une réforme réglementaire a été entreprise visant à réguler le marché pharmaceutique et à promouvoir une production locale compétitive, en identifiant une cartographie des établissements pharmaceutiques et en s’assurant de leur mise en conformité notamment aux bonnes pratiques pharmaceutiques de fabrication et de distribution.
Le nouveau cadre réglementaire offre également à travers l’arrêté du 4 octobre 2021 une procédure particulière et simplifiée pour l’enregistrement des produits pharmaceutiques fabriqués localement et destinés exclusivement à l’exportation. Ce qui ouvre la possibilité, aujourd’hui, de produire des médicaments non commercialisés au niveau national, destinés exclusivement à l’exportation, (l’exemple de certains médicaments destinés pour des pathologies qui existent peu ou pas en Algérie).
La fin 2022 et l’année 2023 ont également marqué par l’orientation des investisseurs à la fabrication des médicaments à forte valeur ajouté telle que l’oncologie, et les insulines : des médicaments auparavant strictement importés pour la majorité et dont le montant pesait lourd dans la facture d’importation. Notre tissu industriel pharmaceutique compte 09 établissements en exploitation et 05 en réalisation pour la fabrication des médicaments d’oncologie, et 02 producteurs de stylos d’insuline (en full process et par assemblage), et un producteur d’insuline en flacons. D’autres producteurs ont également manifesté l’intention pour la fabrication de ce médicament.
La fabrication des matières premières pharmaceutiques a également était au centre des priorités de certains producteurs telle que le groupe public industriel SAIDAL qui a entamé les démarches et les mises à niveau nécessaires, notamment pour produire les antibiotiques (à Médéa) et les cristaux d’insuline (à Batna). il est à savoir , que la fabrication de ces matières première provient essentiellement de l’Asie ce qui a affecté le monde entier dans la disponibilité des médicaments étant dépendant de pays fortement affecté par la pandémie COVID 19 (Chine te Inde essentiellement). le développement de ce segment doit se faire dans une approche régionale et internationale à travers l’exploration des besoins des marchés notamment limitrophes.
La mise en place du Centre de Bioéquivalence du GROUPE SAIDAL, est considérée comme stratégique, car ça permet à la fois de répondre à des exigences locales et internationales en terme de garantie d’efficacité des médicaments, de conforter la position du générique fabriqué localement en apportant la preuve scientifique de son efficacité, accéder à l’enregistrement de nos produits à l’étranger, éviter le recours à des organismes installés à l’étranger pour la réalisation de ce type d’études et réduire le coût des dossiers de développement pharmaceutique en provenance de l’étranger.
Le Ministère de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique œuvre dans un cadre de travail gouvernemental intersectoriel avec le Ministère du Commerce et de la promotion des exportations et le Ministère des Affaires Étrangères à continuer la promotion du produit pharmaceutique made in Algeria à travers l’organisation des salons et des expositions dans différents pays notamment dans le continent africain.
Le Ministère doit continuer le travail pour encourager l’inscription des établissements pharmaceutiques de fabrication dans les processus d’homologation et de certification internationaux, et l’adoption des nouvelles règles de Bonnes Pratiques de Fabrication, instaurées par les nouvelles dispositions réglementaires au niveau national, dans le cadre de leur mise conformité, et dans le but de faciliter la reconnaissance mutuelle à l’international avec les autorités de régulation étrangères. Les conventions, entre l’Agence Nationale Des Produits Pharmaceutiques Algérienne et les Agences des médicaments au niveau international, dans un cadre d’échange et de reconnaissance, est une des priorités du secteur vu l’impact positif espéré pour un meilleur positionnement de nos produits à l’étranger.

Comment évaluez-vous la situation actuelle de l’industrie agroalimentaire en Algérie. Peut- on avoir une idée sur les actions prônées pour renforcer ce secteur crucial en favorisant la synergie avec le secteur agricole pour assurer une chaîne d’approvisionnement durable ?
Je dois dire que la filière agroalimentaire occupe aujourd’hui une place importante dans l’approvisionnement du marché national en produits qui constituent la base en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle en Algérie et offre des perspectives de croissance et de développement fort encourageantes.
Le secteur, dominé par le secteur privé à plus de 90%, contribue à hauteur de plus de 50% au PIB industriel hors hydrocarbures. Il s’agit principalement de la production des produits de large consommation, à savoir les produits céréaliers, lait et produits laitiers, huiles alimentaires ,tomate industrielle et sucre qui ont, au cours des dernières années, amélioré leur taux d’intégration et contribué à une relative structuration des chaînes de valeur en amont.
L’industrie agroalimentaire est basée essentiellement sur la valorisation des produits agricoles et la disponibilité d’une agriculture intensive. Plusieurs actions ont été menée par les pouvoirs publics afin de renforcer le développement de cette filière prioritaire stratégique à travers la mutualisation des efforts entre le secteur de l’industrie et celui de l’agriculture dans l’objectif de développer l’amont agricole, notamment, à travers le développement des terres sahariennes avec des techniques d’irrigation modernes, la recherche de semences adaptées à l’utilisation de technologies avancées, ainsi que la recherche d’opportunités dans le secteur du conditionnement avec des emballages écologiques et dans l’aval industriel à travers la mise en place de projets structurants.
A ce dernier titre, je vous informe que deux projets sont en cours de mise en œuvre à travers la création de deux complexes, à savoir le complexe TAFADIS spécialisé dans le raffinage de sucre et celui de KOTAMA spécialisé dans la trituration des graines oléagineuses. L’entrée en production de cette dernière unité permettra de couvrir 40% des besoins nationaux en huiles végétales et 60% des besoins en aliments de bétail.

S’agissant de partenariat, peut- on connaître la stratégie arrêtée pour promouvoir la dynamique partenariale avec des acteurs étrangers dans le domaine industriel, en particulier dans les secteurs pharmaceutique, automobile et agroalimentaire, afin de favoriser le transfert de technologie et d’attirer des investissements étrangers ?
Il est important de préciser que les activités de production de biens et services, en dehors de celles revêtant un caractère stratégique qui demeurent assujetties à une participation d’actionnariat national résident à hauteur de 51%, sont ouvertes à l’investissement étranger sans obligation d’association avec un partenaire local. Ainsi, la loi n°22-18 du 24 juillet 2022 relative à l’investissement consacre explicitement les principes  de la liberté d’investir pour toute personne physique ou morale, nationale ou étrangère, résidente ou non résidente, souhaitant investir, et ce, dans le respect de la législation et de la réglementation en vigueur ; de la transparence et de l’égalité dans le traitement des investissements.
L’investisseur étranger bénéficie, en sus des avantages fiscaux et parafiscaux, de l’ensemble des garanties prévues par la loi relative à l’investissement, notamment la garantie de transfert portant sur le capital investi (sous forme d’apport en capital) et des revenus qui en découlent ; les apports en nature réalisés sous les formes prévues par la législation en vigueur ; les produits réels nets de la cession et de la liquidation des investissements d’origine étrangère, même si leur montant est supérieur au capital initialement investi.
De même, un Guichet unique des grands projets et des investissements étrangers a été mis en place dans le cadre de cette loi à l’effet de prendre en charge toutes les démarches de concrétisation des projets d’investissements dont le capital est détenu en totalité ou en partie par des personnes physiques ou morales étrangères bénéficiant de la garantie de transfert du capital investi et des revenus qui en découlent.

Certaines entreprises du secteur public peinent à retrouver la croissance. Quelles solutions y préconisez- vous pour
y remédier ?

Le secteur de l’industrie accorde, comme précisé précédemment, une importance capitale à cette catégorie d’entreprises au regard de leur contribution à la création des postes d’emplois, de mise à dispositions des consommateurs des produits de qualité et la contribution à la régulation du marché national pour certains produits stratégiques de grande consommation. Cependant, cette catégorie d’entreprises a été confrontée à certains aléas qui ont retardé, voire bloqué leur croissance (désinvestissement, vieillissement de leur outil de production, rupture technologique,…).
En réaction, le secteur de l’industrie use de tous les moyens possibles pour redresser la situation des entreprises publiques en difficultés et ce par la prise de plusieurs mesures d’ordre managérial à même de susciter la dynamique attendue.
L’on pense, notamment à la consolidation de la fonction managériale à travers l’imposition de désignation de managers qualifiés et la refonte des Conseils d’administrations des EPE pour s’assurer qu’ils remplissent de manière optimum les attentes des pouvoirs publics ; à l’imposition aux EPE de se doter d’outil de valorisation des performances, notamment la mise en place de contrats de performance pour les gestionnaires salariés principaux et les cadres dirigeants et qui seront les outils déterminants pour se fixer sur la qualité de la gestion de l’entreprise ; à l’appui auprès des différentes instances (financières ou autres) pour la mise à disposition des moyens nécessaires permettant le maintien de l’activité, mais aussi son développement et la contribution du secteur aux réflexions initiées à divers niveaux (action gouvernementale, CNESE,…) pour la réorganisation du secteur public marchand industriel, de manière à garantir son efficience. n
H. N. A.

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