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Ahmed-Sista Mahieddine, PDG de Somifer SPA : « Somifer a hérité d’une histoire qui dépasse un siècle dans le domaine des mines »

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Dans cette interview, le Président directeur général de Somifer a bien voulu nous parler de l’activité de son entreprise, centrée essentiellement sur la production du minerai de fer destiné à la production du ciment. Somifer couvre totalement la demande nationale en minerai de fer destiné aux cimenteries qui a évolué de manière exponentielle ces dernières années, en raison de la forte augmentation des capacités de production de ciment. Ahmed-Sista Mahieddine évoque également dans cette entretien les projets sur lesquels travaille Somifer pour pouvoir renouveler les réserves en minerai de fer.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Vous êtes le premier responsable de Somifer, une filiale du groupe Manal (Manadjim ElDjazair). Vous êtes en charge de l’exploitation et la gestion des gisements de fer. Peut-on avoir quelques détails des missions qui sont les vôtres, celles de Somifer, dans le cadre de la stratégie du développement du secteur minier algérien ?
Il faut savoir, d’abord, que Somifer a été créée en 2005, suite à la restructuration du groupe Ferphos, lui-même issu de la restructuration de Sonarem. La vocation de Ferphos était la production du phosphate et du minerai de fer. Il était chargé jusqu’en 2001 de l’exploitation des mines de Ouenza et Boukhadra. Suite au partenariat qui a été conclu ensuite avec un groupe indien, Ferphos a cédé ces deux mines à cette nouvelle société créée en partenariat en 2001. A partir de cette date, Ferphos continuait à exploiter les autres petites mines qui restaient pour faire face à la demande des cimenteries. Suite à une restructuration de Ferphos en 2005, la société des mines de fer d’Algérie fut créée, dont la vocation était de répondre aux besoins croissants des cimenteries en minerai de fer qui, faut-il le préciser, constitue un intrant nécessaire important pour la fabrication du ciment. Nous nous sommes lancés depuis dans une phase de développement de cette filiale, sur la base d’une étude de marché de la filière ciment en définissant ses besoins. Cette politique de développement mise en place par Somifer consistait, d’abord, en l’exploitation des deux mines existantes au niveau de Sétif et de Ain Defla.
En parallèle, Nous avons commencé également à développer deux autre mines, l’une est située à Tébessa tandis que l’autre était à Souk Ahras. Le développement de ces mines répondait ainsi à l’objectif de satisfaire la demande des cimenteries qui est passée de 250.000 à 300.000 tonnes en 2005 pour atteindre un pic de 750.000 tonnes en 2020.

N’est-ce pas que cette hausse de la demande en minerai de fer a été générée par l’augmentation exponentielle de ces dernières années de la capacité de production des cimenteries ? Comment votre entreprise a-t-elle pu répondre à cette demande croissance ?
Somifer répond actuellement à l’ensemble des besoins des cimenteries en minerai de fer. Il faut savoir que le gouvernement a mis en place une politique de développement des cimenteries, dont la production est passée de 10 à 12 millions de tonnes dans les années 2000 à une capacité de production dépassant les 30 millions de tonnes aujourd’hui. Cette hausse des capacités de production des cimenteries a entrainé une augmentation de la demande en minerai de fer, obligeant ainsi Somifer à se développer et à relever ses niveaux de production. Notre préoccupation première actuellement est de pouvoir développer davantage les ressources afin de renouveler les réserves. Pour répondre à cet objectif, nous travaillons sur deux projets en collaboration avec l’ORGM, dont l’un est dans la wilaya de Souk Ahras, en phase de prospection très avancée, tandis que le deuxième se trouve dans la wilaya de Sétif, à Ouled Ayad, où se situe un gisement appelé, à l’avenir, à faire phase à l’épuisement des gisements actuels, dont les réserves restantes pourraient répondre à la demande des quatre à cinq prochaine années. Nous travaillons également sur deux autres projets, dont les demandes d’exploration sont déposées au niveau de l’ANAM, dont l’un est situé dans la wilaya d’Adrar, alors que le second est à Ain Defla.
Ce sont en somme l’ensemble des projets sur lesquels nous travaillons actuellement pour répondre à la hausse de la demande en minerai de fer destiné à la production du ciment. Nos gisements actuels sont de faible teneur qui ne peuvent pas être utilisée dans la sidérurgie. Les besoins des sidérurgistes sont pris en charge plutôt par l’Entreprise des mines de l’Est (MFE) qui représentent les ex-mines de Ouenza et Boukhadra.

A combien vous estimez les réserves en minerai de fer destiné à la production du ciment ?
Pour les gisements en exploitation, les réserves disponibles sont actuellement de l’ordre de 8 millions de tonnes environ. Les besoins des cimenteries s’élèvent, en revanche, à 700.000 tonnes par an, ce qui signifie que nous avons une autonomie de 10 à 12 ans. Avec les projets en cours, nous espérons porter le potentiel minier à plus de 20 millions de tonnes, ce qu’équivaudrait à une durée de vie de 20 à 25 ans des gisements.
Cependant, les réserves du sol algérien seraient beaucoup plus importantes qui peuvent à tout moment faire l’objet d’exploration et qui peuvent venir augmenter davantage le potentiel minier de SOMIFER.

Le travail d’exploration se fait par Somifer en effort propre ou bien avec l’association de partenaires nationaux et/ou étrangers ?
Les compétences existantes au niveau de l’ORGM sont largement suffisantes pour répondre aux besoins en matière d’exploration aussi bien superficielle que celle nécessitant des méthodes géophysiques ou par sondage géologique. L’expertise, elle aussi, existe au niveau de l’ORGM, ce qui renforce notre conviction de toute l’importance de l’ORGM en tant que partenaire de Somifer.

Puisque la demande des cimenteries en minerai de fer est largement satisfaite par Somifer, y aurait-il de ce fait des ambitions à l’export ?
Il n’y a pas une demande pour l’exportation du minerai de faible teneur en fer. Le minerai demandé sur le marché mondial est de niveau de teneur assez élevé. Somifer gère de petits gisements ne nécessitant pas des technologies d’enrichissement qui coûtent assez cher, nécessitant elles aussi des volumes de réserves disponibles très importants.

Bien évidemment, cette autosuffisance en minerai de fer destiné à la production du ciment, en attendant l’autosuffisance en fer, annoncée pour 2025, se traduirait par d’importantes économies. A combien vous estimez les économies que réaliserait le Trésor public grâce à cet objectif de zéro importation en minerai de fer destiné aussi bien aux cimenteries qu’à la sidérurgie ?
Ce qui est sûr, le fait de développement et d’avoir une production nationale en minerai de fer et de répondre aux besoins des cimenteries et de la sidérurgie par MFE participe, certainement, à réduire la facture d’importation et à réaliser des gains au Trésor public. Tout ce qui contribue à réduire l’importation est un gain substantiel pour le Trésor public. Pour le minerai de fer destiné aux cimenteries, ce qui est certain est que si Somifer était absente sur le marché, les cimenteries n’auraient de choix que d’importer cet intrant. Nous pouvons ainsi estimer que les gains sont évalués à quelques centaines de millions de dollars.

Somifer participe aussi à une création d’emplois autour de ces gisements. Le gain serait ainsi triple. Pouvez-vous nous parler des retombées socioéconomique de votre activité, au-delà de l’aspect purement économique lié à la production ?
L’ouverture de chaque mine, aussi petite soit-elle, est une contribution on ne peut plus certaine à l’absorption du chômage. Il y a toute une dynamique économique qui se crée autour des mines et qui se traduit par la création d’emplois directs et indirects à travers l’ouverture des pistes et des routes entre autres. Cette activité est considérée souvent comme une aubaine pour la région où se trouve la mine exploitée.

Quels sont les leviers-clés sur lesquels vous comptez vous appuyer pour relever les niveaux d’extraction de fer brut ?
Ces leviers se rapportent essentiellement à la connaissance géologique et géométrique du gisement, sa qualité ainsi qu’une bonne organisation et bien évidemment au taux d’extraction qui est en soi même un levier important. Il va sans dire qu’une valorisation du gisement en est un autre. Il faut aller vers une exploitation optimale des gisements, ce qui n’est souvent possible, compte tenu de la nature des gisements.

Votre activité nécessite une main d’œuvre d’une haute technicité. Comment faite vous pour en acquérir ?
Vous venez d’évoquer une question très importante qui est la ressource humaine et qui conditionne la réussite de chaque entreprise. Somifer a hérité d’une histoire qui dépasse un siècle dans le domaine des mines. Nous sommes les héritiers de Ouenza et Boukhadra qui sont connues à l’échelle mondiale et qui fournissaient jadis la France et l’Europe en minerai de fer de qualité. Nous disposons depuis toujours d’écoles de formations, dont les fameuses écoles de el abed et de Meliana, et d’universités, l’institut des mines d’Annaba qui s’est transformée par la suite en faculté des mines avant de devenir, aujourd’hui, l’école supérieure des mines. Nous avons également les Université de Tébessa, de Bejaia qui forme des ingénieurs en mines ainsi que l’école Polytech d’Alger. Cela pour dire que le gouvernement a réellement investi dans la formation pour faire face à tous les besoins de l’industrie minière.

Qu’en est-il de l’acquisition de l’équipement nécessaire à l’exploitation et au développement des mines ?
A notre niveau, nous avons depuis toujours donné la priorité à l’équipement qui existe d’abord sur le marché national. Certains équipements sont produits par l’ENMTP-Constantine. Pour d’autres équipements et matériels spécifiquement au secteur minier et qui ne sont pas produit en Algérie, nous n’avons de choix que de s’orienter vers l’importation.
H. N. A.

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