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Ahmed Kettab, Professeur/Directeur de Recherches de l’ENP d’Alger : «Le gaspillage d’eau devra être banni des pratiques quotidiennes»

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L’eau, ressource naturelle de plus en plus rare, est une partie du patrimoine d’une nation et de l’humanité. Sa protection est d’un intérêt général pour la nation et le monde. Selon Ahmed Kettab, Professeur Associé à l’Université de BOUIRA, directeur de recherche de l’Ecole Nationale Polytechnique d’Alger, la pénurie d’eau touche 40% de la population mondiale, et d’ici à 2025, pas moins de 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays qui feront face à une pénurie d’eau absolue et deux tiers de la population mondiale pourraient être exposés à des conditions de stress hydrique.

Par Lynda Mellak

L’expert/consultant international a expliqué que l’Algérie, où la dotation en eau potable est de l’ordre de 600m3/an/habitant, souffre du stress hydrique, sachant que la norme mondiale est de 1000m3/habitant/an. Selon le dernier rapport du World Ressources Institue sur le stress hydrique dans le monde, en 2019, l’Algérie a été classée 29 ieme au monde. La rationalisation de l’utilisation de cette ressource revêt, de ce fait, un caractère urgent. Pour sensibiliser les citoyens, l’expert propose «d’introduire dans la facture le prix réel de la consommation pour connaître la différence avec la tarification subventionnée». Ainsi, s’est-t-il alarmé, «le gaspillage devra être banni des pratiques quotidiennes». Ahmed Kettab, a plaidé, lors de son intervention à la 1ère journée d’étude sur l’eau tenue à Alger, «au respect de ce noble principe et considérer l’eau comme un bien économique et social et son accès est un droit pour chaque individu». Et d’ajouter: «Seulement, notre devoir est de ne pas la polluer, ou la gaspiller». C’est pour cela, plusieurs organisations internationales telles que l’ONU, le Conseil Mondial de l’eau, … mènent une réflexion profonde sur les politiques de gestion durable des ressources en eau et sur les règles de sa gouvernance dans le sens d’une pérennité de cette ressource vitale. Il est désormais largement admis que la mise en place d’un développement durable exige de mettre en équation aussi bien les préoccupations sociales et économiques qu’environnementales en tenant compte du facteur essentiel et limite à savoir l’eau, a-t-il souligné. Dans un contexte de pénurie croissante et face aux incertitudes liées au changement climatique, il est par conséquent nécessaire d’adapter des politiques de gestion de l’eau, de mieux gérer les différents usages et d’utiliser les ressources de façon plus économe et optimale, pour répondre aux besoins des populations et de développement d’aujourd’hui et de demain propose le Professeur Kettab.
Selon le professeur Ahmed Kettab, l’eau est devenue un enjeu de taille et seules les nations qui auront su préserver leur capital hydrique pourront survivre aux multiples crises qui frapperont la planète Terre. Les pays du pourtour méditerranéen, considérés comme semi-arides seront de plus en plus confrontés à des pénuries d’eau, tant les pressions provenant de l’agriculture, de l’industrie et des populations y sont fortes et croissantes. Dans ce contexte, l’eau a une valeur socio-économique, environnementale et géopolitique particulière. Les solutions techniques et économiques impliquent, de fait, une solidarité entre régions, états, et dans la zone méditerranéenne, a-t-il suggéré.Dans cette optique, Ahmed Kettab a fait savoir que le devenir de l’Algérie passe à travers les bonnes expériences et pratiques acquises , et la mise en place de mécanismes dans le cadre d’une gestion durable des ressources en eau. Selon lui, la politique du secteur de l’eau adoptée par l’Algérie depuis une vingtaine d’années à travers un investissement colossal en infrastructure hydraulique, a permis à l’Algérie de se doter d’une bonne maîtrise des ressources en eau, avec une satisfaction des besoins en eau potable et en irrigation. Cependant, l’Algérie doit faire face encore avec un certain nombre de contraintes et défis notamment en raison des changements climatiques, de la croissance démographique et de la surexploitation des nappes souterraines.Dans ce contexte,les bonnes pratiques et expériences dans le secteur de l’eau en Algérie visent en premier lieu à dupliquer ces expériences rentables et en deuxième lieu à  donner une nouvelle impulsion, un nouveau souffle aux efforts déployés par les pouvoirs publics en matière d’économie de l’eau, de bonne gestion et de rentabilité, a précisé le professeur.
Ahmed Kettab a donné, lors de sa présentation, quelques recommandations et propositions de stratégies, de vision en vue d’un développement durable de l’Algérie à l’horizon 2030/2050 notamment l’installation d’une commission dont la mission est de revoir la loi sur l’eau, la création d’un forum des anciens cadres du secteur de l’eau par l’organisation d’une journée technique mensuelle ou bimestrielle sur des thématiques bien précises. Il a également préconisé, dans ses recommandations, l’organisation les des assises de l’eau sur la base des travaux de la commission et l’amélioration de la coopération internationale. Il a suggéré également un plan d’action avec le ministère de l’Education nationale afin de dispenser aux élèves des cours sur l’importance de l’eau et la nécessité de sa préservation. Ahmed Kettab a loué le modèle de la gestion déléguée du service public de l’eau dans certaines wilayas et préconise sa généralisation à d’autres wilayas du pays eu égard aux résultats obtenus à Alger et à Oran.
L. M.

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