Le Comité olympique algérien (COA) s’attèle depuis quelque temps à réunir toutes les conditions nécessaires pour une meilleure participation des athlètes algériens aux deux plus importantes prochaines compétitions de haut niveau, à savoir les Jeux olympiques de Tokyo, prévus pour le 23 juillet 2021, et les Jeux méditerranéens d’Oran 2022.
Pour son président, Abderrahmane Hammad, médaillé de bronze des JO de Sydney de l’été 2000, les préparatifs vont bon train et les subventions du MJS accordées directement aux athlètes qualifiés ne feront que renforcer leurs aptitudes sportives et les motiver à se préparer convenablement pour relever le défi et réaliser de meilleurs résultats. Explications.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Avec la nouvelle direction issue des dernières élections, depuis septembre 2020, quel est l’objectif principal pour lequel le COA travaille aujourd’hui ?
Notre principal objectif reste la préparation logistique de la délégation algérienne d’athlètes aux prochains jeux olympiques. Sur ce plan, il faut rappeler que différents bourses son octroyées aux athlètes pour leur préparation ; à savoir celle du Comité international olympique( CIO), de l’Association des confédérations nationales olympiques africaines (ACNOA) et enfin du celle de notre propre instance.
Concrètement, comment cette préparation se présente-t-elle ?
Il faut savoir que la phase de préparation n’a pas commencé aujourd’hui, donc les athlètes sont en préparation depuis longtemps maintenant, que ce soit ici en Algérie ou à l’étranger.
Dans ce même contexte, il convient de souligner que, de notre part, nous nous attelons à mettre sur pied un stage de regroupement, probablement en Turquie, de toute la délégation devant participer aux JO.
Nous avons ainsi retenu un éventail de deux ou trois endroits susceptibles de répondre à l’attente d’une bonne préparation, mais le fin mot reviendra aux techniciens et entraîneurs pour le choix final du lieu qui leur convient le mieux.
Ceci dit, Il faut savoir, aussi, que la commission médicale et de préparation du CIO a émis un certain nombre de recommandations en rapport avec la pandémie de la Covid-19 et de son évolution. Sur ce plan, de nouvelles données nous parviennent, pratiquement chaque semaine, et que nous devons prendre en considération dans nos préparatifs.
Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir qu’en plus de l’absence du public, il n’y aura probablement pas d’invités représentant les sponsors, et ce, pour réduire au maximum le nombre de gens qui suivront les jeux, sur place.
A côté des JO, en interne se profile également le renouvellement de du bureau du COA dans le cadre du nouveau cycle olympique…
Bien entendu, ce processus est déjà en cours pour certaines fédérations, il va s’accélérer à l’issue des JO de Tokyo er sera parachevé par le renouvellement de l’instance que nous présidons et, donc l’élection d’un nouveau président du COA.
Vous seriez candidat pour un nouveau mandat ?
Je ne saurais vous le dire, pour le moment. Ce qui nous accapare pour le moment, ce sont les préparatifs liés aux JO, le suivi de ceux inhérents aux Jeux Méditerranéens (JM) 2022 et enfin le renouvellement des fédérations. Après, on verra.
Peut- on savoir plus sur les moyens mis en œuvre pour assurer au mieux la préparation des athlètes algériens qualifiés ou susceptibles d’être qualifiés au prochain rendez-vous olympique ?
Il faut d’abord souligner un point très important et que beaucoup de gens semblent ignorer, c’est que le rôle du Comité olympique est d’accompagner, seulement, les athlètes ; savoir aussi que, globalement, il y a une centaine de bourses, toute formes comprises, mises à la disposition des athlètes qualifiés.
Ainsi, nous recevons des bourses pour les athlètes, classés parmi les 10 meilleurs mondiaux, et nous les transmettons aux fédérations concernées. Chaque athlète qualifié ou susceptible d’être qualifié ouvre pleinement le droit à cet accompagnement du COA. Dans ce même ordre d’idées, je vous dirais, à titre d’exemple, que le COA intervient pour faciliter le déplacement des athlètes désireux d’effectuer leur préparation dans des centres de préparation étranger, ou encore la prise en charge de matériel spécifique utilisé dans certaines disciplines, telles le tir.
Pouvez- vous nous rappeler les disciplines qualifiées jusqu’ici ?
La défaillance, à ce niveau, vient des Sports collectifs et le fait est inédit. Il tient, en droite ligne, de l’impact de la pandémie du Coronavirus qui y a très particulièrement déteint.
Sinon, nous avons l’athlétisme, la boxe, l’aviron, la Voile, le badminton, la natation et la Lutte. Cette dernière a enregistré une première, à cette occasion, avec la qualification de 08 lutteurs.
En parallèle, d’autres athlètes algériens seront également présents comme invités aux JO, en leur qualité de meilleurs athlètes du continent africain.
Un mot sur les objectifs à Tokyo ?
La question reste du ressort des fédérations. Mais, honnêtement, je pense que la compétition va être difficile, compte tenu des contrecoups de la crise sanitaire, subis sur une longue période.
Toutefois, nous fondons des espoirs sur la Boxe où nous pourrions avoir des chances de décrocher des médailles.
Justement, et en évoquant cette crise sanitaire due au coronavirus, peut-on savoir s’il y a eu accompagnement des athlètes durant toute cette période ?
Cela a été vraiment difficile à cause de l’arrêt des compétitions.
Il faut dire que pour un athlète de haut niveau, ne pas s’entrainer pendant cinq ou six mois nuit beaucoup à ses performances. Cette pandémie a touché le monde entier et chaque pays a adopté une stratégie pour y faire face.
En ce qui nous concerne, les activités commencent à reprendre après la fermeture des salles de sport et autres lieux d’entrainement. Mais la reprise est tout de même très difficile.
Cela va certainement impacter négativement les athlètes et les fédérations, notamment pour ce qui est des disciplines collectives (handball, judo, basketball et autres) où tous les matchs ont été suspendus. Même pour ceux qui pouvaient s’entrainer individuellement, six mois sans compétition aura été fatale pour eux.
Pour faire le point sur les Jeux méditerranéens -2022, peut-on savoir où en sont les préparatifs ?
Le constat palpable à faire pour ce qui est des Jeux Méditerranéens, prévus en juin 2022 est que les travaux de réalisation des infrastructures, l’organisation et les aspects techniques avancent bien. Et c’est réconfortant.
Sur le technique et l’accompagnement des athlètes, les voyants sont au vert également. Des tests et des compétitions sont régulièrement organisés, à l’instar du semi-marathon d’Oran, effectué la première semaine du mois d’avril écoulé.
S’agissant de la prise en charge des athlètes, un budget leur a été attribué directement de la part du MJS, qui a d’ailleurs fait de même, à travers les subventions financières individuelles destinées à la préparation des jeux olympiques de Tokyo 2021.
Une cellule de réflexion pour la révision des statuts du COA a été mise en place. A quoi tend cette démarche?
Cette volonté de réviser les statuts du COA a émané des membres de son l’assemblée générale. Il faut souligner que même au niveau du CIO, des changements interviennent périodiquement, et nous sommes obligés de nous y adapter, cela en prenant évidemment en compte les lois nationales du pays.
Cette révision interviendra, bien entendu, après l’élection du nouveau président en septembre prochain.
En tant qu’ancien athlète d’élite, y- a- t- il lieu de s’attendre, et à quel degré, à un apport particulier de votre part quant à booster le mouvement sportif national ?
J’étais déjà membre de l’exécutif du COA et je suis bien imprégné de ses rouages et de son fonctionnement de l’intérieur.
Je pense qu’en tant qu’ancien athlète, je connais bien les problèmes des athlètes.
Si j’ai apporté du changement ? Objectivement je n’ai pas eu le temps de le faire, car élu depuis huit mois à peine, ni la latitude pour ce faire, pour la bonne raison que j’ai hérité d’un plan d’action 2017-2021 validé par l’assemblée générale du COA. Tout projet dans ce sens devra attendre, donc, la nouvelle mandature.
Question incontournable : quelles sont à vos yeux, les différences pouvant exister entre votre génération de sportifs et celle d’aujourd’hui, sachant que cette dernière, voire ses devancière immédiates, se trouvent en régression par rapport aux performances de la vôtre ?
Constat irréfutable, il y a aujourd’hui beaucoup plus de moyens mais des résultats moindres par rapport à notre époque. A mon sens, ce paradoxe tient de la problématique de gestion dans sa globalité et ses corollaires, dont l’instabilité. Et beaucoup de fédérations en ont souffert ou continuent à en souffrir.
La fédération de Boxe, par exemple a connu quatre présidents durant un mandat de 4 ans ! Cette instabilité n’est pas normale.
Le fait est aggravé quand l’athlète, qui ne demande que la prise en charge de sa préparation et rester loin de toute mêlée, devient, à son corps défendant une monnaie d’échange pour des parties en conflit.
Ce genre de mentalités malsaines répréhensibles, n’avaient pas cours dans le passé. C’est là toute la différence et elle est déterminante, à mon sens.
H. N. A.