Accueil DOSSIER SAHBI OTHMANI, DG DE NCA ROUIBA : «Le marché locale est arrivé...

SAHBI OTHMANI, DG DE NCA ROUIBA : «Le marché locale est arrivé à saturation»

0

NCA Rouiba, à l’instar des autres acteurs du marché de production de boisons jus et gazeuses, subit de plein fouet les conséquences d’un marché déstructuré et sclérosé par l’informel et les pratiques déloyales. Ces producteurs véreux pour lesquels la santé du consommateur est le dernier de leurs soucis ont causé beaucoup de tort à la filière boissons jus et gazeuses. Toutefois, Sahbi Othmani a salué l’adhésion et l’engagement de ceux qui sous la bannière de l’APAB, continuent à défendre la filière en mettant le consommateur au centre de leur combat. Dans cet entretien qui suit, le DG de NCA Rouiba aborde le développement de l’entreprise qu’il dirige, mettant en exergue les efforts consentis par ses équipes pour promouvoir le marché de l’export.

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

Comment évaluez-vous le marché des boissons gazeuses et jus en Algérie ?
C’est le marché le plus important de la région du Maghreb avec un per capita qui dépasse de très loin le Maroc et la Tunisie.
Cela dit, nous avons connu de très fortes turbulences ces trois dernières années dues à des facteurs économiques défavorables mais aussi à un surnombre d’acteurs sur le marché. Les capacités installées sont largement supérieures à la demande locale ce qui a donné lieu à une certaine anarchie sur le plan qualité-prix.

Entre 2017 et 2018, la filière jus a connu une baisse considérable. Comment expliquez-vous cette tendance ?
Toutes les filières de produits de grande consommation ont connu une baisse considérable ces trois dernières années. Cela est expliqué par un net recul de la consommation avec une dégradation avérée du pouvoir d’achat.
Malheureusement les différents acteurs n’ont pas suffisamment réagi en termes d’innovation et de création de nouveaux débouchés pour leurs produits tels que le développement du marché de l’Export. Nous avons plutôt connu une guerre de prix et des promotions sauvages qui ont déstructuré le fonctionnement du marché de gros avec des dégâts irréversibles au niveau des mécanismes de recouvrement.

Le marché national des boissons jus et gazeuse est estimé à 4,5 milliards de litres/an. Quelle est la part du marché des jus sur ce chiffre ?
Les jus nectars et autres boissons aux fruits non gazéifiées devraient être aux alentours de 700 Millions de litres/an. Il faut savoir que jusque-là aucun chiffre n’est officiel et tout est basé sur des estimations. C’est le propre des marchés informels.

NCA Rouiba est considérée comme un des fleurons de l’industrie des boissons jus, pouvez-vous nous faire un point de situation de l’entreprise que vous dirigez ?
Rouiba a subi de plein fouet en 2017 les conséquences d’un marché déstructuré et sclérosé par l’informel et les pratiques déloyales. Nous avons fait face à une concurrence féroce qui en toute impunité bafouait les règles élémentaires de la bonne gouvernance : Dumping, sous facturation, fausses déclarations et j’en passe et tout ça sous le regard bienveillant de l’administration. Ces manœuvres ont tiré vers le bas un marché, déjà en perte de vitesse.
Nous avons repris les choses en main en 2018 avec un programme de restructuration qui n’a pas tardé à donner ses fruits. Nous renouons aujourd’hui avec la croissance (même si elle reste timide), en nous concentrant sur l’innovation et la différentiation par la qualité comme facteurs clefs de succès. Nous nous sommes ainsi mis à l’abri d’une guerre de prix sanglante et sans précédent qui finira très mal pour certains gros acteurs.

Quelles sont les parts de marché du NCA Rouiba ?
Sur les nectars et les pur jus nous avons quasiment 80% de Parts de marchés.
Sur les boissons aux fruits nous sommes co-leaders avec un ou deux autres acteurs même si nous considérons que sur certains parfums comme les cocktails nous prenons très largement la tête.

Les producteurs de boissons gazeuse et jus activant dans l’informel sévissent toujours et portent un préjudice énorme à votre activité. Quelle sont les mesures que préconisez-vous pour réduire un tant soit peu l’impact des acteurs informels.
Au-delà de toutes les dénonciations auprès des instances officielles quant aux pratiques déloyales que nous subissons de la part de certains concurrents, nous pensons que l’Algérie nouvelle nous apportera l’équité et la justice tant attendue qui nous permettra de faire valoir enfin nos véritables atouts.
Le niveau de qualité que nous offrons à nos consommateurs, y compris dans les boissons ou le taux de sucre est le plus bas sur le marché, sera enfin reconnu à sa juste valeur. Certains considèrent aujourd’hui par méconnaissance de causes que les produits Rouiba sont trop chers. On nous compare malheureusement à des concurrents qui vendent moins chers que les coûts de revient grâce à la sous facturation et les fausses déclarations douanières. Ces pratiques seront bientôt révolues.

L’interdiction de l’importation des arômes par le gouvernement Ouyahia a soulevé l’ire des producteurs des boissons jus et gazeuse. Le problème est-il définitivement solutionné ?
Je pense que ceux qui utilisaient des arômes ont trouvé des compromis avec des fabricants d’arômes locaux. Le problème est donc résolu. Cela dit nous sommes contre l’idée d’interdire sans qu’il y ait de véritables études d’impact, voir des mesures d’accompagnement intermédiaires. Nous ne pouvons interdire ce qui n’est pas disponible localement et compétitif en termes de prix et de qualité.

NCA Rouiba a été victime d’une une campagne malintentionnée menée contre ses exportations vers la Libye. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons très bien expliqué dans les différents médias les dessous de cet incident qui n’en est pas un réellement. Il s’agissait en fait d’un désaccord technique entre l’importateur Libyen et les douanes de son pays sur un petit lot de marchandises. Ce lot, arrivé à sa date limite de consommation a été détruit par précaution.
Pour information, nous continuons à exporter en Libye de la manière la plus sereine avec une ambition ferme de passer à un niveau industriel quand les conditions de faisabilité seront réunies.

Qu’en est-il du volet exportation de vos produits ?
Nous exportons dans beaucoup de pays dans le monde : France, Espagne, Canada mais aussi la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et une bonne partie des pays de la sous-région.
L’export est pour nous un véritable axe de développement, tous nos efforts sont axés sur la conquête du continent africain.

Avez-vous de nouveaux produits à mettre sur le marché pour l’année 2019 ?
La nouvelle recette de Cherbet pour le mois de Ramadhan est juste exquise, sans parler de toutes les animations que nous activerons pendant la saison.

Les événements qu’a connus l’Algérie depuis le 22 février ont-ils impacté votre activité ?
A part la fermeture de quelques points de vente durant les grèves ayant touché tous les secteurs, nous n’avons pas connu de grandes perturbations. Cela dit, nous nous inscrivons parfaitement dans les revendications du moment avec un espoir infini pour une Algérie meilleure, ou devrais-je dire plus justement : une Algérie mieux gérée.
H. N. A.

Article précédentALI HAMANI, PRESIDENT DE L’APAB : «Mettez des normes et des barrières non tarifaires et laisser le consommateur décider»
Article suivantLyamine Lerari, porte-parole de Hamoud Boualem : «L’interdiction de l’importation des arômes nous a causé beaucoup de torts»

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here