Initié depuis le 22 février écoulé, le mouvement populaire, d’essence éminemment politique est toujours en cours, plus de deux mois après et en dépit du départ du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un de ses principaux mots d’ordre.
Une occurrence qui préfigure une inscription dans la durée du hirak, la rue estimant insuffisantes ses revendications et aspirations.
Mais le fait déteint grandement aujourd’hui sur un volet, foncièrement vital, à savoir la vie économique du pays.
Peu à peu, les rouages de l’appareil économique semblent se gripper car les agents en charge de ses mécanismes apparaissent de plus en plus tétanisés par les mises en garde diffuses et des messages subliminaux émanant lors des rassemblements hebdomadaires, appelant à rendre des comptes, sans discernement, ni rationalisme.
Et comment, par exemple, un responsable dans une administration, peut-il viser le moindre document afin de le légaliser quand il voit son responsable le plus hiérarchique, le ministre, pourchassé et chassé d’une visite sur le terrain, tendant à conforter un projet , une réalisation ou une transaction, le plus souvent de portée sociale pourtant ?
Une telle situation angoisse déjà maints opérateurs économiques, en attendant d’oppresser le citoyen lui-même, si elle perdurait.
Les retombées sont d’ores et déjà alarmistes. Face aux appréhensions de possibles dérapages de la situation à tout moment, l’on assiste à deux phénomènes qui pourraient être lourdes de conséquences : la thésaurisation et le retour à un informel rampant, menaçant le négoce légal et régulé.
Dans les plus hautes sphères bancaires, l’atmosphère oscille vers la sinistrose et dans certaines banques, les incontournables comités de crédit ne se réunissent même plus.
Face à une telle situation, les acteurs économiques, préfèrent, par manque de visibilité, adopter la position de wait and see, en attendant que les nuages se dissipent sur l’avenir économique de notre pays.
Par Hacène Nait Amara