La tenue du 1er «Forum Ambition Africa 2018 » , les 22 et 23 octobre écoulé au ministère de l’Économie et des Finances français à Paris était une occasion idoine pour le directeur général de l’Agence Française de Développement (AFD), Rémy Rioux pour exprimer sa vision du content africain. Rémy Rioux a estimé qu’il est temps de passer d’une approche fondée sur une «Afrique divisée» à une approche continentale beaucoup plus stratégique baptisée «Tout Afrique».
De notre envoyé spécial à Paris, Noreddine Izouaouen
L’AFD, un des acteurs clé de la diplomatie économique française qui a pour mission de financer et d’accompagner le développement des pays en développement, émergents et de l’Outre-mer se dote d’une nouvelle stratégie pour l’Afrique afin de répondre au mieux aux nouveaux enjeux du développement et à l’ambition du gouvernement français au niveau de ce continent.
Il s’agit de changer de perspectives, de regard et d’amorcer une nouvelle façon de faire en vue de transcender la vision étriquée de l’Afrique. Rémy Rioux parle en effet de « rupture » avec les vieux usages à cause desquels la France n’arrive pas à appréhender les enjeux des mutations en cours sur le continent africain. «Arrêtons de couper l’Afrique en deux», insiste-t-il avant d’annoncer la création prochaine d’une direction Afrique de l’AFD.
Cette nouvelle approche, explique-t-il, permettra à mieux comprendre la réalité du terrain et travailler à l’échelle d’un continent, dont le poids économique et démographique est équivalent à celui de l’Inde avec 1,2 milliard d’habitants et 2 500 milliards de dollars de PIB.
L’AFD est d’ailleurs en train de doubler de taille, avec l’augmentation de sa capacité de financement qui va passer de 8 à 11 milliards d’euros en 2018, à 14 milliards l’année prochaine. Ces mêmes capacités seront encore plus accentuées à l’horizon 2022 afin de pouvoir « mettre en œuvre l’engagement du président Emmanuel Macron de porter l’aide au développement à 0,55 % du PIB.
Remy Rioux a rappelé à ce titre que le continent africain demeure une priorité de l’Agence qu’il dirige avec des actions qui s’inscrivent pleinement dans le cadre des objectifs de développement durable. L’Afrique recueille, précise-t-il, 50% du total des engagements de l’AFD, soit 80% du tout l’effort financier global de l’Etat français. Cela représente 5,2 milliards d’euros mobilisés sur le continent en 2017, (en hausse de + 15 %) dont 1 milliard d’euros a été consacré à l’environnement, a-t-il ajouté avant de rappeler que la France va consacrer un milliard d’euros au financement des start-up africaines, comme l’avait annoncé le Président Macron.
Forte progression de l’activité à destination des entreprises
en 2017
Remy Rioux a rappelé qu’en 2017 son Agence a enregistré une hausse de ses activités (+11%) par rapport à l’année d’avant. Ainsi, l’AFD a dépassé les 10 milliards d’euros d’engagements avec une forte progression de l’activité à destination des entreprises, des collectivités et des Organisations de la Société Civile (OSC) du Sud (+30).
Il dira qu’environ 752 projets ont été conduits, tels que l’adduction en eau potable pour près d’un million de personnes, 3 395 MW d’énergies renouvelables installées ou encore 400 000 jeunes filles scolarisées… Le même responsable souligne que l’AFD continue à accroître le volume de ses financements, tout en s’alignant sur l’engagement présidentiel de consacrer 0,55% du Revenu National Brut (RNB) à l’aide au développement d’ici 2022. Pour lui, cet objectif semble atteignable au regard de sa progression, l’aide étant passée de 0,38% en 2016 à 0,43% en 2017.
N. I.
Signature d’une convention cadre entre l’AFD et Business France
En marge de cet événement qui a connu la présence de près 600 entreprises africaines et françaises, Remy Rioux et Christophe Lecourtier, Directeur général de Business France ont signé un accord-cadre de partenariat qui vise à « sensibiliser les entreprises françaises exportatrices aux opérations de l’AFD «. Il est également question de sensibiliser et encourager les entreprises françaises qui innovent en matière de développement durable aux «opportunités d’activités dans les pays en développement et émergents», et particulièrement en Afrique. En effet, cette convention vise essentiellement à «mieux connecter» les entreprises françaises qui innovent en faveur d’un développement durable sur l’ensemble du territoire français, en particulier les PME et ETI, aux opportunités d’activités dans les pays en développement et émergents. D’ailleurs, Remy Rioux estime qu’il existe, dans les pays où l’AFD est présente que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique latine, «une demande de France, de son expertise et de son expérience en matière de gestion durable des territoires». Et en retour, expliquera le premier responsable de l’AFD, « les innovations au Sud peuvent nous inspirer en France ». Ainsi, l’AFD devient une plateforme au service de l’investissement solidaire de développement, qui doit embarquer le secteur privé. Cette complémentarité est «la raison qui pousse» l’AFD à travailler étroitement avec Business France pour aller à la rencontre des entrepreneurs français, de leurs savoir-faire et à les connecter à leurs partenaires du Sud pour un développement qui marche dans les deux sens.
N. I.