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Nouvelle aérogare d’Alger : Tout en nec + ultra !

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Avec l’autoroute Est-ouest et la réalisation du nouveau port d’El Hamdania dans la wilaya de Tipaza, à 80km à l’Ouest de la capitale, la nouvelle aérogare d’Alger, constitue, incontestablement, un méga projet paré pour propulser l’Algérie à un haut rang de la modernité et du modernisme.

Reportage réalisé Par Azouz Kafi

Sa vocation même de lieu de transit universel et son emplacement stratégique sur le bassin méditerranéen appelait à voir les choses en grand, la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA), a mis au monde un géant dont le gigantisme se reflète au moindre recoin d’un chef d’œuvre architectural.
Défi de fous ? «Même mes plus proches collaborateurs ne croyaient pas en un tel projet à son esquisse, au départ, dans le cadre du schéma directeur de l’Entreprise» fait remarquer, non sans une fierté latente, légitime au demeurant, se souvient lePdg de la SGSIA, Tahar Allache, nous accueillant dans son bureau en cette journée dominicale au mercure très poussé, du 8 juillet.
L’air austère et docte, caractéristique de ces cadres supérieurs qui ont roulé leur bosse et aguerris aux responsabilités très sensibles, cet ingénieur sorti de la grande école nationale des travaux publics, ancien Duch d’Alger et ancien responsable de la sécurité au sein de la société qu’il commande depuis 2006, Allache parle avec une profonde conviction.
Celle d’un gestionnaire visionnaire que ne rebute pas les réactions retorses aux idées novatrices. Fallait-il, dans cette veine, une bonne dose de foi et d’audace, pour coucher un projet géant au lendemain même de la réception d’une nouvelle aérogare !
La gageure ? Passer quasiment du simple au double et plus en certains segments.
Ainsi la capacité du nouveau bijou va atteindre les 10-11 millions de passagers par an. En matière de superficie, l’espace va de huit à 20 hectares et des contenances à donner le tournis. Un parking-véhicules de 4500 places, 40.000 m2 de sous-sol, 20.000 m2 pour les infrastructures de commerce et un hôtel 4 étoiles de 400 chambres.
Sur la lancée des chiffres, l’on retiendra encore 120 points d’enregistrement, de 84 guichets de contrôle police et de 9 tapis roulants et des espaces –commodités réservés aux PMR (personnes à mobilité réduite), alors que pour les aéronefs une superficie globale de 424 000 m2, réparties en une trentaine de parkings de stationnement pour tous types d’appareils, incluant les gros porteurs, notamment les Airbus A380, et voies de circulation. Plus que tout, ce gage pour l’avenir : le blocage juridique des terres avoisinantes dans l’optique d’un plus grand redéploiement encore dans le futur !
Question qui brûle les lèvres : la part de la SGSIA dans le coût de ce projet revenant à l’Etat à hauteur de 74 milliards de dinars?
«12 milliards DA au début du projet auxquels il faut ajouter 2 milliards de DA pour la réalisation de la centrale électrique, et 2 milliards pour la réalisation de la base-vie de la police des frontières, soit 16 milliards de dinars jusque-là» nous éclaire Tahar Allache, tout en soulignant les fluctuations de la monnaie nationale eu égard à la dévaluation du Dinar.
Ce poste électrique constitue une troisième saillie dans cette aérogare ultra moderne et appelant les technologies les plus pointues, avec un système de captage des eaux de pluie installé sur sa toiture , destinée à entretenir les 4000 m2 réservées aux espaces verts et le nettoyage ainsi qu’une cellule écologique reposant sur des lucarnes vitrées pour permettre un éclairage diurne à 100% efficace.
Laissant le Pdg à ses occupations sur les coups de 12h30, et sur son autorisation durement notifiée au poste de garde, nous prenons la route vers le chantier de l’aérogare.

Sur place, un premier constat : les mesures de contrôle y sont draconiennes. L’atmosphère est suffocante et les procédures d’usage nous paraissent une éternité.
A priori, les travailleurs chinois relevant du Groupe chinois CSCEC, maitre de l’œuvre, n’en ont cure s’affairant à leurs tâches avec leur discipline légendaire, frisant l’ascétisme.
Enfin, nous embarquons à bord d’un 4×4, bienveillant en clim, aux côtés d’un responsable de la sécurité, un policier et un jeune architecte, trentenaire et avenant. Sid Ahmed allait nous servir de guide pour explorer les entrailles rutilantes du mastodonte qui nargue déjà l’aérogare historique, rendu désuet par le faste annoncé de la nouvelle merveille aéroportuaire, implantée dans son prolongement au niveau dela rocade sud, à hauteur de Dar el Beida. Une virée sur 10 minutes sur une immensité aux trois quarts bitumée et nous voilà à l’entrée du bâtiment. «C’est par là qu’arrivent les bagages », lance Sid Ahmed. Quelques valises sont disposées sur les longs tapis roulants pour les incontournables essais. Le gigantisme des lieux semble nous écraser. Nous n’étions pas encore au bout de nos surprises !
Le niveau zéro et on en a encore plein les yeux. D’emblée une salle immense subdivisée en deux zones distinctes.«C’est là que se fait le traitement des bagages des voyageurs», indique notre guide, avant d’expliquer que «la première zone est réservée pour les accompagnateurs des passagers ou ceux qui viennent à leur accueil, alors que la deuxième est exclusive à larécupération des bagages». Il n’a pas omis derelever avec une satisfaction non feinte la démultiplication des tapis roulants (passant de 6 à 12) et l’installation d’appareils de scanners de dernières générations, hautement performants «afin de traiter de grandes masses de bagages en des temps records», dira-t-il. Bientôt fini, le calvaire des voyageurs, suant et les nerfs en boule à guetter leurs effets. Leur hantise surtout de voir leurs biens s’évaporer dans la nature. Autant que possible et en plus de l’aspect sécuritaire propre, le bâtiment, dans tous ses boyaux, est parsemée de caméras de surveillance. A ce propos, Tahar Allache avait eu l’occasion de souligner que si le phénomène du vol relevait d’abord du civisme et de l’éducation, la SGSIA avait pris les dispositions idoines pour le circonscrire au maximum. «Ne reste plus que la surveillance des soutes des avions qui ne sont pas encore munis de ce genre d’équipement », ajoutera-t-il, mi moqueur, mi impuissant.
De ce niveau et une fois les formalités policières accomplies, le passager emprunte, à son choix, escalator où ascenseur ou tout simplement les escaliers, pour récupérer ses bagages, au niveau inférieur.
Toujours intra-muros, et pour les arrivées, c’est la partie mezzanine inférieure qui les accueille. Les voyageurs sont appelés à rejoindre directement les postes de contrôle, depuis l’avion, en empruntant des couloirs équipés de tapis roulants.
Tous les espaces sontnickel et imposants, reposant sur des socles arrondis de plus d’un mètre de circonférence érigés depuis près de 40 mètres sous terre pour arriver jusqu’à l’ultime niveau, dédié aux départs.
Çà brille, ça chatouille joyeusement les yeux grâce aux jeux de lumières entre les spots lumineux du plafond et un parquet scintillant. Un décor, tendance futuriste et multiforme à déstresser des plus phobiques. Il est complété par des open spaces tout aussi d’envergures renfermant une myriade de commerces et de sofas d’attente si confortables qu’ils donnent envie de ne plus les quitter.Notre architecte- cicéron met une pique «Alors ?»«A couper le souffle !» fuse notre réponse !
A l’extérieur, les apparats ‘’outdoor’’ anticipent déjà le statut «Classe A» de La nouvelle aérogare. A commencer par le luxueux hôtel de la célébrissime chaine «Hyatt Regency», en voie d’achèvement et relié au nouveau terminal par passerelle. Puis un pont doublé gigantesque ouvrant sur le parking à partir duquel le flux des voyageurs est canalisé vers le bâtiment central pour l’embarquement où l’arrivée. Sous le pont, les voies d’accès du sous sol. Un antre de Goliath avec ses quatre hectares, ouvrant bien grand ses portes aussi bien aux véhicules légers que lourds et faisant office d’entrepôts des équipements techniques, tels les groupes électrogène et les centrales de traitement d’air. Le Pdg de la SGSIA fera remarquer que cet espace sera également ouvert aux autres compagnies et partenaires de l’aéroport pour leur besoin de stockage en tout genre. Notre guide, Sid Ahmed, lui s’extasie pour les nombreuses facilitations des transports que va apporter cette méga infrastructure qu’il couve techniquement, en compagnie d’une vingtaine de ses collègues «Tous algériens et jeunes» marque-t-il non sans fierté. « Le rail et le métro programmés vont non seulement rayonner sur l’aéroport mais aussi sur toute la région mitoyenne qui sera foncièrement désengorgée sur les routes».
De fait, le métro d’Alger, dans son extension vers Dar el Beida, en est à 50 % de son avancement et devrait être livré en 2022, assure Allache, alors que la réception de la nouvelle ligne ferroviaire reliant Bab Ezzouar à l’aéroport, sur 3 km, est prévue à la fin du mois en cours, selon la même source.
Bientôt le grand jour ? Le Pdg de la SGSIA assure que le taux d’avancement des travaux avoisine les 95% à présent mais il reste réservé sur une date précise à donner pour sa mise en exploitation. Octobre 2018 ? «Nous serons dans le temps mais je préfère ne pas m’avance avec exactitude, ceci d’autant que nous avons suffisamment de marge de manœuvre eu égard à la fonctionnalité toujours en cours de l’aérogare actuelle».
Quid, justement de cette dernière ? «Nous en dédierons une aile à l’extrême Sud du pays et une autre à la région du Maghreb et Moyen Orient ». Pour l’heure, Tahar Allache focalise sur la formation soutenue de ses équipes et les tests techniques des équipements ultra-modernes de cette aérogare. Ce n’est qu’après cela qu’ilpourra savourer, en compagnie des jeunes ingénieurs attelés à des travaux d’Hercule, le triomphe d’un défi de fous ! n
A. K.

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